Black Crows et moi, c'était pas parti pour une grande histoire d'amour. Et pour cause… ! Trouver des paires à mon format (1m55, 50kg… avec les chaussures), déjà c'est pas gagné parce que très peu de parcs disposent de leur taille minimale (157cm, vous savez, le « aaahh ben nan on n'a pas en stock mademoiselle... ») et puis, bon, les chroniques m'en avaient laissé l'impression de skis aussi incontrôlables que des poulains, lourds, pas très souples…
Sauf durant cette brillante et unique occasion, où j'ai vu un peu trop sans comprendre ce qui m'arrivait les Navis Ladybird fraîchement émoulus de l'année se retrouver entre mes mains, fixations laborieusement réglées au minimum possible pour mes mini-pieds.
Me voici voilou avec des Black Crows aux pieds pour jouer, une petite après midi durant. Chouette !
Parenthèse. Manque de bol, ce test vous est délivré à l'issue d'une séance fort peu enneigée. L'enneigement de L'alpe d'Huez pendant le SFWT tenant de la consistance « coup de pied dans la mâchoire » (avec option « insultes en Suisse Allemand »).
On passera donc sur les conditions en poudreuse-matelas-fraîche & sur l'option « freestyle ». Fin de la parenthèse.
On lâche donc les fauves sur une piste où les carres raclent les hématomes de la Montagne plus qu'autre chose.
Parce que ces skis, ils en veulent, mesdames. Si vous savez parler à la pente, vous saurez la survoler comme un oiseau de proie, comme un maître des airs et virer de bord dernière minute d'un coup de talon bien appliqué, virevolter tout en gardant un contrôle a-bso-lu de ce que vous faites et d'où vous allez.Vous pouvez être sans concession aucune avec le degré de pente et attaquer plein corps, plein poumons, ivre de performance.
Et je ne parle pas de ces fois où la neige est tellement ignoble qu'il faut presque la talocher pour qu'elle tolère votre présence dessus. Non, les Navis permettent de ne pas être en guerre et en opposition avec le paisible géant que vous dévalez par conditions dégueulasses : on savoure quand même. Et même : on peut être gracieuse. Je n'ai pas eu le sentiment d'être un corbeau, mais plutôt d'un chocard, vous savez, ces petits piafs noirs propres aux sommets et qui jouent des vents violents...
Personnellement j'ai trouvé rassurant d'être au contrôle de skis aussi réactifs. C'est un peu comme s'il m'était poussé des couilles quelque part entre le dernier pylône et la sortie de la télécabine. Oubliant la mollesse de mes planches habituelles, je pousse les skis partout où c'est possible en faisant fi le temps d'une descente de la fatigue de fin de journée. Croûte gelée ? C'eeeest pas graaave, ça passe crème !
Le bémol, très logique vu la construction double-spatule orientée plus freestyle ainsi que la largeur au patin, pointe quand je décide de les pousser à fond niveau vitesse et d'effectuer de majestueuses courbes tranchantes du bout de la carre le long du flanc verglacé. Je les sens pas à fond, un peu mous et carrément moins performant que mes anciens skis junior. C'est normal : on monte pas de pareils yearlings pour faire du géant.
D'un coup, on en revient sur le domaine vert, il faut ralentir, entre les trous sans neige et les apprentis plantés en plein milieu de la piste. Chouette ! J'ai toujours rêvé de faire du spécial avec des piquets mouvants. Il est temps de tester l'ABS des Navis.
Là encore, excellente surprise avec une réactivité sans faille des engins… sans pour autant me pourrir mes cuisses déjà un peu fatiguées de la journée.
C'est presque à regret que je rends les jouets. Mesdames, si vous pouvez mettre la main dessus : n'ayez pas peur, et foncez. Ce ski est carrément accessible, y compris pour les mini-gabarits (enragés?) comme moi. Je ne doute pas de sa polyvalence au vu des conditions pas terribles de test mais surtout, je l'ai trouvé agréablement souple, léger, facile à prendre en main et à maîtriser, pour maximiser son plaisir à la descente.
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