nikota (12 janv. 2017) disait:
Merci d'avoir pris le temps, super intéressant et du coup ça soulève encore plus de questions...
Nos coachs de l'équipe de France, comment sont-ils recrutés? Si comme tu dis, le vivier de coachs est pas large, voire en diminution, que la profession est moins enviable que moniteur ESF, n'avons-nous pas un vivier de coach de moins bonne qualité? La qualité baisse nécessairement... non? C'est contre productif dans notre objectif de sortir des petits champions... ?!
Du coup cette organisation et la non-équité entre ESF, clubs, et donc les professions qui en découlent deviennent donc les principaux frein à l'éclosion de jeunes talents si je te suis...
Il y a quand même quelque chose qui a changé... Pourquoi avons-nous depuis peu une génération de cracks chez les hommes (et Worley), et qu'on arrive à placer assez souvent 3-4 bonhommes dans le top 10 en SuperG, au-delà du fait que c'est un peu une spécialité française? J'imagine qu'une locomotive comme Pintu crée de l'émulation et que sans lui les Faivre, Muffat-Jandet, etc n'aurait pas montré de jolies choses...Quoique.. Bref, je reste sceptique, il y a nécessairement des choses qui fonctionnent bien, sinon on serait à la rue partout ( bon on est pas au top en slalom et descente c'est sur)...
Ceci dit, ça ma toujours interpeller que, vu nos bassins de population près des stations, 1ère nation de ski en terme d'infra, de stations, de journées skieurs vendues, avec nos 5 chaines de montagne (6 avec la corse), et la culture des sports d'hiver bien ancrée dans le pays, on devrait avoir 3 ou 4 skieurs dans le top 10-15 de toutes les spécialités de ski alpin, hommes et femmes, parce que dans le reste, combiné, biathlon, ski freestyle, on est plutôt solide, voire très très solide...
Assez étonnant... On a pas d'assez bons coachs en descente et slalom du coup?
Le problème c'est que tu regardes la chose par le haut, c'est-à-dire strictement à l'envers.
Quel que soit le sport il y a un fait récurrent. Pour avoir beaucoup de sportifs au plus haut niveau, il faut avoir une base très large. C'est-à-dire des clubs avec des effectifs importants. Pour avoir du très haut niveau, il faut des coureurs dont la formation initiale soit de très bonne qualité.
Et là déjà ça pose problème. Imagine 8 coureurs par catégorie d'âge. Dans l'absolu ça veut dire quatre à cinq coachs et deux ou trois minibus pour aller sur les compétitions. Salaire des coachs plus trois minibus, on en est à combien à ton avis ? Plus de 200 milles ? Ou moins ? Ou beaucoup plus ? On n'a pas encore acheté un seul piquet, nouvelle mèche pour le perfo, fart etc...
Maintenant cas pratique : Les U10, U12, U14, U16 et U21 ont besoin de s'entraîner ce week end en tracé. Tu connais beaucoup de stade où l'on peut empiler cinq tracés ?
Bref à la base c'est la galère permanente. Tu jongles avec les espaces disponibles (argh les vacances de février ), les moyens disponibles, la bonne volonté des parents. Et les parents qui sont commerçants, malgré toute la bonne volonté, se libérer un week end, ce n'est pas toujours facile. Bref met de la qualité dans la formation initiale quand tu es toujours dans le bricolage. Pas simple.
Ensuite la politique de recrutement : un proprio qui est là tous les week-end fait des pieds et des mains pour que son fiston soit recruté. Son fils ne s'entrainent donc que les week-end (quand il n'y pas de course, c'est-à-dire pas souvent en dehors des vacances scolaires ). Tous les autres gamins sont à la section ski du collège et skient donc mercredi samedi dimanche plus deux demi journées. Bilan le niveau se creuse entre ceux qui ont la quantité et celui qui n'en a pas. Mais comme on cale la formation sur le plus faible, le groupe n'a pas une progression optimum.
Etre au bureau d'un club, c'est géré ce type d'emmerdement en permanence. Quelques part produire le niveau actuel dans ces conditions, c'est pas miraculeux mais presque.
Tu comprends donc que pour sortir du haut niveau il faut investir lourdement sur les plus jeunes. C'est ce que ne fait pas ou peu la fédération, laissant les clubs se démerder...
A cela s'ajoute toutes les petites dérives. Un exemple : Pour les meilleurs des clubs, il y a l'équipe comité. Les meilleurs des équipes comités rejoignant un jour peut-être l'équipe de France. Une année, dans un comité le DT n'a recruté que des filles. La raison était simple quand il a vu le niveau garçon des autres comités il savait qu'aucun de son comité ne sortirait de résultats. Il avait des filles qui tournaient bien, il a fait son équipe et à récolté un bout de gloriole sur des résultats factuels à instant T. Mais du coup pas relève garçon... et ça tu le traines plusieurs années ensuite.
Autre exemple de dérives : En France si tu n'es pas en équipe commité à 12 ans ta carrière s'arrête là. Tu n'es qu'une merde juste bon à être moniteur. Du coup plein de clubs au lieu de se focaliser sur la compétition à tous niveaux deviennent des centres de prépa au monitorat. Dur de faire des champions avec ça. Surtout quand tu regardes la vitalité des circuits dans les autres pays alpins.
Ce n'est là que des exemples. Heureusement il y a des moments de bonheur
Je pense que tu entrevois mieux les choses
inscrit le 30/12/13
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