Pour monter un peu et descendre beaucoup et très fort
Avis sélectionné
Profil du testeur :
37 ans | 1,80m | 70kg | Avancé | Paris Acheté :
600€ Conditions du test :
1 seule journée en test privé Skipass
Neige dure sur le glacier de Tigne, quelques virages poudreux
Points forts
Performance en descente
Polyvalence
Facilité d’utilisation
Points faibles
Poids (mais on ne choisit pas cette fix pour la montée !)
Prix élevé
J'ai eu la chance de tester la fixation Marker Duke PT 12 lors du test privé Marker/Völkl organisé avec Skipass à Tignes le 14 novembre dernier. C'était une super expérience, et des très bons moments partagés entre passionnés de ski. Merci à Célia de Völkl-Marker et Alexandre de Skipass pour l'accueil et l'organisation au top. Merci à Jérémy Pancras du team Völkl pour sa disponibilité (et son implication personnelle : il a quand même laissé un appareil photo et une fixation de ski dans la bataille!). Et merci aussi à Carole Chambaret, guide de haute montage, qui nous a trouvé de quoi faire quelques Z et quelques virages poudreux, et c'était pas gagné...
Marker Duke PT 12, kézako ?
Les Duke PT 12 (et Duke PT 16) sont les nouvelles fixations freerando de Marker. C'est une fixation hybride dont le principe est très simple : en montée, c'est une fixation de rando à inserts type Low Tech, et en descente c'est une fixation alpine.
Plus en détails, c'est surtout au niveau de la butée avant que ça se passe : cette butée avant, dite "Ride & Hike" combine une partie alpine amovible et une base Low Tech qui reste sur le ski. Pour monter, la partie alpine des butées avant est démontée et rangée dans le sac à dos, c'est quand même moins lourd que de les trainer aux pieds. La butée avant fonctionne alors comme celle d'une fixation de rando à insert classique. Et pour descendre, on refixe la partie amovible sur les butées avant, et on retrouve une fixation alpine/freeride. (Petite réflexion post-test pour l'équipe Marketing de Marker : "Hike & Ride" ce serait plus logique non ? En général on monte d'abord, et on descend ensuite, le réconfort après l'effort!)
Côté talonnière, la Duke PT 12 ressemble beaucoup à une Squire, avec juste en plus le système Lock & Walk qui permet le blocage des stop-skis en montée et qui intègre une cale de montée. Idem pour la Duke PT 16, qui a une talonnière de Jester avec le système Lock & Walk.
En quelques chiffres:
Poids Duke PT 12 : 1,7 kg/paire en mode montée et 2,3 kg/paire en mode descente
Poids Duke PT 16 : 2,0 kg/paire en mode montée et 2,7 kg/paire en mode descente
Plage DIN Duke PT 12 : 4 à 12
Plage DIN Duke PT 16 : 6 à 16
Les Duke PT 12 et 16 sont compatibles avec à peu près tous les types de chaussures (alpine, gripwalk, touring), sauf celles qui n'ont pas de débords avant, notamment dans les chaussures de rando très light. Et évidemment il faut des inserts low tech pour pouvoir monter en peaux ! Dans mon cas, j'avais des chaussures Scarpa Freedom (avec les semelles de rando vibram) lors du test.
Prise en main
Après 2h au spa de l'hôtel, un bon resto, une soirée à regarder des films de skis et une nuit dans des lits scandaleusement confortables (c'est dur les tests privés Skipass!), on découvre le matériel dans le local à ski de l'hôtel. Les Duke PT 12 sont montées sur des Völkl Blaze 94 flambants neufs, sur lesquels je posterai aussi un test bientôt. Après une petite démo du fonctionnement de la fixation par Célia, on essaye la manip de montage/démontage de la butée avant Ride & Hike, et le système Lock & Walk de la talonnière.
Le démontage de la partie amovible de la butée avant est super simple : on appuie sur levier comme sur une butée avant type low tech, on bascule la partie amovible vers l'avant, et on a juste 2 petites ailettes à pincer pour déclipser la partie amovible. Pour le remontage, c'est la même chose dans le sens inverse, tout aussi facile et rapide.
Pour le blocage des stop-skis et la cale de montée de la talonnière, c'est un tout petit peu moins évident mais le fonctionnement reste simple, il suffit de faire la manip 1 ou 2 fois au chaud avant de sortir pour bien comprendre le fonctionnement. Sans la cale de montée, on n'est pas tout à fait à plat sur le ski, on est déjà légèrement relevé. La cale de montée est donnée à 10°.
Visuellement, on a vraiment l'impression d'avoir une fixation alpine/freeride avec une option montée en Low-Tech, ça fait costaud! D'ailleurs, c'est bien son programme : c'est clairement une fixation pour descendre qui sait monter, pas une fixation pensée pour monter.
Après la distribution du matos, la démonstration et les manipulations, place à l'action !
Sur le terrain
Le test s'effectue sur le glacier de Tignes. Évidemment on est mi-novembre, les conditions ne sont pas idéales pour une pratique free-rando, donc le test s'effectue plutôt sur les pistes, sur neige dure. Mais au moins, le soleil est de la partie pour toute la matinée, ça change du jour blanc de la veille.
On commence donc par skier, avant de marcher (finalement Ride & Hike c'est peut-être très approprié ;) ). Pour chausser les skis, c'est exactement comme sur n'importe quelle fixation alpine. Et en skiant aussi, on a la sensation d'utiliser une fixation alpine normale. Personne n'a poussé le test jusqu'à se mettre un gros crash pour vérifier le déchaussage, mais on peut dire que c'est très sécurisant, on peut skier fort sans se poser de question ! On avait des réglages DIN assez différents selon les testeurs, et personne n'a subi de déchaussage intempestif. Il n'y a aucun jeu dans les fixations, la conduite est précise.
A tête reposée après le test, je ne peux pas m'empêcher de m'interroger de la durabilité et de la fiabilité à long terme du système de blocage de la partie amovible de la butée avant, mais je dois avouer qu'à aucun moment je ne me suis poser la question sur les skis. Et je pense qu'on peut faire confiance à Marker pour avoir éprouver son produit avant de le mettre sur le marché !
Après quelques descentes et quelques photos, on passe à la montée. Malheureusement, les conditions ne permettent pas de faire une vraie montée un peu longue pour réellement tester le mode rando des fixations, mais au moins on peut manipuler les fixations en conditions réelles, les mains et les pieds dans la neige. Même dans la neige et avec les gants, la manip pour retirer la partie amovible de la butée avant est toujours aussi facile et rapide, en 20s c'est rangé dans le sac à dos. Le blocage des stop-skis est facile aussi, une fois qu'on a compris le fonctionnement, ça se fait tout seul. Évidemment ces manips pour passer en mode montée imposent de déchausser les skis.
Le chaussage avec les inserts Lowtech est plutôt facile et bien guidé, je n'ai eu aucun mal à trouver le bon positionnement de la chaussure sur la fixation pour chausser. Les 2-3 Z qu'on a fait sont à peine suffisant pour donner un avis sur la montée, mais ça fonctionne vraiment comme une low tech normale. Évidemment c'est plus lourd, mais on est sur un fixation pensée pour envoyer du D-, pas du D+. De même, il n'y a qu'une seule cale de montée là où de nombreuses fixations de rando ou freerando en ont 2, mais c'est largement suffisant pour le programme de la Duke PT 12. La manipulation de la cale avec un bâton nécessite un peu de pratique, mais une fois qu’on a le coup de main, je pense que ça se fait bien.
Pour repasser en mode descente, on est obligé de déchausser pour refixer la partie amovible de la butée avant. Après notre courte montée, la manip est toujours aussi facile et rapide, mais je me pose la question de cette même opération si la fixation est pleine de glace après une longue montée dans le froid. A voir avec des testeurs qui l'utiliseront vraiment en mode freerando. En tout cas pour nous ça n'a posé aucun problème.
Duke PT 12 et 16, pour qui ? pour quoi ?
Au bout d’une journée de ski pas vraiment freerando, on sent quand même que le produit est parfaitement en accord avec son positionnement dans la gamme Marker : une fixation qui ne fait aucun sacrifice sur la descente, à laquelle on a rajouté les avantages d’une low tech pour pouvoir accéder à accéder à toujours plus de terrains de jeu. Évidemment, le prix à payer est le poids plus élevé qu’une fix de rando low tech classique (et le prix à payer tout court, qui chatouille les 600€).
Pour moi, les Duke PT 12 (et encore plus les 16) s’adressent à des skieurs qui envoient très fort et/ou qui sautent haut, et qui ont besoin d’une fixation particulièrement costaud et performante. Pour la majorité des randonneurs, la Duke est déjà presque trop costaud, une fixation freerando low tech plus light est déjà assez performante, et le poids réduit à la montée est vraiment appréciable.
Les Duke PT peuvent aussi intéresser des skieurs qui veulent un set unique à tout faire, avec un programme principalement station/freeride, et la possibilité de faire quelques sorties rando au dénivelé limité. Elles remplacent avantageusement les fixations à plaque, au moins aussi lourdes et moins performantes, et moins pratiques d’utilisation.
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