Ah les ARG... Déjà brièvement testés il y a deux ans (pour mémoire: http://bit.ly/5o4XXW ), ils sont enfin en ma possession cette saison.
Je partirai du principe que vous savez déjà tout de ces skis, leur shape radical, leur domaine de prédilection... Bien sûr en Alaska ils doivent être excellents, mais la véritable question que vous vous posez est sans doute : "Est-ce qu'ils valent quelque chose dans une station en Europe et vais-je les utiliser plus d'une journée par saison ?".
La réponse après 1 semaine de test ? Je recommande les ARG après chaque chute de neige, même dans les limites d'une station.
Dès que la neige est douce, les ARG peuvent être sortis. Que ce soit sur une chute de 5cm, sur des paquets de neige fondue en cas de redoux, sur de la neige alourdie par la pluie et déjà tracée, les ARG sont l'assurance de passer très vite et sans aucune fatigue tout en se faisant plaisir.
La première étape est de s'adapter à un comportement assez différent d'autres skis : la portance maximum s'exerçant sous le pied, ils doivent être skiés le corps bien positionné au-dessus des fixations, ce qui peut demander un peu de technique.
J'ai lu dans d'autres tests qu'ils seraient "physiques". Je ne le pense pas. Vu mon petit gabarit, avec une mauvaise condition physique de début de saison, ils m'ont semblé au contraire très peu exigeants puisqu'ils aplanissent toutes les difficultés Si vos fats classiques sont stables comme des plate-formes pétrolières en poudreuse, alors les ARG sont sans doute des plaques tectoniques. On est aussi à l'aise comme le Dr Spock sur le pont de l'Entreprise, même en plein straight sur un champ de poudre défoncé à Mach 1.
La vitesse c'est bien, mais sont-ils maniables pour autant ? Bien calé en appui-languette, ils sont étonnamment joueurs : vous retrouverez le plaisir de la godille en poudre, et découvrirez les joies du "slash" comme en snowboard. Parfaits pour aller bûcheronner dans la forêt ! Ils virent instantanément dans la plupart des neiges, bien que, lorsque les conditions deviennent difficile (neige alourdie par la pluie par exemple), ils demandent un peu plus d'effort.
Le passage en switch est toujours aussi comiquement facile, mais la position des fixs reculées permet moins de maniabilité en fakie dans la poudre que mes Armada JJ montés plus centrés (ARG= -5 contre JJ= -2,5).
Le dernier enjeu des ARG est la piste, en l'absence d'hélico. Soyons clairs, je réitère ce que j'écrivais en 2007 : "il est possible de passer sur une piste. Par contre oubliez toute idée de carving". Les virages glissés seront votre lot, encore une fois il faut une position du corps irréprochable "au-dessus des fixations" sous peine de... se viander. Attention aussi car en cas de survitesse, déséquilibres et mauvais freinage vous rappelleront à l'ordre. A ce jeu, il vaudra mieux chercher le bord de piste et une neige un peu plus épaisse, même si c'est du "déchet", pour retrouver une meilleure maniabilité, et le fameux effet Armada On-Off qui rend hyper-agile tout cambre inversé plongé dans une neige à peu près douce (comme des Armada JJ).
Moralité ? Les ARG se méritent comme seconde paire, pour profiter des chutes de neige pendant plusieurs jours, pour ne jamais regretter qu'on aurait pu avoir de meilleurs skis, et parce qu'ils sont tout simplement exceptionnels, de vrais concept-skis pour passionnés, qu'on aime posséder, regarder et sortir, et qui garantissent un grand sourire et une belle journée.
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