L'enneigement des massifs français est très hétérogène en ce début d'hiver. A basse et moyenne altitude, ainsi que sur les massifs de l'ouest et du nord des Alpes, le manteau neigeux est très faible voire inexistant. La faute aux conditions anticycloniques qui, un peu comme l'année dernière, ont bloqué l'arrivée de perturbations jusqu'à nos montagnes pendant le mois de décembre, excepté sur les massifs frontaliers proches de l'Italie, tandis que des périodes de douceur et d'inversion thermique faisaient fondre ce qu'il était tombé en novembre.
Mais la situation est en train de changer ! Dès ce weekend, une percée de l'air froid et un retrait des hautes pressions devrait avoir lieu, permettant dès le début de la semaine prochaine l'arrivée de chutes de neige. C'est encore loin, mais nous tentons une brève analyse, en attendant de la voir tomber pour de bon...
Retrouvez toutes les prévisions par région et par station dans notre module Météo Skipass.
Plus d'une vingtaine de jours après notre analyse, la situation, déjà critique à ce moment pour de nombreuses stations, n'a pas beaucoup évolué. Excepté les massifs frontaliers de l'Italie qui ont repris une couche de neige fraîche aux alentours du 20 décembre, c'était le calme plat et sec sur le reste des Alpes. Il convient d'ailleurs de saluer le travail des équipes des stations, pisteurs et dameurs, qui font tout leur possible pour permettre aux vacanciers de skier durant cette période de Noël difficile.
La situation est ainsi très différente selon le massif et selon l'altitude. A basse altitude, globalement, l'enneigement est déficitaire à peu près partout. A moyenne et haute altitude, cela dépend de la localisation du massif et de l'orientation. Pour résumer, plus on va vers l'est et le sud, plus l'enneigement est bon en altitude. La page Facebook Vallouimages Info (crédit Alain Morel) a bien résumé la situation, au-dessus de 2000m :
Les massifs de l'est, proches de l'Italie, ont pu profiter de chutes très intenses et très localisées (le fameux "retour d'est"), mais avec une limite pluie-neige assez haute durant l'épisode de fin novembre qui a eu comme effet de rincer tout ce qui se trouvait à basse altitude (pendant que des mètres tombaient en haut). Celui du début de semaine dernière était lui moins intense et plus centré sur les massifs italiens.
Ci-dessous, la différence entre les secteurs et les altitudes illustrée par, de gauche à droite, la nivose de Bonneval-sur-Arc en Haute-Maurienne (où les deux retours d'est sont bien visibles), la nivose de la Grande Parei dans le Beaufortain (pas atteinte par les retours d'est, neige datant de novembre), et enfin la nivose de Saint Hilaire en Chartreuse, à une altitude moyenne, qui n'a vu de la neige que début novembre (attention aux différentes échelles des graphiques) :
Pour témoigner de l'enneigement des Alpes et son hétérogénéité, voici quelques images de webcams prises aujourd'hui, en espérant voir ces paysages blanchir la semaine prochaine.
Pointe des Mossettes, Portes du Soleil, Haute-Savoie, 2277m :
La Folie Douce (orientation sud), Val Thorens, Savoie, 2555m. Les restes des retour d'est et l'altitude de la station lui permettent d'avoir un enneigement relativement correct :
Les Peyniers (orientation ouest), Vars, Hautes-Alpes, 2273m. Une des stations qui s'en sort le mieux en ce début d'hiver :
Sommet du télésiège des Crêtes, les Orres, Hautes-Alpes, 2750m. Les Alpes du Sud s'en sortent bien, mais seulement en hauteur, les petites stations de basse et moyenne altitude doivent faire confiance à leurs canons à neige :
En cette période de disette neigeuse et de pollution qui stagne en fond de vallée, de nombreuses voix parlent du changement voire du réchauffement climatique. Est-ce qu'il aurait à voir quelque chose là-dedans ?
Nous avions publié un article à ce sujet (le changement climatique en montagne) en novembre 2015 dont les conclusions étaient claires : l'enneigement moyen des massifs est en baisse au fil des années, tandis que la température moyenne est en hausse.
- Une situation météorologique donnant des variabilités inter-anuelles possibles (ce qui se passe actuellement),
- Une tendance climatique avec cette diminution globale avérée des quantités de neige sur une échelle de temps bien plus longue (l'hiver n'est pas finit, nous pourrions très bien exploser tous les records durant les mois suivants)."
Des Noël sans neige, voire des hivers entiers sans neige ont déjà eu lieu par le passé et il est toujours possible que cela arrive de nouveau, ce que bien sur, nous ne souhaitons pas. Et justement, il semblerait que la neige ait décidé de faire son retour...
Sur les modèles météo, un changement semble s'opérer la semaine prochaine. L'anticyclone devrait reculer enfin vers les Açores et laisser descendre du nord de l'air froid et des perturbations qui pourraient atteindre nos montagnes. Pour le moment, ce flux de nord/nord-ouest devrait être bénéfique aux Alpes du nord, Vosges et Massif Central qui ne demandent que ça, mais aussi les Pyrénées.
Où, quand, comment, combien et pourquoi, il est trop tôt pour le dire. Les cumuls annoncés pour le moment ne semblent pas être monstrueux, mais l'avantage c'est qu'avec le froid qui accompagnera ces chutes, il devrait neiger jusqu'à basse altitude. Nous vous tiendrons au courant, en détails, dès que possible. En attendant, croisez les doigts, faites la danse de la neige, ce que vous pouvez !
Vous pouvez retrouver les prévisions météo par région et par station dans notre module Météo Skipass.
Ce matin, le modèle météo américain GFS voit deux perturbations arriver jusqu'aux Alpes et Pyrénées, en passant par le Massif Central, les Vosges et le Jura, la première lundi en fin de journée :
Nos cartes reprennent des couleurs (cliquez pour avoir le détail), et l'Autriche devrait être bien servie pour cet épisode :
Les conditions anticycloniques des dernières semaines sont propices à la création de couches fragiles (persistent weak layers chez nos amis anglais) dans les zones abritées du soleil (ce qu'on appelle la "vieille poudreuse", constituée de grains à face plane, de gobelets ou bien juste de givre de surface). C'est très agréable à skier dans ces périodes sèches mais cela risque de faire de beaux pièges une fois que de la neige fraîche sera posée dessus. Ce genre de couche fragile provoque un risque persistant dans le manteau neigeux, provoquant parfois des avalanches de grande ampleur.
Après une si longue période sans neige, nous sommes tous affamés, et c'est justement pour cette raison qu'il faudra redoubler de prudence quand la neige sera de retour pour de bon. N'oubliez pas les bases et les bons réflexes de la progression en dehors des pistes sécurisées, et observez bien le BERA (Bulletin d'Estimation du Risque d'Avalanche) avant chaque sortie pour savoir quels secteurs éviter.
Les effets d'une couche fragile homogène : des déclenchements de grand ampleur, ici aux Orres en 2012 :
10 Commentaires
(Baisse des températures et meilleur enneigement)
Nous avons du mal à voir où tu vois ça exactement... Mais si le sujet t'intéresse, il y a plus d'infos, de chiffres et de détails ici : skipass.com
Et concernant le col de Porte, le détail de l'étude est ici : developpement-durable.gouv.fr
C'est très intéressant : "On observe une hausse de la température moyenne de 1,4°C, soit 0.27 degrés par décennie sur la période, conjointement à une diminution de plus de la moitié du manteau neigeux moyen (12 cm par décennie). Les tests statistiques montrent que ces tendances sont significatives et ne résultent pas de la variabilité naturelle.
Aucune tendance ne peut être mise en évidence en ce qui concerne le cumul de précipitation au cours de la période 1960-2013, ceci semble indiquer un lien direct entre la hausse de la température moyenne et la diminution de l’enneigement constatés sur la même période.
[...]
Justification de l'indicateur : L’augmentation de la température de l’air est un des signes les plus visibles du changement climatique, en particulier durant ces dernières décennies. Par ailleurs, l’enneigement de moyenne montagne est particulièrement sensible à cette augmentation car il intègre la répartition pluie-neige des précipitations et la fréquence des épisodes de fonte nivale hivernale."
Le changement climatique en montagne
Les Alpes, un territoire particulièrement sensible aux dérèglements climatiques : retour sur le colloque de la FRAPNAJe vois ça sur le même graphique que vous, à peu près..
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Je rebondis sur la différence qui a été soulignée entre phénomènes météorologiques (anticyclone persistant) et tendances de fond.
Cela fait maintenant 3 voir 4 saisons qu'à l'approche de noël on constate que l anticyclone qui devrait être descendu sur les açores est toujours au dessus de nous mais que cela n'est pas en lien avec le réchauffement général constaté et la baisse des précipitations neigeuses.
Est ce qu'il n'y aurait pas toutefois un lien entre les deux ? En effet, on sait que le réchauffement qui a lieu dans les régions polaires accelere la fonte des glaces et que cette eau de fonte pourrait venir perturber les courrants maritimes. Hors, on sait que ces courants ont une influence sur la météo et les mouvements d'air et donc probablement sur les dépressions et les anticyclones.
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J'ai pris un vol Nantes-Milan qui passe au dessus des Alpes Jeudi dernier, c'est vraiment pauvre coté français (3 vallées, Maurienne), correct coté italien :
goo.gl
retour Dimanche, idem mais un peu plus nord : Val d'Isère, Tignes, Les Arcs, La PLagne:
goo.gl
bof en dessous de 2500m
U22712
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