Bott. ( 7 juin 2012) disait: Il me semblait avoir lu que le financement en Ile de France des transports publics était à 80% supporté par les voyageurs, et qu'un tiers de ces 80% à la charge des employeurs!
Il faut voir de quoi on parle.
En IdF, je ne sais pas.
Je vais parler d'un exemple que je connais mieux (Grenoble)
le financement du SMTC (équivalent du STIF) doit se faire en gros à 1/3 de participation de la Communauté d'agglo, 1/3 de celle du département, et 1/3 du versement transport (1,8% de la masse salariale des entreprises de plus de 9 salariés dans le périmètre du SMTC). Plus le reste, et là dedans la billetterie compte pour quelque chose comme 16%.
Mais ceci couvre le fonctionnement du réseau actuel aussi bien que l'investissement (construction de nouvelles lignes de tram, par exemple).
Le coût de fonctionnement de l'existant (donc les salaires de conducteurs, le carburant, la maintenance, les administratifs, etc...) est couvert à environ 40% par les recettes de titres de transports. Le reste est compensé par le SMTC... donc en partie par les collectivités locales et par les entreprises via le versement transport. Ce 40% masque les disparités entre les lignes fortes de tram et de bus, proches de l'équilibre, et les lignes nettement moins fréquentées.
Après les abonnements TC sont pris en charge pour moitié par l'employeur.. voire aussi par la collectivité dans le cadre de PDE. Du coup savoir qui paie quoi, c'est un peu plus compliqué.
Dans les petites villes, ce n'est pas 40% mais plutôt quelques malheureux %. Par exemple Libourne, faire une croix sur les recettes de billetterie revient à 200 000 € par an. C'est pas grand chose —toutes proportions gardées. Décider la gratuité permet de faire l'économie du circuit de vente et de contrôle, d'affecter le personnel à d'autres tâches (sur le terrain, par exemple), mais ce n'est pas l'essentiel. Elle permet potentiellement d'attirer de nouveaux usagers pour qui le bus payant est un frein financier ou psychologique... ce qui peut conduire à réduire l'usage de la voiture en ville avec toutes les conséquences positives que ça peut avoir.
Donc :
Sinon, une gratuité avantageuse pour une collectivité, faut que tu m'expliques le raisonnement.
C'est en ce sens là que la gratuité est avantageuse pour la collectivité : son but est de proposer un service à ses administrés. Le choix politique de subventionner encore plus la mobilité peut être vu comme un moyen d'améliorer la vie des habitants. L'intérêt d'une collectivité n'est pas de faire de l'argent avec le meilleur rendement possible : sinon elle ne ferait même pas de transport public. Il n'est pas question d'équilibrer le fonctionnement du réseau (avec quoi ?). Tout au plus —éventuellement— d'équilibrer les recettes de billetterie perdues par avec la suppression de la vente et du contrôle : mais ce n'est pas faisable.
Donc la gratuité à un coût pour la collectivité, mais ce coût peut être très raisonnable en proportion. Elle paie déjà ce service public, elle peut décider de franchir le pas et de le payer un peu plus. La gratuité c'est pas pour la collectivité, c'est pour l'usager.
Après, moi je ne pense pas que ce soit une bonne solution. Surtout dans les grandes villes : c'est financièrement très couteux. Ça réduit les capacités d'investissement (alors qu'il y en a besoin). Et puis le prix n'est pas le principal frein à l'usage des TC, loin de là. D'autant qu'il existe des tarifications sociales qui permettent de réduire le coût pour ceux qui en ont besoin.
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