Cela fait déjà un moment que je suis revenu, et ce n’est que maintenant que je raconte ce voyage que l’on peut qualifier de singulier. Peut-être le temps de digérer un peu ce qui s’est passé et oublier quelques rancœurs pour laisser place aux bons souvenirs. Cela dit n’attendez pas non plus un récit dithyrambique, ce n’est pas le but. Je vais essayer de raconter ce qu’il s’est passe sans en rajouter, en évitant aussi de léser des gens rencontrés sur place qui n’ont peut-être pas envie d’avoir leur nom ou leur photo apparaitre dans un forum, d’où un certain flou parfois! Et niveau photo, il faudra repasser, désole, ni le talent ni la patience. Surtout en ski, c’est un peu la misère, mais au final les occasions étaient trop rares et les collègues souvent trop pressés, moi compris. C’est certes dommage mais trop tard ! Il faudra se contenter d’un texte plutôt long.
Je n’étais jamais allé en Amérique du Sud, ni fait de ski l’été. L’occasion s’est présentée, je l’ai saisie. Max qui était déjà parti là-bas l’année précédente m’a proposé d’y retourner en aout. Apres moult hésitations, c’est parti, malgré quelques mises en gardes d’autres collègues qui étaient déjà partis là-bas. En effet au lieu d’un road trip, c’est une simple destination pour Las Leñas… Alors oui c’est dommage de faire autant de kilomètres pour rester au même endroit mais bon. C’est soit ça, soit rien. En 2 semaines, difficiles de voyager de stations en stations sans passer son temps sur la route au vu des distances. On me prévient aussi que la station est plus que huppée pour le pays et ne représente pas le reste. De plus le vent a tendance a y souffler avec violence rendant aléatoire la montée a Marte, le seul télésiège de la station montant a 3400 m alors que les autres sont beaucoup plus bas (arrivée a 2500 m, le bas de la station étant a 2200m). Sans trop réfléchir je fonce comptant sur la chance…
Premier point positif, on n’a pas chope la grippe A : traverser l’océan pour rester en quarantaine a Buenos Aires eut été ballot ! Point de panique là-bas même si c’était sensé être le pays le plus touché, personne avec masque a l’aéroport et aucun cas constaté après 2 semaines et demi passée là-bas… Visiblement on se prend bien la tête en Europe la dessus.
Arrivée a Buenos Aires, juste le temps de faire le tour de la ville et direction la gare routière pour 13h de bus.
Max aidant une petite à prier pour que la neige tombe.
Le bus magique : Miami ou Mexico, je me tâte…
Vers le port.
L’empire state building local.
Une des nombreuses églises de Buenos Aires
Heureusement nous aurons le temps de voir des paysages magnifiques le long de cette route qui mène aux Andes, sur. On s’élève sur des plateaux mais la végétation reste désertique, difficile de s’imaginer skier même en se rapprochant du but.
Sur les hauts plateaux, près du but.
Enfin nous apercevons les montagnes qui surgissent tel un mirage au milieu du désert :
On devine enfin au loin les sommets enneigés, les sourires pointent.
Enfin, vient la montée à la station. Au début, on ne peut pas dire que ce soit la folie et on s’imagine toujours mal les skis au pied. On a beau croisé des panneaux indicateurs surélevés en cas de chute de neige, vu la sécheresse du coin, on se fait quelques soucis.
En arrivant, la station parait bien sèche et l’on ne se rend pas compte de la taille des faces de prime abord, du coup on a l’impression d’arriver dans une petite station comparable a ce que l’on a chez nous dans les Pyrénées : c’est ça la station huppée d’Argentine ?
Vue du bas de la station.
Les appartements où nous dormons se situent là où dorment aussi les employés de la station, et de loin ressemblent a un paysage de l’ex-URSS, mais très intelligemment conçu (ça prendra son importance plus tard).
On débarque en début d’après midi et on enchaine sur quelques pistes pour se dégourdir après ce long voyage. Quel plaisir, alors que l’on était a l’océan en train de se baigner une semaine plus tôt d’être la a dévaler en ski.
Le lendemain direction Torecilla, une des faces connues de la station. Il fait encore beau, Marte est ouvert, et je veux en profiter au maximum aux dires que j’ai eu avant de partir. De plus ça nous fera les globules, puisque c’est l’un des plus longs en marche d’approche (2h30) avec arrivée sur la crête a près de 3800 m. C’est parti avec Max, le cheminement pour y aller est évident mais long. La face est visible de loin mais les distances encore une fois ont tendance a être écrasé dans ce paysage grandiose. On passe d’abord sous l’une des plus belles du coin, Entre Rios.
Max avec en fond Entre Rios.
Apres un cours raidillon on accède au plateau, ou la neige a été soufflé par le vent.
On enchaine ensuite sur des plateaux et crête pelés par le vent.
Montée vers la crête finale, a près de 3700m, vue d’ici ca ne fait pas forcément très envie niveau ski
Première remarque lorsque l’on désescalade une pente pour gagner du temps et rejoindre une autre crête, le rocher est très friable, et mieux vaut ne pas trop compter dessus lorsque l’on arpente la montagne, a retenir pour plus tard, on a tendance a rester avec la pierre dans la main quand on essaye de s’accrocher. Max m’avait prévenu que cette face est un piège à neige que le vent y transporte. Je suis sceptique mais une fois la crête atteinte, il faut admettre que ça risque d’être bon. Il y a certes quelques traces, mais il reste encore de la place !
Toreccillas...
Même prévenu, je ne m’attendais pas à une neige pareille, une de mes spatules joue les sous marins dans les premiers virages, il doit bien y avoir 70 de fraiche alors qu’il n’a pas neige depuis un moment. Le coin est bien raide, c’est génial… Sauf que c’est ultra court (il doit y avoir 500m de dénivelé, et au bout de 30 s, on est en bas. Le reste de la descente ne présente plus d’intérêt et la neige est un peu pourrie (soufflée cartonnée, classique de là-bas). Bon le ratio montée/descente n’est pas terrible mais largement compense par la beauté des paysages. Nous sommes sur les derniers contreforts est de la chaine Andine, juste avant de laisser place aux immenses plateaux argentins, alors que de l’autre cote, la cordillère parait interminable. Cela dit, ce n’est pas le même paysage qu’en Europe, le vent violent arrache la neige sur les crêtes et hauts plateaux, remplissant les combes. La roche a une teinte rouge magnifique prenant toute son ampleur au soleil couchant.
Pour profiter ensuite des HP de proximité de la station (la plupart accessible sans marche depuis Marte) il nous faut signer une décharge. Un sticker vert a revêtir permet de se faire reconnaitre par les gendarmes (et oui) qui surveillent les accès aux HP. Il est temps de faire un petit point sur quelques singularités du coin : l’Argentine a connu une grave crise économique dans les années 2000, et l’état a vendu pas mal de terre. Un Malais est arrive et a racheté la montagne et la station dessus ! Et oui, ici c’est un domaine prive, géré par des gendarmes ! Les avalanches sont déclenchées avec des canons de l’armée (les charges sont quand même modifiées, ils ne tirent pas des obus&hellip. Bref, c’est ce qui fait aussi le charme.
Les fameux canons.
Les jours suivants, on reconnait Cerro Martin, bien plus proche mais aussi moins beau que Torecilla (20/30 mn de marche, départ vers 3600m).
Max devant un des départs de Cerro martin, avec belle corniche. Derrière c’est poudreux… Vive le vent !
La neige y est reste bonne mais c’est bien tracé proximité oblige. On fera aussi une autre descente plus engagée un peu plus loin, dans le cirque suivant Cerro Martin. Le départ est bien raide comme souvent par là-bas, mais ensuite ça ouvre sur de grandes cuvettes, de quoi mettre les gaz. Là aussi il faut garder en tête qu’il n’y pas d’hélico (problème entre les royalties demande par la station et les proprios) donc les secours ne sont pas près d’arriver en cas de pépin, il vaut donc mieux en garder sous le pied plutôt que d’exploser comme un con en bas. De plus cette année c’est bien sec, et les sharks ne sont pas loin! On fait quelques tours sur la face qui dessert la station : bien pentu avec près de 1000 mètres de dénivelé. La neige est pourrie mais on n’ose imaginer le truc dans de la peuf… Ca doit être une tuerie. En attendant j’essaie de me faire les cuissots en enchainant jusqu’en bas, autant dire que dans une neige souffle/croute, j’arrive en bas bien cramoisi.
Puis la météo annonce de la neige, au début un peu, puis beaucoup. Tout le monde sourit, est content. Au vu des quantités annoncées j’avoue que je me méfie, c’est mon cote pessimiste, ça m’évite d’être déçu. Des mètres de neiges c’est bien une fois que tu les as skié. Avant c’est souvent synonymes d’emmerdes et frustration.
Et enfin l’ouverture météo. La bave aux lèvres direction les remontées, chaud comme des baraque à frites. Evidemment on se doute que Marte ne va pas ouvrir d’entrée (on vérifie quand même) et direction Caris en attendant. Alors petite spécialité du coin, ce n’est pas au TS que l’on fait la queue directement mais en haut de la piste (desservie par un TK) qui mène au TS Caris. Un gendarme fait face a une bande d’affamée: pas mal de ricains reconnaissables aux fats XXXL (DP, Moment and co) et quelques locaux. Ca râle dès qu’un gars passe devant l’autre et on ne tient pas en place. 1h30 déjà que l’on attend les skis dans la pente prêt a partir. Et là un ricain qui vient se poser devant moi me barrant le passage, tranquille. Oh le malade. Je commence a lui demander fermement de dégager, ce à quoi il répond qu’il est arrivé avant…Et qu’on est passé devant, la bonne blague. Fabien qui est avec moi, commence a monter en pression. Je vois à coté de moi tomber une goupille de mon casque. Je commence a m’énerver… Le gars me sourit pour calmer le jeu et m’explique qu’il est venu en fait me voir pour discuter car on s’était croisé dans la montée de Torecillas. Je m’arrache pour sortir un sourire, lui dit que je suis désolé de m’être emporté (va falloir arrêter d’être tendu comme un string, relax, take it easy&hellip. Se mettre dans un état pareil pour une champ de peuf de 400m de dénivelé, c’est peut-être pas la peine, surtout avec l’hiver que l’on a eu. M’enfin. Il me tend la main et dit « friends ? » « yep man, but can you move please ? ». Et oui, on ne se refait pas. Faut qu’il dégage s’il veut rester copain copain et surtout en vie. Une demie heure plus tard, on a le feu vert, j’étais à coté du gendarme du coup j’ai pu anticiper entendant l’ordre dans le talkie avant qu’il ne soit répété . Et hop premier en bas (on avait même farté la veille en prévision, de plus il y a un énorme plat a se taper pour les rotations sur ce TS et le précieux temps de gagner la dessus sera déjà ça de pris) ! Ouais hourra. Et merde ces boulets n’ont toujours pas déneiger le TS ! Ca fait 3h qu’il regardent la dameuse bosser, et pas un qui a eu l’idée de faire tourner le TS avant qu’elle n’ait finie. Re-attente vu qu’il y a plus de 70 cm de neige sur les sièges… Et là la blaze. Arrive un pot du gars qui s’occupe de la remontée et qui grille tout le monde, puis un guide avec ses clients qu’il connait aussi… Et ça va continuer jusqu'à créer une queue de privilégie qui nous remplira les 6 premiers sièges. On est dégouté, on nous prend pour des cons, les gars arrivent la fleur au fusil, et connaissant le gars au TS passent devant tout le monde. Ca manque de respect. Qu’il y ait des files express en parallèle de la queue classique pourquoi pas, mais pas comme cela… Bon après, comme on m’a dit plus tard, c’est comme ça ici, si t’es pas content, t’as qu’à aller en Europe. Et oui, m’enfin le respect merde ! Bon faut dire qu’on est des bon crevards dès qu’il y a un champ de peuf vierge en vue, ça doit être surtout ça. No brother in powder !
Heureusement les mecs devant ne sont pas des flèches et après 3 virages on est seul dans le champ, la neige est très bonne car pour une fois la chute n’a pas été accompagnée de vent ; ça vole, ça crie de plaisir, mais putaing que c’est court, car 3 virages après aussi on est en bas. On enchaine 2 autres rotations avant de partir sur l’autre TS qui dessert le bas de la face, Vulcano. Le timing est parfait, on a ouvert le premier champ, on peut enchainer sur le suivant. C’est clair que c’est cool que la neige vole, Fabien et Pat nous montrant les meilleurs coins, mais ça manque de dénivelé, surtout que la face de plus de 1000 m nous nargue (on skie juste une petite pente en dessous en fait). Mais entre les 2 TS j’ai perdu Max, il était juste derrière moi et on devait enchainer. Je ne m’inquiète pas pensant qu’il a juste paumé un ski en tombant et qu’il va me rejoindre. En fait d’autres collègues français me donnent des nouvelles plus alarmantes, ce serait le genoux ! Du coup direction le centre de secours de la station pour retrouver Max le moral dans les chaussettes : le médecin pense qu’il s’est fait une entorse de l’interne, mais Max en essayant de récupérer ses skis a senti son genou se déboiter plusieurs fois et pense plutôt aux croisées (ce sera confirmé de retour en France). Bref la merde, on est là que depuis 4 jours. Il fait les démarches nécessaires pour se faire rapatrier et repart pour la France le surlendemain. Fait chier! Les jours suivants toujours pas de Marte et on commence sérieusement à se ronger le frein sur ces petites pentes surtout que de la neige est annoncée pour plus tard. Le redoux arrive et ça commence à craindre grave. Et là info, on va peut-être ouvrir Marte : les malades. On se pointe quand même à la remontée pour vérifier, mais on ne comprend pas trop le rationnel. Ca fait 2 jours qu’ils auraient pou ouvrir, que c’était bien stabilisée, et là avec le redoux, que ça commence partir en coulée spontanée de tous les cotés ils veulent ouvrir Marte, le sésame pour tous les HP bien raides de la station ! C’est soulagé que l’on apprend que finalement ils n’ouvriront pas.
Et c’est reparti pour une attente qui va s’avérer interminable. La station n’a pas de partie boisée, donc quand il neige, c’est mort à part 2 TK baby. Les mètres de neiges s’empilent devant la fenêtre (qui est déblayée chaque jour par nos soins histoire d’y voir) alors que l’orientation des pentes de toits nous assurent de ne pas en avoir devant la porte.
Moi qui n’y connaissait rien en tennis me voila devant la télé a me taper non stop les tournois… Un peu de polo aussi. Voir des matchs de rugby français retransmis, joueurs argentins obligent ! Beaucoup de Andes, la bière du coin, quelques assado (BBQ) pour nous remettre le moral, des exercices arva, quelques sauts dans une peuf de fou depuis le haut des bâtiments (et oui faut bien s’occuper)…
Et on a déneigé devant la fenêtre tous les jours….
No comment…
Espen qui déneige la voiture pour aller chercher des courses
4 des 7 nains en exercice ARVA
Et ça tombe… On nous propose alors d’aller faire du cheval dans la pampa a 80 km de la station. Je suis partant même si je n’en ai jamais fait. Je les préviens bien mais on me répond « tranquilo », pas de problème. Ben le début, tendu quand même, en bref : un cheval qui rentre a l’écurie au galop des que je suis monté dessus! Puis qui me teste en faisant l’inverse de ce que je lui demande. Et enfin une technique hors pair qui me permet de rebondir a près de 50 cm de la selle a chaque foulée de mon canasson au galop. Je suis mort de rire. Sauf qu’au bout de 20 km a arpenter la pampa, je n’ai plus de dos. Le paysage est grandiose, mais putain que j’ai mal. Le retour c’est position jockey pour éviter d’avoir le cul sur la selle (enfin les couvertures empilées) même si l’équilibre est plus dur à tenir. Certainement le plus beau souvenir de mon séjour !
Certains s’amusent à rassembler les vaches trouvées en chemin.
Lonesome cowboy
Petit détour par le boucher de Marlargue encore une fois, on fait le stock en prévision d’un assado le soir à la station !
Et c’est parti pour 12kg de viande (faut dire que le bilan carbone du séjour n’est plus a ça près entre l’avion et le bus&hellip
Un petit coup de scie sauteuse…
Le BBQ…
Enfin une fenêtre météo se présente après des jours d’attente.
J’en profite pour une petite photo de la face sauvage en face de la station, avec à droite le pic Leñas a près de 4000m et comme toujours un « peu » de vent :
Pic Leñas a droite.
C’est reparti pour les TS du bas.
Ici un aperçu des TS du bas de la station (Vulcano a droite) surplombé par la face accessible que si Marte est ouvert…
On croise le fils de Maurice dans la queue. Mais si le gars qui envoie front et back flip en Alaska. Seth Morrison quoi (eh oui en plus on fait des bonnes blagues&hellip. Il a fallu qu’on me le désigne, je ne l’avais même pas reconnu. J’aurais pu penser à me faire dédicacer le caleçon mais je suis toujours obnubilé par la nécessité de bouffer de la poudre après tous les jours passés à ronger mon frein devant la télé. Le team Oakley a fait le déplacement. Il y a du beau monde, avec quelques casques Red Bull assez reconnaissables. Remarquez qu’ils sont bien prudents, ils commencent par un échauffement par la piste ! On est bien loin des vidéos et ça remet en place sur le cote barjo des gars, c’est avant tout des sportifs de haut niveau, et ils s’échauffent, et ouais ! De notre coté, on commence à vouloir du sérieux ! Marte, Marte ! On nous dit toutes les heures qu’ils vont ouvrir mais non, on revient plein d’espoir et on repart déçu, ceci toute la journée. On demande vers 15h qu’il nous laisse passer à pied mais hors de question, il y a une dameuse qui tourne ! Et alors on s’en fout ! On ne comprend pas bien. En fait l’explication ne va pas tarder à arriver : le TS a une protection qui est parti sur le coté, on ne voit pas bien la coulée mais il semblerait qu’une avalanche ait emporté la protection, voir endommagé le pylône. S’il faut c’est foutu. Mais personne ne dit rien pour éviter d’effrayer les gens. Déjà qu’avec la grippe A il a y eu un max d’annulation, ils ne veulent pas risquer de voir la station se vider. De plus on apprend que le team Oakley a signé un chèque pour avoir une dameuse emménagée qui les emmène en haut et avoir la face vierge. On comprend mieux pourquoi on ne veut pas nous laisser passer. A noter qu’on est en compagnie de français super aimable venu faire des images mais malheureusement pour eux moins riche que le team Oakley…. Ca commence a nous chauffer grave.
Ensuite ce sont les touristes qui sont montés en navettes à 60 euros la montée par personne. A ce tarif là, on refuse : « No somos Americanos ». Désolé, après les français vont encore passer pour des radins. Et encore je ne raconte pas les soirées passées là-bas, ou l’entrée en boite variait de 0 a 80 pesos suivant la gueule du client et la chance du soir… Autant dire qu’il y a eu parfois de l’animation a l’entrée.
On décide que le lendemain on montera à pied quoiqu’on nous dise. Après une bonne nuit de sommeil, c’est parti pour la fameuse montée. On a beau prendre la piste au début , il y a quand même près de 1600 m de dénivelé à se fader. Car si personne ne nous a empêché de monter, ils ont poussé le vice jusqu’à fermer le TS du bas qui aurait pu nous faire gagner un peu de temps, pour pendant ce temps là continuer leur petite business de dameuse lucratif ! On en verra passer 3 pendant que l’on monte a pied, avec des gars qui vont jusqu'à nous faire coucou depuis leur cabine tranquillement assis. Oh que c’est moche. Des choses pas catholiques me passent par la tête. Ca occupe au moins et me motive pour m’arracher encore un peu plus. On passe devant Entre Rios. Encore une fois je m’imagine en haut de cette face pour envoyer de belles courbes. Je demande s’il y a des motivés mais il semblerait que ce soit trop tard, il est déjà 11h, et il faudrait avec toute la neige tombée bien 4 ou 5h pour arriver en haut. On la garde pour le lendemain. J’avoue que j’ai un peu scotché sur cette face :
Entre Rios
A droite d’Entre Rios, juste parce que c’est beau !
Bref on arrive a Cerro Martin la fameuse face que c’était réservé Oakley la veille. On vit effectivement leur trace, eh ben dit donc quelle déception. Il était bourré Seth, ou peut-être en vacance ou les 2 ! Parce qu’au vu des traces, ils n’ont pas fait fort. Franchement. On repère un coin laissé à peu près vierge (en partant sur la photo de la crête au centre et en allant chercher entre les pointes rocheuses ensuite) et hop c’est parti. Bon le ciel devient blanc, décidément, il n’y a pas de clémence pour les besogneux !
Cerro Martin.
On laisse les pros ouvrir le terrain sous l’œil de la camera et je m’élance, les jambes cramées par la montée mais c’est pas grave, la neige est bonne, la pente soutenue, et j’arrive a ouvrir les gaz sur le bas. On récupère un petit souvenir vidéo bien sympathique et on enchaine sur « sans nom », une autre face qui elle fait près de 1300m de dénivelé mais la neige y est malheureusement plus exposée au vent. Quelle tuerie ça doit être en peuf. Arghhhhh.
Sur le retour de sans nom après avoir cheminé le long du ruisseau.
J’en garde en me disant que lendemain on va monter à Entre Rios, une face qui me fait rêver depuis que je l’ai vu le premier jour, mais qui demande après de fortes chutes une longue et pénible approche.
Malheureusement le lendemain le mauvais temps se remet de la partie… Je ne ferai pas cette face du séjour, c’est mort pour moi. J’essaie de repousser le billet pour profiter de la prochaine fenêtre météo mais tous les avions sont complets pour la semaine suivante, impossible. Je repars les dents serrées, heureux d’avoir fait de supers rencontres, d’avoir vu et skié des faces de rêves, mais malheureux de n’avoir pu arriver au bout et frustré de pratiques que je trouve abusées. Ce n’est que mon avis, dans des circonstances données. Si j’y retournerai… Je ne sais pas! Ce qui est sur, c’est que je m’imagine souvent aux sommets de ces faces.
Je n’étais jamais allé en Amérique du Sud, ni fait de ski l’été. L’occasion s’est présentée, je l’ai saisie. Max qui était déjà parti là-bas l’année précédente m’a proposé d’y retourner en aout. Apres moult hésitations, c’est parti, malgré quelques mises en gardes d’autres collègues qui étaient déjà partis là-bas. En effet au lieu d’un road trip, c’est une simple destination pour Las Leñas… Alors oui c’est dommage de faire autant de kilomètres pour rester au même endroit mais bon. C’est soit ça, soit rien. En 2 semaines, difficiles de voyager de stations en stations sans passer son temps sur la route au vu des distances. On me prévient aussi que la station est plus que huppée pour le pays et ne représente pas le reste. De plus le vent a tendance a y souffler avec violence rendant aléatoire la montée a Marte, le seul télésiège de la station montant a 3400 m alors que les autres sont beaucoup plus bas (arrivée a 2500 m, le bas de la station étant a 2200m). Sans trop réfléchir je fonce comptant sur la chance…
Premier point positif, on n’a pas chope la grippe A : traverser l’océan pour rester en quarantaine a Buenos Aires eut été ballot ! Point de panique là-bas même si c’était sensé être le pays le plus touché, personne avec masque a l’aéroport et aucun cas constaté après 2 semaines et demi passée là-bas… Visiblement on se prend bien la tête en Europe la dessus.
Arrivée a Buenos Aires, juste le temps de faire le tour de la ville et direction la gare routière pour 13h de bus.
Max aidant une petite à prier pour que la neige tombe.
Le bus magique : Miami ou Mexico, je me tâte…
Vers le port.
L’empire state building local.
Une des nombreuses églises de Buenos Aires
Heureusement nous aurons le temps de voir des paysages magnifiques le long de cette route qui mène aux Andes, sur. On s’élève sur des plateaux mais la végétation reste désertique, difficile de s’imaginer skier même en se rapprochant du but.
Sur les hauts plateaux, près du but.
Enfin nous apercevons les montagnes qui surgissent tel un mirage au milieu du désert :
On devine enfin au loin les sommets enneigés, les sourires pointent.
Enfin, vient la montée à la station. Au début, on ne peut pas dire que ce soit la folie et on s’imagine toujours mal les skis au pied. On a beau croisé des panneaux indicateurs surélevés en cas de chute de neige, vu la sécheresse du coin, on se fait quelques soucis.
En arrivant, la station parait bien sèche et l’on ne se rend pas compte de la taille des faces de prime abord, du coup on a l’impression d’arriver dans une petite station comparable a ce que l’on a chez nous dans les Pyrénées : c’est ça la station huppée d’Argentine ?
Vue du bas de la station.
Les appartements où nous dormons se situent là où dorment aussi les employés de la station, et de loin ressemblent a un paysage de l’ex-URSS, mais très intelligemment conçu (ça prendra son importance plus tard).
On débarque en début d’après midi et on enchaine sur quelques pistes pour se dégourdir après ce long voyage. Quel plaisir, alors que l’on était a l’océan en train de se baigner une semaine plus tôt d’être la a dévaler en ski.
Le lendemain direction Torecilla, une des faces connues de la station. Il fait encore beau, Marte est ouvert, et je veux en profiter au maximum aux dires que j’ai eu avant de partir. De plus ça nous fera les globules, puisque c’est l’un des plus longs en marche d’approche (2h30) avec arrivée sur la crête a près de 3800 m. C’est parti avec Max, le cheminement pour y aller est évident mais long. La face est visible de loin mais les distances encore une fois ont tendance a être écrasé dans ce paysage grandiose. On passe d’abord sous l’une des plus belles du coin, Entre Rios.
Max avec en fond Entre Rios.
Apres un cours raidillon on accède au plateau, ou la neige a été soufflé par le vent.
On enchaine ensuite sur des plateaux et crête pelés par le vent.
Montée vers la crête finale, a près de 3700m, vue d’ici ca ne fait pas forcément très envie niveau ski
Première remarque lorsque l’on désescalade une pente pour gagner du temps et rejoindre une autre crête, le rocher est très friable, et mieux vaut ne pas trop compter dessus lorsque l’on arpente la montagne, a retenir pour plus tard, on a tendance a rester avec la pierre dans la main quand on essaye de s’accrocher. Max m’avait prévenu que cette face est un piège à neige que le vent y transporte. Je suis sceptique mais une fois la crête atteinte, il faut admettre que ça risque d’être bon. Il y a certes quelques traces, mais il reste encore de la place !
Toreccillas...
Même prévenu, je ne m’attendais pas à une neige pareille, une de mes spatules joue les sous marins dans les premiers virages, il doit bien y avoir 70 de fraiche alors qu’il n’a pas neige depuis un moment. Le coin est bien raide, c’est génial… Sauf que c’est ultra court (il doit y avoir 500m de dénivelé, et au bout de 30 s, on est en bas. Le reste de la descente ne présente plus d’intérêt et la neige est un peu pourrie (soufflée cartonnée, classique de là-bas). Bon le ratio montée/descente n’est pas terrible mais largement compense par la beauté des paysages. Nous sommes sur les derniers contreforts est de la chaine Andine, juste avant de laisser place aux immenses plateaux argentins, alors que de l’autre cote, la cordillère parait interminable. Cela dit, ce n’est pas le même paysage qu’en Europe, le vent violent arrache la neige sur les crêtes et hauts plateaux, remplissant les combes. La roche a une teinte rouge magnifique prenant toute son ampleur au soleil couchant.
Pour profiter ensuite des HP de proximité de la station (la plupart accessible sans marche depuis Marte) il nous faut signer une décharge. Un sticker vert a revêtir permet de se faire reconnaitre par les gendarmes (et oui) qui surveillent les accès aux HP. Il est temps de faire un petit point sur quelques singularités du coin : l’Argentine a connu une grave crise économique dans les années 2000, et l’état a vendu pas mal de terre. Un Malais est arrive et a racheté la montagne et la station dessus ! Et oui, ici c’est un domaine prive, géré par des gendarmes ! Les avalanches sont déclenchées avec des canons de l’armée (les charges sont quand même modifiées, ils ne tirent pas des obus&hellip. Bref, c’est ce qui fait aussi le charme.
Les fameux canons.
Les jours suivants, on reconnait Cerro Martin, bien plus proche mais aussi moins beau que Torecilla (20/30 mn de marche, départ vers 3600m).
Max devant un des départs de Cerro martin, avec belle corniche. Derrière c’est poudreux… Vive le vent !
La neige y est reste bonne mais c’est bien tracé proximité oblige. On fera aussi une autre descente plus engagée un peu plus loin, dans le cirque suivant Cerro Martin. Le départ est bien raide comme souvent par là-bas, mais ensuite ça ouvre sur de grandes cuvettes, de quoi mettre les gaz. Là aussi il faut garder en tête qu’il n’y pas d’hélico (problème entre les royalties demande par la station et les proprios) donc les secours ne sont pas près d’arriver en cas de pépin, il vaut donc mieux en garder sous le pied plutôt que d’exploser comme un con en bas. De plus cette année c’est bien sec, et les sharks ne sont pas loin! On fait quelques tours sur la face qui dessert la station : bien pentu avec près de 1000 mètres de dénivelé. La neige est pourrie mais on n’ose imaginer le truc dans de la peuf… Ca doit être une tuerie. En attendant j’essaie de me faire les cuissots en enchainant jusqu’en bas, autant dire que dans une neige souffle/croute, j’arrive en bas bien cramoisi.
Puis la météo annonce de la neige, au début un peu, puis beaucoup. Tout le monde sourit, est content. Au vu des quantités annoncées j’avoue que je me méfie, c’est mon cote pessimiste, ça m’évite d’être déçu. Des mètres de neiges c’est bien une fois que tu les as skié. Avant c’est souvent synonymes d’emmerdes et frustration.
Et enfin l’ouverture météo. La bave aux lèvres direction les remontées, chaud comme des baraque à frites. Evidemment on se doute que Marte ne va pas ouvrir d’entrée (on vérifie quand même) et direction Caris en attendant. Alors petite spécialité du coin, ce n’est pas au TS que l’on fait la queue directement mais en haut de la piste (desservie par un TK) qui mène au TS Caris. Un gendarme fait face a une bande d’affamée: pas mal de ricains reconnaissables aux fats XXXL (DP, Moment and co) et quelques locaux. Ca râle dès qu’un gars passe devant l’autre et on ne tient pas en place. 1h30 déjà que l’on attend les skis dans la pente prêt a partir. Et là un ricain qui vient se poser devant moi me barrant le passage, tranquille. Oh le malade. Je commence a lui demander fermement de dégager, ce à quoi il répond qu’il est arrivé avant…Et qu’on est passé devant, la bonne blague. Fabien qui est avec moi, commence a monter en pression. Je vois à coté de moi tomber une goupille de mon casque. Je commence a m’énerver… Le gars me sourit pour calmer le jeu et m’explique qu’il est venu en fait me voir pour discuter car on s’était croisé dans la montée de Torecillas. Je m’arrache pour sortir un sourire, lui dit que je suis désolé de m’être emporté (va falloir arrêter d’être tendu comme un string, relax, take it easy&hellip. Se mettre dans un état pareil pour une champ de peuf de 400m de dénivelé, c’est peut-être pas la peine, surtout avec l’hiver que l’on a eu. M’enfin. Il me tend la main et dit « friends ? » « yep man, but can you move please ? ». Et oui, on ne se refait pas. Faut qu’il dégage s’il veut rester copain copain et surtout en vie. Une demie heure plus tard, on a le feu vert, j’étais à coté du gendarme du coup j’ai pu anticiper entendant l’ordre dans le talkie avant qu’il ne soit répété . Et hop premier en bas (on avait même farté la veille en prévision, de plus il y a un énorme plat a se taper pour les rotations sur ce TS et le précieux temps de gagner la dessus sera déjà ça de pris) ! Ouais hourra. Et merde ces boulets n’ont toujours pas déneiger le TS ! Ca fait 3h qu’il regardent la dameuse bosser, et pas un qui a eu l’idée de faire tourner le TS avant qu’elle n’ait finie. Re-attente vu qu’il y a plus de 70 cm de neige sur les sièges… Et là la blaze. Arrive un pot du gars qui s’occupe de la remontée et qui grille tout le monde, puis un guide avec ses clients qu’il connait aussi… Et ça va continuer jusqu'à créer une queue de privilégie qui nous remplira les 6 premiers sièges. On est dégouté, on nous prend pour des cons, les gars arrivent la fleur au fusil, et connaissant le gars au TS passent devant tout le monde. Ca manque de respect. Qu’il y ait des files express en parallèle de la queue classique pourquoi pas, mais pas comme cela… Bon après, comme on m’a dit plus tard, c’est comme ça ici, si t’es pas content, t’as qu’à aller en Europe. Et oui, m’enfin le respect merde ! Bon faut dire qu’on est des bon crevards dès qu’il y a un champ de peuf vierge en vue, ça doit être surtout ça. No brother in powder !
Heureusement les mecs devant ne sont pas des flèches et après 3 virages on est seul dans le champ, la neige est très bonne car pour une fois la chute n’a pas été accompagnée de vent ; ça vole, ça crie de plaisir, mais putaing que c’est court, car 3 virages après aussi on est en bas. On enchaine 2 autres rotations avant de partir sur l’autre TS qui dessert le bas de la face, Vulcano. Le timing est parfait, on a ouvert le premier champ, on peut enchainer sur le suivant. C’est clair que c’est cool que la neige vole, Fabien et Pat nous montrant les meilleurs coins, mais ça manque de dénivelé, surtout que la face de plus de 1000 m nous nargue (on skie juste une petite pente en dessous en fait). Mais entre les 2 TS j’ai perdu Max, il était juste derrière moi et on devait enchainer. Je ne m’inquiète pas pensant qu’il a juste paumé un ski en tombant et qu’il va me rejoindre. En fait d’autres collègues français me donnent des nouvelles plus alarmantes, ce serait le genoux ! Du coup direction le centre de secours de la station pour retrouver Max le moral dans les chaussettes : le médecin pense qu’il s’est fait une entorse de l’interne, mais Max en essayant de récupérer ses skis a senti son genou se déboiter plusieurs fois et pense plutôt aux croisées (ce sera confirmé de retour en France). Bref la merde, on est là que depuis 4 jours. Il fait les démarches nécessaires pour se faire rapatrier et repart pour la France le surlendemain. Fait chier! Les jours suivants toujours pas de Marte et on commence sérieusement à se ronger le frein sur ces petites pentes surtout que de la neige est annoncée pour plus tard. Le redoux arrive et ça commence à craindre grave. Et là info, on va peut-être ouvrir Marte : les malades. On se pointe quand même à la remontée pour vérifier, mais on ne comprend pas trop le rationnel. Ca fait 2 jours qu’ils auraient pou ouvrir, que c’était bien stabilisée, et là avec le redoux, que ça commence partir en coulée spontanée de tous les cotés ils veulent ouvrir Marte, le sésame pour tous les HP bien raides de la station ! C’est soulagé que l’on apprend que finalement ils n’ouvriront pas.
Et c’est reparti pour une attente qui va s’avérer interminable. La station n’a pas de partie boisée, donc quand il neige, c’est mort à part 2 TK baby. Les mètres de neiges s’empilent devant la fenêtre (qui est déblayée chaque jour par nos soins histoire d’y voir) alors que l’orientation des pentes de toits nous assurent de ne pas en avoir devant la porte.
Moi qui n’y connaissait rien en tennis me voila devant la télé a me taper non stop les tournois… Un peu de polo aussi. Voir des matchs de rugby français retransmis, joueurs argentins obligent ! Beaucoup de Andes, la bière du coin, quelques assado (BBQ) pour nous remettre le moral, des exercices arva, quelques sauts dans une peuf de fou depuis le haut des bâtiments (et oui faut bien s’occuper)…
Et on a déneigé devant la fenêtre tous les jours….
No comment…
Espen qui déneige la voiture pour aller chercher des courses
4 des 7 nains en exercice ARVA
Et ça tombe… On nous propose alors d’aller faire du cheval dans la pampa a 80 km de la station. Je suis partant même si je n’en ai jamais fait. Je les préviens bien mais on me répond « tranquilo », pas de problème. Ben le début, tendu quand même, en bref : un cheval qui rentre a l’écurie au galop des que je suis monté dessus! Puis qui me teste en faisant l’inverse de ce que je lui demande. Et enfin une technique hors pair qui me permet de rebondir a près de 50 cm de la selle a chaque foulée de mon canasson au galop. Je suis mort de rire. Sauf qu’au bout de 20 km a arpenter la pampa, je n’ai plus de dos. Le paysage est grandiose, mais putain que j’ai mal. Le retour c’est position jockey pour éviter d’avoir le cul sur la selle (enfin les couvertures empilées) même si l’équilibre est plus dur à tenir. Certainement le plus beau souvenir de mon séjour !
Certains s’amusent à rassembler les vaches trouvées en chemin.
Lonesome cowboy
Petit détour par le boucher de Marlargue encore une fois, on fait le stock en prévision d’un assado le soir à la station !
Et c’est parti pour 12kg de viande (faut dire que le bilan carbone du séjour n’est plus a ça près entre l’avion et le bus&hellip
Un petit coup de scie sauteuse…
Le BBQ…
Enfin une fenêtre météo se présente après des jours d’attente.
J’en profite pour une petite photo de la face sauvage en face de la station, avec à droite le pic Leñas a près de 4000m et comme toujours un « peu » de vent :
Pic Leñas a droite.
C’est reparti pour les TS du bas.
Ici un aperçu des TS du bas de la station (Vulcano a droite) surplombé par la face accessible que si Marte est ouvert…
On croise le fils de Maurice dans la queue. Mais si le gars qui envoie front et back flip en Alaska. Seth Morrison quoi (eh oui en plus on fait des bonnes blagues&hellip. Il a fallu qu’on me le désigne, je ne l’avais même pas reconnu. J’aurais pu penser à me faire dédicacer le caleçon mais je suis toujours obnubilé par la nécessité de bouffer de la poudre après tous les jours passés à ronger mon frein devant la télé. Le team Oakley a fait le déplacement. Il y a du beau monde, avec quelques casques Red Bull assez reconnaissables. Remarquez qu’ils sont bien prudents, ils commencent par un échauffement par la piste ! On est bien loin des vidéos et ça remet en place sur le cote barjo des gars, c’est avant tout des sportifs de haut niveau, et ils s’échauffent, et ouais ! De notre coté, on commence à vouloir du sérieux ! Marte, Marte ! On nous dit toutes les heures qu’ils vont ouvrir mais non, on revient plein d’espoir et on repart déçu, ceci toute la journée. On demande vers 15h qu’il nous laisse passer à pied mais hors de question, il y a une dameuse qui tourne ! Et alors on s’en fout ! On ne comprend pas bien. En fait l’explication ne va pas tarder à arriver : le TS a une protection qui est parti sur le coté, on ne voit pas bien la coulée mais il semblerait qu’une avalanche ait emporté la protection, voir endommagé le pylône. S’il faut c’est foutu. Mais personne ne dit rien pour éviter d’effrayer les gens. Déjà qu’avec la grippe A il a y eu un max d’annulation, ils ne veulent pas risquer de voir la station se vider. De plus on apprend que le team Oakley a signé un chèque pour avoir une dameuse emménagée qui les emmène en haut et avoir la face vierge. On comprend mieux pourquoi on ne veut pas nous laisser passer. A noter qu’on est en compagnie de français super aimable venu faire des images mais malheureusement pour eux moins riche que le team Oakley…. Ca commence a nous chauffer grave.
Ensuite ce sont les touristes qui sont montés en navettes à 60 euros la montée par personne. A ce tarif là, on refuse : « No somos Americanos ». Désolé, après les français vont encore passer pour des radins. Et encore je ne raconte pas les soirées passées là-bas, ou l’entrée en boite variait de 0 a 80 pesos suivant la gueule du client et la chance du soir… Autant dire qu’il y a eu parfois de l’animation a l’entrée.
On décide que le lendemain on montera à pied quoiqu’on nous dise. Après une bonne nuit de sommeil, c’est parti pour la fameuse montée. On a beau prendre la piste au début , il y a quand même près de 1600 m de dénivelé à se fader. Car si personne ne nous a empêché de monter, ils ont poussé le vice jusqu’à fermer le TS du bas qui aurait pu nous faire gagner un peu de temps, pour pendant ce temps là continuer leur petite business de dameuse lucratif ! On en verra passer 3 pendant que l’on monte a pied, avec des gars qui vont jusqu'à nous faire coucou depuis leur cabine tranquillement assis. Oh que c’est moche. Des choses pas catholiques me passent par la tête. Ca occupe au moins et me motive pour m’arracher encore un peu plus. On passe devant Entre Rios. Encore une fois je m’imagine en haut de cette face pour envoyer de belles courbes. Je demande s’il y a des motivés mais il semblerait que ce soit trop tard, il est déjà 11h, et il faudrait avec toute la neige tombée bien 4 ou 5h pour arriver en haut. On la garde pour le lendemain. J’avoue que j’ai un peu scotché sur cette face :
Entre Rios
A droite d’Entre Rios, juste parce que c’est beau !
Bref on arrive a Cerro Martin la fameuse face que c’était réservé Oakley la veille. On vit effectivement leur trace, eh ben dit donc quelle déception. Il était bourré Seth, ou peut-être en vacance ou les 2 ! Parce qu’au vu des traces, ils n’ont pas fait fort. Franchement. On repère un coin laissé à peu près vierge (en partant sur la photo de la crête au centre et en allant chercher entre les pointes rocheuses ensuite) et hop c’est parti. Bon le ciel devient blanc, décidément, il n’y a pas de clémence pour les besogneux !
Cerro Martin.
On laisse les pros ouvrir le terrain sous l’œil de la camera et je m’élance, les jambes cramées par la montée mais c’est pas grave, la neige est bonne, la pente soutenue, et j’arrive a ouvrir les gaz sur le bas. On récupère un petit souvenir vidéo bien sympathique et on enchaine sur « sans nom », une autre face qui elle fait près de 1300m de dénivelé mais la neige y est malheureusement plus exposée au vent. Quelle tuerie ça doit être en peuf. Arghhhhh.
Sur le retour de sans nom après avoir cheminé le long du ruisseau.
J’en garde en me disant que lendemain on va monter à Entre Rios, une face qui me fait rêver depuis que je l’ai vu le premier jour, mais qui demande après de fortes chutes une longue et pénible approche.
Malheureusement le lendemain le mauvais temps se remet de la partie… Je ne ferai pas cette face du séjour, c’est mort pour moi. J’essaie de repousser le billet pour profiter de la prochaine fenêtre météo mais tous les avions sont complets pour la semaine suivante, impossible. Je repars les dents serrées, heureux d’avoir fait de supers rencontres, d’avoir vu et skié des faces de rêves, mais malheureux de n’avoir pu arriver au bout et frustré de pratiques que je trouve abusées. Ce n’est que mon avis, dans des circonstances données. Si j’y retournerai… Je ne sais pas! Ce qui est sur, c’est que je m’imagine souvent aux sommets de ces faces.
inscrit le 09/03/04
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