Fin janvier 2022 : skipass.com s'embarque pour un road-trip à la découverte des trésors des Hautes-Alpes. 8 destinations, 8 journées de tempête de ciel bleu en plein milieu de la saison la moins enneigée pour les Alpes du Sud depuis quelques décennies : c'est le jeu, personne ne contrôle la météo. Mais cela ne nous aura pas empêché de laisser vagabonder nos spatules sur les pistes évidemment mais aussi au delà, avec quelques belles surprises au passage. Nous sommes repartis avec des dizaines d'itinéraires dans la tête et autant de belles rencontres, des tourtons et de la bière locale plein le ventre, soit 4,83 fois plus de raisons que nécessaire pour remettre le cap au sud lorsque le truc blanc se décidera à retomber du ciel (ce qu'il fît évidemment une semaine après notre retour).
Aux Orres, le ski alpin occupe une place prépondérante grâce à un domaine ultra-moderne avec pas moins de cinq télésièges "six places débrayables" et une grande diversité de pistes. La station joue aussi à fond la carte de la polyvalence et de la pluriactivité : tyrolienne et piste de luge sur rail pour le côté fun, freerando et ski de randonnée pour une pratique du hors-piste échelonnée à proximité du domaine balisé, grand air et paysage pour les amateurs de pleine nature.
François Mochi a délaissé l’horizon plan des bords de la Méditerranée pour s’installer dans l’Embrunais. Il travaille à l’année pour la SEMLORE (Société d’Économie Mixte Locale des Orres) : en hiver, comme pisteur secouriste, en été, comme responsable du bike park. Grand professionnel, il prépare sa formation de pisteur secouriste 3ème degré à l'ENSA (École Nationale de Ski et d'Alpinisme). Quand il n’est pas sur les Orres, il promène son matériel de montagne et son appareil photo dans les plus belles montagnes d’Europe.
La diversification de la station s’organise à proximité immédiate du domaine skiable. Notre première connexion avec les Orres se fait d’ailleurs sans les remontées mécaniques. François nous emmène découvrir son bébé, « la trace », un itinéraire de ski de randonnée qu’il a imaginé et pensé en 2018 et qui décolle enfin cette année avec une communication adaptée.
Au départ des Orres 1 550, hameau le plus aval du domaine, nous bifurquons rapidement dans un itinéraire sauvage et préservé à l’écart des pistes. La montée est régulière à travers les mélèzes et deux échappatoires permettent à tout moment de rejoindre les pistes. Au final, 4,8 kilomètres, 700 mètres de d+, dans l’ombre du Pic de Boussolenc sans croiser ou presque âme qui vive si ce n’est les traces de faune sur la neige.
Nous avions beaucoup de skieurs de randonnée sur le domaine skiable. Cet itinéraire propose une alternative bucolique aux remontées par les pistes.
Pour rejoindre le front de neige et changer de matériel pour repasser en mode ski de piste, François nous propose de découvrir la tyrolienne géante des Orres, la Speedline, qui s’étire sur près de 2 kilomètres (!) du sommet du télésiège du Pic Vert jusqu’au cœur d’une forêt de conifères barbus de lichens. Les sensations sont garanties pour cette vision accélérée du domaine skiable qui constitue un interlude très sympa, à l'image de l'équipe, à l'arrivée comme au départ.
Après un déjeuner gourmand dans le nouveau restaurant d'altitude le "refuge étoilé", François nous emmène faire un grand tour du domaine nous distillant au passage quelques anecdotes et réflexions. Sur la remontée du télésiège des Crêtes, il nous explique que le changement climatique se lit aux arcosses et arbustes présents maintenant par progression sur le haut du domaine assurant par endroit un rôle bienfaiteur de barrière à neige. La piste panoramique des Crêtes nous offre une vue exceptionnelle sur le lac de Serre-Ponçon et les Écrins.
Cela aura été une constante dans notre périple haut-alpin : les pistes sont parfaitement préparées et le ski de qualité, malgré la sécheresse historique de ce mois de janvier 2022 dans le département. On skie, et on skie bien.
Plus proche de nous visuellement, François nous détaille les multiples courses hivernales qu’offre le massif de l’Embrunais : Pouzenc, l'Everest du coin dont la face Est a été défloré par Paul Bonhomme en mai 2021, Silhourais ou Mazelière, terrain de son mémoire de pisteur sur une avalanche mémorable. Des sommets avoisinants les 3 000 mètres à quelques encablures des pistes et qui donnent une saveur haute montagne au domaine.
Nous remontons ensuite sur l’autre secteur haut du Pousterle pour rejoindre Stéphane, le chef du service des pistes. Sous le TSD6 de Pousterle, François nous parle de la « grande folle », un toponyme inconnu des cartes IGN se rapportant aux aventures heureuses d’un pisteur embarqué par une avalanche à la grande époque du ski de nos grands-pères, lorsqu’il n’y avait qu’une radio pour cinq pisteurs et que les gars attendaient la clope au bec et en pantoufle dans les postes de secours. Le téléski du Génépi nous permet de rejoindre la côte 2 720 mètres, point culminant du domaine skiable. Les collègues de François sont dans l’attente d’un message radio pour partir sur une intervention. En attendant le déclenchement des secours, ils nous font faire le tour du propriétaire de l’envers du domaine. Le Petit Vallon, son nom, nous donne plus l’impression d’un grand vallon au potentiel hors-piste incroyable. François nous explique que le retour par la route forestière est aisé et que ces pentes sont courues par les amateurs de grand ski sauvage. Pour ça, il faudra revenir!
Regardez-moi la beauté de ces traces de montée et de descente! Quelqu'un s'est fait sérieusement plaisir.
Pour terminer la journée, destination Grand Cabane, la piste phare du domaine, la "Sarenne" du sud, longue et variée, du haut du téléski du Génépi jusqu'à l'arrivée aux Orres 1 800 dans une très belle forêt de mélèzes. Cette piste rend hommage aux cabanes pastorales pour le logement des bergers. François partage d'ailleurs une statistique improbable : la renommée de cette piste, et d'autres comme la fameuse noire "Horrible", oblige chaque année à renouveler jusqu'à 30 % des balises qui sont volées par des skieurs indélicats.
Nous concluons ainsi une journée variée et originale, humaine et naturelle, mixant tous les types de ski le tout assaisonné par une touche divertissante.
On ne pouvait quitter les Orres sans évoquer la nuit insolite passée dans des kotas, chalets nordiques de forme octogonale à l’ambiance chaleureuse et contemplative sur l’immensité du ciel étoilé.
Une expérience originale que l'on vous recommande davantage en couple qu'entre collègues (ne serait-ce que pour la douche ouverte au milieu de l'espace). Notre découverte des Orres aura aussi été l'occasion pour nous de découvrir les vins des Hautes-Alpes, une très agréable surprise (à consommer avec modération) !
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