Profil du testeur :
39 ans | 1,80m | 68kg | Expert Acheté :
400€ d'occasion Conditions du test :
plusieurs saisons de ski de rando, toutes conditions
Points forts
Poids plume
Débattement
Confort
Rigidité
Facilité et rapidité des manipulations
Toutes les pièces sont échangeables
Points faibles
Fragilité
Languette
Prix
Je ne suis ni compétiteur, ni collant pipette. Bon ok, j'ai parfois une pipette, mais je meurs de soif quand elle gèle... J'ai utilisé ces chaussures de nombreux hivers, dans une utilisation qui n'est pas du tout la leur, bien loin des skis alumettes: En randonnée classique, avec des skis de 97mm au patin, pour tracer des grandes courbes.
Certains riront, je les comprends. Mais la combinaison mérite quand même qu'on s'y attarde: Le matériel de compétition étant souvent simple et surtout léger. Il me semble que la rencontre des deux mondes (compet et freeride) est doucement en place avec l'apparition de fixations comme la Plum Oazo ou de chaussures comme la F1LT par exemple. Concilier légèreté, sécurité et skiabilité est clairement une orientation qui plait à tout randonneur à skis.
J'ai eu l'opportunité d'acquérir ces chaussures d'occasion, en très bon état, mais malheureusement un poil trop grandes pour moi, cela ne m'a pas empeché de ne jurer que par elles pendant un moment et je crois que si elles avaient été parfaitement à ma taille, je les skierais toujours.
Les chaussures
C'est en carbone, juste en carbone, rien qu'en carbone. Un truc à cheval entre la formule 1, un trimarrant qui vole et une chaussure de ski. A environ 500g la chaussure avec chausson, on peut dire qu'elles sont... plus légères que mes chaussures de rando d'été... Bref, quand on trouve qu'une chaussure de ski de rando à 1kg est légère, là c'est juste deux fois plus léger. Pour faire simple, les chaussures de Pierre Gignoux sont les chaussures de ski de randonnée les plus légères du monde. (wahou, du monde...)
Les chaussures sont fabriquées en Belledonne, à la main en assez petite quantité à l'époque. A bien plus de 1000 euros la paire (à l'époque aussi), le tarif est clairement inaccessible pour le commun des mortels, surtout si la compet n'est pas notre raison de vivre. Toutes les pièces peuvent être changées: Collier, semelle, crémaillère, inserts arrières... On est pas sur du jetable, mais à l'utilisation, on comprends pourquoi c'est important de pouvoir les changer. Le chausson est fabriqué par Palau, simple et efficace. Palau est spécialiste du chausson de chaussure de ski. Une entreprise qui gagne à être connue, super disponibles pour optimiser ses chaussures, toujours de bons conseils et un matériel au top.
A la montée
Bon, on les enfile simplement. Une fois dedans, il suffit de serrer la petite crémaillère sur le coup de pied et le scratch qui fait office de languette (si si..) et c'est parti. C'est rapide et simple. La marche est parfaite, le débattement immense, et pour ma part, le confort incroyable. Les seules chaussures ou je sors sans ampoules... Le poids plume permet d’enchaîner le dénivelé sans sourciller, c'est génial. On pourrait presque jouer au tennis avec, mais je ne fais pas de tennis. La semelle est de bonne facture, elle fait un peu "semelle bricolée dans son garage" mais elle fait le job. L'accroche est bonne. A noter qu'elle est constituée de deux matières différentes: Les extrémités avant et arrières sont en matière plus dense et solide que le reste de la semelle. C'est une bonne idée étant donné l'usure plus importante de ces parties en général. Elles peuvent être changées indépendamment du reste de la semelle (qui peut aussi être changé). Pierre Gignoux fournit un kit "Bout de semelle et colle" pour réaliser l'opération soi-même.
La chaussure est une chaussure "ouverte", le chausson est apparent au niveau du tibia. Les doutes sot permis quand à son imperméabilité. Toutefois, à l'usage, je n'ai jamais eu les pieds mouillés. En rabattant la guêtre du pantalon, tout s'est toujours bien passé, dans toutes les conditions. La respirabilité est excellente, après une journée dans les chaussures, l'intérieur du chausson est bien moins mouillé que les chaussons intuition des F1. C'est très agréable. Je n'ai également jamais eu froid au pieds, même en Janvier par température très froide.
Le cramponnage est aussi facile. Le débord avant est suffisant pour des automatiques (testé avec des camp xlc390), ça marche nickel.
A la descente
Le passage montée descente est un jeu d'enfant: Il suffit d'abaisser le levier arrière et c'est tout. Un système astucieux de cordelette vient resserrer la languette et le levier arrière bloque la chaussure en mode descente. Le levier arrière est équipé d'une sorte de ressort rélable (photo) qui permet de jouer sur le flex, et notamment la progressivité: J'avais eu des xp500, le premier modèle de Gignoux, 100% carbone également, et la chaussure était presque trop rigide, ça manquait de progressivité. Avec ce levier, on gagne un petit réglage fort appréciable.
La chaussure est donc belle et bien rigide, c'est assez fou d'avoir une chaussure aussi légère et aussi rigide. Je suis plutôt poids plume (68kg) et même si j'aime skier vite, je ne skie pas bourrin. je n'ai donc pas poussé la chaussure hors limite.
La languette est uniquement maintenue par de la cordelette, cela ne permettra pas un style de ski avec un appui languette affirmé: A titre de comparaison, l'appui languette d'une scarpa F1 est bien plus franc. La languette "scratch" des xp444 n'est pas un modèle de fiabilité: Plus d'une fois le scratch s'est détaché en descente, on se retrouve alors avec une chaussure complètement ouverte... J'ai même finit en chaussette une fois... Rigolez pas. C'est un point négatif qui m'a à la longue fait changer pour du plus conventionnel, mais plus lourd.
Actuellement Gignoux propose un modèle, la black, avec une languette plus solide. J'imagine la skiabilité excellente, mais à 1680 euros, je l'imagine seulement. Globalement, les performances en descente m'ont largement surpris. en bonne neige, on peut skier fort. En neige plus difficile, on sent un manque de précision, mais d'une part la chaussure n'est pas faite pour ça et d'autre part, elle étaient un peu trop grandes pour moi... Ça fait aussi la différence quand on parle de précision...
A la longue
A l'usage, les chaussures sont fragiles: J'ai changé:
Les crémaillères de coup de pieds qui avaient rendu l’âme (ai-je trop serré?)
La languette: Le scratch pas assez solide, remplacé par leur nouveau système simplissime de blocage par une pièce de métal (photo). Plus chiant à mettre en place que le scratch, mais plus fiable en descente: ça ne s'ouvre pas.
Les extrémités des semelles.
Les chaussons, pas changés mais: Le carbone ne pardonne pas. Il coupe le chausson très rapidement à plusieurs endroits. Leur état ne s'aggrave toutefois pas avec le temps. Des marques rapide donc, mais après, ça bouge pas.
Le spoiler coup de pied: Il faut le faire pivoter autour d'un axe riveté pour retirer les chaussons. Ces rivets ont cassé. J'ai remplacé par des petites vis, ça marche bien et ça permet de gérer le serrage pour faciliter le pivot du spoiler. Ce dernier a aussi tendance à vieillir, et même s'il n'a pas encore cassé, il commence à avoir quelques encoches...
La fin
Voilà, ces chaussures ont maintenant une allure bien bricolées et assez customisées. Le poids plume et la facilité de marche en fond la chaussure ultime en montée, et de loin. A la descente, malgré une bonne rigidité et une gestion du flex intelligente grâce à la molette dans le lever, la languette ne permet pas de skier fort dans toutes les conditions. Ce n'est évidemment pas leur programme. Elles restent toutefois une paire de choix pour les longues randonnées de belle poudre. La facilité des manipulations, est aussi un point très positif. Les chaussures sont fragiles, mais heureusement, presque toutes les pièces peuvent être remplacées, par soi même si on est un poil à l'aise avec un tourne vis. La chaussure n'est plus commercialisée. La gamme Gignoux s'est maintenant élargie. Des modèles sont clairement axés compétition, mais le modèle "black" pourrait bien être une chaussure extraordinaire alliant légèreté, confort, skiabilité et facilité d'utilisation.
Pour qui ?
A celles et eux qui ne veulent aucun compromis pour monter
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