Matiouf (12 fév 2010) disait:
tcsa (11 fév 2010) disait:
Se faire l'avocat du diable comme je l'ai précisé dans mon intervention consiste à défendre une cause indéfendable ou tout du moins à laquelle on ne croit pas...
J'en déduis donc que tu ne crois pas que la liberté en montagne puisse perdurer...
Matiouf,
Je me permets de synthétiser de façon très imparfaite une intervention qui m’avait été demandée pour un colloque il y a quelques années (qui ne concernait pas spécialement le HP ) :
1 Le tourisme alpin trouve ses origines dans le tourisme estival de santé.
2 Se sont de riches urbains (ils n’avaient pas de CB à l’époque ) dans une démarche qui s’inscrit entre sportivité, mysticisme et onirisme qui ont conquis les montagnes (pendant que madame était en cure ) accompagnés de porteurs et/ou de guides locaux.
3 Ces personnes disposaient d’un capital économique et temporel garant de 4 moyens nécessaires de réussites :
Les moyens d’accompagnements (recours à un autochtone pour être guidé )
Les moyens d’apprentissages (la présence sur des temps longs permet d’apprendre et de progresser techniquement )
Les moyens d’équipement (la capacité à faire produire des équipements adaptés par des industrieux de leur entourage ).
Les moyens d’ajournement (la capacité à repousser une course pour des raisons météorologiques, de santé, etc.).
4 Le développement du tourisme de montagne a permis l’arrivé de nouveaux touristes qui ont tenté de s’exonérer de certains moyens utilisés par les pionniers. Ainsi, pour certains, la lecture des carnets de route de leur prédécesseurs faisait office de guide. Se dispensant des moyens d’accompagnements, ils perdaient en moyens d’apprentissage classique. Ils demeuraient bien équipés grâce au matériel développé, industrialisé et commercialisé par les pionniers. Dès lors les discours se sont focalisés sur l’équipement plus que la compétence technique et intellectuelle (voire une compétence spirituelle ).
5 L’accessibilité aux moyens d’équipement associé à la diffusion de l’information technique (topo-guide, etc. ) a permis à une nouvelle génération de touriste d’affluer en montagne. Mais prisonniers des congés payés ils perdaient les moyens d’ajournements. C’est alors que nous somme rentrer dans l’aire consumériste de l’immediatly speed gaming (le jeu immédiat et rapide ).
Ainsi, sur le même terrains de jeu se côtoie plusieurs type de montagnards : ceux (les plus rares ) dotés des quatre moyens de réussites, ceux qui en sont presque dotés et ceux qui n’en sont plus ou pas dotés. Les Caf et autres organisations de montagne auraient du être (ce qu’elles ont partiellement été ) le garant de l’éducation aux pratiques de montagnes. Etonnement, tous les pratiquants se pensent appartenir à la première catégorie, non en tant que pionnier mais dans la possession totale des moyens de réussites.
Il faut à ses notions de moyens superposer des notions d’objectifs sociétaux et psychologiques motivant la pratique.
Tout pratiquant de la montagne est un sportif de l’extrême. Disons de l’extrémité qu’il veut mettre à sa pratique. Mais il faut constater que les plus rares, les mieux équipés des moyens de réussites restent les plus lucides sur leurs propres incompétences.
Les accidents mortels n’augmenteront pas significativement. Les drames des grandes voies (walker, etc. ) diminueront dans la mesure ou leur pratiquant diminuent. Parallèlement les accidents plus ou moins traumatisant et/ou incapacitant décupleront dans des pratiques d’APPN dites de proximité. C’est-à-dire toutes les activités qui auront été temporellement rapproché des centres urbains et qui ne nécessiteront plus de grandes phases d’approches…
Ouf !!! Au regard de ce que j’ai pu dire il y a plus de dix ans, et sans me faire cette fois-ci l’avocat du diable : Hors des pistes se croisent différentes populations aux objectifs personnelles et aux moyens de réussite différents. Et la très grande majorité des secours (morts et blessés confondus ) ne le sont pas pour des personnes qui dans l’ordre sont accompagnés, éduqués, équipés et possédant une marge importante de renoncement (ajournement ). L’essentiel des secours portent sur des gens non accompagnés ou mal accompagnés, très peu réellement formé et qui n’ont quasiment aucune capacité de renoncement (ils ne sont là qu’une semaine ). Il ne reste à ces gens, pour travestir la médiocrité des moyens de réussite qu’ils peuvent investir et/ou mobiliser un débat stérile sur la possession d’un matériel hautement perfectionné… Par leur pratique inconsidérée, ces gens remettent profondement en cause la notion de solidarité "des gens de montagne". "Les gens de montagne" ne voulant justement pas y être assimilé, ils ont plutôt tendance à se désolidariser de ces pratiquants.
Deux solutions seront possibles:
1 On révoquera le principe de solidarité des gens de montagne en mettant en place une tarrification systématique des secours (sur quels critères? système helvète?)
2 On régulera par des moyens divers dont l'interdiction.
Car si le principe de liberté prédomine, je pense que le législateur ne peut accepter le principe de liberté de faire n'importe quoi. Au détriment hélas de ceux qui au même endroit ne font pas n'importe quoi...
J’ai fait long. M’excuse. Promis je ne recommencerais plus…
PS: pour éviter toutes mauvaises interprétation. Gens de montagne = gens qui pratique la montagne avec connaissance et dissernement (urbains et non urbains, habitant les montagnes ou non ).
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