Test Blizzard Rustler 10 2019

Résumé, TLDR : Un ski à dominance hors pistes utilisable en paire unique pour tout faire, y compris tout ce qui touche au freestyle. Les gros gabarits et très bons skieurs pourraient les trouver trop souples, les styles très alpins pourraient reprocher un manque de sérieux dans le talon. Ne pas hésiter à affûter si c'est verglacé, mais ce ski passe quand même.

Mes (anciens) skis "de tous les jours", les Salomon rocker² 100 en 186 commençant à vieillir; que ce soit le noyau qui perd de son nerf ou la semelle et les carres qui commencent à se familiariser avec le schiste local; j'avais en tête de leur chercher un remplaçant dans le même programme en attendant la bonne occasion.

Ce même programme, c'est un ski orienté hors piste qui passe de partout : à l'aise dans le raide, dans les neiges irrégulières, dans les neiges molles (soupe comme poudre). Un ski qui ne soit pas pénalisant en station en restant très correcte pour carver, qui accepte de passer dans un snowpark et de faire du switch (donc rocker arrière voir double spatules si possible).

Dans ce contexte j'ai eu la chance de trouver une paire de blizzard Rustler 10 d'occasion à un tarif très correct, sur lesquels j'ai monté des fixations marker jester.

Esthétiquement le topsheet est bleu électrique, ça se repère sans faire mal aux yeux pour autant. On peut aussi noter la plaque en titanal qui se voir en surépaisseur en s'affinant vers les extrémités. La semelle est majoritairement noire avec des touches orange fluo aux extrémités, contraste entre sobriété et "m'a tu vu" (bien visibles en l'air).

Pour les specs, nous sommes à 104mm au patin pour des cotes de 133/104/122 et un rayon de 19m en 188. 

Il y a un peu de taper (le décalage entre la spatule et le point large, en général plus les skis sont larges, plus c'est flagrant), rien d'anormal pour ce genre de skis. Ce taper est assez bien ajusté avec le profil des rockers

En parlant de ces rockers, nous en avons à l'avant et à l'arrière, plutôt longs mais relativement bas et progressifs. A l'avant le rocker finit un peu plus verticalement pour faire une vrai spatule, à l'arrière on reste sur un rocker relevé mais pas une vraie spatule.

Je les ai depuis l'automne dernier et je pense totaliser plus d'une vingtaine de sorties avec depuis. Voici donc mon avis :

Commençons par ce qu'on fait le plus souvent, la piste. La plaque titanal permet de conserver une bonne rigidité au patin en torsion comme en longitudinal. Dans les faits, le ski est relativement sérieux sur la carre et permet d'appuyer assez fort sans que ça décroche, les rocker bas permettent de conserver beaucoup de carre effective. Évidemment cela demande un (très) bon affûtage lorsque la neige est biengue glace et le passage carre à carre a de l'inertie, ce n'est pas un ski pour ! D'autres skis dans ces largeurs seront meilleurs sur la glace et autres neiges béton, je pense notamment à la gamme enforcer chez nordica (plus rigides, plus de carre effective), mais selon moi nous sommes quand même dans le haut du panier ! Lorsque la neige est fraîche et bien damée n'importe quel ski marche bien, sans surprise ces rustler répondent présent. Dans les bosses, les vraies bien moches et creusées comme on en trouve sur les pistes laissés nature (Lanches aux arcs, vallon du Pra, grands montets etc..), ce n'est pas fait pour, il y a de la longueur, de la largeur et de l'inertie. Bon, dans ces bosses immondes c'est clairement le type de ski à remettre en cause plus que ce modèle en particulier. En étant bien réveillé et correctement posé sur les skis ça passe quand même, c'est pas forcément académique, mais on ne se fait pas peur. Dans des bosses moins creusées celles qui peuvent se doubler en sautant par dessus c'est génial, le ski est assez rigide pour garder le contrôle tout en ayant assez de pop pour aller haut et loin. En neiges de printemps, la soupe qui fait des tas c'est pareil, on peut skier proprement en faisant des virages comme se transformer en sanglier à slasher et sauter de partout à vitesse déraisonnable.

Puisque je parle du pop et de jouer avec ces skis, continuons dans le freestyle. Je ne suis pas un park-rat mais j'ai quelques bases, switch, big air, 360, back, rails et box simples. En switch nous n'avons pas de vraie spatule arrière mais le rocker est suffisamment relevé pour skier sans problème, on passe au dessus des tas sans planter et on a assez de longueur pour être équilibré. En l'air c'est très bon aussi, on est équilibré, c'est suffisamment léger pour tourner et la rigidité permet de réceptionner proprement. Les rails passes bien, bon j'en ai pas fait énormément pour ne pas trop dégrader les carres

La suite logique est de sortir des sentiers battus, explorer au delà des jalons et partir en freeride. On est là dans le domaine de prédilection de ce ski, ça marche. Lorsque c'est pas bon, irrégulier, les ski font un très bon travail d'amorti et permettent de passer proprement avec aisance. En poudre les longs rockers bas font merveilleusement bien leur travail, on déjauge relativement vite et c'est un ski qui "accélère", ça marche vraiment bien ! J'ai déjà fait des erreurs de casting en sortant les rustler10 au lieu de skis spécifiques poudres (4frnt Hoji) dans 40cm volatiles et je n'ai eu aucun problème. Évidemment c'est un peu moins magique qu'un cambre inversé mais pour une paire unique versatille c'est largement satisfaisant...  A nouveau ras pour sauter, j'ai pu me mettre de jolis tirs que ce soit des cailloux, des step up etc.

Bref le hors piste est le domaine de prédilection, ça marche, et bien !

Le shape du Rustler 10 a changé pour les éditions 2024 et suivantes. J'ai pu tester cette V2 en fin de saison 2024 lors d'un skitest à l'Alpe d'Huez, programme pistes allant de verglas à soupe, de lisse à grosses bosses et quelques virages en poudre printanière. La paire que j'ai testé était rincée après 2 saison de tests, le flex était relativement mou et le cambre disparu. Dans cet état ils étaient vraiment incroyables en neiges souples, assez proche de mes down cd2 en ressenti. En revanche ce que l'on gagne en performances neiges souples, on le perd sur le dur. Je ne sais pas si c'est l'évolution général du modèle ou l'état d'usure qui a le plus joué.

Pour comparer j'ai aussi pu tester les Nordica enforcer 104 2025 environ 2h avant de retourner sur les rustler. Les deux sont d'excellents skis mais pas adaptés aux mêmes personnes. Sans trop m'attarder sur l'enforcer, c'est un ski assez rigide, plus sérieux. Pour un programme plus "traditionnel", ski en appuis languettes, gros engagement, gros carving... L'enforcer sera meilleur. Il reste "joueur" en tant que ski (on peut le plier en carving pour raccourcir les virages), mais vraiment pas joueur au sens "freestyle". Pour sauter ça marche (E104), mais dès qu'on peut jouer avec les extrémités (butters) ou faire du switch le rustler est indiscutablement mieux adapté !

En comparaison avec mes anciens skis au programme similaire, les Salomon Rocker² 100 qui commencent à être bien rincés et en état ski caillou, les R² sont plus mous avec plus de rockers, ils ont plus tendance à réguler en poudre. Je m'en sert encore pour du ski sauvage tel que freestyle avec matraquage des carres sur les rails, ski avec les sharks ou encore botanique à égaliser la pelouse. Globalement les rustlers marchent mieux quelques soient les conditions ou le terrain.

Pour nuancer un peu mon avis sur ce ski qui est parfait pour moi (gabarit crevette, niveau assez bon sans être mono esf pour autant), j'ai eu plusieurs échos de gabarits plus fort que le mien et/ou un avec un meilleur niveau technique trouvant ce ski trop mou, "de la tomme".

Je recommande de les choisir dans une grande taille, personnellement c'est les 188 (taille max) pour mes 1m84 mais je ne dirais pas non pour les mêmes en 190+.