Profil du testeur :
26 ans | 1,93m | 78kg | Expert | Grenoble Taille testée :
186 Acheté :
749€ Conditions du test :
Sommet du Mont Blanc au printemps : Fraiche de 10 cm en haut puis grande chaleur et soupe à la descente. Parfois des pentes en glaces à plus de 30°.
Cet avis matos est issu du programme de Tests Privés de Skipass permettant à nos lecteurs de recevoir du matériel pour un test longue durée. Inscrivez-vous !
Mon histoire commence sur les pentes enneigées du massif de Belledone. L'ambiance qui règne ici est celle du grand nord, l'hiver en Alaska comme on peut l’imaginer. Le vent souffle fort et des bourrasques de fumée blanche viennent fouetter mon visage comme pour me dire "tu n'es pas le bienvenue ici aujourd'hui". Quelques lumières dorées viennent parfois percées le ciel, mais les ténèbres me surplombent presque entièrement maintenant. Et pourtant... la Dent du Pra est plus belle que jamais! Le sentiment d'une grande vulnérabilité surgit en moi mais il n'est pas question de déraper aujourd'hui. Je franchis l'entrée du couloir, déclenche le premier virage et fonce avec toute la puissance que ce dernier sentiment a fait naître en moi. Personne ne s'en préoccupera à mon retour, mais je venais d'effectuer ma première ascension alpine dans un couloir glacé en aller-retour.
3 jours plus tard, je racontais à mon ami cet amour immense pour la montagne qui brulait en moi. J'avais déjà passé l’hiver à faire vibrer mes spatules sur les plus belles pentes du massif… Mais, pour la première fois dans le couloir de la Dent du Pra, j’avais brisé la glace avec mon piolet. La saison arrivait à sa fin et je me sentais plus fort que jamais.
J'avais reçu une paire de latte MAJESTY quelques semaines avant: le nouveau modèle SUPERNOVA, SL. SL pour "SUPERLIGHT". Des mensurations à faire perdrent la tête:
- Corps Carbonne/kevlar avec un noyau bois entier
- Lignes pures de 186cm
- rocker spatule avant
- 138-105-122mm
- 1500g le ski
De quoi donner le vertige à tous ceux qui aiment la pratique du ski free ride en haute altitude !
Alors, même si le soleil embrasait les sommets, et que la neige ne serait bientôt plus pour cette année, il me fallait une dernière expédition! On m'avait fait confiance pour tester ce matos, pas question de mettre ça au placard! Ni une, ni deux, je passe quelques coups de fils et j'organise une équipe près à repartir encore une dernière fois arpenter les cimes. Clem, le meilleur snowboarder que j'ai pu rencontrer jusqu'alors, et Renaud, skieur et montagnard émérite à qui je confierais ma vie les yeux fermés s'il le fallait.
C'est décidé, notre but ultime sera le sommet du Mont Blanc !
Débute alors avec précipitation, dans un bonheur non dissimulé, la préparation de tout mon matériel:
JE SAISIS LES LATTES MAJ’ DANS MES MAINS ET JE ME SURPRENDS PAR LEUR LÉGÈRETÉ. C'EST LA PREMIÈRE FOIS QUE JE POSSÈDE UN PRODUIT AUSSI LARGE ET AUSSI LÉGER À LA FOIS. PERFORMANCE À LA DESCENTE ET EFFICACITÉ À LA MONTÉE, ÇA PROMET !
J'ai rencontré ensuite quelques difficultés pour le choix de la fixation:
Low tech ou fixation-rando plus lourde?
- Le choix pour low tech:
Beaucoup plus léger pour ce genres d'expéditions et un grand confort à la montée.
- Le choix pour une fixation-rando:
Plus lourde mais plus solide pour une pratique free ride en toute sécurité, là où il ne faudrait surtout pas arracher une fixation.
Je pense en toute conviction que ce genre de ski devrait être monté avec une fixation SHIFT pour profiter pleinement à la descente de tout leur potentiel. D'ailleurs, tous les "skiman" m'ont déconseillé de les skier avec des low techs, pointant du doigt le risque d'arracher la spatule. L'emplacement pour recevoir la fixation n'est pas très épais en effet...
Mais j'avais une paire de low techs Pikas PLUM en réserve et plus un brin de monnaie alors...
J'ai quand même fait mes recherches, contacté MAJESTY et PLUM pour leur demander leur avis. MAJESTY m'a répondu clairement (SAV au top) que leur nouveaux skis avaient été conçus et testés pour des fixations low techs et que je n’avais pas à m'inquiéter. Le discours du fabriquant français PLUM était lui aussi très rassurant.
C'est décidé ! DVA, sac Airbag, couteaux, peaux, corde, piolet, crampons, mousquetons, sangles... tout est là ! Direction Chamonix !
Test des skis MAJESTY SUPERNOVA SL :
1er jour: montée au refuge des Grands Mulets. 1ère photo avant d'embarquer dans le Téléphérique pour le plan de l'aiguille, je suis tellement heureux. Nous commençons à monter dans un épais brouillard, ne présumant rien de bon pour la suite de l'ascension. Il neigera toute la journée, jour blanc. Très vite, nous sommes contraints à nous encorder pour passer les crevasses des premiers glaciers. Nous constatons tous avec stupeur la profondeur de ces abimes et rien n'incite ici à prolonger son séjour. Je savais à quoi m'attendre, mais la réalité est toute autre maintenant. Pas le temps de pinailler, il faut avancer !
Les skis accrochent parfaitement lors des traversées (même en glace) et la progression se fait rapidement. La largeur ne gène en rien et permet même une portance agréable en neige plus profonde. Ils sont vraiment légers et je n'ai absolument pas senti de différence avec mes mtn 95... Ascension efficace!
Arrivée rapide à notre camp de base, refuge situé sur un rocher entouré de glace dans une ambiance haute montagne. On mange, on boit, on déconne! Départ demain, 2h du mat! 2ème jour: ascension du Mont Blanc - Aller et Retour. Le départ se fait sous la lumière de la lune. La magie que procure une ascension de nuit est indescriptible. Les étoiles brillent au-dessus de nous et les lumières de Chamonix en contre bas sont un régal pour les yeux... je progresse rapidement en tête, ski au pied, suivi par Clem et Renaud. Notre voie sera celle de l'arrête nord du gouter, plus technique, mais moins exposée au chute de séracs! La pente devient soudain plus raide. On y est ! Je jette mes skis sur mon sac, enfile mes crampons et prend mon piolet. Renaud prend la tête et je fermerai la voie cette fois. La face nord de l'arrête sur laquelle nous progressons et maintenant complètement glacée. Ca devient sérieux. Piolet, crampons, piolet, crampons... la chanson se répète dans ma tête comme pour ne pas faire d’erreur. Clément dérape dans une partie plus technique et sa chute m'entraîne avec lui. 1 mètre, 2 mètres, la corde se tend... Renaud nous assure sec ! Pas de temps à perdre, on remonte, je ne veux pas moisir ici ! Mes mollets fatiguent et mes doigts commencent à geler, c'est un combat magnifique pour le sommet ! Nous en sortons 200m plus haut, épuisés physiquement et mentalement. Le mal des montagnes commence à se faire sentir… J'informe mes compagnons de cordée de mon état. Renaud me fixe avec inquiétude mais ça ne changera rien, de toute façon, je monterai là-haut coute que coute ! (...)
Je regarde mes skis et je me dis qu’ils ont vraiment de la gueule ! Blanc comme la neige, le trait de crayon est pure et minimaliste. Une constellation qui laisse penser à s’évader plus loin, pour découvrir le moindre recoin. C’est marrant de voir comme ils se fondent parfaitement avec leur environnement… Tout ça n’est qu'une question d’esthétique mais cela me permet d’oublier à quel point chaque pas est difficile.
Un pas, vomissement, vertige. Deuxième pas, je veux m'allonger et dormir. Troisième pas, je suis à bout de force mais je ne lâcherai rien, seulement 300m me sépare du sommet maintenant. Clément est aussi très fatigué. Notre simple volonté semble être tout ce qu'il nous reste. Dernière arrête... j'aperçois enfin le versant italien! Les paysages sont magnifiques et le toit blanc n'est plus qu'à quelques mètres. 13h, arrivé au sommet, émotions. 2ème photos: Pure joie, pur bonheur. Il est temps de redescendre. Les 10 cm de neige fraîche tombée la veille sont une aubaine pour nous aujourd'hui. Peu de personnes ont eu la chance de connaître une descente à ski du Mont Blanc dans de telles conditions. J'enclenche (...) CLAC, CLAC, c'est parti !
Les débuts sont quelques peu difficiles à cause de l'altitude. Je suis faible et les premiers virages s'enchainent sans esthétique. Mais les skis sont d'une grande maniabilité et ce n'est pas si terrible finalement. La portance est superbe et le déclenchement de chaque virage se fait tout en douceur. On redescend et je ressens très vite mes forces revenir. Il est temps d'envoyer du lourd ! La pente est moyenne, la neige semi-profonde, je déclenche mes virages avec plus de force et la réponse est parfaite. Le ski comprend, déjauge, et la sensation sous le pied est vraiment agréable. Grandes courbes, vitesse, virages plus serrés, le ski est joueur et vient se conduire à merveille. Aucune vibration à grande vitesse. La pente devient alors plus raide à certains endroits. Virages sautés ? La légèreté des skis permet d'y parvenir sans difficulté, même si je pense qu'ils sont bien plus indiqués pour de grandes courbes dans de grands espaces blancs. Plus bas, la neige réchauffée par le soleil devient plus lourde et plus difficile. Je ne sais pas si ce sont mes cuisses qui ne suivent plus où si le ski est trop léger mais j’éprouve plus de difficultés et je perds en sensations… Mais il faut dire que je suis littéralement épuisé par notre expédition. Les nuages nous ont rattrapés et nous n’apercevons déjà plus le sommet. Il reste encore quelques virages avant d’arriver au plan de l’aiguille. Je me sens en sécurité, comme s’ils étaient devenus mes compagnons de montagne, comme s’ils m’avaient aidé à accomplir mon rêve.
Cela me va… « Le bonheur est fait pour être partagé », non ?
Un immense merci à toute l'équipe Skipass pour m'avoir permit de réaliser ce test et mon rêve à la fois!
Pierre Bergier
Pour qui ?
Pour tout les skieurs désirant accéder à la randonnée en montagne légère tout en se faisant plaisir à la descente.
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