BOA or not BOA ? ... Le sujet n'est en fait pas là
Avis sélectionné
Profil du testeur :
52 ans | 1,80m | 78kg | Expert | La Ciotat Acheté :
600€ en magasin Conditions du test :
J’ai testé la SUPRA BOA sur 5 journées de ski (piste dure, piste molle, hors piste poudre, hors piste profond) avec alternativement des skis de piste, des skis de course GS, et des skis de freeride en 110.
Points forts
Si certains s’attendent à une révolution liée au système BOA, je ne suis pas du tout sur cette longueur d’onde. Par contre, la SUPRA propose des évolutions importantes concernant la géométrie du chaussant avec un volume généreux mais une tenue de pied étonnamment efficace, une intégration réussie du système BOA, et surtout une structure technique enfin cohérente avec le flex de 12O annoncé.
Points faibles
Encore une fois, cette chaussure ne conviendra qu’à certains type de pied, mais elle corrige la plupart des défauts de la gamme S/PRO MV actuelle.
Comme tous les ans, nous avons l’occasion de tester les nouveautés ski et chaussures de nos différents fournisseurs. Le test de chaussure est un peu plus délicat car d’une part les notions de taille ne peuvent pas être prises à la légère, et d’autre part il est difficile de tester des modèles complètement inadaptés à la morphologie de son propre pied.
Soyons honnête, l’essentiel des chaussures de l’on nous soumet en test sont des modèles haut de gamme dont l’objectif est de démontrer des nouvelles technologies ou concepts. La SALOMON S/PRO Supra n’échappe pas à cette règle puisque c’est le support du système BOA mais nous y reviendrons. Qui dit chaussures haut de gamme dit en général chaussures raides et étroites. Eh oui, pour l’essentiel des marques, une chaussure haut de gamme est d’abord une chaussure étroite à faible volume .. à croire que les très bon skieurs n’ont jamais des pieds larges ou costauds … et bien si, mais cela échappe visiblement à la compréhension de certains.
Bref, pour une fois, la chaussure que nous avons en test n’est pas un modèle ultra étroit (comme la S/Pro Alpha ou la S/Race chez Salomon) mais un modèle dit à volume moyen (ou largeur « intermédiaire » selon Salomon), ni le modèle le plus raide de la gamme mais un 120 de flex. L’objet de ce test ne va bien évidemment pas être de vous dire si la chaussure est performante, bien ou mauvaise car elle pourra être parfaite pour certains pieds, et un calvaire pour d’autres. D’ailleurs, nous vous déconseillons très fortement de vous fier aux « on dit » (on m’a dit) , aux forums (« J’ai lut qu’elle était top ») , aux magazines, ou aux fiches techniques pour choisir vos chaussures, mais de faire appel à un vrai conseil par quelqu’un qui commencera par analyser votre pied (le vôtre : pas celui du pote ou du cousin) ! Si vous n’êtes pas dans cette démarche, le meilleur conseil est de jouer aux dés car la probabilité de tomber sur la chaussure qui vous conviendra sera probablement plus efficace ainsi.
L'intégration du système BOA
Aujourd’hui, cet article va surtout servir à décrire la chaussure, et vous expliquer les évolutions qu’apporte la SUPRA puisqu’elle va figurer les futures évolutions de la gamme Slalomon. La SUPRA boa est donc présentée comme un démonstrateur de l’intégration du système BOA en remplacement de la bouclerie du sabot, au même titre que les ATOMIC Hawx Ltd Ultra BOA et Backland BOA, la Ficher RC4 MV BOA Vacuum, ou les K2 Anthem ou Recon BOA. Soyons honnêtes, si on en était resté là, je ne me serai pas fendu d’un article sur le sujet car pour moi le remplacement d’une fermeture par une autre est bien loin d’être une révolution. J’irai même plus loin (au risque d’être un peu provocateur) en disant que si on pouvait supprimer intégralement les boucleries de sabot, on ne s’en porterait que mieux car elles ne sont souvent là que pour compenser des mauvais choix, ou une absence de solution réellement adéquate. Je m’explique : une chaussure de ski doit « enrober le pied » de façon la plus uniforme possible pour apporter une tenue sans compression. Mais la conduite du ski va essentiellement nécessiter une transmission d’effort qui passe par
La cheville
L’appui tibial
La palette métatarsienne
Les autres zones du pied pourraient parfaitement être entièrement libres que cela ne poserai pas de problème particulier. Il se trouve juste que l’on ne peux pas faire une chaussure à trou ;). Par ailleurs, la zone « coup de pied » est la plus sensible à la compression dans la mesure où elle abrite l’artère dorsale et qu’une compression est vite synonyme de garrot. Pour le dire autrement, il ne faut absolument pas que la chaussure comprime le coup de pied … Dès lors, l’intérêt des boucles sur le coup de pied devient assez discutable, sauf pour compenser un mauvais choix de chaussure … ou tout au moins un choix imparfait.
Conscients de cette zone sensible du coup de pied, cela fait des années que les marques cherchent des solutions pour moduler le volume de la zone coup de pied en provoquant le moins possible d’affaissement de la coque, donc d’appui supérieur. On a eu les boucles classiques, les boucles avec réglages micrométriques, les crochets SpineFlex head, les câbles Dalbello etc. Le câble BOA est une n-ième tentative qui a le mérite de provoquer peu de point dur, et un réglage quasi continu, donc plutôt aisé à manipuler. En soit, on ne peux pas parler de révolution ! Au dela de la bouclerie (ou la câblerie), l’enjeu est bien plus de travailler sur la cinématique de déformation de la coque lorsqu’elle est soumise à la traction du câble ou de la boucle. ET sur ce point, il faut avouer que Dalbello se démarque nettement de la concurrence avec son système cabrio, et qu’en matière de chaussure dite « portefeuille » , la Salomon SUPRA offre effectivement une déformation très progressive et plutôt au dessus de la moyenne en terme de confort … mais rappelons le, jamais aussi efficace que si vous choisissez une chaussure qui vous tient parfaitement le pied sans même avoir à serrer les boucles du sabot.
Volume chaussant
En terme de volume de chaussant, la SUPRA BOA est globalement à classer dans les volumes moyens que je qualifierai de « généreux » car il y a de la place … au même titre que la gamme S/PRO MV actuelle. D’ailleurs, c’est je pense le moment de vous expliquer le la SUPRA BOA va être déclinée l’an prochain vers une SUPRA (non BOA) qui remplacera la gamme S/PRO MV actuelle.
Pour être un plus plus précis concernant cette SUPRA, Salomon colle à un mouvement général et bénéfique qui consiste à élargir les boitiers d’orteil. C’est une évolution que l’on retrouve dans toutes les marques, et qui est assez cohérente avec le fait que l’on ne conduit pas les skis avec les orteils, mais qu’un volume d’air autour des orteil ne peut qu’améliorer l’isolation thermique et l’adaptabilité à certaines morphologies de pied (pied Romain ou carré).
Au niveau de la palette métatarsienne, la chaussure est annoncée à 101mm (pour un 26.5). Tout comme la S/PRO MV actuelle, il y a clairement une sous-évaluation de cette dimension: j’ai personnellement un pied que je mesure à 108mm en 27.5 soit un équivalent 106 en 26.5 or j’ai skié la SUPRA environ 5 jours dans toutes les conditions (piste dure, piste molle, freeride poudre etc.) sans ressentir la moindre compression latérale au niveau des metas. A titre de comparaison, je ne supporte pas une journée la Nordica Speedmachine, elle aussi annoncée à 100mm.
Au niveau de la hauteur de coup de pied, Salomon nous avait habitué à des valeurs assez basses (donc adapté aux pieds plats). La SUPRA est plus généreuse de ce côté que ce dont nous avions l’habitude avec la marque (par exemple sur la S/PRO MV). Elle reste très en deçà de ce que l’on trouvera sur une Tecnica Mach MV, Dalbello Panterra ou autre Atomic Hawx Prime, mais elle est probablement au dessus de ce que l’on a désormais sur une Nordica Speedmachine. J’aouterai une remarque importante à ce niveau : de part la conception de la coque et le choix des matériaux, cette SUPRA BOA possède surtout un vrai avantage par rapport à la S/Pro MV : on n’a pas d’effet d’affaissement du portefeuille à la flexion. La hauteur de coup de pied reste donc relativement constante pendant toute l’utilisation. C’est une évolution très positive chez Salomon qui était coutumier de ce défaut.
Le volume de cheville (largeur malléolaire) est tout à fait dans la moyenne, mais c’est conjugué à une pince de talon très efficace sans pour autant être gênante. Cette pince est plus basée sur un logement du talon que sur une compression du tendon d’achille, et les mousses constituant cette pince sont assez tendres (en comparaison avec ce que l’on va trouver chez Tecnica ou Lange par exemple sur des 120 de flex). En ceci, on retrouve une philosophie que l’on avait découvert il y quelques années chez Nordica. Reste à voir comment cette pince se comportera dans le temps car utiliser des mousses à densité faible ou modérée présente souvent un risque de tassement plus rapide que des mousses denses.
Toujours autour de la cheville, on retrouve sur cette SUPRA la signature SALOMON quant à la place dévolue au logement de l’os naviculaire, dont je rappel qu’il a tendance à être saillant sur les pieds pronateurs ou à voute plantaire affaissée. Depuis des années, Salomon est la marque qui sait le mieux gérer cette spécificité morphologique … à la fois par la générosité de la place dévolue à cette zone osseuse, et par son positionnement relativement correct (toujours un peu trop haut, mais il y a un effort). En cela, ce type de chaussure se démarque nettement d’une Atomic Hawx Prime , Lange Shadow ou Dalbello cabrio LV qui sont beaucoup plus adaptées à des pieds supinateurs.
Structure de coque et de tige, Flex et dynamique
Je finirai cette description en évoquant la partie collier et languette. Cette fois encore, c’est parfaitement dans la lignée SALOMon avec
Un appui tibial très haut, et très linéaire, qui offre un appui franc et précis à défaut d’être douillet (épaisseur de mousse assez faible)
Un volume de colier plutôt moyen à tendance étroit
Un FLA assez élevé (sans l’avoir mesuré, je le situerai autour de 16° environ)
C’est un type de collier très adapté aux mollets moyens, et bas de jambe plutôt fins (largeur au dessus de la cheville)
En terme de rigidité, la SUPRA Boa marque également une vraie évolution chez SALOMON … tout au moins en ce qui concerne la gamme grand public. Jusqu’alors (gamme S/PRO ALPHA mais surtout S/PRO MV et HV), les modèles annoncés à 110 ou 120 de flex offraient en réalité une rigidité de tige très modérée … à vrai dire même faible en comparaison de certaines autres marques comme Tecnica ou Lange. Une 120 de flex étant ainsi plus souple que certaines 100 de flex de la concurrence .. et surtout (je l’ai évoqué plus haut), le comportement à la flexion présentait l’inconvénient de provoquer un affaissement du coup de pied. Avec la SUPRA Boa, plus d’affaissement, et surtout un 120 digne de ce nom, qui permettra réellement à des bons skieurs d’exploiter la chaussure. Conjugué à un FLA assez élevé, et une jolie dynamique, la SUPRA BOA 120 peut réellement séduire des skieurs techniques … pour autant que leur morphologie de pied soit adaptée.
Le test terrain
Avant de conclure, je vais vous faire un retour sur mes propres sensations d’utilisation. J’insiste sur le fait que ce retour est très personnel, et 100% dépendant de ma morphologie de pied. Ce retour ne doit absolument pris au pied de lettre car il pourra être très différent dans votre cas.
Pour situer, j’ai un pied non plat plutôt maigre mais présentant un pronation marquée, de longueur 27.7cm, une largeur méta de 108mm, un léger hallux. J’ai une cheville et un bas de jambe plutôt fins, et un mollet plutôt costaud, mais assez haut. Après des années de compétition, je suis habitué à skier des chaussures course en 130 de flex mini, avec un FLA de 18°. Toutes mes chaussures perso passent par une grosse phase fraisage et déformation pour loger la palette méta très large, et une zone naviculaire / malléole interne très saillante. J’ai par ailleurs des semelles sur mesure avec un bloc stable en PVA haute densité offrant un recalage assez marqué de l’axe du calcanéum.
A ce jour, toutes les chaussures que j’ai eu l’occasion de tester sans travail de bootfitting ont conduit à une insatisfaction évidente … soit par l’apparition de douleurs qui m’auraient empêcher de tenir plus d’une demi-journée (zone malléolaire / naviculaire, et meta externe) , soit par un sérieux manque d’appui tibial (appui trop souple, mal réparti, trop droit), soit encore par un manque de tenu du pied et de précision de conduite … et souvent un cumul de tout ceci.
J’ai testé la SUPRA BOA sur 5 journées de ski (piste dure, piste molle, hors piste poudre, hors piste profond) avec alternativement des skis de piste, des skis de course GS, et des skis de freeride en 110. Dans tous les cas, et sans aucune modification, j’ai skié des journées entières sans aucune douleur, une tenue tout à fait suffisante hors tracé de course, et une skiabilité sans aucune critique, que ce soit en terme de FLA , de flex ou de dynamique. Pour moi, c’est une première, donc j’ai évidemment été aussi satisfait que surpris.
Conclusion
Pour conclure, SALOMON propose un produit réussi avec cette SUPRA Boa. Si certains s’attendent à une révolution liée au système BOA, je ne suis pas du tout sur cette longueur d’onde. Par contre, la SUPRA propose des évolutions importantes concernant la géométrie du chaussant avec un volume généreux mais une tenue de pied étonnamment efficace, une intégration réussie du système BOA, et surtout une structure technique enfin cohérente avec le flex de 12O annoncé. Encore une fois, cette chaussure ne conviendra qu’à certains type de pied, mais elle corrige la plupart des défauts de la gamme S/PRO MV actuelle.
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