Le printemps est là, la nature se réveille, le chant matinal des oiseaux et la douceur des températures vous rappellent que la saison des randonnées pédestres en montagne n’est plus très loin. Dans un coin de votre tête, vous entrevoyez déjà vos futures aventures entre les cimes, vous potassez sur ces massifs qui vous font de l'œil, vous imaginant entouré par des panoramas à couper le souffle. Vivre au rythme de la nature n’est-il pas le but ultime de tout(e) randonneuse et randonneur ?
Nous étions à peu près dans ce même état d’esprit quand la marque Helly Hansen nous a invités en juin dernier à venir bivouaquer sur les hauteurs de Chamonix. Le programme laissait clairement rêveur : randonner jusqu’au lac Blanc, 24h en montagne pour tester les vestes de protection avec la nouvelle technologie Lifa Infinity Pro™ , essayer toutes les couches textiles Helly Hansen du pantalon à la doudoune en passant par les tshirts techniques, lire le paysage et nommer les sommets au coucher du soleil, bivouaquer et dormir sous tente etc. La totale quoi.
Nous allons être tout de suite honnêtes avec vous, rien ne s’est passé comme sur le papier. La météo capricieuse ce jour-là nous a malheureusement contraints à revoir nos objectifs à la baisse. L’orage annoncé a balayé d’un coup d’un seul l’idée d’un bivouac. A la place nous avons écopé d’une bonne rincée option gros grêlons accompagnée d’une perte de degrés vertigineuse en plein été et terminé en refuge. Nous nous étions assurés au préalable qu’il restait de la place pour en faire notre solution de repli avant le départ. Enfin, les épais nuages n’ont pas laissé entrevoir un morceau du panorama tant attendu au sommet.
Cependant, quoi de mieux pour tester les produits en toutes conditions ? Quand on sait que le crédo de la marque norvégienne fondée en 1877 est le suivant :
“Nous concevons des produits de qualité professionnelle pour que chacun puisse se sentir en vie sur tous les terrains de jeu”
Le ciel pouvait nous tomber sur la tête, nous étions bien équipés.
Moralité de notre petite escapade chamoniarde; en montagne, que l’on parte en randonnée à la journée ou plusieurs jours avec bivouac ou nuitée en refuge, mieux vaut avoir un plan A, un plan B (voire plus) ainsi que du matériel adapté pour transpirer et parer à toutes les météos. Que vous soyez randonneuse ou randonneur débutant(e), contemplative, contemplatif ou plutôt tourné(e) vers la quête du dénivelé, vous trouverez dans cet article quelques pistes de réflexion (non exhaustives) pour vous permettre de passer une belle saison estivale en altitude.
A l'issue de notre randonnée pluvieuse, nous avons donc rencontré Johann Vienney, guide de haute montagne depuis 2014 et ambassadeur Helly Hansen. Ce passionné nous a partagé volontiers son expérience en tant que professionnel pour préparer au mieux ses randonnées, bien s’équiper, savoir quoi mettre dans son sac mais également se gérer soi-même ! Bien plus qu’une liste à suivre à la lettre, se dégage de cet entretien avec Johann sa vision de la montagne, teintée d’une expertise qui sent le vécu !
Commençons par les présentations. Johann a découvert les joies de la haute montagne vers 16 ans avec des potes plus motivés les uns que les autres. Il avoue dès son plus jeune âge un faible pour l’escalade et le beau calcaire des Aravis qui le poussent à découvrir de nouvelles pratiques hivernales et estivales. La voie vers le métier de guide se dessine doucement au fil des expériences en altitude, il explique : "Je n’ai jamais été trop tourné vers la compétition, c’est plus le partage entre potes et le dépassement de soi-même qui m’ont amené vers la haute montagne. Si je suis guide à l’heure actuelle c’est aussi parce que j’aime la nature à toutes saisons".
La rencontre entre la marque norvégienne et le guide résulte d'une sympathique coïncidence. Leurs routes se croisent durant l’hiver 2018 : il postule comme pisteur et guide de haute montagne pour l’un des films du réalisateur Warren Miller. L'équipe lui demande alors de porter du Helly Hansen durant le tournage, “ça tombait bien j’avais déjà du HH en tant que pisteur” rétorque t-il. En effet, Helly Hansen demeure la marque référente pour l’équipement de plus de 60 000 professionnels dans le monde travaillant dans des conditions parfois extrêmes en mer comme en montagne. La collaboration entre le professionnel et la marque vieille de 140 ans se poursuit alors dans le temps, Johann raconte : “Je trouve que c’est une marque efficace, sans fioriture, technique, ça me parle dans mon métier. Dans toutes les activités que je pratique, j’ai de quoi m’habiller. Au départ, j’avais un peu peur de savoir si j’allais trouver tout ce qu’il me fallait pour l’été comme des pantalons softshell mais au final, tout se décline dans les différentes couches".
Pour la petite histoire, Helly Juell Hansen, capitaine de marine dans les fjords norvégiens a inventé le premier tissus imperméable souple en 1877. En enduisant les vêtements de son équipage avec de l'huile de lin, il protégera de nombreux marins contre les intempéries. La marque puise aujourd'hui ses valeurs et son engagement envers les professionnels à travers ce riche héritage.
À la question, qu’est-ce que l’on emmène comme vêtements quand on part en randonnée ? Aucune hésitation pour le guide qui répond du tac au tac : “Il y a bien sûr toujours la veste de protection légère en fond de sac, même l’été ! Il ne faut pas se dire, c’est l’été, un anticyclone est bien installé, je fais l’impasse. Non ! C’est le jour où tu fais l’impasse que tu en as besoin”.
Nos lecteurs, HerveC et nin2310 qui ont d'ailleurs testé l’été dernier la veste de protection Helly Hansen Odin 9 World Infinity Shell rejoignent le guide sur la question. L’idée était de mettre sur un banc d’essai la nouvelle technologie Lifa Infinity Pro™.
Il s’agit d’une technologie innovante (sortie à l’automne 2020) permettant d’avoir une protection textile à la fois légère, imperméable et respirante, sans utilisation de traitement chimique déperlant nocif pour l’environnement. L’objectif de la marque étant de proposer des produits durables tout en restant aussi performants qu’avec les anciens procédés chimiques (toutes les explications dans cette vidéo).
Pour HerveC, il s’agit d’une veste “ à toujours avoir dans son sac”. Il apprécie sa légèreté (un peu plus de 500 grammes) même s’il regrette un léger manque de compacité. Il développe :
“Lors de ma dernière rando dans les Alpes, arrivé en haut il y avait un peu de vent et on devait être vers 10-12 degrés (donc 5/6 en ressenti). Le coup de chaud de la montée a vite disparu et j'ai sorti la veste pour m'y abriter, le temps de manger notre sandwich. Résultat : ça coupe parfaitement du vent, mais ça ne tient pas spécialement chaud. Avec la doudoune en dessous c'est parfait ! Je l'ai gardé dans la descente, pas de sensation de sauna, elle respire bien !” (lire l’avis complet).
Du côté de nin2310, le veste est notée 9/10. Testée à de multiples reprises dans des conditions pluvieuses, il admet que l’imperméabilité est à la hauteur de ses attentes :
“Portée lors d'une randonnée de plusieurs heures sous la pluie, aucune infiltration. Le tissu ne prend pas l'eau et est aéré, nous n'avons pas l'impression d'être dans un sauna et de transpirer à outrance dans la veste. C'est vraiment agréable par rapport à certaines vestes où l'on transpire à l'intérieur” écrit-il (lire l’avis complet).
Avoir une couche technique et légère comme la Lifa Infinity Pro™, c’est top on ne se pose plus la question : on la met au fond au sac quoi qu’il arrive
Hormis la veste de protection, Johann prend une petite doudoune compressible, une polaire légère comme couche intermédiaire et un t-shirt technique à manches courtes et/ou longues qui sèchent vite. Pour lui, il n’est pas nécessaire d’avoir des affaires de rechange si l’on utilise des matières à séchage ultra rapide : “Si je me mets une suée pour monter en refuge sous le caniar : j’arrive en haut, le dos est trempé mais je vais faire sécher mon t-shirt dix minutes au soleil et au vent, et c’est réglé” nous dit-il.
Il pointe cependant l’importance de jongler entre les différentes couches et de connaître sa propre thermorégulation : “Quand on est en activité on enlève des couches pour éviter de trop transpirer. S'il y a un coup de vent, un nuage, on rajoute la couche de protection. Si l’on fait une pause qu’il fait frais on sort la petite doudoune. On n'hésite pas à l’enlever avant de se remettre en mouvement, même si l’on a un peu froid les premières minutes, au bout de cinq minutes on sera bien”.
“J’essaye d’une manière générale d’avoir un sac à dos de plus en plus léger, les années passent, le dos se fait de plus en plus ressentir ” nous explique Johann. Il est vrai que l’on croise souvent sur les sentiers des randonneurs avec un immense sac sur le dos, bourré de matos -au cas où ceci, au cas où cela-. Gros sac ne rime t-il pas avec un trop plein d’angoisses ? Les avis restent partagés sur la question. Un sac à dos à la journée, sans bivouac ne devrait pas excéder les six à huit kilos selon le guide. La consommation d’eau va également beaucoup influer sur le poids : "À chacun et chacune de réguler sa consommation d’eau, de bien se connaître, plus tu bois, plus tu es chargé, plus tu vas transpirer. Sur une journée à 1200m d+ il faut 1,5l minimum jusqu’à 2l max par personne".
Il avoue (et s’en excuse toujours) plonger parfois dans l’intimité de ses clients en leur demandant de montrer le contenu de leur sac avant le départ : “Quand je les vois arriver avec des hottes de père Noël, je les interpelle en faisant la comparaison avec mon sac trois fois plus petit que le leurs alors que j’ai la corde et de la quincaillerie (mousquetons, etc.)".
Le constat est souvent le même : beaucoup d’affaires de rechange inutiles ou le côté hygiène poussé trop loin si une nuit en refuge est prévue (pot de déodorant, gros tube de crème solaire ou de dentifrice). Comme expliqué précédemment, Johann préconise le minimum côté rechange en privilégiant des matières légères qui sèchent rapidement. Pour l’hygiène, il est facile de choisir des formats de poche comme en avion.
Nous profitons de l’occasion pour lui demander si ce qu’il emmène à manger pèse aussi sur la balance. Sa réponse n’est pas très light mais assumée : “Ça fait peut être cliché du vieux guide qui sort le bout de sauss’ et de tome à la montée rigole-t-il mais ça met du baume au coeur dans les moments difficiles où on se sent un peu épuisé. Le bout de tome là haut il n’a pas la même saveur qu’à la maison".
En résumé, on obtient un sac à dos léger en n’emportant que le nécessaire : 2l d’eau, la pharmacie, un couteau, la carte, la doudoune, la veste de protection, les lunettes de soleil, un petit tube de crème solaire écran total, de quoi manger et grignoter à l’appréciation de chacun et on complète s’il y a une nuit en refuge.
L'organisation s’articule en grande partie autour de la météo, Johann prend la météo trois jours avant la sortie jusqu’au dernier moment : “Cela me permet de prévoir les vêtements en conséquence en imaginant qu’avec le vent, par exemple, on va avoir une température ressentie qui peut vite descendre, la veste de protection prévue au fond du sac va s’avérer une arme essentielle” explique t-il avant de poursuivre “le jour J à la voiture, au parking, au point de départ de la randonnée je vérifie que cela correspond aux prévisions. C’est important de ne pas faire une confiance aveugle aux outils numériques mais de faire appel à ses sens".
Même bien préparé, il est toujours possible de se faire surprendre par une grosse rincée (ndlr : nous même en ayant payé les frais durant le voyage de presse), nous l’interrogeons sur la bonne conduite à tenir en cas d’orage. Hormis les réflexes de base comme poser à distance tout le matériel métallique, s’accroupir sur son sac à dos, se couvrir avec sa veste de protection et attendre que l’orage passe, Johann insiste sur le fait de garder son calme : “C’est un combat personnel, il faut réussir à se regarder soit-même et se dire, est-ce que je ne suis pas en train de faire des gestes plus rapides ? De paniquer ? Même si on peut avoir la frousse, l’essentiel c’est de le montrer le moins possible, de rester concentré car dans un groupe la peur est vite communicative".
Pour préparer son itinéraire, le bonhomme confesse être un peu vieille école et se plonge dans un premier temps dans les cartes papiers plutôt que sur un écran : “J’aime bien quelques jours avant la sortie essayer de m’imprégner de l’endroit par une carte papier, en essayant de lire au mieux les courbes de niveau, les zones compliquées, analyser les versants” détaille t-il. Nous sentons la passion qui l’anime. Il poursuit : “Bien sûr, je rentre quelques coordonnées GPS dans mon application Carte Explo ou iPhiGéNie qui restent d’excellents fusibles pour sauver la mise mais il n’est pas rare que je me fasse un petit plan de course papier, avec quelques azimuts pris par rapport à la boussole sur la carte. Je sais que je pourrais facilement faire des visées et des contre-visées pour retrouver mon chemin”.
C’est sûr qu’à l’heure actuelle nous avons des moyens rapides avec iPhiGéNie en rentrant nos coordonnées GPS pour retrouver aisément un refuge si on venait à être pris dans le brouillard ou la tempête. Le but c’est d’éviter ce genre de situation et se préparer en amont.
Il n’est jamais simple de juger son niveau physique, si certaines personnes ont tendance à sous estimer, d’autres n’auront aucun problème à surestimer leurs capacités avant de se confronter à la réalité du terrain. Notre interlocuteur nous rappelle encore une fois, l'importance de se connaître soi-même. Il n’est pas nécessaire d’être de grands fonciers pour faire une belle randonnée en montagne. Au-delà du côté physique pur et dur, le schéma corporel demeure tout aussi important. "Des personnes dotées d’une bonne proprioception vont avoir des meilleurs repères dans l’espace. Lorsqu’elles vont marcher sur chemins accidentés par exemple, elles vont économiser beaucoup d’énergie” nous explique-t-il avant de pointer également le rôle du mental : “On peut avoir des gens qui ne sont pas d’un grand physique mais qui sont très relax, qui vont pouvoir se pendre à des échelles sans trop se crisper. Quand on parle vraiment de caisse, de forme physique, bien sûr il y a de ça mais d’avoir ces autres qualités c’est un plus incroyable".
En tant que guide, Johann essaye de se faire une petite idée du niveau de ses clients en leur posant quelques questions mais il essaye toujours de prévoir des plans A, B, C voire D si la météo et l’endroit lui permettent de le faire. Il peut alors adapter en fonction de leur niveau réel sur le terrain et proposer des alternatives. “Pour un randonneur débutant, un dénivelé compris entre 600 et 700m cela sera amplement suffisant tout en sachant qu’il faut prendre en considération l’aspect technique du sentier où il dépensera plus ou moins d’énergie” affirme t-il.
Pour une toute première sortie il est important de ne pas tabler trop haut, trouver le juste milieu ce n’est pas toujours évident.
Dans le jargon montagnard, on dit “se prendre un but” quand on n'arrive pas à atteindre son objectif. Johann admet s’être pris des dizaines et des dizaines de buts sans que cela n’entache sa motivation et son plaisir d’être en montagne. Il soulève la question de nos rythmes de vie, nos métiers qui fixent toujours des objectifs à atteindre dans un temps imparti : “C’est important de casser ça, avoir des objectifs, des rêves, c’est super mais ce n’est pas pas une fin en soi. Il est toujours possible de faire la rando d’à côté, moins connue, le plaisir restera identique même s' il y a moins de dénivelé que celle choisie initialement".
Pour lui qui a dédié toute sa vie à la montagne, il estime avoir encore plein de belles chose à découvrir et invite tout le monde à revoir les objectifs à la baisse quand on ne dispose que d’une semaine de vacances ou d‘un week-end. “Nos pratiques de nature à la mer comme à la montagne sont conditionnées par de nombreux facteurs et c’est ce qui est justement intéressant” conclue t-il.
“Bien sûr je pourrais vous faire une liste de tout ce que l’on s’est dit, mais chacun y voit midi à sa porte. La montagne c’est vivre au rythme des saisons, le plaisir de prendre le temps, d’analyser dans quoi on évolue" s’exclame t-il pour clôturer notre interview. Il développe : “Pouvoir se dire allez je prends ma petite paire de jumelles, alors oui c’est un plus dans le sac mais ça permet de regarder tel ou tel versant, comment il évolue, voir qu’un névé n’existera bientôt plus et que l’on va pouvoir passer par là. On vit au rythme de la montagne et cela nous permet de sortie en sortie d’être de plus en plus calé.”
En montagne à chaque sortie, nous acquérons de l’expérience, nous apprenons à nous connaître, nous savons quoi mettre dans notre sac et comment maîtriser tous les outils pour préparer notre randonnée. L'expérience couplée d'une progression adaptée restent la clé d'une pratique sécuritaire. Si vous souhaitez découvrir les joies de la randonnée, n’hésitez pas à vous faire conseiller par un(e) professionnel(le), accompagnateur, accompagnatrice de moyenne montagne ou encore d'un(e) guide de haute de montagne si vous projetez des courses techniques de plus grande envergure.
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