Sam Smoothy a été l'une des révélations de l'année dernière sur le Freeride World Tour. Ce skieur néo-zélandais qui a fracassé les compteurs de vitesse et donné une nouvelle définition à l'expression "gros cuisseaux". Son secret ? "Skier plus vite que mon cerveau".
Le Freeride World Tour va reprendre du service pour une nouvelle saison (et la première depuis la fusion avec le Freeski World Tour) avec une première date à Revelstoke (Canada) début de semaine prochaine. C'est l'occasion de s'intéresser à l'une des révélations de l'année dernière, un skieur néo-zélandais qui a fracassé les compteurs de vitesse et donné une nouvelle définition à l'expression "gros cuisseaux" : Sam Smoothy. Il a impressionné par sa force herculéenne, son style "boucher" et l'ambition de ses lignes. Son nom de famille onctueux fait ainsi plus référence à son caractère (doux comme le dos d'un mouton) qu'à son style de ski tambourinant et rageur.
Le solide gaillard des antipodes a ravi la première place à l'étape de Chamonix l'année dernière avec un run sans appel : rapide, puissant. Il a droppé la face entière sans laisser une seule miette... malgré la grippe violente qui ne lui laissait qu'une ou deux minutes de répit entre deux vomissements. Il est ensuite resté sur le podium (Courmayeur, Roldal) jusqu'à la finale de Verbier où un vilain méchant caillou lui a arraché son équilibre en réception d'un saut épique pour le priver d'une meilleure place que sa 4ème au classement générale du FWT 2012. Son secret ? "Skier plus vite que mon cerveau".
-Raconte-nous d'où tu viens ?
-J'ai 26 ans, je viens d'un ville près de Wanaka en Nouvelle-Zélande. J'ai fait de la compétition jusqu'à l'âge de 16 ans, jusqu'à la première année en FIS, ensuite j'ai arrêté, je ne me faisais plus plaisir, j'étais le plus jeune d'un groupe très sérieux qui voulait aller aux Jeux Olympiques. C'était trop sérieux pour moi à cette époque ! J'étais assez bon, j'ai gagné des courses, mais j'avais du mal avec cette neige dure, ces portes, ces Italiens dingues...
-Qu'as-tu appris en racing qui t'es utile en compétition de freeride ?
-J'ai appris comment tourner mes skis, les tenir sur la neige dure, j'ai appris comment m'entrainer avec un objectif, repérer mes mauvais mouvements et les corriger, me lever à 5 heures du matin pour m'entrainer, avoir une éthique de travail. J'ai une attitude positive par rapport à la compétition, l'envie de gagner, garder en tête que si tu travailles suffisamment et fais les sacrifices nécessaires, tu seras meilleur et tu gagneras.
Sam Smoothy dans nos Alpes françaises.
-Quels sont les inconvénients à être un skieur néo-zélandais ?
-C'est dur, il faut de l'argent pour voyager et je n'en avais pas beaucoup. Je ne pouvais pas aller en Europe pour m'entrainer. C'est un désavantage, c'est vrai mais ça ne me gène pas d'avoir à travailler un peu plus que les autres !
-Quelle était ta première fois en Europe ?
-2006, c'était merdique, il n'y avait pas de neige, il faisait très chaud ! Mais je pouvais voir ces montagnes incroyables, ces remontées mécaniques dans ces endroits improbables, à Verbier, à Chamonix, ils construisent des téléphériques ici ? (rires) Grandir là, sur une montagne européenne, c'est une bénédiction, tu peux développer énormément de qualités sur ces pentes, je suis envieux. Cela dit, être néo-zélandais a aussi ses avantages : tu sais skier de la neige merdique, tu sais construire un kicker là où d'autres n'imagineraient même pas sauter et parce que le pays est si petit, tout le monde est très sympa, il y a une famille kiwi dans le ski. On a des parks vraiment bien, les stations s'améliorent... mais la neige est toujours aussi pourrie (rires).
-Pourquoi skies-tu plus vite que les autres ?
-J'ai toujours aimé un ski fluide et il y a deux ans, les skieurs que j'aimais bien, et qui ne faisaient pas de flips ni de spins, étaient des gars comme Hugo Harrison. Ils skiaient vraiment très vite. Je me suis alors demandé comment je pouvais m'améliorer. Je suis grand, je suis solide, comment utiliser au mieux ces avantages ? Réponse : skier plus vite et sauter plus haut que les autres, c'est le choix que j'ai fait. J'ai skié de plus en plus en vite, tous les jours et je suis devenu plus confortable avec la vitesse. Fast is good !
-Sur la première étape de Chamonix, tu es le seul à ne pas t'être arrêté au dessus de la double barre. Ce n'était pas de la technique mais du pur mental !
-C'était une ligne assez simple. Je suis parti vers la fin et je savais que beaucoup prendraient cette barre, il fallait que je saute plus loin pour éviter les trous des concurrents précédents. En plus j'étais malade, j'avais la grippe, je vomissais tout le temps et je devais arriver en bas le plus vite possible. Je savais que j'avais peut-être une minute tout au plus et après je tomberai (rires). Tu sais, quand tu vas vite sur une falaise, ton cerveau n'a pas le temps de te troubler, de rajouter un petit virage, de te faire peur, tu es déjà en l'air et l'instinct prend le relais pour te maintenir en équilibre, spécialement sur une double cliff. Il faut skier plus vite que ton cerveau !
-Tu es physiquement plus solide ?
-C'est dur à dire. Mais je me suis vraiment entrainé à la salle de muscu pour développer ma puissance. Lors de cette grosse minute de course que représente un run sur le FWT, ce n'est pas la forme physique mais la force pure qui compte.
-Tu sais faire des tricks ?
-Oui, je peux envoyer des flips, des spins, des corks, des rodeos, mais je les utilise seulement si ça score mieux que ce que je pourrais faire avec une ligne simple dans la face. Tout dépend donc de la face et du type de compétition. Peu de skieurs posent des tricks sur le FWT, mais quand ils le font, ça paye. C'est apparemment là où le sport va. C'est vrai qu'il y a une limite à la vitesse que tu peux avoir en ski, à la hauteur que tu peux sauter, alors qu'avec des tricks, la compétition devient imprévisible, tout comme son évolution. Les tricks en compétition de freeride, c'est une question d'équilibre entre le risque et la récompense. Sur le FWT, tu n'as qu'un seul run, il ne faut pas te louper.
-Quel est ton objectif sur l'édition 2013 ?
-Gagner ! Bien sûr ! Je veux aussi rester fidèle à mon style de ski, être plus propre, faire moins d'erreurs que l'année dernière. Mes atterrissages par exemple auraient pu être meilleurs. Sauter des falaises est tellement compliqué, chaque saut est différent : l'angle de décollage, l'angle d'atterrissage, la vitesse où tu vas, il y a tant de variables... Tu modifies l'angle du haut de ton corps de quelques degrés en arrière et tu backslappes, de quelques degrés en avant et tu t'exploses. Il faut que je sois meilleur, plus précis et je veux absolument me débarrasser des backslaps. Il faut que je travailles, sinon je suis condamné à skier plus lentement et ça, ce n'est pas envisageable !
-Sur quels autres aspects tu t'es préparé ?
-La tactique. Je n'en avais pas l'année dernière. Par exemple j'aurais du skier moins agressivement sur les dernières étapes, mais ce n'est pas vraiment mon style. Il faudra aussi que j'ajoute quelques tricks et surtout arrêter le skate ! (Sam s'est blessé en skateboard et répond à l'interview la jambe allongée sur la table, un gros sac de glaçons autour du genou, ndlr). Les autres concurrents ? Je ne pense pas à eux. Ils feront ce qu'il feront. Je vais juste essayer d'être le meilleur.
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