Stations de ski : à l'épreuve de l'équilibre financier
Sports d'hiver. Face aux problèmes financiers, les petites stations pyrénéennes innovent et investissent. En attendant la neige.
DDMPas de neige, pas de clients, pas d'argent. C'est le scénario auquel les petites stations pyrénéennes sont malheureusement confrontées en cas de manque d'enneigement. Déficit d'exploitation, poids des emprunts, budget en déséquilibre, chiffre d'affaires en recul. Quasiment aucune station de basse et moyenne altitude n'échappe aux difficultés financières.
Une seule issue pour s'en sortir : investir. En matériel et en… imagination. Et les réponses ici sont multiples. Ainsi que l'explique Pierre Castéras conseiller régional chargé des pôles touristiques de montagne et président de la Confédération pyrénéenne du tourisme: « En 10 ans, l'économie montagnarde a été complètement réorganisée. Dans le cadre du contrat de plan Etat-Région, on a fait du cousu-main, station par station. Après diagnostic, les stations doivent avoir elles-mêmes leur projet de développement que nous accompagnons ensuite financièrement. On est là pour construire une offre équilibrée dans les Pyrénées… »
Afin de maintenir leur activité de sports d'hiver, la plupart des stations se dotent ainsi de canons à neige. Comme la station familiale du Mourtis (31) qui se prépare à s'offrir sa première batterie (lire encadré
ou de Val Louron qui vient de vivre deux années catastrophiques, et a créé un lac pour disposer d'une réserve destinée à fabriquer sa neige de culture et sécuriser au moins l'enneigement de l'espace débutant. Peyragudes, elle, qui a tout misé sur l'enneigement artificiel, veut remplacer le tire-fesses trop dépensier en neige au bas des pistes par un télésiège moins gourmand en la matière… Face à un déficit d'enneigement récurrent, Hautacam, dans les Hautes-Pyrénées a investi dans un nouveau téléski destiné à passer de l'autre côté du col de Tramassel, sur un versant toujours enneigé, lui. Bref, si les stations manquent d'argent, elles ne manquent pas d'idées pour préserver leur or blanc.
Mais elles déploient également leurs capacités créatrices pour imaginer de nouvelles activités de loisirs et proposer une alternative aux fondus de ski. Pour exemple, Hautacam encore, qui s'est dotée de rollerbe, déval'kart et d'une super luge sur rail qui fonctionnent toute l'année. Histoire de compenser une saison hivernale en demi-teinte.
Gavarnie, elle, est confrontée au double problème des équipements vétustes et de l'éloignement. Malgré un enneigement correct, la station, située en fond de vallée, ne dispose pas d'hébergement et est donc privée d'une clientèle de séjour. Mais gérée par un privé (Altiservice - Lyonnaise des eaux), la question des investissements en immobilier, équipements ou diversification d'activités se pose. Et les communes ne sont pas forcément prêtes à jouer le jeu de l'intercommunalité…
Dépasser les querelles de clocher, jouer la carte de l'intercommunalité, diversifier l'offre de loisirs… L'avenir des petites stations se joue à l'aune d'une remise en cause parfois cornélienne. «S'il le faut, nous fermerons des remontées mécaniques » ose Pierre Castéras. Peut-être le prix à payer pour bien passer l'hiver. Et le reste de l'année.
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Le Mourtis prêt à remonter la pente
La neige est tombée sur Le Mourtis : 40 cm au sommet, 15 cm au bas des pistes. « Après deux années très difficiles, il nous tarde d'ouvrir, probablement fin novembre », affirme Thierry Prouteau, directeur de la station. Nous sommes prêts ». Le plan de développement est lié au remplacement du télésiège et au développement de la neige de culture. Tandis que la station «grandeur nature» piaffe d'impatience, à Bourg d'Oueil, où l'on n'a ouvert que huit jours l'an passé, on attend tranquillement de goûter aux joies du ski en famille ...mais après le réveillon de Noël.
J.P.R.
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Zoom
Le coq de la discorde à Mijanès
«Ici, on a des difficultés humaines plutôt que financières...» note acide, Georges Vigneau conseiller municipal à Carcanières ( 09), très contrarié par le conflit autour du coq de bruyère qui a mené élus et opposants écologistes jusqu'à la Cour de cassation...Carcanières est l'un des sept villages de la communauté de communes( 535 habitants au total) qui via une régie, gère la petite station de Mijanes. 1 530 mètres au pied des pistes et
2 000 en haut... pour le moment. Car les élus du canton espèrent l'agrandir, avec notamment trois nouvelles pistes de ski en altitude. Un projet bloqué par l'opposition des écologistes qui invoquent la menace pour le grand tétras....
La décision de la Cour de cassation est en cours. Mais déjà, «par manque de perspectives d'avenir, enrage Georges Vigneau, trois employés de la station viennent de quitter le canton...»
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inscrit le 12/03/03
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