Profil du testeur :
m | Grenoble Taille testée :
184 Acheté :
en ligne Conditions du test :
Neige dure, décaillée, croûtée, poudreuse
Points forts
Polyvalence
Points faibles
Déjauge mal
J'ai toujours oscillé entre flemme d'écrire un test quand je suis derrière l'ordi, et un sentiment de devoir sauter le pas de la rédaction pour dire tout le bien que je pense de ces skis quand je les utilise. Aujourd'hui (ne me demandez pas pourquoi), il semblerait que je m'y mette enfin. Je n'ai jamais trop rencontré d'autres paires de BMT90 que ce soit sur les pentes des montagnes ou au refuge, je trouve que c'est une paire qui mérite d'être plus connue, mais son prix public assez hallucinant restera sans doute un frein important à sa démocratisation. Néanmoins, j'avais trouvé le mien sur internet sur un site allemand qui le proposait à un prix raisonnable à l'époque. J'avais acheté le modèle 2018 durant la saison 2019.
Mon cahier des charges était le suivant :
Un ski de largeur intermédiaire (dans mon référentiel : 88-92), et qui soit plutôt solide : je venais de péter coup sur coup deux paires de Wayback 88, le topsheet s'était tonché, l'eau s'était infiltré dans le bois, les skis avaient soit cassé nets, soit gonflé de manière inquiétante. Je ne cherchais pas un truc spécialement orienté light car je voulais pouvoir partir plusieurs jours sans me poser de questions, ou éviter de me poser des questions sur la solidité du matos. Je me rappelle avoir hésité avec le Black Crows Orb qui semblait matcher, mais pour lequel j'avais reçu des avis divergents. Pour le BMT 90, j'avais trouvé un seul avis sur un excellent site d'avis matos skis, les specs semblaient coller avec ce que je recherchais, et l'occasion a ensuite fait le larron. Je les ai pris en 184cm pour mon mètre 90, et je les ai montés avec des Plum Wepa (qui n'existent plus, remplacées par la Pika), le tout pour un ensemble à 1920g peaux bricolées maison sans tendeur arrière comprises. Je précise que je les skie avec des Scarpa F1 LT (un peu bricolées) depuis deux saisons, ce qui constitue un set-up tout à fait adapté à ma pratique.
Les ballades au long cours en hiver, que ce soit dans les forêts de Chartreuse, même si les conditions le permettent de moins en moins, ou dans les grands vallons de Belledonne, en enchaînant les passages de cols. J'aime bien pouvoir accumuler du dénivelé sans trop me fatiguer afin de pouvoir aller au-delà des itinéraires classiques fréquentés, et trouver un peu plus de solitude. Je ne recherche pas trop les passages techniques, mais j'apprécie de pouvoir m'y aventurer s'ils permettent d'effectuer un tour élégant ou une belle sortie. Et dernière précision, j'aime bien monter à skis, sans couteaux, et je retarde souvent au maximum le moment de passer à pieds ou en crabes car je me fatigue bien plus vite dans ce mode de progression.
En pratique :
c'est très polyvalent : pour les conditions rencontrées en ski de rando, ils me conviennent très bien. Ils ont une longueur de carre utile très avantageuse pour les conduire sur le dur ou en neige de printemps, mais aussi pour tenir à la montée dans du raide verglacé, ce qui me permet d'utiliser très peu les couteaux, ou de m'éviter de me lancer dans des manips de cramponnage un peu fatigantes. Dans les sections raides, ils sont fort sécurisants, on sent assez bien la reprise de l'accroche s'il faut se lancer dans une chorégraphie de virages sautés, même si un bon affûtage ne sera pas superflu pour rassurer le bonhomme qui se trouve sur les skis. La longueur que j'utilise, en 184, fait que je suis parfois un peu long dans les passages étroits, mais bon ce n'est pas vraiment spécifique à ce modèle.
Ils possèdent un léger rocker arrière que j'apprécie par rapport à mes K2 Wayback, où mes lacunes techniques faisaient que je me faisait parfois rattraper par la patrouille si je ne bouclais pas bien mes virages. Je trouve les BMT 90 bien plus maniables , ce que j'apprécie beaucoup dans les retours forêts de Belledonne en mode boarder-cross, ou quand il faut tenter de tourner au mieux dans de la croûte.
On peut aussi prendre plaisir à bien allonger la courbe. Un set-up qui comprendra une chaussure plus alpine que mes F1 LT pourra sans doute en tirer un meilleur partie que moi, mais en neige douce, je me prends parfois à rêver que je suis freerider et à me laisser aller dans la pente : le ski reste sain et très stable.
En trafolle, malgré son faible rocker (j'y reviens ensuite), le ski est bien efficace : on profite de son petit côté freerando et de l'inertie de son poids pas tant ténu pour un ski de cette largeur. Sa maniabilité demeure un atout qui permet de jouer avec le relief, pour rebondir où il faut, et se faire léger au bon moment. Je trouve le pop agréable pour un ski dopé au carbone. J'avais possédé une paire de Ubac 95 modèle 2018 que j'avais détesté en trafolle, ou neige regelée : je trouvais que les skis ne filtraient vraiment rien et restituaient trop les vibrations à mon goût. Je trouve les BMT 90 bien plus sains de ce côté.
Sa kryptonite ? La poudreuse profonde ! Sa largeur trop moyenne, couplée à un rocker spatule assez faible et une spatule peu large n'en feront pas le compagnon idéal des lendemain de poudre sans fond. Il peine à déjauger correctement, et même en prenant de la vitesse, je trouve qu'il faut bien prendre garde à le skier centré sous peine de réaliser un superbe enfournage de spatule pour le plus grand bonheur des passants. Avec une faible épaisseur de poudre (20cm) sur fond dur, il fait bien le job car il permet d'aller chercher de bons appuis, mais dans des conditions plus généreuses, il y a mieux pour une largeur similaire. Pour moi, il s'agit du revers d'un shape taillé pour la neige dure, que je rencontre 80% du temps. Cet inconvénient est donc largement compensé par la polyvalence procurée lors de la plupart de mes sorties, mais il vaut mieux le savoir lorsque l'on envisage d'intégrer ce ski à son quiver. J'ai pour ce type de journées un Blizzard Zero G 105 qui fait bien mieux le job (au vue de la largeur on s'en serait douté me direz-vous).
Deux trois autres trucs bon à savoir :
Le système propriétaire de peaux est pas mal. L'inconvénient si l'on décide de s'en passer est que la carre ne fait pas le tour de la spatule, et s'arrête sur les côtés. Le bout de la spatule est en plastoc, et un étrier classique va l'abîmer dans le temps. C'est dommage pour un ski brandé top du top du savoir faire. Après ce n'est pas non plus giga alarmant, j'ai skié 5 saisons avec des étriers, la spatule devient moche mais ne se désagrège pas non plus.
Mis à part ce détail, c'est assez solide. Je les ai utilisés 5 saisons, composée chacune d'au moins une 50aine de sortie, sur des terrains variés allant de la paisible forêt chartrousine, aux grands espaces de belledonne, en passant par les glaciers démoniaques des écrins et chamoniards, les skis n'ont pas trop mal vieillis. Ils se sont tout de même considérablement assouplis, atténuant le sentiment de sécurité à la montée, et ils n'ont plus tout à fait un shape symétrique entre eux... Mais je considère que je les ai tout de même bien poncés et qu'ils m'ont rendu de fiers services. Si bien que j'en ai repris une paire... C'est le modèle 2021 je crois, déniché en reduc sur internet, que j'ai mis en service l'hiver dernier. Pas de soucis de peaux en plus !
La "techno" ice-off top-sheet est nulle, le ski n'accumule absolument pas moins de neige qu'un autre à mon sens.
Ah oui et la déco est plutôt moche, mais j'aime bien le rouge.
Je mets 9/10, car mis à part la faiblesse en poudreuse profonde, et la spatule qui manque de solidité à mon goût, on est pour moi sur un super ski de montagne.
J'ai peu de photos car pas anticipé la rédaction de ce test, sorry babies
2 Commentaires