Avant-propos : Los Zetas a été (et reste sous différentes formes) un cartel, ultra-violent, de la drogue mexicain formé d'anciens militaires, utilisant notamment le terrorisme. L'organisation a particulièrement participé à l'explosion de la violence dans le Nord-Est, l'Est et le Sud du Mexique. Le cartel a été reconnuu coupable de crime contre l'humanité au Mexique.
Valdés, Víctor Manuel Sánchez, and Manuel Pérez Aguirre. 2018. "The Origin of the Zetas and Their Expansion in Northern Coahuila." Seminario de Violencia y Paz del Colegio de México.
Les auteurs : "Cet ?article complète "The Zeta Yoke", dans le but de décrire l'expansion des groupes criminels opérant dans la région. Divisée en deux parties, la première comprend l'histoire des Zetas, de leurs origines et de leurs opérations jusqu'à leur rupture avec le cartel du Golfe, et ce que nous savons de leur situation actu?elle ; la seconde partie examine l'importance stratégique du nord de Coahuila, les raisons de l'arrivée des Zetas dans la région, et certains aspects de leur opération dans la région."
Extraits (traduits) :
P. 7-9 Contexte : le cartel du Golfe
Le cartel du Golfe a commencé sa vie comme une organisation de contrebande de whisky à Matamoros, Tamaulipas [Google maps, NDLR]. Dirigé par Juan Nepomuceno Guerra, il a tiré parti de la prohibition aux États-Unis en trafiquant ses produits au Texas dans les années 30. Au milieu des années 80, Nepomuceno Guerra a graduellement commencé à céder les rênes de l'organisation à Juan García Ábrego, un de ses neveux. Le principal changement au sein du cartel du Golfe, sous la direction de García Ábrego, a été la transition vers le trafic de drogues à grande échelle, répondant à la demande du marché international de la drogue.
La croissance du cartel du Golfe a été si spectaculaire au début des années 1990 que beaucoup ont cru que García Ábrego avait conclu un accord spécial avec les autorités mexicaines. "Curieusement, son leadership n'a duré qu'un peu plus longtemps que les six années de présidence de Carlos Salinas de Gortari : il a été arrêté seulement 13 mois après le départ de Salinas, le 14 janvier 1996. Le gouvernement mexicain a alors profité de la nationalité américaine de García Ábrego pour ordonner l'extradition immédiate du baron de la drogue. Cette décision a empêché García Ábrego d'utiliser à son avantage la corruption au sein du système pénitentiaire mexicain pour continuer à diriger le cartel du Golfe derrière les barreaux, le modus operandi de l'un de ses successeurs quelques années plus tard.
Selon Guillermo Valdés Castellanos, Gómez Herrera s'est concentré sur l'élimination de ses rivaux et sur la poursuite de ses activités récréatives, en déléguant les questions opérationnelles et commerciales à Cárdenas Guillén. En ce sens, Gómez Herrera semblait considérer Cárdenas Guillén plus comme un subordonné que comme un partenaire. Cette double configuration, quoique asymétrique, se révélerait également de courte durée. La lutte de pouvoir interne qui a suivi l'arrestation de García Ábrego avait déjà duré plus de deux ans, avec deux gouvernances provisoires et plusieurs tentatives pour régler la question de la succession.
En quelques mois, Cárdenas Guillén a donné le coup de grâce et éliminé Salvador Gómez en 1998. Avec le soutien d'Arturo Guzmán Decena - son garde du corps, un ancien soldat d'élite qu'il avait rencontré par l'intermédiaire de Gilberto García Nena, alors patron régional ("jefe de plaza" du cartel du Golfe à Miguel Alemán, Tamaulipas- Osiel Cárdenas Guillén a finalement mis un terme au conflit de succession dans l'organisation. Cet épisode est si important qu'il a même eu des effets symboliques : d'une part, le surnom d'Osiel Cárdenas est passé de "El Chaparrito" (nabot) à "El Mata Amigos" (tueur d'ami) et, d'autre part, il a marqué l'arrivée du premier Zeta sur la scène criminelle.
P. 9-10 Osiel Cárdenas Guillén et la formation des Zetas
Il existe différents récits pour expliquer comment l'organisation "Los Zetas" a été créée. Il est cependant largement admis que Cárdenas Guillén a demandé à Guzmán Decena d'engager les gardes du corps les mieux formés. Guzmán Decena a ensuite entrepris de convaincre ses anciens compagnons des unités d'élite de l'armée de travailler pour le nouveau chef du cartel du Golfe. Guzmán Decena s'est concentré sur la persuasion de ses anciens compagnons des forces spéciales aéroportées (Grupo Aeromóvil de Fuerzas Especiales, GAFE ), une unité d'élite de l'armée mexicaine, avec des membres triés sur le volet formés en contre-insurrection, tant au niveau tactique que dans l'usage des armes spécialisées, à la Escuela de las Américas. Ce groupe choisi faisait partie de la réponse du gouvernement à l'émergence de l'Armée zapatiste de libération nationale (Ejército Zapatista de Liberación Nacional, EZLN) en 1994. Les membres du GAFE ont été formés en tant que petites unités mobiles, décentralisées et d'intervention rapide. Après que l'Etat mexicain ait réussi à contenir rapidement le mouvement de guérilla zapatiste, le gouvernement a profité de sa formation spécialisée dans la lutte contre le crime organisé et l'a transféré à Tamaulipas.
Selon un document déclassifié de la Drug Enforcement Administration (DEA) des États-Unis, au cours du second semestre de 1998, Guzmán Decena a tenu plusieurs réunions avec des membres du GAFE affectés au 15e bataillon d'infanterie, affecté à Tancol, Tamaulipas [Google maps, NDLR]. Par exemple, les autorités américaines ont enregistré des rencontres entre Guzmán Decena et des soldats actifs dans les bars de Miguel Alemán, Tamaulipas [Google maps, NDLR], en décembre 1998. Sur la base de ces documents, nous pouvons dater la formation des Zetas à décembre 1998.
P. 12 L'indépendance croissante des Zetas vis-à-vis du cartel du Golfe
Lazcano a mis à profit les capacités de son organisation et l'absence partielle de Cárdenas Guillén pour étendre la présence territoriale des Zetas. Il convient de noter ici les atouts décisifs des Zetas sur la scène du crime mexicain : ils se sont habilement répartis géographiquement, s'organisant en cellules et prenant des positions sous la forme de commandement militaire de haut rang. Cette stratégie territoriale représentait également une autre innovation dans le monde du crime organisé mexicain.
Il faut d'abord noter que les Zetas ont porté la violence au sein du crime organisé mexicain à un nouveau niveau. Leur puissance de feu, leur niveau d'entraînement, leurs connaissances tactiques et la brutalité même de leurs méthodes ont donné au cartel du Golfe un avantage considérable. Cela a clairement forcé les organisations rivales à s'adapter ou à être écrasées, ce qui a professionnalisé la violence extrême et la cruauté.
Deuxièmement, ils ont élaboré un modèle de franchises criminelles. Une cellule Zeta s'installerait dans un lieu spécifique, éliminerait d'éventuels concurrents, coopterait des sociétés de police locales, puis recruterait des représentants locaux qui resteraient en charge de la zone ("la plaza" et remettraient un pourcentage de leurs revenus aux dirigeants Zeta et à celui du cartel du Golfe.
Troisièmement, les Zetas n'ont pas limité leurs activités au contrôle du trafic de drogue. Ils se sont également impliqués dans la criminalité locale, le racket et d'autres activités criminelles telles que l'enlèvement et l'extorsion ; en outre, ils ont pris le contrôle d'entreprises dans le secteur formel, des courses de chevaux, des centres commerciaux et peut-être même des appels d'offres gouvernementaux. En résumé, ils se mêlaient de tout.
Ils se sont étendus le long de la côte du Golfe du Mexique, atteignant l'Amérique centrale, mais aussi Nuevo León, San Luis Potosí, Coahuila, Hidalgo, et le Chiapas. Les Zetas ont livré des batailles acharnées contre des organisations rivales dans divers territoires, du Michoacán pour le contrôle du port de Lázaro Cárdenas [Google maps, NDLR], au Guatemala, pour accéder à la cocaïne sud-américaine et aux routes migratoires. Ce processus d'expansion a également impliqué le recrutement de nouveaux membres, élargissant ainsi le cœur des activités des Zetas.
P. 15 L'indépendance croissante des Zetas vis-à-vis du cartel du Golfe (suite)
L'extradition d'Osiel Cárdenas Guillén vers les États-Unis a déclenché deux processus étroitement liés qui, à long terme, ont fait du nord-est du Mexique une région extrêmement violente. Premièrement, l'extradition a renforcé le pouvoir et l'indépendance des Zetas par rapport à leur organisation faîtière, le cartel du Golfe, qui n'était plus en mesure de leur assigner de territoires ou de missions. Au lieu de cela, il devait maintenant maintenir une attitude de collaboration envers ses anciens subordonnés, en respectant leurs territoires et en étant incapable de les empêcher d'empiéter davantage sur le lucratif commerce de la drogue. Le cas du nord de Coahuila en est un bon exemple et sera discuté plus en détail ci-dessous. Deuxièmement, l'extradition de Cárdenas Guillén vers les États-Unis a entraîné l'affaiblissement de son organisation, de plus en plus considérée comme une alliance entre le vieux cartel du Golfe et les Zetas, et non plus comme une relation supérieure- subordonné.
Les Zetas et le cartel du Golfe se sont séparés au début de l'année 2010, entraînant une confrontation extrêmement violente et sanglante dans leurs territoires qui se chevauchent, en particulier Tamaulipas. Il y a trois causes principales au soulèvement, ou "El Alzamiento" comme on appelle le déclenchement de la guerre entre les anciens alliés. Loin de se contredire, elles ressemblent à des pièces d'un puzzle : le meurtre de "El Concord 3", la trahison de Cárdenas Guillén et, structurellement, l'expansion des Zetas dans le pays.
Bien qu'il ait pu opérer dans cette ville grâce à l'alliance inter-organisationnelle, Víctor Peña Mendoza, alias "El Concord 3", représentait les Zetas de Reynosa, Tamaulipas [Google maps, NDLR], un bastion du Cartel du Golfe. Selon la police fédérale mexicaine, Peña Mendoza faisait partie du cercle de confiance de Miguel Ángel Treviño. Des agents fédéraux ont capturé Peña Mendoza en mars 2009, alors que celui-ci était inexplicablement libre à la fin de la même année. Tout indique qu'Eduardo Costilla Sánchez, alias "el Coss", a ordonné à Samuel Flores Borrego, alias "Metro 3" et leader du groupe "Los Metros" d'assassiner Peña Mendoza.
P. 19 Le soulèvement : la guerre éclate entre le cartel du Golfe et les Zetas (suite)
Selon Osorno, l'attaque surprise du cartel du Golfe contre ses anciens alliés porte plusieurs noms, selon le point de vue des personnes impliquées : les membres du cartel du Golfe l'appellent " La Vuelta " (le Retour) ou " El Reto " (le Défi) ; les Zetas parlent de " La Traición " (Trahison) ; pour tous, ce fut simplement " El Alzamiento " (le Soulèvement). Après la torture et le meurtre de Víctor Peña Mendoza, alias "El Concord 3", la réaction des Zêta a été extrêmement violente. Quelques jours avant la condamnation d'Osiel Cárdenas Guillén le 22 février 2010, les Zetas ont lancé une contre-attaque dans la région appelée La Frontera Chica, à Tamaulipas. Ils assiégèrent littéralement Ciudad Mier, Miguel Alemán et Camargo.
L'analyse des événements qui se sont déroulés pendant la guerre entre le cartel du Golfe et les Zetas se révèle extrêmement complexe. Il suffit de dire que la brutalité des affrontements a été extrême. Les cas bien connus et paradigmatiques parlent d'eux-mêmes ; il vaut la peine de lire les travaux d'Osorno sur la bataille de Ciudad Mier, les recherches sur le massacre des migrants à San Fernando, et l'apparition de torses à Cadereyta, entre autres. Bien entendu, de nombreux autres cas de violence extrême n'ont guère retenu l'attention. Par exemple, une note diplomatique des États-Unis signalait la présence de voitures piégées dans le centre de Ciudad Victoria, capitale de Tamaulipas.
P. 25-26 L'arrivée des Zetas dans le nord de Coahuila
Le cartel du Golfe est l'organisation criminelle ayant la plus longue présence à Coahuila. La présence dans le nord de l'État-entité remonte à 1982, avec l'arrivée de "Los Texas", un gang criminel dirigé par Guillermo Martínez Herrera, alias "El Borrado" (celui qui a été effacé, et Omar Rubio Pardo. Cependant, d'autres organisations criminelles ont également été établies dans la région, comme le cartel de Juárez, le cartel Milenio et celui de Sinaloa. Par exemple, de 1993 jusqu'au début des années 2000, Acuña [Google maps, NDLR] et Piedras Negras [Google maps, NDLR] ont été quelques-uns des points de passage pour la drogue produite par le cartel de Milenio, qui a été envoyée aux États-Unis par une cellule appelée "Los Michoacanos". Le cartel de Juárez a facilité cette activité, car il contrôlait ces points de passage frontaliers.
Diverses organisations criminelles ont lutté pour la domination de la région pendant des décennies, jusqu'à ce que les Zetas obtiennent le contrôle de leur organisation mère. Entre 2003 et 2005, le cartel de Sinaloa a combattu le cartel du Golfe - présent dans la zone grâce aux Zetas - pour la suprématie dans les villes d'Acuña et Piedras Negras. Sergio Villareal Barragán, alias "El Grande", a dirigé l'opération alors qu'il était le "jefe de plaza" du cartel de Sinaloa pour la région de Laguna, qui comprend une partie des États de Coahuila et Durango.
Les Zetas ont pris le contrôle de la région entre 2004 et 2005, et le groupe criminel a commencé à consolider sa présence dans la région au début des années 2000. Les Zetas se sont imposés par leur méthode habituelle d'extrême violence et d'intimidation. Alfonso Cuéllar a déclaré que les criminels locaux n'avaient d'autre choix que de coopérer ou d'en subir les conséquences, notamment la disparition et la mort de membres de leur famille.
En parallèle, ils ont travaillé pour gagner le soutien de la population locale. Par exemple, après une tornade en 2004, le cartel du Golfe - l'organisation mère des Zetas à l'époque - a offert son aide aux habitants du quartier de Villa Fuente à Piedras Negras. Divers journaux ont également rapporté comment des jouets ont été distribués sous le nom d'Osiel Cárdenas Guillén lors d'une fête organisée à Acuña le 30 avril 2005 à l'occasion de la Journée des enfants des Zetas.
P. 27 L'occupation de la région
Bien que les premiers membres Zeta du nord de Coahuila soient venus d'autres États, avec le temps, l'organisation criminelle a progressivement intégré des cellules criminelles locales et recruté de nouveaux membres dans diverses municipalités de la région. Un rapport d'enquête montre comment, après leur arrivée à Piedras Negras, les Zetas ont commencé à créer des réseaux dans le quartier de San Judas, dans le quartier de Mundo Nuevo ; plusieurs des leaders régionaux ont émergé ultérieurement de cette zone.
La tendance est également claire compte tenu du nombre de disparitions massives dans le nord de Coahuila en mars 2011, lors du massacre d'Allende, ou ce que nous préférons appeler la revanche Zeta. Les principaux participants venaient de familles notoires de la région, en particulier Héctor Morena Villanueva, alias "El Negro", et José Luis Garza Gaytán, alias "La Güichina" ou "El Güichín". Ainsi, le processus de recrutement des Zetas a recherché des alliances et des relations étroites avec des membres éminents de la société, des hommes politiques et des hommes d'affaires de la région, qui ont aidé le groupe criminel à établir sa présence dans la région. Cet événement très médiatisé montre également qu'une partie de la stratégie de consolidation des Zetas dans la région a consisté à recruter des policiers et des fonctionnaires corrompus, qui ont reçu de l'argent en échange d'informations et de protection. Cela a permis de commettre une série d'actes criminels flagrants sous le nez des responsables publics locaux.
Les postes-frontières de Coahuila, avec Nuevo Laredo, ont permis à l'organisation d'avoir accès à des routes de trafic de drogue, de réceptionner des drogues et des armes, comme Alfonso Cuéllar et José Vázquez au poste frontière situé entre Piedras Negras et Eagle Pass. Enfin, leur contrôle du nord de Coahuila était si vaste que les deux successeurs de Heriberto Lazcano, les frères Miguel et Omar Treviño Morales, se sont déplacés en toute liberté dans la région. De plus, comme détaillé dans "Le joug Zeta", ils ont utilisé la prison de Piedras Negras pour se protéger des Marines et pour organiser des fêtes, faisant leur propre usage d'un établissement financé par les fonds publics.
Les Zetas et le cartel du Golfe se sont séparés au début de l'année 2010, entraînant une confrontation extrêmement violente et sanglante dans leurs territoires qui se chevauchent, en particulier Tamaulipas. Il y a trois causes principales au soulèvement, ou "El Alzamiento" comme on appelle le déclenchement de la guerre entre les anciens alliés. Loin de se contredire, elles ressemblent à des pièces d'un puzzle : le meurtre de "El Concord 3", la trahison de Cárdenas Guillén et, structurellement, l'expansion des Zetas dans le pays.
Bien qu'il ait pu opérer dans cette ville grâce à l'alliance inter-organisationnelle, Víctor Peña Mendoza, alias "El Concord 3", représentait les Zetas de Reynosa, Tamaulipas [Google maps, NDLR], un bastion du Cartel du Golfe. Selon la police fédérale mexicaine, Peña Mendoza faisait partie du cercle de confiance de Miguel Ángel Treviño. Des agents fédéraux ont capturé Peña Mendoza en mars 2009, alors que celui-ci était inexplicablement libre à la fin de la même année. Tout indique qu'Eduardo Costilla Sánchez, alias "el Coss", a ordonné à Samuel Flores Borrego, alias "Metro 3" et leader du groupe "Los Metros" d'assassiner Peña Mendoza.
P. 25-26 L'arrivée des Zetas dans le nord de Coahuila
Le cartel du Golfe est l'organisation criminelle ayant la plus longue présence à Coahuila. La présence dans le nord de l'État-entité remonte à 1982, avec l'arrivée de "Los Texas", un gang criminel dirigé par Guillermo Martínez Herrera, alias "El Borrado" (celui qui a été effacé, et Omar Rubio Pardo. Cependant, d'autres organisations criminelles ont également été établies dans la région, comme le cartel de Juárez, le cartel Milenio et celui de Sinaloa. Par exemple, de 1993 jusqu'au début des années 2000, Acuña [Google maps, NDLR] et Piedras Negras [Google maps, NDLR] ont été quelques-uns des points de passage pour la drogue produite par le cartel de Milenio, qui a été envoyée aux États-Unis par une cellule appelée "Los Michoacanos". Le cartel de Juárez a facilité cette activité, car il contrôlait ces points de passage frontaliers.
Diverses organisations criminelles ont lutté pour la domination de la région pendant des décennies, jusqu'à ce que les Zetas obtiennent le contrôle de leur organisation mère. Entre 2003 et 2005, le cartel de Sinaloa a combattu le cartel du Golfe - présent dans la zone grâce aux Zetas - pour la suprématie dans les villes d'Acuña et Piedras Negras. Sergio Villareal Barragán, alias "El Grande", a dirigé l'opération alors qu'il était le "jefe de plaza" du cartel de Sinaloa pour la région de Laguna, qui comprend une partie des États de Coahuila et Durango.
Les Zetas ont pris le contrôle de la région entre 2004 et 2005, et le groupe criminel a commencé à consolider sa présence dans la région au début des années 2000. Les Zetas se sont imposés par leur méthode habituelle d'extrême violence et d'intimidation. Alfonso Cuéllar a déclaré que les criminels locaux n'avaient d'autre choix que de coopérer ou d'en subir les conséquences, notamment la disparition et la mort de membres de leur famille.
En parallèle, ils ont travaillé pour gagner le soutien de la population locale. Par exemple, après une tornade en 2004, le cartel du Golfe - l'organisation mère des Zetas à l'époque - a offert son aide aux habitants du quartier de Villa Fuente à Piedras Negras. Divers journaux ont également rapporté comment des jouets ont été distribués sous le nom d'Osiel Cárdenas Guillén lors d'une fête organisée à Acuña le 30 avril 2005 à l'occasion de la Journée des enfants des Zetas.
P. 27 L'occupation de la région
Bien que les premiers membres Zeta du nord de Coahuila soient venus d'autres États, avec le temps, l'organisation criminelle a progressivement intégré des cellules criminelles locales et recruté de nouveaux membres dans diverses municipalités de la région. Un rapport d'enquête montre comment, après leur arrivée à Piedras Negras, les Zetas ont commencé à créer des réseaux dans le quartier de San Judas, dans le quartier de Mundo Nuevo ; plusieurs des leaders régionaux ont émergé ultérieurement de cette zone.
La tendance est également claire compte tenu du nombre de disparitions massives dans le nord de Coahuila en mars 2011, lors du massacre d'Allende, ou ce que nous préférons appeler la revanche Zeta. Les principaux participants venaient de familles notoires de la région, en particulier Héctor Morena Villanueva, alias "El Negro", et José Luis Garza Gaytán, alias "La Güichina" ou "El Güichín". Ainsi, le processus de recrutement des Zetas a recherché des alliances et des relations étroites avec des membres éminents de la société, des hommes politiques et des hommes d'affaires de la région, qui ont aidé le groupe criminel à établir sa présence dans la région. Cet événement très médiatisé montre également qu'une partie de la stratégie de consolidation des Zetas dans la région a consisté à recruter des policiers et des fonctionnaires corrompus, qui ont reçu de l'argent en échange d'informations et de protection. Cela a permis de commettre une série d'actes criminels flagrants sous le nez des responsables publics locaux.
Les postes-frontières de Coahuila, avec Nuevo Laredo, ont permis à l'organisation d'avoir accès à des routes de trafic de drogue, de réceptionner des drogues et des armes, comme Alfonso Cuéllar et José Vázquez au poste frontière situé entre Piedras Negras et Eagle Pass. Enfin, leur contrôle du nord de Coahuila était si vaste que les deux successeurs de Heriberto Lazcano, les frères Miguel et Omar Treviño Morales, se sont déplacés en toute liberté dans la région. De plus, comme détaillé dans "Le joug Zeta", ils ont utilisé la prison de Piedras Negras pour se protéger des Marines et pour organiser des fêtes, faisant leur propre usage d'un établissement financé par les fonds publics.
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