byron (17 sep 2010) disait:
rocky444 (17 sep 2010) disait:
(...)
Oui c'est ce que tu dis mais pas lui. (...)
Ha ha ha...
« À la vérité, son intention, en général, n'est pas en cela de servir l'intérêt public, et il ne sait même pas jusqu'à quel point il peut être utile à la société. En préférant le succès de l'industrie nationale à celui de l'industrie étrangère, il ne pense qu'à se donner personnellement une plus grande sûreté ; et en dirigeant cette industrie de manière à ce que son produit ait le plus de valeur possible, il ne pense qu'à son propre gain ; en cela, comme dans beaucoup d'autres cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions ; et ce n'est pas toujours ce qu'il y a de plus mal pour la société, que cette fin n'entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d'une manière bien plus efficace pour l'intérêt de la société, que s'il avait réellement pour but d'y travailler. Je n'ai jamais vu que ceux qui aspiraient, dans leurs entreprises de commerce, à travailler pour le bien général, aient fait beaucoup de bonnes choses. Il est vrai que cette belle passion n'est pas très commune parmi les marchands, et qu'il ne faudrait pas de longs discours pour les en guérir. »
— Adam Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, Livre IV, ch. 2, 1776 ; d'après réédition, éd. Flammarion, 1991
Tu vas dire qu'en fait smith ne voulait pas dire ça ? Tu postules au prix nobel d'économie, à mon avis, si tu arrives à démontrer le contraire... mais à vrai dire on a plusieurs concurrents sur skipass...
- Il faut relier "Richesse des nations" à "Théorie des sentiments moraux" sinon on biaise tout...
-
le concept de "sympathie" (capacité à nous mettre à la place d'autrui, voire de prendre sa place par imagination)
est le concept fondamental de Smith et pas l'égoïsme pour comprendre les relations sociales : tout homme cherche la sympathie, voilà le postulat smithien de départ
- La sympathie guide le jugement moral sur autrui : nous approuvons les actes d'autrui s'il nous apparaît sympathique et inversement
- On peut passer du jugement moral sur autrui à soi-même en devenant spectateur impartial (capacité à nous extraire de notre état naturel en imaginant le jugement des autres sur nous-même)
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Une fois définie, la sympathie ne peut donc être un principe égoîste
« Je considère ce que je souffrirais si j’étais réellement vous, et je ne change pas seulement de circonstance mais aussi de personne et de caractère. Ma peine se réfère donc entièrement à votre point de vue et pas du tout au mien. Elle n’est donc pas égoïste »
« Par nature l’homme ne désire pas seulement être aimé mais il désire aussi être aimable, être l’objet naturel et convenable de l’amour. Il ne désire pas seulement l’éloge mais aussi en être digne. Aimer être digne de l’éloge n’est en rien dérivé de l’amour de l’éloge. »
Bon ça c'est la base dans la "Théorie des sentiments moraux" qui précède "Richesse des nations" qui ne se cantonne qu'à la sphère économique (point très important) et qui semble montrer en première lecture qu'elle serait la seule animée par l'unique recherche de l'intérêt personnel. Mais non ! Smith parle bien aussi de justice dans "Richesse des nations" :
« Dans le système simple et facile de la liberté naturelle, tout homme, tant qu’il n’enfreint pas les lois de justice, demeure en pleine liberté de suivre la route que lui montre ses intérêts. »
- d'abord, il parle de liberté de suivre le chemin de l'intérêt personnel : le principe de recherche égoïste de l'intérêt personnel n'est pas systématique, on peut le faire mais rien ne nous y oblige
- ensuite, la justice est une vertu première dans la sphère économique : c'est pourquoi Smith à l'époque s'oppose fortement aux mercantilistes. Il prône seulement le libre-échangisme.
« Le commerce et les manufactures ne peuvent guère fleurir longtemps dans un pays qui ne jouit pas d’une administration bien réglée de la justice »
- or, la justice comme vertu morale ne peut provenir que de la sympathie. Cette dernière réintervient dans la sphère économique. La nécessité de justice qui transite par la sympathie vient condamner l'égoïsme pour Smith.
« La société, toutefois, ne peut subsister entre ceux qui sont toujours prêts à se nuire et à se causer du tort.(&hellip S’il y a une société entre des brigands et des assassins, ils doivent au moins, selon l’observation triviale, s’abstenir de se voler ou de s’assassiner les uns les autres. La bienfaisance est donc moins essentielle à l’existence de la société que la justice. La société peut se maintenir sans bienfaisance, quoique dans un état qui ne soit pas le plus confortable ; mais, la prédominance de l’injustice la détruira absolument. »
Mais alors pourquoi cette confusion sur l'égoïsme / intérêt personnel ?
Eh bien, il faut remettre dans le contexte du vocabulaire de Smith. Pour Smith, l'amour de soi et l'égoïsme sont 2 choses distinctes. L'amour de soi est nécessaire à la vie (manger, boire...) et l'égoïsme est son vice lorsque l'amour de soi est déréglé ou excessif. Lorsque Smith parle d'intérêt personnel, il en donne un sens qui se réfère à l'amour de soi simple et sain, très loin du sens qu'on en donne aujourd'hui.
« L’amour de soi peut fréquemment être un motif vertueux d’action »
« La relation entre l’amour de soi et l’égoïsme est comme la rapport entre le désir de manger et la gourmandise »
Pour finir, ce qu'avance Smith, c'est que la sympathie est limitée dans la sphère économique car les relations de production opposent des intérêts entre travailleurs et capitalistes.
L'agent économique a du mal à se construire son spectateur impartial dans la sphère économique et c'est pourquoi il se concentre sur son intérêt personnel, mais à aucun moment il n'en fait l'apologie en fait.
Bon, je sais pas si c'est clair ? J'en doute....
inscrit le 13/01/04
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