Fred_Dechra ( 7 janv. 2015) disait: Pour moi, la Schlitte est avant tout un terme d'origine Alémanique, Alsacien, puis Vosgiens. Ce n'est pas un terme Français.
La schlitte, terme utilisé de part et d'autre de la frontière linguistique de l'Alsace et des Vosges, était encore appelée zlitte ou hhlite selon certaines variétés dialectales lorraines qui se sont dégradées dans les formes patoises actuelles. La racine de ce mot est probablement très ancienne, à la fois d'origine celtique et germanique est utilisée de part et d'autre de la frontière linguistique de l'Alsace et des Vosges.
Dans l'ancien patois de Fraize qui peut s'entendre avec des micro-variantes dans les vallées de la grande et petite Meurthe, zlitèr signifie "transporter à la schlitte, ou plus précisément sur la zlite", enne zlite désignait un traîneau de montagne, apte à la descente, sans préciser la charge transportée, on disait zliter do bô pour transporter du bois sur cet engin en bois et lo zlitu correspondait au schlitteur, qui peut désigner, au choix, celui qui traîne la schlitte ou le professionnel d'une équipe de pauvres saisonniers employés au débardage sur un chantier forestier hivernal.
Le patois de La Bresse, rapporté par le chanoine Hingre, décrit dans sa graphie pro-française eune chlite: un traîneau pour descendre le bois des forêts. Il peut être équipé d'un timon, sorte de long bâton rattaché par une fourche ou fourchette, pour l'attelage. Mais, son emploi hivernal par les schlitteurs nommés chlitou ou khlitou ne requiert que deux forts bâtons, fixés sur le devant de l'engin. Ces deux bâtons sont tenus par chaque main du schlitteur, adossé à l'avant du traîneau, qui descend à pas retenus le long de la pente, qui peut être équipée de traverses ou de ponts, l'ensemble formant parfois un chemi ravto ou chemin ou voie de raftons (traverses de bois). Le verbe chlitè signifie descendre le bois des forêts avec la chlite, mais aussi, dans un sens générique que le chanoine Hingre oublie par évidence, "luger, transporter par traîneaux diverses charges de bois, de pierre, de foin...". Le même auteur n'oublie pas pourtant d'indiquer un traîneau destiné spécifiquement à charrier les pierres, lè Hleuya, qui ne possède qu'une fourche mobile1, et une autre sorte de petit traîneau à multiples usages, enne Hleute2.
Le verbe en vieux-français serait eslider soit "glisser" et le nom en ancien français, autrefois préservé en Franche-Comté, serait chélite ou chélitre. D'autres formes patoises s'écrivent khlite, hhlite ou xhlite, indiquant un son proche d'une fricative vélaire de l'ancien français ou dialecte roman, [?] intermédiaire entre les sons X, R et H, par ailleurs plus ou moins accentuée lorsqu'elle est placée en initial.
L'allemand actuel a gardé le verbe Schlitten fahren qui a approximativement le même sens que l'ancien verbe alémanique schlitten "luger, glisser sur une surface lisse, descendre une pente", cette forme verbale étant conservée en alsacien. Ce verbe se retrouve sous diverses formes : sl?ten en moyen-haut-allemand, sl?den en moyen-néerlandais, slida en vieux-suédois ou simplement to slide(n) en anglais. L'objet qui glisse ou dévale la pente, à savoir le traîneau correspondant, se nommait ou se nomme Slite en moyen haut-allemand, Slito en ancien haut-allemand, Slede en (ancien) néerlandais, Sclede en flamand, scleida en bas-latin, Sloede en danois, Slitta en islandais, Släde en suèdois, sleigh en anglais... Le linguiste peut postuler une ancienne racine indo-européenne, ainsi [s]lei au sens de "humide, visqueux, collant ou glissant". En allemand moderne, les substantifs der Schleim "le mucus (biologique), la matière visqueuse (sens général)", die Schleie "la tanche" ou les verbes schleichen "ramper, glisser", schleipfen "(1) traîner, (2) aiguiser", schlüpfen "se faufiler, enfiler, sortir, éclore" en proviendraient... En irlandais, glissant se dit sleamhun...
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