Voilà, je me lance ! Je n’étais pas très chaud pour faire ce post, il n’y a pas de quoi en être fier, mais quelqu’un (que je ne citerais pas ) m’a convaincu que c’est toujours utile de partager ce genre d’expérience…
C’était samedi dernier à La Foux, où on est allé sans trop de convictions : c’est la station la plus proche de Nice où il avait le plus neigé et j’espérais rencontrer quelques débilzzz si la liaison avec Pra Loup ouvrait ! Le matin, ça neigeait encore, plus ou moins fort selon les moments, et même un orage ! Tout ça, bien venté : il tombait plus de grésille que de beaux flocons de neige… Dans ces conditions, on s’est bien amusé dans la forêt, pleins de traces à faire, … déjà très sympa !
Et là, le miracle, le ciel s’est dégagé très rapidement, et sous le soleil c’était fantastique : très bonne neige, aucune trace, pleins de coins à tracer, … Des belles pentes, des windlip, des corniches, … Du coup c’était l’excitation des grands jours, on ne réfléchissait plus trop, tout était bon à prendre, …. Jusqu’à ce que je repère une jolie combe, facilement accessible, un peu plus de pente qu’ailleurs, … le truc bien attirant ! Pour ceux qui connaissent, c’est dans les pentes sur la gauche (en montant) des TKs qui remontent à la Tête de Vescal. Quelques poussées sur le bâtons pour avancer sur la crêtes, une petite traversée, et hop on est en haut… Jusque là, tout va bien, on a fait la traversée un par un, … sauf qu’un quatrième mec nous a apparemment suivi : je me trompe peut-être mais il n’avait pas l’air très expérimenté (par exemple, il a traversé au dessus de nous sans attendre qu’on soit tous les 3 passé ) et semblait bien partit pour s’engager dans la belle combe sans nous jeter un regard !
Vu qu’on était déjà tous les 3 en haut de la pente, je me lance (avant que l’intrus ne le fasse !), je fais d’abord quelques virages sur la crête sur le bord de la combe avant d’aller un peu plus dedans et là, quelques mètres en aval de mes skis, une belle cassure se forme ! C’était en dessous de moi, je n’ai donc pas du tout été emporté et une fois retourné sur le bord pour m’y arrêter en sécurité j’ai pu regarder s’écouler cette grosse avalanche : jusqu’à 80cm d’épaisseur à peu près à la cassure, la plaque est partie sur plus de 50 m de large, puis en prenant de la vitesse elle s’est transformée en aérosol en emportant toutes l’épaisseur jusqu’aux rochers, passant par-dessus des petits dômes avant de s’arrêter assez loin sur le replat. La photo (même si les couleurs ne sont pas très bonnes) sera plus parlante :
http://www.site-thomas.com/skipass/Plaque_a_dudulle.jpg
On voit bien la cassure, en haut de l’image et la coulée qui part un peu vers la gauche et qui se sépare en 2 langues. Le souffle (ou les vibrations, je ne sais pas), on déclenché une seconde "petite" plaque qu’on voit bien sur la droite. Toutes les traces qu’on voit sur la droite de la photo sont à moins de 100 mètres du TK.
Je reviens au récit : une fois l’avalanche arrêtée, j’ai continué la descente en restant sur la crête, les 2 autres préférant rejoindre la zone déjà tracée. En bas, on c’est arrêté un moment, le temps de réaliser et de comprendre ce qui se venait de se passer. Evidemment, un pisteur nous a vite rejoint ! A noter, qu’à ce moment là, l’inconnu qui nous avait suivi, c’était tailler la queue entre les jambes. Je m’attendais à me faire bien engueuler par le pisteur ( ce qui n’aurait pas été complètement injustifié, mais il a été très bien : ni trop agressif/répressif, ni trop laxiste et surtout bien pédagogue. Il a vu qu’on était équipé, pas l’air trop con, pas insolent et surtout conscient d’avoir fait une grosse connerie. Apparemment, cette plaque est une "classique" du coin, elle a même été baptisée du nom de "plaque à dudulle" ! Et elle a malheureusement déjà fait une victime : un pisteur il y’a quelques années… Samedi, ces pentes (comme les autres dans le secteur) n’avaient pas encore été sécurisées et avant qu’on y aille, le pisteur avait envisagé d’aller "tester" cette plaque.
Voilà pour les faits ! Maintenant ma petite analyse, quelques jours après.
Les erreurs : avant tout, je pense que c’est l’excitation du aux conditions excellentes et inespérées (on s’attendait pas à voir le soleil de la journée) qui ont fait que je suis allé dans cette pente sans trop réfléchir. En plus elle est facilement accessible, pas loin des RMs et un gars était prêt à me "piquer la trace", … Voilà pourquoi je me suis un peu précipiter.
En y réfléchissant un tout petit peu, c’était typiquement la pente à ne pas aller ce jour là !! Vu la direction des vents dominants pendant les chutes de neige des jours précédents : c’était le coin rêvé pour une grosse accumulation ; une belle pente convexe, … En plus je n’avais même pas réfléchit à un éventuel échappatoire si ça partait. Et en y repensant, je ne sais pas trop comment j’aurais pu m’en sortir si c’était parti au dessus de moi : la combe part en entonnoir, le champ n’est pas complètement libre après et vu la vitesse prise par l’avalanche… La seule solution aurait peut être d’essayer de rejoindre la crête sur le bord, même si y’avait des caillasses, c’était mieux que de rester dans l’avalanche !
Voilà, ça se termine bien, donc c’est assez formateur ! Mais ça, plus toutes les victimes des ces derniers jours (et plus globalement de cet hiver), font que (je l’espère) je prendrais dorénavant le temps de réfléchir avant de m’engager… Et que vous en ferez tous autant !!
Ca montre aussi qu’on a quand même quelques bons réflexes (je suis pas un professionnel de la montagne, mais juste un skieur averti (j’ai participé à la formation de l’ANENA en décembre) et qui commence à quand même avoir un peu d’expérience) : un par un, trajectoire pour engager, aux aguets au moment d’attaquer la pente, … mais ca ne suffit pas et dans l’excitation du moment, on ne prend pas toujours le temps de réfléchir !!
J’ai conscience que je ne suis pas passé loin de la catastrophe…
Et encore félicitation aux pisteurs de La Foux ! Certains devraient prendre exemple…
C’était samedi dernier à La Foux, où on est allé sans trop de convictions : c’est la station la plus proche de Nice où il avait le plus neigé et j’espérais rencontrer quelques débilzzz si la liaison avec Pra Loup ouvrait ! Le matin, ça neigeait encore, plus ou moins fort selon les moments, et même un orage ! Tout ça, bien venté : il tombait plus de grésille que de beaux flocons de neige… Dans ces conditions, on s’est bien amusé dans la forêt, pleins de traces à faire, … déjà très sympa !
Et là, le miracle, le ciel s’est dégagé très rapidement, et sous le soleil c’était fantastique : très bonne neige, aucune trace, pleins de coins à tracer, … Des belles pentes, des windlip, des corniches, … Du coup c’était l’excitation des grands jours, on ne réfléchissait plus trop, tout était bon à prendre, …. Jusqu’à ce que je repère une jolie combe, facilement accessible, un peu plus de pente qu’ailleurs, … le truc bien attirant ! Pour ceux qui connaissent, c’est dans les pentes sur la gauche (en montant) des TKs qui remontent à la Tête de Vescal. Quelques poussées sur le bâtons pour avancer sur la crêtes, une petite traversée, et hop on est en haut… Jusque là, tout va bien, on a fait la traversée un par un, … sauf qu’un quatrième mec nous a apparemment suivi : je me trompe peut-être mais il n’avait pas l’air très expérimenté (par exemple, il a traversé au dessus de nous sans attendre qu’on soit tous les 3 passé ) et semblait bien partit pour s’engager dans la belle combe sans nous jeter un regard !
Vu qu’on était déjà tous les 3 en haut de la pente, je me lance (avant que l’intrus ne le fasse !), je fais d’abord quelques virages sur la crête sur le bord de la combe avant d’aller un peu plus dedans et là, quelques mètres en aval de mes skis, une belle cassure se forme ! C’était en dessous de moi, je n’ai donc pas du tout été emporté et une fois retourné sur le bord pour m’y arrêter en sécurité j’ai pu regarder s’écouler cette grosse avalanche : jusqu’à 80cm d’épaisseur à peu près à la cassure, la plaque est partie sur plus de 50 m de large, puis en prenant de la vitesse elle s’est transformée en aérosol en emportant toutes l’épaisseur jusqu’aux rochers, passant par-dessus des petits dômes avant de s’arrêter assez loin sur le replat. La photo (même si les couleurs ne sont pas très bonnes) sera plus parlante :
On voit bien la cassure, en haut de l’image et la coulée qui part un peu vers la gauche et qui se sépare en 2 langues. Le souffle (ou les vibrations, je ne sais pas), on déclenché une seconde "petite" plaque qu’on voit bien sur la droite. Toutes les traces qu’on voit sur la droite de la photo sont à moins de 100 mètres du TK.
Je reviens au récit : une fois l’avalanche arrêtée, j’ai continué la descente en restant sur la crête, les 2 autres préférant rejoindre la zone déjà tracée. En bas, on c’est arrêté un moment, le temps de réaliser et de comprendre ce qui se venait de se passer. Evidemment, un pisteur nous a vite rejoint ! A noter, qu’à ce moment là, l’inconnu qui nous avait suivi, c’était tailler la queue entre les jambes. Je m’attendais à me faire bien engueuler par le pisteur ( ce qui n’aurait pas été complètement injustifié, mais il a été très bien : ni trop agressif/répressif, ni trop laxiste et surtout bien pédagogue. Il a vu qu’on était équipé, pas l’air trop con, pas insolent et surtout conscient d’avoir fait une grosse connerie. Apparemment, cette plaque est une "classique" du coin, elle a même été baptisée du nom de "plaque à dudulle" ! Et elle a malheureusement déjà fait une victime : un pisteur il y’a quelques années… Samedi, ces pentes (comme les autres dans le secteur) n’avaient pas encore été sécurisées et avant qu’on y aille, le pisteur avait envisagé d’aller "tester" cette plaque.
Voilà pour les faits ! Maintenant ma petite analyse, quelques jours après.
Les erreurs : avant tout, je pense que c’est l’excitation du aux conditions excellentes et inespérées (on s’attendait pas à voir le soleil de la journée) qui ont fait que je suis allé dans cette pente sans trop réfléchir. En plus elle est facilement accessible, pas loin des RMs et un gars était prêt à me "piquer la trace", … Voilà pourquoi je me suis un peu précipiter.
En y réfléchissant un tout petit peu, c’était typiquement la pente à ne pas aller ce jour là !! Vu la direction des vents dominants pendant les chutes de neige des jours précédents : c’était le coin rêvé pour une grosse accumulation ; une belle pente convexe, … En plus je n’avais même pas réfléchit à un éventuel échappatoire si ça partait. Et en y repensant, je ne sais pas trop comment j’aurais pu m’en sortir si c’était parti au dessus de moi : la combe part en entonnoir, le champ n’est pas complètement libre après et vu la vitesse prise par l’avalanche… La seule solution aurait peut être d’essayer de rejoindre la crête sur le bord, même si y’avait des caillasses, c’était mieux que de rester dans l’avalanche !
Voilà, ça se termine bien, donc c’est assez formateur ! Mais ça, plus toutes les victimes des ces derniers jours (et plus globalement de cet hiver), font que (je l’espère) je prendrais dorénavant le temps de réfléchir avant de m’engager… Et que vous en ferez tous autant !!
Ca montre aussi qu’on a quand même quelques bons réflexes (je suis pas un professionnel de la montagne, mais juste un skieur averti (j’ai participé à la formation de l’ANENA en décembre) et qui commence à quand même avoir un peu d’expérience) : un par un, trajectoire pour engager, aux aguets au moment d’attaquer la pente, … mais ca ne suffit pas et dans l’excitation du moment, on ne prend pas toujours le temps de réfléchir !!
J’ai conscience que je ne suis pas passé loin de la catastrophe…
Et encore félicitation aux pisteurs de La Foux ! Certains devraient prendre exemple…
inscrit le 04/02/03
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