Certains diraient que n’avoir jamais skié un Stormrider 201cm est comme passer à côté de sa vie de skieur. Je suis moins catégorique mais il est clair que c’est un ski marquant. Son nom, sa taille, ou encore ses reflets métallique bleutés laissent présager d’un ski sérieux et accès sur la performance pure. Aussi quand j’ai eu l’opportunité d’en acquérir une paire en bon état, je n’ai pas réfléchi longtemps.
En main l’histoire commence. Une qualité ski de course, des carres fines comme des rasoirs et une semelle d’un noir obscur qui glisserait sur du crépis. On a le sentiment de tenir un objet d’art, presque fragile, un sabre d'antiquaire.
Une fois de plus, c’est à La Grave que je sort le grand chanceux se dégourdir les pattes. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’après surement une dizaine d’année enfermé dans une cave Suisse, il fut heureux... Là sur la neige, posé sur la carre il ne demande qu’à filer… C’est évident, j’ai affaire a un ski rare, rapide et racé. Je comprends vite qu’il ait fait tant d’émules. Sur l’angle l’accroche est d’une justesse inouïe, une sensation proche du pistard que l’on connaitrait par coeur, à la différence que nous ne sommes pas sur terrain aseptisé. Le ski incise la neige proprement, de la spatule au talon, et semble imperturbable dans son entreprise malgrès les inégalités du terrain. Il donne confiance, et on atteint rapidement le grand galop, car le rayon est aussi long que la semelle glisse et que le ski est stable : c'est grisant. Aussi, mieux vaut avoir en tête une voie de détresse avant de le laisser s’emballer. Mettre en travers un ski de 201cm qui ne demande qu’a coller à la neige recrute autant de muscles que de neurones. Dans cette utilisation Derby il est extrêmement performant, et pourrait rappeler un Aluflex PM198. Globalement plus stable que son rival mais aussi plus rigoureux, le Suisse se montre moins agréable dès que le relief creuse et oblige à "ralentir" pour rester debout. Comme souvent c’est une histoire de goût et de compromis.
En poudreuse, Notre stormrider monte dans le manteau seulement à bonne allure. On prend un plaisir différent d’avec nos skis plus moderne. La conduite est « classique » et on préfère fermer ses courbes, car dans l’axe a pleine vitesse, lorsqu’il replonge sous la surface le dénouement est incertain. Une fois la neige tracée, il retrouvera son caractère d’étalon. Toujours précis, mais plus combatif. S’il ne peut pas passer en douceur dans les paquets de neige, il forcera le passage, en se montrant beaucoup plus physique qu’un ski à rocker, et laissera dans son sillage une bonne dose de testostérone.
Sur piste, il est évidemment moins fatiguant car plus facile à glisser. La stabilité et l’accroche son hors norme pour des skis de freeride. Je lui préfère néanmoins des skis plus étroits avec des rayons plus humains.
Avec le recul, nous savons que cette qualité de fabrication (presque réservée au racing) se prête peu a la pratique du freeride. Il est donc déconseillé de lui faire toucher autre chose que de la neige, à fortiori aux allures qu’il affectionne. Parfois, j'ai le sentiment que le niveau de performance atteignable à été poussé bien plus loin que ce qu’il est possible d’entreprendre sur notre planète. La rigueur qu’il demande pour être exploiter n’est gérable que dans des neiges uniformes, au delà on prend un pari sur son existence. Le mode Survie à volontairement été oublié sur ce ski. Clairement, il n’en fallait pas +
Il faut le skier pour comprendre. Une stabilité hors norme couplée à un potentiel délirant. Dans la famille redoutée des grands skis qui coupent, c’est le poète. S’il était une lame, ce serait un couteau à fileter : tranchant et précis, qui sait garder de la souplesse pour faire son travail à la perfection. De nos jours, trouver dans les catalogues un ski de cette trempe (même chez stockli) est devenu impossible. Demande trop élitiste ? Baisse du niveau général ou ski trop physique ? Peut être simplement que les skis modernes permettent sans trop se fatiguer de faire le même travail, et ce 95% du temps…
skiato
Putain, j'en ai presque le larme à l'oeil tonido. Belle plume
nico_be
Beau texte! Etant fan des stormrider je ne vais pas te contre-dire même si a mon grand regret je n'ai jamais skier le DP. Les nouveau sont en effet beaucoup plus facile/joueur même s'ils restent toujours très performant. Mes stormrider II (2001) était clairement des ski de géant "freeridisé" (76mm au patin quand même!)
winstonsmith
Ça fait quand même plaisir de lire de vrais tests, construits et argumentés, avec des références à d'autres skis de la même catégorie.
Surtout quand il s'agit de tests de vrais skis.
le fab
Joli test qui me donne pas envie du tout ... Je me prend pas pour dieu !
Storm.Rider
Heureux possesseur de StormRider DP en 201cm (version DP, pas DP+, je ne connais pas la différence) depuis une quinzaine d'années, je confirme que ce ski est (était ? :'( ) fantastique quelle que soit la situation. Les miens arrivent doucement en fin de vie, je me demande ce que je vais pouvoir trouver en remplacement...
le fab
Va voir du côté d'aluflex, tu sera pas déçu
Storm.Rider
Je ne connaissais pas mais je vois qu'ils font une session d'essai à 15 minutes de chez moi en janvier, je vais aller tester ça
Merci pour l'info !
9 Commentaires
Surtout quand il s'agit de tests de vrais skis.
Merci pour l'info !