Stug (19 jan 2011) disait: De toute facon, il faut une remise a plat generale du systeme et de la gestion du bordel. Quand tu vois le train qui a mis 2 jours pour faire alsace-mediterranée, si je me souviens bien ,ils ont attendu 3 heures qu'on fasse venir un chauffeur de remplacement qui habitait a 3heures de la ... sérieux, on a pas pu trouver un conducteur plus proche?
Question intéressante, justement.
Avant, la SNCF était une entreprise de transport dans un système tout intégré : elle transportait des voyageurs, du fret, gérait son infrastructure. Mais tout n'était pas compartimenté, et les conducteurs pouvaient, dans la même journée conduire un train de fret ou un train de voyageurs. Il était habilité à conduire à peu près toutes les loco de son secteur ou de son dépôt. Une locomotive (même si elles étaient relativement spécialisées car les caractéristiques d'un train de fret de 1000t roulant à 100km/h sont différentes de celles d'un TER qui va rouler à 160 et s'arrêter tous les 10km) pouvait être polyvalente. Il n'y avait qu'un seul transporteur : la SNCF
Mais ce n'était pas assez top moumoute, puisqu'on ne pouvait pas savoir ce qui faisait perdre de l'argent, ou en gagner, vu que tout était mélangé. La concurrence allait arriver, il fallait qu'on segmente mieux les choses pour mieux s'affronter.
Les différentes activités de la SNCF sont alors devenues de plus en plus indépendantes. Le matériel roulant a été affecté spécifiquement à telle ou telle activité. On a alors pu voir appliquer des livrées différentes selon l'activité : la livrée Fret, ou la livrée "En voyage". La numérotation des engins moteurs était complétée d'un chiffre pour préciser l'activité (1 pour GL, 4 pour le fret, 5 pour l'Action régionale (TER), 6 pour l'infra, 8 pour l'IdF). Le cloisonnement s'est fait progressivement, et on pouvait quand même voir des loco en livrée fret tracter des trains de voyageurs, ou inversement. Mais de moins en moins. En tous cas, l'activité qui prête sa loco facture cette prestation à l'autre activité, puisque c'est chacun sa merde.
On a pu voir récemment la situation ou des locos fret étaient mises au repos par l'activité fret qui connaissait un coup de mou (crise, toussa), y-compris des locos presques neuves. Alors que du côte du TER, c'était très tendu niveau matériel, car il n'y en avait pas assez.
Aujourd'hui les conducteurs sont aussi affectés à une activité. Un conducteur ne fait plus que du TER, ou du Fret. On n'a plus besoin, par exemple, de renouveler ses habilitations d'un conducteur Fret pour des loco qui ne servent qu'au TER. Ca peut être pareil pour la connaissance des lignes. Les contrôleurs, maintenant ne font même plus que soit du TER, soit du TGV (ou les quelques GL).
Et ça explique ce qui s'est passé sur ce fameux train Strasbourg—Port-Bou, à Belfort. Au dépôt de Belfort, il y a un agent de conduite de l'activité GL manquant pour une raison quelconque. Comme on cherche la productivité de partout, les conducteurs en réserve sont réduit au minimum, voire réduit à néant. Ben oui, ça coûte cher. Par contre, il peut y avoir au même dépôt des conducteurs fret non employés à cet instant, mais ils ne peuvent pas conduire ce train parce que : -ils ne sont plus habilités sur ce type de locomotive -ils ne sont pas de la même activité.
Pourtant c'est la même entreprise... Avant, c'était peut-être une grosse masse difficile à cerner pour un financier, remplie de
fonctionnaires (ou assimilés) trop aux yeux des libéraux, mais il y avait une efficacité globale, une réactivité possible grâce à la polyvalence. Aujourd'hui, c'est certainement plus propre financièrement, en terme de
management, ça ressemble mieux à une entreprise privée. Mais il n'y a plus la puissance de l'entreprise intégrée d'antan.
Au passage, un concurrent privé, dans cette situation là, n'aurait sûrement pas fait mieux. Car lui non plus n'aurait pas un conducteur de réserve à chaque dépôt pour assurer au cas où.
inscrit le 25/01/10
2425 messages