Warning : Ce test ne concerne que la version 195 du Mega Dozer de chez Scott (ici la version 2013) aux mensurations de 146 - 124 - 138 mm / R17 m car ses deux petits frères en 185 (141 - 119 - 133 mm/ R16 m) et 175 (136 - 114 - 127 mm/ R15 m) ont une rigidité et un comportement très différents de la paire ici testée (arguments basés sur les infos rapportés dans les tests et des gens croisés munis de ces paires).

Grands, larges et lourds, ces skis en 195 à double rocker et cambre presque plat sont aussi imposants que surprenant, il m’a fallu plusieurs sessions sous différentes conditions l’hiver dernier pour avoir un avis concret sur ces skis.

Paquebots back country de grands espaces ? Pas vraiment..

Le ski en lui-même : Ce ski est à découper en trois parties, il y a une spatule avant ronde et très imposante munie d’un gros rocker avec un flex moyen, un patin droit large et raide, une spatule arrière munie également d’un rocker plus léger et d’un flex moyen.

Le test de vérification de la raideur du ski est donc particulier suivant l’endroit où on attrape le ski, les rockers plis rapidement et le patin ne fléchis jamais.

On perçoit déjà l’état d’esprit de sa conception qui a sacrifié l’homogénéité du ski pour en faire une machine de polyvalence afin de répondre à la volonté du ‘bon partout’ exigée par le skieur des temps modernes.

In powder : Autant parler du programme principal du ski tout de suite, bien que pas très étonnant sur ce point, ce ski s’en sors divinement bien dans la poudre, insubmersible grâce à sa portance et son rocker, aucun effort n’est demandé pour prendre de la vitesse et tourner. Dans la très profonde, il demande cependant un peu plus de vitesse pour tourner que les bananes américaines type Hellbent ou Shreditor qui ont une spatule qui débute aux orteils.

L’équilibre lors de la flottaison est particulier (new school diront les anciens), il faut bien attaquer en étant sur le centre du ski, possibilité d’appuyer la languette par moment mais ne surtout pas jouer sur la portance inexistante du talon qui vous fera de jolies figures en se pliant d’un coup.

L’absence du talon n’est pas pour autant contraignant car une fois le point d’équilibre intégré, on peut donc jouer à faire poper le ski et faire des travers en surface, c’est bien le seul aspect freestyle que j’ai retrouvé dans ce ski bien trop vitaminé pour une pratique aérienne que je ne maitrise pas.

En Bref : La poudreuse est son terrain de jeu et malgré un aspect peu ludique, une fois maitrisé, il va vous régaler dans tout type de poudre et de profondeur.

En approche : C’est typiquement le ski que je n’aime pas avoir à porter, c’est très lourd et large, on ne sait pas par où et comment l’attraper et ca dépasse de partout sur le sac et ca tape dans les jambes ou le casque suivant comment on les installe (ca dépend du sac et de son utilisateur bien sûr) et pour les vaillants ca prend toute l’épaule et menace la carotide au moindre mouvement (j’exagère mais ca donne l’idée).

En bref : la montée n’est pas une partie de plaisir mais c’est pour mieux redescendre mon enfant..

In forest : Achetés pour ca car mes autres paires larges étant trop exigeantes pour gigoter joyeusement entre les sapins dans la grosse poudre. J’ai eu le plaisir de voir que je ne me suis pas trompé, ils tournent vraiment tous seuls malgré la longueur des bestioles. Gros point fort sécurisant et amusant lorsqu’on veut augmenter le rythme entre les sapins (ou les mélèzes). Je pense que la déco abstraite des 2013 peut alors être considérée comme le mode d’emploi tant ce ski est fait pour la forêt en jour de grosse chute de neige.

Trafole : Pas de ski dans les alpes sans se confronter ou jouer dans la trafole, et bien qu’ayant des paires faites pour dans mon quiver, je trouve que les Mega Dozer ne sont pas du tout à la ramasse sur ce point, merci le patin.

La conduite du ski est très bonne et on peut encore rester maitre du ski sans tenir compte de ce qui passe sous la semelle, bosse cailloux racine, le Dozer prouve que son nom n’est pas simplement un abus marketing.

Les spatules en revanche ne sont pas faites pour ca c’est sur, l’avant tiens bien la route jusqu'à une certaine vitesse où il commence à taper mais le ressenti sous le pied n’en est pas affecté (il faut juste ne pas s’agacer du bruit de plastoc qui claque).

Malheur à celui qui ski à cul, là c’est une toute autre histoire, comme dans la poudreuse ou le talon s’affaisse, ici c’est la même chose et les carres ne vont pas rattraper la débandade, il faut donc être propre sur les réceptions ou lors d’une descente dans de la tracée durcie pour ne pas perdre le contrôle.

En bref : Le Mega Dozer avale et survol bien le terrain vous permettant de charger l’avant du ski et de prendre une grosse vitesse mais attention à l’inexistence du talon qui vous fera regretter la perte d’équilibre dans une neige techniquement exigeante.

Sur Piste : Surprenant, je ne m’attendais pas à ca malgré les promesses du fameux 3D Sidecut (deux rayons en tip pour virer et un patin droit stable) qui vous garanti une bonne puissance sous le pied et un pivotement facile malgré la largeur des palins.

J’avais lu quelques critiques sur l’effet pataud qu’ils procurent sur piste et je n’aurais pas été étonné que ca le soit avec 124 sous le pied, et bien j’ai déjà eu des skis de freeride beaucoup plus fins et patauds que ca, il faut juste gérer le temps de passage d’une carre à l’autre vu la distance. Une fois ce timing pris en compte, on peut être incisif et jouer correctement grâce au rayon très court est impressionnant et permet de couper un virage proprement en appui languette.

Encore une fois, le jeu avec le talon est particulier, j’ai des fixes réglables (Z14 Speed) me permettant d’évaluer celui-ci en le raccourcissant ou l’allongeant, une fois le bon point de répartition AV/AR trouvée, j’ai pu tester sa relance médiocre prouvant qu’il est surtout fait pour jouer en travers sans trop perdre de vitesse, ce qui le rend assez drôle pour passer d’un spot à un autre en jouant avant les bords de piste.

En bref : Il a été étudié pour ne pas être incontrôlable sur piste sans affecter ses gênes de freeride, j’estime que le contrat est rempli car je me suis retrouvé quelques fois obligé à rester sur les pistes sans pour autant avoir l’impression de foutre en l’air ma journée, ce qui permet de ne pas regretter de les sortir le matin lorsque les conditions sont incertaines.

Point négatif : C’est un point de vue très personnel mais je trouve que les spatules font/sont vraiment trop plastiques, chaque choc fait ‘pong pong, toc toc’ et les infos ne sont transmissent qu’avec la partie centrale du ski, ce qui affecte grandement mon interprétation du terrain.

Amateurs d’un ski au touché de neige impeccable et uniforme, passez votre chemin.

Pour conclure : Grands espaces ou couloirs confinés, ce ski vendu comme Backcountry est adapté à une pratique de freeride diversifiée à conditions d’avoir un niveau correct pour jouer avec et ne pas subir ses dimensions imposantes et son poids.

Très bon compagnon de poudreuse, il peut cependant vous remonter le moral si vous avez mal interprété la météo et que vous vous retrouvez toute une journée sur piste grâce à son système 3D Sidecut qui m’a laissé une bonne impression.

Je pensais le prendre une saison, faire de la forêt uniquement et le revendre, il est finalement rangé dans la collection permanente.

Mega dans ses aptitudes freeride à condition de bien dozer l’absence de talon.. fiou c’est tout pour moi, merci.