Avec ces lattes, c’est vraiment l’heure de se faire un rail de poudre euuh, oups, politiquement correct oblige, se tirer la bourre avec ses potes en hors-piste
Avis sélectionné
Profil du testeur :
46 ans | 1,86m | 86kg | Avancé Taille testée :
0 Conditions du test :
Val Thorens
13 avril après midi sur les pistes Chalets, Linotte, la face de l’autre côté du Col de Rosael (poudreuse moquette de printemps), la piste Lory, le glacier du Bouchet (poudreuse croutée), le border-cross secteur Orelle, et tirer tout droit à travers Chamois ou Niverolle pour rentrer sur Castor/Pollux.
14 avril 2017 après-midi tranquille sur Goitschel (la pause à la Folie Douce et au food-ratrak ne compte pas) et retour Corniche tout tranquille.
Points forts
Facilité
Polivalence et tolérance
Le prix sera sans doute l'argument choc de Décathlon (qui prévoit de le vendre également nu)
Points faibles
Poids avec les fix démo
Testeur : 45 ans, 86 kg (avec l’équipement – vêtements, chaussures, sac ABS, DVA, pelle, sonde, dorsale, casque, masque… on doit facilement dépasser les 100 kg), 1,86 m
Skis : Salomon QST 118 185cm 2017, Salomon Warden 13, réglées habituellement à 8,5 / 9 pour du « toutes neiges ». En poudre, je suis plutôt sur 9,5.
Chaussures: Rossignol All Track Pro 130, 29,5 Mondopoint, 338 mm
Avec ces lattes, c’est vraiment l’heure de se faire un rail de poudre euuh, oups, politiquement correct oblige, se tirer la bourre avec ses potes en hors-piste
Skis testés
Prototypes 2020-2021 Freeride 115 Val Thorens Edition au patin, pas encore de référence ni de nom.
Linges de cotes inconnues mais à vue de nez (feeling) je pencherais pour du 130-135, 115 (forcément) et 120-125. Rocker d’environ 35-40 cm avec spatule à l’avant et rocker d’environ 30-35 cm à l’arrière, fibres apparentes, en croisé longitudinal et transversal – instructif sur la façon dont les skis sont construits.
Montage avec des Look démo serrage 12 au maxi (j’aurais perso mis des fixs pouvant aller jusqu’à 13 voire 15), fixs assez hautes. En ce qui concerne le poids, mystère (c’est pas des prototypes pour rien) mais je dirais que c’est « mesuré en plage haute » compte tenu des largeurs/longueurs/fixations montées.
J’avais demandé pour ces skis et seulement ceux-là une dureté à 9,5. C’est également les seuls skis que je n’ai pas testés sur toujours les mêmes pistes durant le week-end pour donner un avis comparatif cohérent.
Prise en main
En théorie, avec quelque chose que l’on ne connait pas, on a une prudence de sioux. En théorie… Bref, on attaque d’entrée de jeu. Extrêmement faciles, très tolérants sur toute neige. On pourrait presque non pas presque, on peut les confier à tout skieur au minimum confirmé pour peu qu’il ait les cuisses nécessaires à les manœuvrer.
La préparation par le staff Wed’Ze était au point : le fartage était vraiment impec’ et les carres nickel… (merci Arnaud, Seb, James, Carole et tous ceux que j’ai oublié).
Sur du plat, que ce soit à basse, moyenne ou haute vitesse, ils offrent un comportement très sain, fort tolérant, avec de légères vibrations en spatule qui sont fonction de la vitesse. Vibrations plus visuelles que ressenties au pied, même sur des petites boules de neige dure. Donc un très bon point.
Les virages dérapés sont simples à emmener et on n’a pas tendance à croiser les skis pour peu que ce genre de technique soit correctement maitrisée (si votre niveau c’est chasse-neige avancé ++, pas la peine de regarder ces lattes, elles ne sont pas pour vous). Juste de temps à autre, les spatules arrières pourraient se recouvrir l’une l’autre.
En carving (donc avec un minimum d’engagement et de vitesse) il faut pousser des cuisses mais encore une fois, pas de façon excessive. Ils s’inscrivent bien, un tout petit peu moins facilement que mes Salomon (qui ont des rockers pour moi plus importants d’au moins 5-10 cm tant avant qu’arrière), ce qui expliquerait cela. La charge en virage est « bonne », avec un changement d’angle un peu poussif et qui nécessite un positionnement complet « parfait » (épaules, hanches, buste, flexions genoux) et un léger manque de peps en relance dans l’autre sens, peu importe la vitesse et/ou la charge qu’on met dessus.
C’est surtout ici qu’il faut que le skieur/client ait le niveau nécessaire pour en jouir. S’il a le niveau mais que son truc, c’est la godille old-school, il y a plein d’autres skis plus adaptés.
Ces skis ne sont de toute façon pas non plus faits pour être emmenés sur la face de Bellevarde, donc pas grave. Enfin pas faits pour ne veut pas dire impossible – ceci est un appel pour les tester sur Bellevarde, je répète, ceci est un appel pour les tester sur la face de Bellevarde 😉.
Le mordant en neige plus dure (carrelage matinal ou traces de ratrak non encore décaillés en début d’après-midi) est bon et progressif. N’ayant pas refait les carres à la lime, je ne sais rien dire sur la dureté de l’acier.
Ces skis sont pour moi un poil trop larges pour être efficace en derby : pas d’Inferno à Muren même s’il a super neigé et qu’on sait aller jusqu’en bas, pas de Meije (sauf pour le fun) car je sais que le team Wed’ze les y a emmenés…
Venons en core-business de ces lattes : la poudre.
Donc comme dit plus haut : 2 conditions fort différentes puisque deux faces exposées différemment. La première, sur une neige « moquette » décaillée, c’est royal, on déroule sans forcer. L’équilibre du ski est excellent en termes de centrage. La réactivité latérale est bonne tout en nécessitant de l’engagement non pas dans la face, mais pour les ramener et les déplacer (115 oblige).
Qu’il s’agisse de virages courts, moyens ou longs (quand la pente est redescendue à un angle « tout skieur »), ils font vraiment le job en procurant un plaisir certain à celui qui a osé les monter. Les spatules et les rockers sortent bien de la neige et même en cas de panne de moteur, le simple fait de se déporter sur l’arrière les fait déjauger tout seuls.
Sur la poudre croutée sur l’autre face, c’était plus délicat car il fallait plus d’engagement. Là, j’ai senti que ma technique était juste « suffisante » pour m’en sortir « correctement » mais pas haut la main car avec le recul, j’ai, je pense, l’impression de compter trop sur les skis et pas sur ma technique pour rider ce genre de poudre plus tricky. Donc, je pense être le fautif sur ce genre de face – à confirmer avec l’autre testeur les ayant essayés sur cette même descente. Je me dis qu’avec une vitesse supérieure, ç’aurait été mieux (pour moi en tout cas).
Je ne suis pas sorti le dimanche matin dans la vraie poudre légère (faut pas déconner, on n’est pas au Japon quand même). Il n’y avait que 2 paires de ces bijoux : donc, il en fallait pour tout le monde. Comme j’aime trop les FAT, je n’ai pas voulu la tenter avec les 100 ou les 95.
Retour sur piste
En fin de journée, avec les bosses qui se sont formées, c’est plus difficile de les emmener là-dedans. Difficile mais pas impossible (prérequis : des cuisses de nageuse est-allemande – pour le politiquement correct, il y a prescription et puis la RDA n’existe plus) sans quoi on est cramé après une dizaine de bosses si on engage vraiment).
Qu’il s’agisse de soupe de fin de journée (ils sont parfaits pour faire du Zodiac), de neige correcte ou légère, ils assurent.
Avis général.
Malgré le nombre de similitudes avec le QST 118 de Salomon – que j’ai directement repris le lendemain pour pouvoir comparer, on n’est pas du tout sur un Copier/Coller. Je dirais qu’il y a un peu du Rancho dedans, tout comme du Stan Rey, Candide Thovex, Glen Plake… mais ils ont une personnalité propre (c’est comme la Clio, à vous d’inventer le rider qui va avec).
Ils m’ont laissé une impression neutre, bons à tout faire et surtout offrir du FAT à tout skieur. Comme première paire de ski, faut aimer et accepter ses défauts et c’est peut-être pas le genre de ski que je conseillerais en shop comme unique paire sauf si j’ai des objectifs de vente de mon management – perso, je ne skie qu’avec mes 118 donc je dois être un peu d!ngu€, mais c’est mon choix, je l’assume pleinement et j’en retire un plaisir sans borne.
Si d’aucun aime cet aspect, foncez.
Comme seconde paire de ski quand Jean-Michel (clin d’œil à Bon App’) a eu sa charcut’ et s’est lâché, c’est (ce sera) sans doute un des meilleurs choix du (futur puisque 2020-2021) marché en termes de rapport qualité prix compte tenu de l’agressivité de Décathlon dans ce domaine. Avec en plus un excellent produit.
Même s’il ne s’agissait que de prototypes, ils m’ont laissé une sensation d’aboutissement très poussé. On n’est pas loin de la série. Sans doute encore quelques réglages du genre léger déplacement des rockers, petite modification du cambre (perso, je n’y toucherais pas) tant le ski offre une neutralité bienvenue.
Petit détail : ils n’ont pas une carre intégrale (ni haut ni bas).
Améliorations ?
Maintenant, le cœur du débat, et un peu le pourquoi Wed’Ze nous avait invité, que peut-on faire pour les améliorer ?
Comme dans – presque – tous les sports, le vilain méchant ennemi, c’est le poids.
Bien souvent, si vous vous dirigez vers ce genre de lattes, de deux choses l’une : vous savez d’entrée de jeu que c’est lourd, qu’il faut des bras pour les porter quand ils ne sont pas au pied, on est pas sur du freerando. Et deuxièmement, c’est pas pour coller de grosses fix démos dessus (quoi qu’elles font très bien le job) ou alors c’est plus sur le marché de la loc’. Ici, des Marker auraient peut-être été plus légère que les Look. Donc, avec des fix classiques, des plaques ou des rando, on perdra déjà quelques dizaines (voire centaines de grammes par pied).
Pour « aller ou personne n’est encore allé » en rando, c’est sur de pas trop grosses distances ni de trop grosses dénivelées sans quoi on risquera d’être vite cramé. Le « là ou personne n’est encore allé » de James T. Kirk et Montgomery ‘Scotty’ Scott était à l’origine le téléporteur et ça peut ici se transformer en hélicoptère auquel cas, le poids dans ce cas-là, on s’en fout un peu.
Pour continuer à gagner du poids, on peut amincir les bords supérieurs du ski pour lui faire un profil soit plus biseauté soit en aile d’avion. En plus de visuellement rendre les lattes plus sexy, cela montre une réelle recherche d’un gain sur ce point et peut également se révéler être un argument commercial.
Attention toutefois à ne pas toucher aux structures de renfort au niveau des fixs qui subissent de grosses contraintes (engagement du skieur, poids et largeur des lattes). Un des points négatifs ce cette approche est à mon sens une souplesse accrue sur l’ensemble et une cohérence moindre sur du dur avec un retour de vibrations plus marquées principalement en spatule avant.
Pour y pallier, sans doute faut-il alors faire un composite hybride en rajoutant une fine structure en fibres de carbone (ou autre fibre synthétique mais ajoutant une bonne rigidité) modelée en Y sur les spatules avant et arrière (la jambe de l’Y partant de la zone des fixs) – chose qui peut aussi se transformer en argument commercial/marketing, mais qui risque de me sembler alors incompatible avec les gammes de prix auxquelles Wed’Ze destine ces skis freeride.
Ou alors un renfort structurel en matrice aramide plus épaisse au centre ou une couche supplémentaire de treillage à 45° sur une partie du ski – moins dispendieux. Que ce soit par l’ajout de fibres telles du M5 ou du Zylon qui est devenu un standard dans le snowboard, cela risque d’alors complexifier le ski et d’en modifier la gamme de prix et donc, de se couper d’une grande partie du public cible.
Attention au fait que les fibres doivent aussi être résistantes à la chaleur (au moins équivalent à celle supportée par la semelle par transfert suite à un fartage manuel qui chauffe plus pour faire pénétrer le fart à l’intérieur de la semelle que le fartage machine fait en 30 secondes).
Je précise et insiste que je ne suis nullement ingénieur en la matière (ni ingénieur tout court) et que ce ne sont que des idées vagues relatives à mes modestes connaissances en matériaux. D’un autre côté, il n’est peut-être pas nécessaire de complexifier la réalisation des skis compte tenu du public cible qui ne cherchera sans doute pas à savoir dans quel sens est le maillage des fibres en spatules avec quel type de résine… Perso, c’est pas le genre de truc que je vais regarder en premier.
Si Wed’Ze destine ces skis à un public large (sans jeu de mot), mettre une carre intégrale haut et bas pourrait éviter que des blaireaux « apprentis freeriders » les plantent n’importe comment dans la neige (c’est déjà difficile avec les rockers) alors s’ils insistent, cela risque de rapidement abîmer les spatules arrières. Cela aura aussi son intérêt lorsqu’ils (ou le personnel des pistes avec leur délicatesse) rentrent les skis dans les bennes en montée. Cependant, cela alourdira les skis.
Un autre point et cette fois-ci ne pas jouer sur l’aspect commercial serait dommage, serait de ne mentionner le type de semelle (P-TEX) (presque personne sur le marché ne communique là-dessus).
A ce propos, les clients lambda risquent de trouver que les skis n’avancent pas s’ils ne sont pas fartés correctement. Perso, je le fais moi-même et la différence avec le fart « machine » est IMMENSE. Le client lambda ne fartera pas lui-même au fer avec le bon fart pour la bonne température et risque de se retrouver frustré parce que ses skis « sont fartés au rebloch ‘ » - merci Snowleader.
Donc, je conseillerais un P-TEX au moins 4000 et une comm’ client dessus. Perso, mon Nidecker Ultralight avec sa semelle en P-Tex 9000 c’est de la balle, bien farté on dépasse tout le monde, skieurs cadors compris même sur du transfert plat mais c’est aussi une planche à 1000 balles. Donc, je ne vois pas du 9000 sur les skis finaux mais je pense que c’est un point important sur lequel insister.
Autre détail concernant les semelles. Sur mes Salomon, j’ai de magnifiques semelles bleues et grises (pareil sur le Burton Antler de ma femme, mais bleu et vert). Put@!n ce que je m’emmerde à boucher les trous avec mes mèches transparentes : les faires chauffer proprement pour qu’il n’y ait plus de suie, c’est pas toujours facile (faut vraiment que j’achète un pistolet pour ça). Donc, par pitié, une semelle noire. Tout le monde sera content, avec à la limite un petit truc de couleur sur le tiers avant – zone plus épargnée que les bords près des carres – avec une couleur pour le 95, une autre pour le 100 et une troisième pour le 115 mais « discrète ».
Le risque est plus que les clients skient sur des pierres et donc, que ce soient bords/carres qui prennent cher. Si on s’aventure en zone de sharks, ben on s’en fout, c’est tout le ski qui prend cher et le skiman qui est content de vous revoir pour racheter une paire. Je sais que mettre différentes couleurs sur les semelles entraîne un "surcout", mais c’est à voir s’il n’y a pas moyen de faire de l’économie d’échelle en reprenant les couleurs et en les partageant avec les séries « Boost » et/ou « FR » et en les ventilant sur les différents modèles.
Pour la surface et la sérigraphie, je ne suis pas graphiste Décathlon, mais je leur donnerais à chacun une identité peut-être pas design mais couleur propre (comme mentionné avec les semelles) en faisant attention à la fragilité. Comme mentionné plus haut, à moins d’avoir une bonne technique, le risque de rayer tout seul comme un grand la surface est important. Ce risque de rayures sera majoré d’une grande part dans les files d’attentes aux télésièges compte tenu de l’irrespect manifeste de près de 95% des skieurs envers le matériel des autres. Skieurs qui bien souvent après avoir pris une remarque dans la face vous regardent avec des yeux de veau incompréhension.
Marketing
Vendre des skis all-mountain ou piste est une chose – c’est moins difficile de se tromper et moins « exclusif » comme produit, vendre des skis freeride en est une autre. La polyvalence est moindre et le bagage client nécessaire est plus important, tout comme ce qu’on peut attendre de ces skis est différent. Une comm’ vendeur est à prévoir surtout sur les 100 et 115 car sinon, le risque de voir des clients mécontents revenir avec des skis « ont sait pas les skier vos trucs / je les aime pas remboursez moi (pas de svp bien sûr) / ben j’ai honte j’avais pas le niveau mais le vendeur m’a dit que tout le monde pouvait essayer le hors-piste (peu de chance cependant qu'un skieur vienne confesser qu'il n'avait pas le niveau)/ etc. ». Cela devra également être clairement expliqué dans le petit folder destiné à la clientèle sur les skis.
Conflits d’intérêts
Je ne suis employé/rémunéré/sponsorisé par aucune marque relative au matériel testé (ici en l’occurrence, Wed’ze et Look). J’ai cependant été invité par Wed’ze à Val Thorens pour pouvoir tester (entre autres) en avant-première ces prototypes 2020-2021 sans aucun engagement de ma part en termes d’avis/critique.
Pour qui ?
Skieurs voulant un fat les jours de poudre ou un peu dingue ne voulant que ça
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