Comme je l'ai déjà dit plus haut, pour moi cette plaque est plutôt un manque de bol...
Maintenant, connaissant aussi bien les lieux pour y passer plus de 6/8 mois chaque année... est-ce que j'y serais allé ??? (ça sent la réponse de normand à plein nez cette histoire là
)
La situation est complexe et l'appréciation du risque aussi...
Je vais commencer par une petite annecdote:
Samedi dernier (sous-marin land
) nous étions trois dans la télécabine de Fréjus (mld, jules et moi-même) et nous avons bien évidement jeté un coup d'oeil sur cette pente en passant... d'un commun accord, nous l'avons trouvée "pas safe du tout" compte tenu de la raideur de la pente, du fait qu'elle soit bien chargée, et des éventuelles barres qu'on peut y trouver...
Bilan: jules et moi-même avons tous les deux pensé que nous n'y mettrions en aucun cas les pieds avant au moins une semaine... histoire de laisser le temps que ca se tasse un peu (d'où la phrase de jules dans un post plus haut).
Maintenant... ça... c'était samedi...
Or, l'avalanche était mardi...
Pour autant est-ce que j'y serait allé ?? est-ce que ca craingnait tant que ça mardi ??
Les raisons de ne pas y aller sont les suivantes:
- Il a énormément neigé dernièrement et la pente est très chargée
- La pente est raide (départ à petit 40 puis 30/35)
- C'est pas la pente la plus skiée du domaine... du coup elle n'est pas purgée systématiquement à chaque chute et la neige n'est pas tassée par les passages très répétés des skieurs...
- Y'avait sûrement encore largement de quoi faire dans des pentes moins exposées...
- La neige était lourde est donc en plus de ne pas être ce qu'on pouvait trouver de mieux à skier, a plus de chance de mettre la pente en surcharge (auquel s'ajoute le fait qu'il en faut moins pour emporter un skieur).
- Les chutes de neiges n'étaient finies que depuis 3 jours... ce qui laisse peu de temps pour la stabilisation du manteau (quand on sait que pour une plaque il faut parfois un mois)
En gros avec tous ces facteurs... on n'y va pas, c'est clair !!!
Seulement, et oui il y a un seulement (et pas un pourtant cette fois
), on peut trouver autant de raisons d'y aller:
- La neige du week-end dernier ne bougait déjà pas beaucoup en fôret pendant les chutes...
- Une neige lourde se tasse plus vite...
- Comme il l'a dit, la crête avait déjà été largement "fusiblée"... et la pente faite
- La raideur a pour avantage de faciliter les purges naturelles (ce qui était le cas dans certaines pentes juste à côté )
- La pente est prise par le haut, ce qui limite les risques d'un départ au dessus du skieur
- A cette altitude la neige devait normalement être pas mal stabilisée
- Pas mal de trucs avaient déjà été faits sans problèmes... ce n'était que pas bien plus loin et assez comparable (je vais revenir là-dessus)
Du coup... c'est plus si simple... on y va ? ou pas ?... moi il me semble que j'y serait quand même pas allé aussi tôt... seulement c'est facile à dire avec du recul et à postériori...
Cette avalanche pose à mon avis un problème important, inévitable et dont on ne parle jamais:
"le fait de se décaler de proche en proche pour tracer"
Ca concerne tous ceux qui font du hors-piste... le matin on arrive et on se rend bien compte que ca craint partout... du coup on va "au plus safe"... seulement, tout se trace si vite qu'on se décale peu à peu dans la même pente jusqu'à des coins moins safe puis jusqu'à une pente comparable un peu moins safe, puis à une autre encore comparable mais toujours un chouilla moins safe... etc...
Au bilan on finit par skier en fin de journée des pentes dans lesquelles on ne serait jamais allé quelques heures plus tôt...
Certes, le fait d'avoir skié celles d'avant (et d'avoir testé la neige dedans) et de bien connaitre le terrain permet de limiter le risque et de se fixer des limites, seulement, ces limites sont-elles suffisantes pour dire: "là j'y vais pas... je le sens pas même si c'est encore vierge et comparable à ce que j'ai déjà fait "; et ce, quand tout commence à être tracé ???
Pas si simple dans la pratique... surtout si on y ajoute l'euphorie de la poudre et l'effet de groupe inévitable d'une bande de potes...
L'exemple (là je parle pour lui mais il pourra démentir) d'akrocket38 rentre dans cette logique de manière générale... il n'y serait pas allé le dimanche... puis lundi il a fait d'autres trucs pas bien loins, et mardi il s'est encore décalé... ça, on le fait tous...
La question réside donc dans l'appréciation que l'on a pour fixer le "timing du décalage"... fallait-il arriver dans cette pente au bout de 3 jours au au bout d'une semaine ou au bout de 2 semaines ou jamais ???
C'est à chacun d'apprécier, de juger et se faire son idée... là ca marche au feeling, genre "cette pente je la sens pas".
Bonne réflexion...
inscrit le 09/05/02
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