Pour cette saison d’hiver 2020/2021, je me suis mis à la recherche (comme beaucoup d’entre nous) d’une paire de skis de randonnée digne de ce nom, seul moyen de pouvoir continuer à pratiquer le ski en France !
En effet, je suis en temps normal principalement pratiquant d’alpin, avec une grosse tendance freeride, et même si j’étais déjà équipé sur du matériel de rando, la légèreté n’était pas sa caractéristique première (K2 Annex 118 avec fixations Marker Duke). Autant dire que je ne faisais donc que très peu de sorties (5 par saison au maximum).
J’ai donc souhaité investir dans du matériel un peu plus light, mais pas trop non plus sachant que l’intérêt principal de la rando reste pour moi la descente. Il me fallait donc un ski qui permette d’envoyer un minimum, et de passer à peu près partout. J’ai donc jeté mon dévolu sur ce Völkl Mantra V-Werks, ski se voulant dans la lignée de l’esprit freeride de son grand frère, mais en bien plus light, le tout grâce à un concentré de technologies sur lesquelles nous allons revenir par la suite.
Prise en main
Alors rapidement, d’un point de vue design, pas grand-chose à signaler, c’est très sobre, avec un mélange de rouge, et de gris foncé qui nous rappelle bien la construction en carbone de ce ski. Concernant ce point, et ce n’est qu’un avis perso, je regrette souvent que la plupart des fabricants de skis (à part sur quelques modèles bien précis) ne fassent pas preuve de plus d’audace sur la déco de leurs modèles. A mes yeux, cela rajoute comme une âme au ski.
Mais pour en revenir à des points plus techniques, la première chose qui m’a frappée en observant ce ski est sa finesse, notamment en spatule et en talon (on garde plus d’épaisseur au niveau du patin). C’est le principe de la construction 3D utilisée par Völkl dans cette gamme de skis, qui est entre autres responsable de l’allègement de ces skis.
Voulant prendre un point de repère, je me suis amusé à faire un petit comparatif avec le Mantra classique, dont je possède également une paire (version 2018). Comme dit dans d’autres tests, il ne s’agit clairement pas du même ski : les seuls points communs que je trouve sont les lignes de côtes à peu près similaires, et l’état d’esprit du ski, du all-mountain typé freeride. Pour le reste, la construction est totalement différente. J’ai pris une photo des deux skis qui permet bien d’illustrer cette différence, à regarder à la fin de ce test.
Ensuite, d’un point de vue poids, on est à 1820 g le ski en taille 186. J’ai fait de plus le choix de les monter avec des Marker Kingpin, ce qui nous fait arriver quasiment à 5 kg la paire. Nous ne sommes donc clairement pas sur un poids plume, mais dans la normale sur cette gamme de ski freerando : par exemple, le Black Crows Navis Freebird, que je considère comme un de ses concurrents directs, se situe dans les mêmes poids, à peu de choses près. Mais encore une fois, dans mon objectif de profiter avant tout de la descente, je savais déjà qu’il me fallait un ski « light mais pas trop ». Dans tous les cas, je gagne déjà 4 kg par rapport à mon ancienne paire, un gros progrès !
Pour avoir ensuite manipulé le ski, on a affaire à un ski bien rigide : encore une fois, c’est la construction 3D qui en est responsable. Cette rigidité peut en effet être surprenante vu la finesse du ski, mais le fait d’avoir gardé cette épaisseur plus importante au milieu a cette influence directe sur la structure. A première vue c’est donc prometteur d’un point de vue comportement en descente.
A la montée
J’ai donc rapidement mis ce ski en service, vu qu’on a souvent l’occasion de faire des randonnées cette année ! Et dès les premiers pas, je sens bien que je suis sur un ski bien plus léger que mon autre paire, j’ai presque l’impression de monter sans effort !
Je pense qu’on peut assez facilement envisager avec lui des randonnées de 1000-1500 m de D+, même si ce paramètre dépend aussi de la condition physique de l’utilisateur !
Je noterai quand même une petite faiblesse dans les dévers un peu gelés. Je pense que du fait de sa largeur déjà prononcée (99 mm au patin), il n’est pas forcément à son aise sur ce genre de terrains : j’ai ainsi remarqué qu’il avait facilement tendance à partir. Malheureusement, c’est un constat général et une histoire de compromis, comme souvent en rando.
Parmi les technologies présentes sur ce ski, on retrouve un revêtement appelé « Ice.off » sur le dessus du ski, dont le but est d’éviter de stocker la glace à sa surface (et ainsi alourdir le ski à la montée). J’ai fait une comparaison lors d’une rando avec un autre ski, ce qui permet de voir qu’effectivement le système est bien efficace : le ski reste quasi sec tout le long du parcours. C’est non seulement agréable d’un point de vue poids, mais également lorsqu’on rentre chez soi et qu’on veut sécher le ski : plus de glace à gratter !
Encore une fois, j'ai pris une photo pour comparer, avec un ski sans ce revêtement et le V-Werks, et comme on peut le constater la différence est assez nette !
Enfin, j’ai acheté avec ces skis les peaux spécifiques. Völkl a un système sur ses skis de randonnée qui permet d’attacher la peau via un trou situé sur la spatule. Il faut insérer la peau de telle sorte qu’elle soit à 90° du ski puis la faire tourner pour retrouver l’axe. Si ce système permet un verrouillage garanti de la peau, je ne l’ai pas forcément trouvé des plus commodes : on est obligés de faire des grands gestes pour manipuler la peau, notamment lorsqu’on l’enlève, et je pense que lorsque les conditions ne sont pas géniales (vent notamment) il y a vite moyen de galérer. A voir à la longue néanmoins. Je vous laisse découvrir en photo le principe de ce système.
A la descente
Pour la descente, j’ai pris le temps de tester le ski sur un maximum de terrains différents, afin de pouvoir retranscrire une impression la plus complète possible.
Je vais commencer par la descente sur piste : on ne va pas y aller par 4 chemins, c’est carrément bluffant ! Qui plus est, je parle de piste plutôt gelée, donc pas un terrain des plus favorables. Mais peu importe, on sent que ce ski est là dans son élément. La mise en virage se fait facilement et on peut rapidement sentir que l’accroche est très prononcée, ce qui met rapidement en confiance et incite à augmenter la taille de ses courbes. Et c’est à ce moment-là qu’on entre en fait dans le programme du ski : on peut sentir qu’il est fait pour tailler de la grande courbe, c’est un réel plaisir de carver avec un tel outil (d’autant plus cet hiver 2021 où les pistes ne sont pas des plus fréquentées…). On n’a qu’une envie : appuyer et encore appuyer dans le virage car le répondant est présent. De plus, et c’est là toute la force de ce ski, malgré sa légèreté, pas de vibrations. A vrai dire on oublie très vite qu’on a sous les pieds un ski de (free)rando, et à vrai dire il serait tout à fait envisageable de faire une journée de ski de piste avec.
J’ai ensuite eu l’occasion de le tester dans de la trafolle, pas des plus évidentes : petite couche de neige fraîche posé sur un fond dur anciennement damé, chenillé, enfin bref terrain un peu défoncé ! Et encore une fois, le ski se débrouille très bien ! Cela m’a donné l’occasion de tester ses aptitudes sur de la bosse et du plus petit virage. J’avais pu lire certains tests disant que ces aspects étaient sa faiblesse, je n’ai pas trouvé pour ma part : au contraire, la mise en virage se fait assez facilement, on arrive sans trop de problèmes à se mettre en conduite dérapée, et à enchaîner les petites courbes. J’ai également testé à nouveau les grandes courbes : aucun problème encore une fois. Alors certes je ne suis pas allé à Mach 12 sur ce terrain, mais j’ai encore une fois été surpris par la stabilité du ski : très peu de vibrations, on est plus en mode « bulldozer » qu’autre chose. C’est d’ailleurs dans ce genre de moments qu’on sent vraiment son âme freeride, et l’héritage du Mantra classique.
J’ai ensuite eu l’occasion de faire quelques traces sur une pente vierge, dans une neige fraîche mais plutôt lourde. Ici par contre, on peut sentir les limites du ski. Du fait de son épaisseur de « seulement » 99 mm, et d’un rocker finalement assez peu prononcé, on sent qu’il n’est pas le plus à son aise. La mise en virage devient plus difficile, et on est obligé de se mettre un peu en arrière pour aider le mouvement. Alors ce n’est pas du tout inskiable, mais on sent ici que quelques mm de plus sous le patin ne seraient pas de trop.
Concernant la vraie poudreuse, j’ai pu également aller le tester dans 20-30 cm de fraîche. Là, pour le coup, on retrouve des super sensations, avec un ski vraiment facile à prendre en main dans ce genre de conditions. On sent que le ski déjauge naturellement, le rocker fait son boulot, et les virages s’enchaînent sans efforts, parfait pour faire de belles traces dans une pente vierge ! Je pense qu’il s’agit très probablement du meilleur terrain de jeu pour ce ski. Par contre, je n’ai pas eu l’occasion d’aller dans de la plus profonde, mais peut-être qu’on pourrait atteindre alors encore une fois les limites du ski, du fait de sa largeur « modérée » (de même d’ailleurs que le Mantra qui a un super comportement dans des épaisseurs de fraîche modérées, mais qui se retrouve en difficulté dans plus).
Enfin, j’ai rapidement pu aller sur une pente assez gelée, avec un terrain très dur et irrégulier. C’est vrai qu’ici, l’aspect léger du ski se fait tout d’un coup sentir, puisqu’on ressent vraiment toutes les vibrations, et c’est loin d’être confortable. Mais d’une manière générale, ce n’est jamais vraiment une partie de plaisir d’évoluer sur ce genre de pentes, et on cherche plutôt à s’en échapper le plus rapidement possible !
Dernier point : je n’ai pas pu encore aller le tester en pente raide, mais sachant qu’on le voit notamment aux pieds de Paul Bonhomme, je ne doute guère de ses capacités dans ce genre de terrain !
Pour conclure
Ces skis m’ont vraiment fait une impression plus que positive, et je ne regrette absolument pas mon achat, ils seront bien rentabilisés dès cet hiver !
Ils s’adressent donc avant tout à des randonneurs privilégiant la descente à la montée, qui permet donc d’envoyer assez fort sur la plupart des terrains, avec tout de même certaines prédilections (piste, poudreuse légère). Avec cet outil aux pieds, on oublie très vite sa nature (free)rando pour retrouver les mêmes sensations qu’avec un ski alpin.
Je le recommande donc vivement, avec un petit bémol tout de même pour son prix assez élevé.
Pour qui ?
Skieur de niveau bon à expert qui saura exploiter le potentiel du ski, qui n'a pas peur de s'alourdir un peu à la montée, pour pouvoir profiter pleinement de la descente, et qui aime s'aventurer sur toutes sortes de terrains
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