phil68230 (18 janv. 2015) disait:
L'argument "pro" Dieudonné qui consiste à dire "Va voir "Le mur" avant de te prononcer" me semble ridicule et fallacieux. Je pèse mes mots qui sont blessants, mais je pense que parfois, il faut remuer les gens quand ils racontent n'importe quoi. Je sais que je vais avoir l'air intolérant et prétentieux, mais j'assume (après y avoir mûrement réfléchi).
Je n'ai personnellement vu aucun des discours d'Hitler. Je fais pourtant confiance aux historiens et aux documents d'archives que, comme tout le monde, j'ai vus à la télé, pour me faire une idée du personnage.
Si l'on faisait de nos jours son procès à La Haye façon Mladic pour avoir initié la Shoah, pas sûr qu'on arriverait à le condamner !! Il a signé aucun papier, fait aucune déclaration publique disant explicitement "Je les finis en ce moment au Zyklon B"... bref, avec quelques ténors du barreau de Los Angeles, rompus à innocenter O J Simpson, ça pourrait le faire !
Pour autant, je me fais pourtant une idée assez précise du personnage.
Passons maintenant à Adolf M'Bala ! Ouais, je sais, j'exagère...
J'ai lu le compte-rendu de son spectacle (du moins de l'ambiance générale) sur un site de presse (honnêtement, je sais plus lequel). Manque de pot, des internautes répondaient que le gars était partial. Bon...
J'avais lu, précédemment, et je l'ai depuis vu sur le net, que Dieudo faisait remettre un prix à je sais plus quel négationniste par un gars déguisé en déporté. Je reviens sur mon argumentaire d'il y a quelques messages : le gars fait passer la Shoah pour une vaste blague, pour moi, ça suffit à le classer.
Pourtant, on peut rire de la Shoah, et ne pas être manichéen. Illustration : dans une BD de Yann des années 90 (La patrouille des libellules - Requiem pour un Pimpf), on voit des déportés juifs qui discutent dans leur sinistre baraquement. L'un deux, scientifique - forcément, comme quoi on peut utiliser des clichés sans que ça me défrise - fait des calculs savants et en arrive à cette conclusion magnifique, qu'il livre bien sûr à ses compagnons d'infortune : "Voilà, à force de brûler des Juifs, les Nazis balancent tellement de CO2 et de cendres dans l'atmosphère que ça va provoquer un réchauffement climatique qui leur sera fatal. Ils sont foutus ! A condition qu'ils brûlent 220 millions de Juifs... Mince, est-ce qu'ils vont trouver 220 millions de Juifs à exterminer ?". Voilà, ben ça, ça me fait marrer, mais pas Dieudo.
Plus loin, entre un gardien de camp et une jeune déportée, c'est le coup de foudre, et le dessin est fait de telle manière qu'on pige bien qu'aucun des deux n'est là par choix, que c'est la faute au destin merdique.
Revenons à M'Bala. Si cette histoire de déporté, c'était un one-shot, pourquoi pas ? Un peu comme le mec qui a remis la ventriloquie au goût du jour, qui fait des trucs très bons, et a été cependant un peu lourdingue sur les gitans, récemment, avec le jeune marseillais (nom ?) qui fait dans le genre Gypsy Kings modernisé.
Mais Dieudo-Adolf, il avait déjà fait son "Heil Israël". Bon, c'était anti-sioniste, pas anti-sémite...
Puis il a fait baptiser son gosse par Jean-Marie (pas Marine, hein...)...
J'ai zieuté à l'occasion une vidéo sur son site. Au moment où deux journalistes s'étaient fait descendre par AQMI au Mali.
Outre que c'est chiant (on dirait le président d'un club de quilles villageois qui rappelle à ses membres les dates des prochains barbecues.), ça transpire de haine ou de ressentiment. Contre les journaleux ("Ah ben c'est normal, tout le monde pleure mais oublie toutes les saloperies qu'a faites la France en Afrique"... Mais bien sûr ! L'accueil de monsieur M'Bala père et le docteur Schweitzer, ça n'a jamais existé, y'a eu que les massacres à Madagascar... le degré zéro de l'analyse politico-historique... bref ....). Contre Elie Seimoun qui lui aurait piqué du fric. Etc... Effectivement, pas de l'antisémite.
Mais quand tu vois ça, si plusieurs journalistes sérieux de différents médias te disent que, à l'occasion de ses spectacles, Dieudonné fait régulièrement des apartés sur le thème "On a eu des problèmes, toujours à cause des mêmes, mais bon, faut pas dire le mot, mais vous voyez qui je veux dire, hein ? ", ben t'es enclin à le croire.
Par ailleurs, pas besoin de voir ses spectacles pour connaître ses prises de position, qu'il assume, sur la culpabilité particulière des Juifs dans l'esclavage. C'est non seulement pas très sérieux historiquement, mais même si c'était vrai, ça ne concernerait pas "les Juifs" mais "les milieux d'affaires français dont une bonne partie des membres étaient israélites". Même en poussant le bouchon très loin, on risque pas de trouver des négriers dans l'essentiel de la communauté juive de l'époque, qui se trouvait en Europe de l'Est et bien loin du commerce triangulaire !
En fait, ça transparait peut-être dans mes propos, et je vais m'arrêter là parce que ça m'agace depuis longtemps, tout ce que je dis, je devrais même pas avoir à le faire : enfant, si je m'étais permis de dire "Ouais les Juifs ceci cela", j'aurais pris une baffe, comme si j'avais mis mes doigts dans mon nez ! Je suis pourtant d'une famille très ouverte, qui déplore les guerres (mon arrière grand-père a été flingué discrétos par les officiers français en août 14, sous couvert d'avoir pris en héros une balle perdue un jour sans combat véritable, parce qu'il était pasteur, brancardier et enjoignait les autres à refuser de porter les armes) et où les blagues juives foireuses ("Pourquoi ils ont un grand nez ? Parce que l'air est gratuit !" ) étaient acceptées.
Mais on m'apprenait aussi que le cousin Jacky, enfant, devait dire "Tonton Marcel" aux voisins et éventuellement aux Schleuhs quand il parlait du gars que ses parents cachaient dans une vieille bergerie de l'Aigoual, vu que le gars s'appelaient plutôt Moisché...
On accepte n'importe quoi actuellement : quand je visite la cathédrale de Stras avec mes CM1 (le médiéval est au programme d'histoire), ils ont intérêt à être calmes. Question de respect ! Et pourtant, j'y crois pas. Et ça m'empêche pas de leur parler de l'inquisition !
On oublie trop ça, en France, et on en arrive à la minute de silence profanée par des débiles qui ont 300 mots de vocabulaire, ne savent pas placer la Cis-Jordanie (ni la Bretagne ...) sur une carte mais sont en troisième "parce que tout le monde doit avoir sa chance". Conneries....
Le débat sur l'antisémitisme pourrait pourtant être passionnant et riche d'enseignement sur notre propre société. J'en veux pour exemple mon expérience personnelle.
J'ai évoqué ma famille côté sud. Parlons du côté Est.
Ma grand-mère et mon grand-père étaient alsaciens nés allemands. Leur vision du Juif, c'est à la fois celle de l'Europe Centrale germanique et celle de la France après 1918.
Gamin, je me suis rendu compte que "Juif", ça pouvait vouloir dire des trucs très contradictoires aux yeux de mes grand-parents, sans même qu'ils en prennent conscience.
D'un côté, mon grand-père m'expliquait une "magouille" d'un maquignon juif, à propos d'une vache, dont son propre grand-père avait été "victime". Conclusion de mon grand-père : "Sont malins, hein, ces Juifs !". Moi je pensais surtout que c'était l'ancêtre qu'était un gros paysan bien con, parce que moi, j'aurais pas accepté le marché de dupes proposé, suffisait de réfléchir 5 mn...
De l'autre côté, ma grand-mère m'explique les premiers temps de l'annexion, en 40 : "Il y avait deux petits voyous dans le bourg. Ils commettaient des petits vols, des trucs pas très graves, ils se bagarraient systématiquement lors de fêtes, bref, des emmerdeurs... 15 jours après que les Allemands étaient arrivés, ils arrivent habillés en SA ! Ils débarquent dans le magasin où je faisais toujours mes courses, comme tout le monde. Et ils se mettent à crier "Juden, Juden !" et à tout casser. Avec les autres clients, on se regardait, on comprenait rien à ce qu'on leur reprochait. On savait même pas qu'ils étaient juifs !".
Donc je pense qu'on pourrait ouvrir le débat sur l'antisémitisme, Israël et tout le reste sans que des connards de Dieudo viennent vomir leur haine.
Dieudonné, il sait ce qu'il fait. C'est un marché, un truc pour faire du pognon, il n'est même pas dingue.
Faut vraiment que la société soit devenue compliquée dans sa tête pour ne pas se rendre compte d'une telle évidence.
La preuve : N'Gijol et Eboué, dans case départ, ils occultent pas le problème des incompréhensions banlieusardes sur les Juifs. Mais ils règlent le problème intelligemment et font avancer le Schmilblick.
En fait, le truc qui me fait VRAIMENT chier, en ce moment, c'est que dans leur film, y'a une scène de cul bien glauque (et à se pisser dessus) quand ils "accouplent" leurs ancêtres et que, à cause de ça, je peux pas montrer le film à mes élèves, alors que c'est la meilleure explication possible de l'esclavage et de tout le reste.
je déconne. je te recite vu que les autres corniauds continuent à battre le vent et que c'est surement la seule contribution intelligente à ce post.
En tt cas c'est cool cette histoire, j'ai bien la confirmation que certains que je prenais pour des cons sont des cons.
inscrit le 20/10/05
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