carambole (04 mars 2005 18 h 22) disait: Par contre il est vrai que la recherche publique n'a que très peu de relations avec les sociétés privés et que le CNRS est pour le moins sclérosé, à l'inverse des US où tous les laboratoires universitaires sont sous contrat avec des sociétés privés (sans semble-t-il perdre "leur âme" mais bon là je vais encore me faire taxer de libéralisme exacerbé
J'ai été pendant plus de 3 ans dans un labo du CNRS, j'ai pu voir comment ça se passe. Ce n'est pas tout rose, loin de là, mais je ne suis pas sûr que la situation à l'étranger est meilleure. En France, au moins, ceux qui ont la chance d'avoir un poste de chercheur ou d'enseignant-chercheur ont un vrai poste. Aux US, ou même en Suisse, à part le grand professeur de l'équipe qui contrôle tout, les autres chercheurs sont soit des doctorants, soit des post-doc, mais très peu de permanents. Certains font toute leur carrière de contrat en contrat. En France, le nombre de postes permanents est plus imporant (même s'il est encore trop faible). Le problème de la France, c'est qu'on forme des docteurs, et après leur 3 années de thèse, on les abandonne presque, on les oblige à aller s'exiler 1 an, 2 ans, 3 ans ou plus à l'étranger, sans guère d'espoir de revenir un jour pour un poste fixe. Et c'est très dur de continuer la recherche en France après la thèse, en post-doc.
Quand aux labos universitaires américains sous contrat industrielle, il y a le risque pervers d'avoir des résultats trafiqués dans le sens voulu par l'industriel pour obtenir encore des sousous. Et c'est arrivé récemment : en 2002, il y eut une grande effervescence dans parmi les physiciens des matérieux : une équipe américaine avait fait des découvertes sensationelles. Les 2 principaux protagonistes étaient pressenti pour le prix nobel, de nombreuses publications dans des revues prestigieuses sont parues, conférences à travers le monde (quand le gars est venu à Grenoble, la salle était pleine à craquer), de nombreux projets de recherche ont été initiés, etc... jusqu'à qu'on se rendre compte que personne n'était capable de reproduire ce qui était annoncé. Une enquète a montré que l'un des chercheur, employé par Bell Labs avait purement et simplement créé de toutes pièces les données.
Le directeur de mon labo était de ceux qui avaient annoncé la supraconductivité a température ambiante en 1994 (par là
, ce qui s'est avéré être une grosse connerie (même s'il y croit encore!
), mais là c'était dû à une précipitation de publication de résultats, suite à l'annonce (fausse là encore) d'une autre équipe : les résultats observés étaient en fait un artefact de mesure, qu'on n'avait pas trop pris la peine de vérifier.
Il y a des contrats entre CNRS et industriels. Comme dans mon labo (toujours) où une équipe était sous contrat avec un industriel pour la réalisation d'écrans plats à base de Nanotubes de carbone : l'équipe en question brassait du vent avant, grace à ce contrat, elle a pu brasser encore plus de vent. D'ailleurs, le contrat s'est terminé sans résultats.
La concurrence stimule la recherche : chaque équipe veut être la première à découvrir tel ou tel truc, mais point trop n'en faut. D'ailleurs, il y a pas mal de collaboration internationale, de conférences, de communication, et pas beaucoup de secret confidentiels! Et tant mieux, car on avance rarement tout seul dans son coin! Mais les impératifs industriels se marient mal avec la recherche fondamentale.
quelques liens en vrac sur cette affaire racontée ci-dessus (je les ai juste survolés)
yaledailynews.com
dailyprincetonian.com
gene.ch
salon.com
(trouvés en cherchant "batlogg schon nobel" dans Google)
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