Test Marker Kingpin 13 2021

42 tests Marker Kingpin 13.

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Note moyenne : 8,6/10
Samy93

La fix de freerando par excellence

Avis sélectionné
Profil du testeur : 27 ans | 1,78m | 75kg | Expert | Bourg-Saint-Maurice
Acheté : 350€ en ligne
Conditions du test : Toutes neiges, tous terrains (piste, hors piste, bosses, raide, poudre, etc...)

Points forts

Poids relativement maitrisé (grosse évolution par rapport aux fixations à plaques)
Superbes aptitudes à la descente
Simplicité de fonctionnement de la butée arrière
Présence de deux cales

Points faibles

Fonctionnement du levier de la butée avant, surtout en position marche à améliorer
Insertion des couteaux pas forcément évidente
Coup de main à prendre pour l'enclenchement des pins

Introduction


Aujourd’hui, j’ai décidé de m’intéresser à un produit incontournable de la gamme Marker : la fixation Kingpin, et plus précisément sa version 13.

Je vais commencer ce test par une petite parenthèse historique. Revenons donc en 2014, une époque déjà si lointaine, surtout en ces temps troubles ! Par ailleurs, quand on voit l’évolution du matériel sur ces dernières années, cela parait d’autant plus lointain ! A cette époque, le terme freerando commençait tout juste à se démocratiser, et la séparation était encore bien marquée entre les deux publics que sont d’un côté les randonneurs, et de l’autre les freeriders. Cela pouvait bien se voir au niveau du matériel employé : très différent d’une catégorie à une autre. Ainsi, rando était encore très souvent synonyme de light, tandis que pour le freeride, c’était fat.

On retrouvait également des fixations de natures différentes : pour la rando, bien sûr les fixations à inserts type Dynafit étaient déjà omniprésentes, tandis que pour le freeride, on retrouvait des grosses fixations alpines dédiées à cette pratique (type Marker Griffon). Néanmoins, le public freerider, à la recherche perpétuelle de nouvelles lignes, a commencé à vouloir s’aventurer plus loin que les pentes directement accessibles par les RM. Il leur fallait donc s’équiper en conséquence : cela signifiait avoir du matériel permettant de monter, mais sans rien sacrifier à la descente. C’est à ce besoin que répondaient alors les fixations dites à plaques : des fixations de type alpine avec une structure débrayable permettant de lever la fixation à chaque. Ces fixations, telles que la Marker Duke ou la Diamir Freeride, possédaient l’avantage d’être très performantes à la descente (similaires aux fixations de freeride classiques), mais leur inconvénient principal était leur poids extrêmement élevé. Il était donc difficile d’envisager des dénivelés importants, ce qui limitait forcément le champ des possibles.

Pour répondre à ce besoin des freeriders d’avoir une fixation suffisamment légère à la montée, mais qui permette également d’envoyer à la descente, Marker a donc sorti à l’automne 2014 la première fixation de type hybride sur le marché : la Kingpin. Pourquoi hybride ? Car elle essaye de combiner justement ces deux aspects : légèreté à la montée, et performance à la descente. Pour ce faire, elle a été dotée à l’avant d’une butée de randonnée classique, avec deux pins venant s’enclencher dans les trous prévus à cet effet sur les chaussures ; tandis qu’à l’arrière, et c’est là la grosse innovation de cette fixation, on retrouve une butée de type alpine, qui permet donc une transmission bien meilleure des efforts au ski, et qui offre surtout un réglage des valeurs de déclenchement DIN, en latéral et en axial.

Avec quelques années de recul, il faut reconnaitre un point (même si les fixations Marker font beaucoup débat sur skipass) : la Kingpin a complètement révolutionné les pratiques, et est en grande partie responsable de l’essor de la freerando. Un nouveau type de public s’est ainsi initié à cette discipline ces dernières années, avec des skis bien moins typés rando, mais plutôt à tendance freeride. D’ailleurs, il suffit d’observer l’équipement des randonneurs pour se rendre compte que la Kingpin est très répandue. Les concurrents l’ont désormais bien compris, et la Kingpin n’a plus le monopole de la fixation hybride : on retrouve notamment Fritschi avec sa Tecton 12 dans la même philosophie ; et avec de plus grosses différences, il y a Salomon avec sa fameuse Shift.

Mais rentrons désormais dans le vif du sujet, avec une présentation technique un peu plus poussée de la Kingpin 13.


Prise en main


Comme je le mentionnais précédemment, on retrouve donc une construction que l’on divisera en deux parties : la butée avant, et la butée arrière.

Mais pour commencer d’une façon plus générale, je voulais parler du poids : pour la version 2021, elle est affichée à 680 g l’unité, soit un léger gain par rapport aux versions précédentes (qui tournaient plus autour de 710-720 g). Marker a donc réussi à faire encore quelques améliorations sur sa fixation pour cette saison, nous verrons à quel niveau par la suite. Avec ce poids, on est clairement sur un produit qui n’est pas dans les plus light (les fixations les plus légères tournent autour de 100 g), mais qui représente tout de même une avancée énorme par rapport aux fixations à plaques (une Marker Baron pèse 1240 g l’unité !). Le public visé ne cherche de toute façon pas la performance à la montée, il préfèrera monter à son rythme, pour vraiment profiter de la descente.

Butée avant

Concernant maintenant la butée avant, c’est là que se situe la plus grosse différence pour cette édition 2021 par rapport aux générations précédentes. En effet, il s’agit donc d’une butée de type randonnée classique, c’est-à-dire à inserts. On retrouve donc un mécanisme avec un levier à plusieurs positions qui permet :

• Une ouverture totale des inserts lorsqu’on souhaite déchausser

• Une position ski qui permet donc de positionner les inserts dans les chaussures sans toutefois les verrouiller, permettant la libération de la chaussure en cas de déclenchement de la fixation (sur la partie arrière)

• Une position walk (marche) qui, elle, positionne également les inserts dans les chaussures, mais en les verrouillant cette fois : ils jouent donc le rôle d’axe de rotation lors des pas effectués à la montée

La différence que je mentionnais concerne quant à elle le système de tension des inserts. En effet, jusqu’à présent, on retrouvait sur les butées avant des Kingpin pas moins de 6 ressorts (3 de chaque côté) pour assurer le blocage des inserts. Sur cette version 2021, Marker a revu son concept puisqu’on ne retrouve plus que 2 ressorts en tout et pour tout. Ne les connaissant pas, je suppose néanmoins que les caractéristiques des ressorts en eux-mêmes ont été revues, et qu’on retrouve donc des ressorts bien plus « costauds », permettant ainsi de diviser par 3 leur nombre. C’est probablement là que se situe le léger gain de poids observable sur cette génération.

On retrouve également sur cette butée un système permettant d’installer des couteaux : il s’agit en gros de 3 pattes métalliques entre lesquelles on vient insérer l’axe du couteau. Une fois en place, la rotation de ce dernier peut s’effectuer librement (voir les photos pour l’illustration du système).

Enfin, précisons que cette butée avant est fixée sur le ski à l’aide de 4 vis cruciformes situées à chaque extrémité de la base de cette butée, base ayant une forme à peu près carrée.

Butée arrière

Passons à la butée arrière, qui est la partie la plus intéressante de cette fixation. Comme je l’ai déjà mentionné, lorsque Marker a sorti la Kingpin, il s’agissait de la première fixation de rando à inserts avec une butée arrière de ce type : elle est en effet très fortement inspirée des alpines (il y a quand même quelques différences que l’on va voir par la suite), et cela dénote clairement par rapport aux butées arrières de rando classiques.

Cette butée arrière est en fait très étendue d’un point de vue longueur, puisqu’on retrouve sous le pied un levier. Ce levier actionne en fait, par l’intermédiaire d’un mécanisme à rail, la translation de la butée arrière. Il s’actionne donc sur un mouvement de 180° (pour donner un ordre d’idée, l’amplitude du mouvement est d’environ 2 cm) :

• En position avant, qui correspond à la position ski, la butée est avancée, et le chaussage fonctionne de la même manière qu’une fixation alpine

• En position arrière, la position marche, la butée est donc reculée, laissant ainsi l’arrière de la chaussure libre de tout mouvement

Plus loin, on retrouve un système de stop-skis, avec une plaque sur laquelle vient reposer le talon de la chaussure : en mode marche, le premier appui de la chaussure permettra de verrouiller les stop-skis en position haute. Précisons que cette plaque possède également un système de déplacement latéral, que l’on retrouve d’habitude sur les butées avant alpines. Cela s’explique par le fait que cette butée arrière doit gérer les deux types de déclenchement, comme expliqué auparavant. D’un point de vue largeur, les stop-skis sont disponibles dans deux formats : de 75 à 100 mm, ou de 100 à 125 mm.

Enfin, la butée en elle-même a donc une forme évoquant fortement les autres produits de la gamme freeride de Marker (Griffon, Jester, etc…), avec ses propres caractéristiques. La première d’entre elles est ce que Marker appelle le Power Transmitter (transmetteur de puissance), qui représente l’ensemble des parties en contact avec la chaussure de ski. Il s’agit concrètement de deux pattes situées sous la chaussure, et deux roulettes pour la partie arrière de la chaussure. En quoi est-ce une différence ? Sur les butées alpines, les deux pattes sont en général une seule et même partie de plastique dépassant de la butée ; dans le cas de la Kingpin, il y a ainsi moins de matière, donc un gain de poids. Concernant les roulettes, on n’en trouve tout simplement pas sur les butées classiques : la chaussure vient directement en contact avec la partie rigide. Les roulettes diminuent ainsi fortement les points de contacts avec la chaussure, et sont surtout là, je pense, pour assurer ce fameux déclenchement latéral : en effet, on retrouve systématiquement des petites roulettes sur les butées avant des fixations alpines (qui sont d’habitude chargées du déclenchement latéral).

On retrouve ensuite un système de cales montées sur la face avant de la butée. Précisons bien qu’en mode marche, la butée va également se trouver en position enclenchée, malgré l’absence de verrouillage de la chaussure. Dans cette position, on pourra donc, suivant ses désirs, faire pivoter les cales, au nombre de deux : on se retrouve donc avec un choix de 3 angles pour sa chaussure, à savoir 0°, 7° et 13°. Les cales ont été conçues avec des rebords dépassant de la structure de la butée, de sorte à pouvoir facilement les actionner avec les rondelles des bâtons.

Sur le haut de la butée, on retrouve un système de réglage du déclenchement axial tout ce qu’il y a de plus classique (avec une plage allant donc de 6 à 13 pour le modèle Kingpin 13). Pour le réglage du déclenchement latéral, le système se situe à la base de la butée, et la vis permettant de l’effectuer est accessible une fois la butée en position haute, avec les cales relevées (on trouve alors un orifice permettant d’accéder à la vis en question).

Enfin, comme je le précisais, la butée est montée sur un rail, qui permet une marge suffisamment grande pour la translation entre la position marche et la position ski. Il est également possible d’effectuer un réglage précis par rapport à la longueur de la chaussure. De même que sur les autres fixations Marker, on retrouve à cet effet une vis située sur la face arrière de la butée, au niveau de sa base, et dont le fonctionnement est plutôt simple à comprendre : chaussure enclenchée dans la fixation (en position ski), il suffit de tourner la vis jusqu’à ce qu’elle se trouve à fleur de la structure en plastique. Ainsi, on est sûrs d’avoir la bonne pression pour sa chaussure.

Enfin, toute cette structure arrière est cette fois fixée à l’aide de 5 vis sur le ski : 4 situées au niveau de la butée et des stop-skis, ainsi qu’une placée juste sous le levier de sélection du mode.

Après ce descriptif détaillé, nous allons maintenant passer au test sur le terrain.


A la montée


Pour commencer, nous allons donc aborder le comportement en montée de cette fixation.

Comme je l’ai mentionné, le poids s’établit à 680 g pour cette version 2021, poids que certains afficionados de la montée trouveront déjà trop important. Néanmoins, en restant dans le programme freerando, par rapport à une fixation à plaque, le contraste est saisissant. En effet, sur cette dernière, rappelons-le, on soulève une très grande partie de la fixation avec la chaussure (butée avant + butée arrière + plaque de liaison) à chaque pas, ce qui représente un poids et une dépense énergétique considérables. Sur une fixation comme la Kingpin, la chaussure est fixée à l’aide des inserts sur la butée avant, et il n’y a qu’elle qu’on soulève. Ce sentiment de légèreté accrue permettra donc une moins grande dépense énergétique, et pour ma part, avec les skis sur lesquels je les ai montées (Völkl Mantra V-Werks), je fais régulièrement des sorties entre 1000 et 1500 m de D+. Sa lourdeur relative ne permettra évidemment pas de taper des chronos à la montée, mais en montant à son rythme, on peut très bien gérer des sorties à la demi-journée (sous réserve d’avoir un minimum de condition physique, bien entendu !).

Pour le chaussage, je précise qu’il s’agit de mes premières fixations à inserts ; je n’avais donc auparavant pas l’habitude de ce type de matériel. Et je dois dire que l’enclenchement des pins dans la chaussure n’est pas forcément évident. Le principe est de placer les trous de la chaussure face à ceux-ci, puis d’appuyer avec la pointe du pied afin de les enclencher. Néanmoins, avoir le coup d’œil pour bien viser n’est pas inné, et on est souvent obligé de s’y reprendre à plusieurs reprises : il n’est pas rare d’avoir bien visé sur un côté, mais pas sur l’autre… Je précise également que si l’opération n’est pas si difficile que cela lors du premier chaussage, sur terrain plat ; cela peut vite devenir une galère lorsqu’on doit chausser dans un dévers, avec la fixation et les chaussures remplies de neige. Je pense toutefois que ce problème n’est pas propre à la Kingpin, mais se retrouve sur l’ensemble des fixations à inserts.

Une fois l’enclenchement réalisé, il faut actionner le levier à l’avant pour se mettre en position marche. Il s’agit en fait d’un levier en 2 parties : la première partie métallique rouge, qui a 2 positions : haute lorsque la chaussure est enclenchée et basse lorsque la fixation est ouverte ; et la seconde partie située à l’avant de la première, en plastique noir, que l’on sera amené à actionner manuellement pour passer de la position ski à la position marche. Et je dois dire que c’est sur ce système que j’aurais des reproches à faire. En effet, sans que ce soit forcément bien expliqué dans les notices, le levier noir doit passer par pas moins de 4 crans pour faire la transition entre la position ski et la position marche. Il est important de bien passer ces 4 crans, sachant que les 3 premiers sont assez rapprochés, alors qu’il faut vraiment tirer fort pour atteindre le dernier cran. Ne le sachant pas forcément au début, je pensais donc avoir atteint la position marche au bout des 3 crans (d’autant qu’on voit apparaitre la face avant du levier sur laquelle il est marqué WALK), mais il n’en était rien. N’étant donc pas en position marche, je me suis fait avoir à plusieurs reprises avec des déchaussages intempestifs dans la montée (dont un qui m’a fait dévisser dans un dévers bien dur, heureusement assez court). Ce n’est qu’à force de manipulations que j’ai découvert l’existence de ce quatrième cran, et je n’ai effectivement plus de problèmes depuis. Mais il y a clairement des choses à améliorer concernant ce système : j’avoue ne pas comprendre la présence de tous ces crans, puisqu’on utilise au final que 2 positions, la plus basse pour skier et la plus haute pour marcher. N’aurait-il pas été plus simple de concevoir un levier n’intégrant que ces 2 positions, afin d’éviter toute confusion ? Il y a sûrement une raison technique expliquant ces crans, mais en tous cas, la moindre des choses serait de l’expliquer plus clairement dans les manuels d’utilisation, vu le danger et la galère que peuvent parfois représenter des déchaussages à la montée. Pour terminer sur cette partie, il faut également savoir qu’une fois enclenché en position marche, il faut logiquement pas mal forcer pour le déclencher lors du déchaussage. Or, il s’agit d’une opération que l’on réalise souvent avec ses bâtons, et ici, vu la force nécessaire, ce n’est franchement pas aisé : il y a des risques importants de tout simplement faire glisser la pointe du bâton, qui va alors probablement abimer le topsheet du ski… Finalement, je me suis résigné à devoir pousser le levier à la main, même si c’est un peu moins commode.

Pour rester sur cette butée avant, on trouve donc également le système de fixation des couteaux. Comme je le disais, on doit donc insérer par le côté l’axe du couteau entre les pattes métalliques. Clairement, l’insertion n’est pas des plus aisées : il faut à la fois pousser et effectuer de légères rotations du couteau jusqu’à atteindre les crans de blocage. Par contre, une fois en place, la rotation s’effectue sans problème, et il n’y a de risque de déboîtement du couteau. Le démontage s’effectue de la même manière, et est également peu pratique ; d’autant plus encore une fois suivant l’environnement : neige, glace, froid, gants, etc… En revanche, les couteaux en eux-mêmes fonctionnent bien et permettent une bonne accroche lorsque le terrain l’exige.

Enfin, j’ai apprécié les aptitudes de cette butée lors des passages dans les dévers. En effet, dans ce cas de figure, le travail exercé entre la chaussure et le ski est souvent en torsion, et cela peut inspirer de la crainte sur certaines fixations (c’était notamment mon cas pour mes anciennes fixations à plaques). Ici, pas de problèmes à ce niveau-là : la chaussure est parfaitement tenue quel que soit le dévers, et on voit bien que la fixation ne bouge absolument pas. C’est évidemment un point à retenir, car nous sommes finalement souvent confrontés à cette situation en randonnée.

Concernant maintenant la butée arrière, pour le mode marche, il suffit donc d’actionner le levier central de sorte à ce qu’il soit en position arrière, ce qui va donc reculer la butée. Une fois l’enclenchement réalisé sur la butée avant, il n’y aura plus qu’à effectuer une poussée avec le talon. Cette action va avoir 2 effets : d’une part, cela va bloquer les stops-skis en position haute, et d’autre part, cela va relever la butée arrière (comme en mode ski, mais sans blocage de la chaussure). Une fois cette action réalisée, on peut se lancer dans la montée. Si celle-ci devient raide, on pourra s’aider des 2 cales présentes sur cette butée. Leur forme (voir la photo) permet normalement de les manipuler simplement avec la rondelle du bâton, ce qui évite de se baisser à chaque fois. Là-aussi, il faut toutefois prendre le coup de main, qui va aussi dépendre des rondelles en question : j’ai des rondelles larges et plutôt souples, alors ça n’aide pas forcément. Précisons qu’il est un peu plus facile d’enclencher que de déclencher les cales, mais bon, une fois la technique acquise, cela reste relativement simple d’utilisation. Par ailleurs, le choix des angles permet de s’adapter à une grande variété de terrains : pour ma part, j’oscille la plupart du temps entre 0° (pas de cale) et 7° (première cale), et j’ai finalement assez peu souvent besoin de la dernière cale à 13°, que l’on réservera donc aux portions vraiment raides. Enfin, précisons que le système des cales est fait de telle sorte qu’une fois la cale dans une position, elle est comme verrouillée, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de risque qu’elle se déclenche pour revenir à sa position initiale. On pourra donc attaquer la montée en toute confiance.


A la descente


Pour poursuivre ce test, parlons maintenant des aptitudes en descente de cette fixation. Etant mes premières fixations à inserts, c’était cette partie que j’appréhendais le plus : j’avais évidemment souvent entendu parler des supposées faiblesses de ces fixations par rapport à des alpines lorsqu’on est du genre à envoyer, notamment en freeride. Pour résumer, mes craintes étaient infondées ! Mais encore une fois, je vais essayer de détailler le comportement de la fixation suivant le terrain.

Dans un premier temps, lors de la réception des skis, j’ai principalement skié sur des itinéraires de rando « officiels », c’est-à-dire damés, donc équivalent à de la piste d’alpin. Sur ce type de terrain, je suis clairement plutôt orienté grande courbe et carving ; pour faire simple, j’aime aller vite et appuyer un maximum dans chaque virage ! Dans ces conditions, j’ai tout de suite accroché avec la fixation. Je dois dire que dès les premiers virages, j’ai oublié que j’avais une fixation de randonnée, aux pieds, tellement le comportement se rapproche des fixations alpines. En effet, la butée arrière permet une très bonne transmission de puissance entre le pied et le ski, ce qui permet d’obtenir cette conduite précise. Je me suis donc très rapidement mis en confiance avec cette fixation dans ce mode piste/station ; et même si ce n’est pas possible cet hiver, je pense qu’il est tout à fait envisageable de faire une journée de pur ski alpin avec ces fixations, elle ne vous mettra pas en défaut par rapport à des alpines. Même sur de petits champs de bosses, on skie finalement de la même manière qu’avec d’autres fixations.

J’ai également pu l’utiliser dans la poudreuse. Bon, comme beaucoup le savent, ce n’est pas vraiment le terrain le plus exigeant, que ce soit pour le matériel ou pour le skieur (même si c’est le plus plaisant !). Ici, le principal inconvénient qu’on peut avoir relève plus du chaussage dans les inserts lorsque l’on piétine dans la neige fraîche. Mais encore une fois, ce n’est pas un problème propre à la Kingpin, on le retrouve en général sur toutes les fixations à inserts. Autrement, une fois chaussée, il n’y a là non plus aucun problème : on arrive à piloter ses skis comme on le souhaite, et ce même si la position est bien différente de celle que l’on peut avoir sur piste (bien plus en arrière).

Il est plus intéressant par contre de s’attarder sur des terrains un peu plus difficiles : j’ai pu goûter aux joies de la trafolle, qu’elle soit fraîche ou plus ancienne. Dans de la fraîche, encore une fois, cela reste relativement facile à skier : en se mettant en mode barbu pour tout défoncer sur son passage, la Kingpin répond encore une fois présent et ne met à aucun moment le skieur en défaut. Et dans de la trafolle plus dure, regelée (à vrai dire, un des pires terrains à skier), là encore, je n’ai jamais eu le moindre problème : je sens que je peux vraiment être costaud sur mes cuisses, le matériel suit derrière.

A vrai dire, pour résumer sur cette partie, je dirais qu’on est vraiment là dans le point fort de la Kingpin. Cette fixation a pour moi été destinée à la descente, on est vraiment sur quelque chose de solide. A vrai dire, elle répond parfaitement présent pour cette utilisation freerando/freeride. Je l’ai bien vu également à un autre niveau : j’ai jusqu’à présent toujours skié avec le levier en position basse (butée avant jamais bloquée), et je n’ai jamais eu le moindre déchaussage intempestif, alors que j’aime skier assez fort la plupart du temps. C’est donc un très gros positif à mes yeux, puisque ces aptitudes à la descente étaient pour moi un critère prioritaire.

On se rend compte grâce à cette fixation qu’avoir des inserts à la place d’une butée à l’avant est bien plus acceptable qu’il n’y parait. La butée arrière permet tout de même de se rassurer, de garder un lien avec l’alpin, et surtout de conserver un haut niveau de performances dans son ski. Au vu de ces qualités, et malgré les avis contraires assez nombreux sur skipass, je dirais que la Kingpin fait parfaitement son travail en freerando, et reste très compétitive par rapport à la Shift, notamment grâce à son poids moins élevé.


Pour conclure


Lors de la sortie de la Kingpin, Marker a révolutionné la pratique de la freerando : il s’agissait à l’époque d’un produit totalement nouveau par rapport aux fixations à plaques alors généralisées. Ses avantages, notamment son poids, lui ont permis de rapidement supplanter ces dernières, et a inspiré par la suite d’autres constructeurs qui ont, eux aussi, proposé leur fixation hybride.

Malgré la présence d’inserts sur la butée avant, la fixation reste extrêmement performante à la descente, permettant ainsi aux freeriders de s’en donner à cœur joie (tant qu’on ne ride pas avec des fixations réglées à 15, mais cela ne concerne pas le commun des mortels !). On pourra même envisager, pour dépanner, des journées entières en station avec.

Sa relative légèreté, surtout par rapport aux fixations à plaques, permet d’envisager des sorties assez longues (1000-1500 D+) sans être complètement exténué à la descente, ce qui est évidemment un gros point positif dans cette pratique de freerando où la montée reste avant tout au service de la descente.

Dans le domaine des fixations hybrides, la Kingpin a donc selon moi largement sa place en tant que référence. Si elle a pu connaitre effectivement des défauts dans ses premières années, ceux-ci sont aujourd’hui réglés, permettant d’avoir un produit très performant. Je recommande donc fortement !

Le seul point de vigilance concernera le levier de la butée avant, dont il faudra vraiment appréhender le mode de fonctionnement pour éviter les mauvaises surprises lors de la montée.

Pour qui ?

Tous les freeriders souhaitant se mettre à la rando sans sacrifier au plaisir de la descente. Ainsi, ceux qui veulent envoyer pourront se faire plaisir.
8/10
Facilité de chaussage
Facilité de réglage/compréhension du système
Style/Look
Finitions
Durabilité/solidité
Rapport qualité/prix
Changement de mode montée/descente

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