amusant
le publicitaire Franck Tapiro décrypte pour lefigaro.fr les différents messages des prétendants à l'Élysée. Selon lui, seul Jean-Luc Mélenchon a rempli son contrat, avec son percutant «Prenez le pouvoir».
• François Hollande (Parti socialiste): «Le changement, c'est maintenant»
«Ce slogan est assez creux puisqu' il ne délivre pas de message. Les Français, qui savent déjà qu'une élection induit un changement, ont plutôt besoin de savoir quel changement François Hollande va incarner», décrypte le président de l'agence de publicité Hémisphère droit, Franck Tapiro, qui résume: «Le changement n'est pas un projet, alors que la rupture, portée par Nicolas Sarkozy en 2007, en est un».
• Nicolas Sarkozy (UMP): «La France forte»
Nicolas Sarkozy à Marseille dimanche dernier. Crédits photo : ERIC FEFERBERG/AFP
Si le slogan de Nicolas Sarkozy est «mauvais», selon Franck Tapiro, puisqu'il n'offre pas de «mise en perspective», il constitue toutefois «une bonne stratégie». «Son but est de montrer que la France est protégée par un homme fort. Le vainqueur de 2007 retrouve ici sa part de «Sarkozix», qui défend le pays et semble dire ‘J'ai réussi à vous sauver, donc vous devez me faire confiance'», poursuit le publicitaire, qui considère que «La France forte» est «un positionnement» adressé aux autres candidats et aux Français. «Ce concept induit un 'pour ou contre la France forte'. Autrement dit: 'Si vous votez contre Sarkozy, vous votez contre la France forte'. C'est malin».
• François Bayrou (MoDem): «Un pays uni, rien ne lui résiste»
«Le message transmis ici est de loin le meilleur puisqu'il signifie ‘nous sommes plus fort unis'», note Franck Tapiro. Avant de nuancer: «Mais sa syntaxe maladroite fait qu'il n'est pas facile à mémoriser. Dire «Rien ne résiste à un pays uni» aurait été plus percutant et aurait permis de finir sur le but du message: «un pays uni».»
• Marine Le Pen (Front national): «La voix du peuple, l'esprit de la France»
«C'est un slogan à 360 degrés et assez confus puisqu'il délivre deux messages: «La voix du peuple» est une déclaration qui s'apparente plutôt à la gauche, tandis que «L'esprit de la France» tend à droite», analyse Franck Tapiro, pour qui «Marine Le Pen banalise sa communication pour se dédramatiser». «La candidate du FN a choisi un slogan large comme elle sait qu'elle va grappiller des voix à la fois à gauche et à droite, mais je ne suis pas sûr qu'il lui permette de rassembler son camp», précise-t-il.
• Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche): «Prenez le pouvoir»
«Certains parlent du peuple, d'autres, comme Jean-Luc Mélenchon, parlent au peuple. Avec ce slogan -le seul vrai de la campagne -, le candidat adresse un message fort: ‘On met tout le monde dehors, et on les remplace par vous, le peuple, et non par les mêmes dirigeants'», explique le président d'Hémisphère droit. «C'est un très bon slogan, qui propose de rendre la parole aux Français».
Eva Joly le 3 février en meeting à Caen. Crédits photo : BERTRAND GUAY/AFP
• Eva Joly (Europe Écologie-Les Verts): «Le vote juste»
«Faire référence à l'idée de justice n'est pas un hasard pour Eva Joly puisque c'est une ancienne juge d'instruction», explique Franck Tapiro, qui souligne une «cohérence» entre la candidate et son slogan. Toutefois, le publicitaire considère aussi ce dernier comme «antidémocratique» et «antirépublicain»: «Si on ne vote pas pour elle, cela signifie qu'on ne fait pas le bon vote».
• Dominique de Villepin (République Solidaire): «Aimons la France»
«Aimons la France» n'est pas un slogan, mais «plutôt du Charles Trenet». «En écoutant son slogan, on se dit ‘Et après?' En quoi «Aimons la France» peut-il permettre à Dominique de Villepin de se positionner par rapport aux autres candidats?», s'interroge Franck Tapiro, selon qui l'ancien premier ministre est toujours sur la même ligne que lorsqu'il avait dit «La France est comme une femme qui attend d'être prise».
• Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République): «Pour une France libre»
«C'est un slogan très gaullien, qui fait référence à la France libérée, et qui fait donc un peu vieux», affirme le spécialiste. «Il symbolise aussi une France seule, coupée de tout, poursuit-il. Ce qui tombe mal puisque le pays est aujourd'hui solidaire de l'Europe et du reste du monde. Le temps de la France seule est révolu».
• Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière): «Une candidate communiste»
Nathalie Arthaud le 15 février à Clermont-Ferrand. Crédits photo : THIERRY ZOCCOLAN/AFP
Selon Franck Tapiro, «alors que tout le monde affirme qu'il n'y a plus de communistes en France, Nathalie Arthaud montre qu'il en reste au moins une et qu'il y a peut-être encore une âme communiste dans le pays». «C'est la dernière des Mohicans», avance-t-il.
• Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste): «Aux capitalistes de payer leur crise»
«Il ne s'agit pas d'un slogan, mais d'un thème puisque c'est un sujet dont on parle depuis des années. Il n'y a rien de révolutionnaire dans ce message», analyse le publicitaire. «En revanche, si le mot «crise» avait été remplacé par «crime», on aurait peut-être tenu le plus gros slogan de la campagne. Mais pour cela, il faut du courage!»
• Corinne Lepage: «Les Français en confiance»
«Pourquoi Corinne Lepage incarnerait-elle la confiance? Les candidats sont plutôt censés incarner une valeur que les Français leur attribuent», souligne Franck Tapiro. Avant de détailler: «Si elle a voulu dire que les Français ne se sentent pas en confiance aujourd'hui, c'est plutôt raté. Le slogan est mou et statique».
inscrit le 13/01/04
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