J'entends bien les arguments de Philippe.2 sur le fait que les Rousses est une piste de retour pour les gens qui sont à Vaujany. Admettons en effet que si un passage "facile" est créé mais que le mur en lui-même reste tel quel, tout le monde sera satisfait.
Mais à part ça, je rejoins plutôt Cindy: les difficultés doivent être une récompense suite à l'apprentissage et la progression sur les planches. J'adore l'exemple de l'escalade...
Si on simplifie les pistes, on ne va pas faire baisser le risque général, mais l'augmenter. En effet, désormais avec les pistes hyper damées et le matériel plus "facile" à manier, les skieurs vont bcp plus vite maintenant qu'il y a une 15aine d'années. Le mur des rousses, lorsqu'il est bien lissé hors vacances scolaires, je ne vois pas l'intérêt de le prendre autrement que tout droit... Alors certes, comme bcp d'autres, je mets un petit coup de frein avant le mur pour ne pas me lancer dedans aveuglement, et s'il y a un peu de monde, je passe d'une carre à l'autre pour bien vérifier que je saurais m'arrêter ou dévier ma trajectoire en cas d'urgence. Mais on en voit sans arrêt qui se jettent dans le mur et qui ne maitrise rien du tout...
Et les bons skieurs, à force de simplifier les pistes, ont de plus en plus tendance à chercher la difficulté en dehors des pistes.
Pour reprendre l'exemple des Chamois, je trouve ça dommage. Il y une piste facile pour passer du 2ème au 1er tronçon, c'est celle-là. Pour ceux qui ont envie de se faire un peu plus mal aux cuisses, il y avait les Chamois, qui ont déjà subi de nombreuses simplifications ces dernières années, et surtout une éradication quasi-systématiques des bosses. Le mur de fin n'a quasiment plus jamais de bosses, comme celui de Vaujany, d'ailleurs.
En effet, je pense que les champs de bosses sont générateurs de sécurité. Ils empêchent les skieurs qui ne maitrisent pas leur sujet de partir tout droit. Et le mur des Rousses est bien plus anxiogène lorsqu'il est parfaitement lisse et verglacé que lorsqu'il est bosselé et verglacé. Avec les bosses, il est plus facile de s'arrêter en cas de chutes. Alors que lorsque le mur est une belle patinoire, c'est très rigolo à regarder d'en bas, mais il y a un grand nombre de personnes qui n'osent plus jamais le refaire par la suite.
Quant à Sarenne, elle a perdu bcp de sa magie depuis les aménagements des dernières années. Elle est désormais très très "bleue", jamais plus la moindre difficulté. Ca reste une belle ballade, mais qui devrait se mériter un peu plus. Quand j'étais petit, Sarenne et le Tunnel étaient des espèces de "trophées" auxquels on avait droit le dernier jour de cours de ski en 3ème étoile... Maintenant, je pense qu'au moins pour Sarenne, c'est faisable en 2ème étoile. Et le Tunnel en cours de semaine sur la 3ème étoile... Et j'espère que jamais le projet d'alimenter Sarenne en canons à neige en bas ne se fera. Sarenne doit rester une respiration sans remontées mécaniques et autres constructions humaines.
Alors certes, mon discours est celui d'un privilégié qui skie environ 25 jours par an, et qui arrive donc à faire Sarenne tous les ans, plusieurs fois par an. Je comprends que le type qui n'a qu'une semaine en février aimerait pouvoir la faire. Mais je crois que si j'aime autant le ski maintenant, c'est parce que j'ai appris petit à petit à maitriser mes 2 planches, et surtout, j'ai appris peu à peu à aimer la montagne. Quand Sarenne n'est pas faisable, et bien tant pis, ça attendra l'année prochaine, on ne va pas aller contre la nature...
En simplifiant les pistes, on est en train de créer des générations de skieurs qui n'aiment skier que sur de la neige fraiche bien damée. Je sais, c'est la société de consommation, mais je ne suis pas un anarchiste, je pense qu'on peut aussi avoir une société de consommation un peu intelligente et respectueuse des cycles naturels. Et ensuite, ces skieurs de pistes ultra-damées arrivent donc plus vite en bas et se plaignent de l'attente et de la "lenteur" des RM...
inscrit le 25/10/07
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