Seconde journée à Haines après une grosse nuit de sommeil. Le temps est dégagé, tous les riders se lèvent avec la même idée fixe, et surtout la même vue en franchissant le perron de l'hôtel. Boum.
A Haines, on ne se lève pas le matin en se disant « tiens, je me ferais bien de l’hélico aujourd’hui ». D’une part, les heures de vol sont en général réservées bien à l’avance, avec grosses cautions en cash -non remboursables évidemment- et l’offre, à savoir le nombre de places dans des hélicos, n’est pas extensible. D’autre part, la météo étant rarement clémente, c’est la bousculade les jours de beau pour les groupes sur liste d’attente (ceux là même qui ont déjà fait des gros chèques, puisqu’on parle d’un minimum de 1000 euros par personne et par jour).
Bref, faire de l’heliski ici ne s'improvise pas (ailleurs pas trop non plus ceci dit) et beaucoup s’y sont cassé les spatules aujourd’hui, le fait d’être un athlète du FWT n'y changeant pas grand chose. Les compagnies offrent un tarif préférentiel aux riders du Freeride World Tour, mais sans garantir de disponibilité. Mais le vrai problème c'est surtout l'instabilité du manteaux neigeux (voir plus bas) : les rares qui ont pu voler ce samedi ont été cantonné par les guides locaux à des pentes de moins de 30°, pas vraiment le type de terrain recherché par les gars ici.
Du coup, devant la punition annoncée, un mouvement se dessine pour aller faire de la rando plus au nord de l’autre coté de la frontière canadienne. Là encore, la difficulté est le moyen de transport. En effet, les voitures sont une denrée rare ici… Pas d’agence de location (en tout cas pas l’hiver), seuls quelques hôtels louent de vieilles guimbardes. On arrive à trouver 3 places pour Douds Charlet, Leo Slemett et moi même, alors que Kevin et LoÏc qui n’ont pas emmené leur matos de rando restent à Haines pour tenter le coup de l’hélico (qui ne passera pas).
Après ce qui restera peut être la plus belle heure de route de ma vie et un tampon supplémentaire sur le passeport, on attaque une petite balade au départ de la route. Rien de bien extrême, ça a été soufflé et l’idée est surtout de se décrasser et de profiter du paysage (bref, de faire de la rando). Objectif : la petite face et les couloirs en haut à gauche de cette photo.
Très vite, des signes nous font dire que le manteau est pourri. Ca craque fort sous nos spatules, gros woof et le manteau perd 10 cm sous nos yeux, et ce alors que la pente est minime. Premier avertissement. A mi chemin, une plaque part "spontanément" sur plus d’un mètre d’épaisseur, déclenché en fait à distance par notre passage, alors que nous sommes à plus de 100 mètres de là. Pas de pente, ça ne va pas bien loin mais ça calme.
Les riders décident d’arrêter les frais et se contentent de faire leurs 5 courbes syndicales pour la photo. La neige est excellente à cet endroit précis, mais ce n’est pas le jour.
Stefan Hausl, Lorraine Huber et Sylvan de Scott
Douds Charlet est Guide de Haute Montagne, c'est toujours une bonne addiition à un groupe. Et en plus d'être sympathique, il a la courbe esthétique.
L'opération reste malgré tout largement bénéficiaire : nous avons pris l’air, glissé un peu et nous en sommes mis plein les yeux. Aucune photo ne rend pleinement justice aux paysages offerts par la région.
Sur le retour, nous nous arrêtons sur les conseils de Lorraine au 33 Miles, établissement fort recommandable perdu sur la route, à coté des d'Alaska Heliskiing, l'une des deux bases d’héliski de la région (à savoir qu’une base d’heliski ici, ce sont deux cabanons : on est bien loin des lodges ultra luxueux de Colombie Britannique).
Au resto, on croise le gars en charge de la sécu avalanche et de la météo de Alaska Heliskiing, qui nous explique un peu la situation. En fait, la tempête qui nous a bloqué une journée à Juneau aura été une des plus grosses de l’hiver (qui a été globalement médiocre, mais plutôt sain au niveau sécu), déposant près d’un mètre de fraiche en altitude, avec pas mal de variations de températures et beaucoup de vent, ce qui explique le danger actuel alors que le manteau n’a pas encore eu le temps de stabiliser. Mais rien que le temps ne puisse soigner.
Bref, si par de nombreux aspects cette neige est un cadeau (non, on ne se plaint pas d’avoir de la neige), elle complique aussi considérablement le boulot des guides et de l’organisation, toujours indécis sur le choix de la face.
Les dernières nouvelles évoquent une date possible pour lundi, alors que la météo semble bien plus amicale que ce qui était encore prévu hier. Si les conditions le permettent, le format de course sera inédit pour cette étape puisque les riders pourraient avoir droit à 2 runs. Et dans ce cas, il y aurait 2 jours de course : un pour les skieurs, l’autre pour les snowboards homme et femme et les skieuses. Mais bon, cela reste très très hypothétique et totalement soumis au bon vouloir de cette dominatrice de Dame Nature.
Pas de course donc, la météo devrait être correcte, le jeu va consister à essayer de voler (mise à jour : en fait non, on ne va pas essayer). On va bien trouver une occupation, à commencer par garder les yeux grand ouverts et à dire wow toutes les 2 minutes.
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