Gilbertum (25 jun 2009) disait:
Les infrastructures permettent que chaque moyen de transport puisse trouver une place. Faire une seule route pour tous les moyens de transports, quand bien même les gens seraient civilisés et courtois, sera toujours beaucoup plus accidentogène que réserver des voix propres pour les différents moyens de transport.
Non, je ne suis pas d'accord. Ou alors c'est incomplet, mais dit comme ça, c'est un raisonnement des années 60 à 80, où on séparait les différents flux pour éviter les conflits : trémies, passages souterrains ou supérieurs pour les piétons, pistes cyclables bien séparées (et mal fouttues de préférence), l'urbanisme sur dalle, avec des plateau piétonnier en hauteur, enclavés... le tout dans le but de libérer le passage au saint trafic automobile, au prix de détours et de cheminements malcommodes pour les autres modes.
Aujourd'hui, on est plutôt en train de démonter ces trémies et autoponts, de supprimer les passerelles piétonnes, reboucher les passages souterrains, démolir les dalles piétonnes surélevées pour les raccorder au sol : la rue se partage : la vitesse des voiture est réduite (en ville, du moins), les traversées piétonnes et cycles se font à niveau, on crée des zones 30 , des zones de rencontre.
En ce qui concerne les aménagements cyclables : les pistes bien séparées de la circulation automobile ne sont pas plus sécuritaires. Au contraire. Du moins, tout dépend la façon dont elles sont faites :
Il y a très peu d'accidents vélo contre voiture (ou autre véhicule motorisé
en "section courante", càd que les accidents où une voiture renverse un vélo qui est devant lui, sont plutôt rares. La majorité des accidents ont lieu aux intersections.
Et c'est là la faiblesse des pistes cyclables séparées : vélos et voitures vivent leur vie chacun de leur côté, sans se soucier l'un de l'autre, et lorsque vient une intersection, les deux se découvrent au dernier moment, la voiture tourne à droite sans se poser de qestions, et "oh, je vous avais pas vu" dans le meilleur des cas, ou "boum" dans le pire des cas. Inversement, la voiture qui vient de la rue perpendiculaire va s'avancer jusqu'à la limite de la chaussée... sans regarder ce qui vient de la piste cyclable située quelques mètres avant.
Avec une bande cyclable (une voie réservée sur la même chaussée), vélos et voitures s'appréhendent mieux les uns des autres, et les accidents sont moins nombreux.
Mais il est incontestable que la piste cyclable donne une sensation de sécurité meilleure, puisqu'on ne voit pas les voitures de près. Mais c'est un leurre, puisque le danger ne vient pas de là.
Après, on peut avoir des aménagements avec piste cyclable bien foutus (sans doute ce qui existe en Allemagne ou aux Pays Bas), où les pistes cyclables sont réinsérées à l'approche des intersections pour une meilleure visibilité. Ou bien où les choses sont bien faites pour que les uns respectent les autres.
En France, ce qu'on sait bien faire, c'est planter des stops, des cédez le passage ou des feux chaque fois que la piste cyclable croise une route. Très agréable à la longue... et vachement dans l'esprit de partage de la rue. Sans compter que si tu veux tourner à gauche et que la piste est à droite de la droite... ben c'est pas prévu.
Alors oui, dans certains cas, il est mieux de séparer tout le monde (zones piétonnes exclusivement pour les piétons, les autoroutes ou voies rapides exclusivement pour les voitures. Le long d'une route en "rase campagne", la piste cyclable séparée est pertinente car répond à la majorité des besoins (relier deux villages, par exemple). Mais en ville, lorsque les conflits potentiels sont nombreux, les origines-destinations sont multiples et variées, le mieux c'est de mélanger tout ce beau monde en réduisant les vitesses (zones 30, zones de rencontre). Tout du moins faire en sorte que les différents usagers s'appréhendent les uns les autres, et ce n'est pas en les parquant et en les laissant aller à fond la caisse que ça se fait.
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