Test Völkl mantra 2018

197 tests Völkl mantra.

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Note moyenne : 8,7/10
Samy93

LA référence du ski tout-terrain

Völkl Mantra
Avis sélectionné
Profil du testeur : 29 ans | 1,78m | 75kg | Expert | Bourg-Saint-Maurice
Taille testée : 184
Acheté : en magasin
Conditions du test : Tous types de terrains et de conditions climatiques

Points forts

Rigidité
Accroche sur piste
Bonnes sensations en poudreuse
Polyvalence

Points faibles

Moins de performance dans les bosses
Conduite en petites courbes difficile
Exigence physique importante
Limite au-dessus de 30 cm de peuf

Introduction


Avec l’hiver qui approche, l’envie m’a repris de poster des tests de matos sur skipass. Membre du site depuis un certain temps, j’ai déjà contribué quelque fois dans cette rubrique. Mais c’est réellement l’an dernier que j’ai pris le temps de publier des tests se voulant les plus complets possible.

Pour commencer cette saison 2022/2023, je vais donc me concentrer sur ma paire de skis principale, à savoir les Völkl Mantra. J’avais déjà rédigé un test sur ces skis il y a quelques années, néanmoins, j’ai entre temps changé de modèle. De plus, le test que j’avais publié était plutôt succinct ; je souhaitais corriger le tir, et en rédiger un nouveau digne de ce nom !

Le Völkl Mantra est une véritable référence sur skipass : peu de skis peuvent se vanter un nombre de tests aussi important. C’est bien la preuve qu’il ne laisse personne indifférent ! Et je peux moi-même le confirmer, c’est ce que nous allons voir dans la suite de cet article.


Histoire


Avant de nous plonger dans le test en lui-même, il me semblait important de faire un petit rappel sur l’historique du Mantra, car celui-ci est finalement assez riche. En effet, il est proposé depuis 2007 : peu de skis peuvent se vanter d’une telle longévité, surtout de nos jours où la logique est plutôt au renouvellement permanent. Mais bien entendu, même s’il a conservé son nom, le Mantra est aujourd’hui bien différent du modèle d’il y a 15 ans.

Lorsque le ski est arrivé sur le marché en 2007, Völkl a souhaité proposer un modèle avant tout destiné au freeride, mais avec une vraie tendance « passe-partout ». Il s’agit pour le coup d’un point essentiel : cette philosophie est, au fil des années, toujours restée la même. C’est plus sur les détails techniques que des changements ont été apportés peu à peu. Ainsi, sur les premières versions, on retrouvait un ski au cambre classique, sans rocker. Rien d’étonnant alors : à l’époque, il s’agissait d’une construction que l’on retrouvait sur la plupart des skis. Ce n’est que quelques années plus tard que la révolution du rocker a fait son apparition. Concernant la ligne de côtes, la première version était plus fine que ce que l’on connait actuellement : 113-94-130.

Mais dès l’année suivante, elle a évolué vers plus de largeur : 116-96-133.

Ces dimensions seront conservées jusqu’en 2012, année où, non seulement elles changent (pour du 118-98-132), et une modification est apportée dans la géométrie du ski : le rocker y fait pour la première fois son apparition, au niveau de la spatule. Le cambre normal reste cependant en place.

Il n’y aura de nouveau plus de modifications jusqu’en 2015. Cette année-là, un nouveau changement significatif intervient : d’un cambre normal avec rocker spatule, on passe à une construction en cambre plat avec double rocker. Suivra une modification de la ligne de côtes l’année suivante, avec un ski qui devient encore plus large : 118-100-132. Autant dire que les différences étaient de taille avec ce qui était proposé sur les premières générations !

C’est d’ailleurs ces différences qui ont probablement poussé Völkl à faire machine arrière à partir de 2019. Pour cette nouvelle génération, alors dénommée Mantra M5, la construction en cambre plat est abandonnée pour laisser à nouveau place à un cambre normal (par contre le double rocker est conservé). Et le ski s’affine par la même occasion, passant sur une ligne à 117-96-134, finalement assez proche de ce que l’on trouvait sur la seconde génération.

Enfin, l'hiver 2021/2022 verra la sortie de la version M6, aux dimensions assez semblables à la version M5 : 119-96-135.


Prise en main


Je vais maintenant me concentrer sur la version en ma possession, à savoir le millésime 2018.

Comme vu dans l’historique ci-dessus, il fait donc partie de la quatrième génération du Mantra. Ce fût donc, jusqu’à présent, le modèle le plus large de l’histoire de ce ski, avec 100 mm au patin. Par ailleurs, avec cette ligne de côtes, il possède un imposant rayon de courbe, à savoir 25,4 m pour la taille 184 qui est la mienne. Autant dire que rien qu’en prenant connaissance de cette information, on peut d’ores et déjà se douter de l’aisance des skis dans les grandes courbes. D’ailleurs, avec la réduction de la largeur sur les générations suivantes, le rayon de courbe a également diminué : 19 m pour la version M6.

Détail qui a son importance également, il adopte la construction en cambre plat avec double rocker. Rien que ces caractéristiques en font un ski à part dans la famille Mantra. En effet, la plupart des autres générations sont construites vraiment différemment, avec une préférence pour le cambre normal.

D’un point de vue matériaux, on retrouve un noyau en bois compact dénommé Multi Layer Woodcore. A cela s’ajoutent deux plaques Titanal de part et d’autre et sur toute la longueur du ski, ainsi que des chants droits. Autant dire que l’on a affaire à un ski dont le maitre mot est rigidité ! D’ailleurs, si on lit la description officielle de Völkl, on voit bien que le ski a été construit avec une philosophie de ski de géant, auquel on a ajouté des aptitudes au freeride. Nous verrons dans la seconde partie de ce test si ces affirmations sont vérifiées.

Au final, on se retrouve avec un ski vraiment épais, et on peut se rendre compte de son aspect « costaud » rien qu’en le soupesant : on a clairement affaire à un ski lourd. Pour information, et sachant qu’ils sont montés avec des Marker Griffon 13 version Demo, on obtient un poids de 3,5 kg par ski.

Enfin, abordons le sujet de l’esthétique. Cela reste un détail, mais il a aussi son importance : on apprécie tous de skier avec des jolies spatules ! Concernant le Mantra, si les premières générations laissaient une belle place aux décorations assez originales, avec des graphismes artistiques, un virage a par la suite été opéré. Le ski est devenu bien plus sobre au fil des ans. Cela est bien visible sur cette version 2018 : le topsheet est en grande partie noire, avec un minimum d’écriteaux, correspondant à la marque et au modèle. On retrouve sur le talon les caractéristiques techniques du ski. Ces différentes écritures emploient une couleur rouge ou blanche. Enfin, la semelle est, suivant les modèles de cette génération, soit entièrement noire, soit noire et rouge (avec alors référence à la marque Völkl). Pour conclure sur ce sujet, on n’achètera clairement pas ce ski pour son design, qui est très sobre. Mais en même temps, il correspond à la philosophie de l’outil : il s’agit d’un ski plutôt sérieux, que l’on choisit plutôt pour ses performances pures, que pour son aspect « fun ». Car, nous le verrons par la suite, le Mantra n’est sûrement pas un ski joueur avec lequel on va aller s’amuser à faire du freestyle. Et même si le freeride ne se veut pas non plus trop sérieux, on reste sur un état d’esprit quelque peu différent. De plus, l’influence ski de géant qu’il possède l’oblige en quelque sorte à garder cet aspect sérieux. C’est un point important à souligner avant de s’orienter vers ce ski : à ce sens, il ne conviendra pas à tous.

Mais assez parlé théorie, nous allons maintenant passer sur la partie qui nous intéresse le plus, à savoir le comportement du ski sur le terrain.


Sur le terrain


Je possède donc ces Mantra depuis leur mise sur le marché. Si vous regardez dans mon profil, vous pourrez constater que j’ai déjà écrit un test sur des Mantra, mais il s’agissait de la version 2015. Plusieurs raisons m’ont poussé à rédiger un nouveau test : je n’avais skié qu’une journée avec la version 2015, et en le regardant aujourd’hui, je me dis que le test de l’époque était loin d’être suffisamment complet. C’est pourquoi ce test sera construit un peu à l’inverse.

J’attaque mon quatrième hiver avec ces skis aux pieds, car je ne compte pas l’hiver dernier où ils sont restés au placard pour les raisons que l’on connait tous (pour m’adapter à cette situation, je suis passé sur des Mantra V-Werks, dont vous pouvez découvrir le test ici). Avec tant de recul, je pense que mes impressions seront d’autant plus complètes. Il faut savoir par ailleurs que ces skis restent ma paire principale, bien que j’en possède d’autres adaptés à des conditions plus particulières. Car c’est bien l’une des caractéristiques les plus importantes de ces skis : ils passent littéralement partout ! Je vais donc scinder mon test suivant les différents terrains sur lesquels j’ai été amené à évoluer.


Sur piste


Je vais commencer par le comportement sur piste damée du ski. Car même si j’aime bien souvent sortir, la piste reste une partie non négligeable de mon programme. Il doit même s’agir du terrain sur lequel j’évolue le plus souvent.

Et j’ai une bonne nouvelle : on en a clairement sous le pied avec un tel outil ! L’influence de ski de géant se fait clairement ressentir ici, et on prendra un réel plaisir à passer toute une journée sur les pistes avec, lorsque les conditions ne permettent pas autre chose.

Alors plus clairement, on sent rapidement que pour exploiter le potentiel du ski, il va falloir chercher la grande courbe et le virage coupé. Ce n’est guère étonnant au vu du rayon de courbe de 25 m. Et très rapidement, on se sent en confiance dans cette position de géantiste. Car qui dit grande courbe, dit en général vitesse. C’est en effet à partir d’une certaine vitesse que l’on commence à sentir le potentiel du ski. Et on se retrouve assez naturellement en confiance, ce qui nous amène à chercher une angulation de plus en plus prononcée, avec toujours plus d’appui sur le ski.

Forcément, comme je le disais, cette position nous amène à prendre de la vitesse, mais ce n’est pas un problème pour le ski. On sent ainsi sa stabilité et sa rigidité dans cette situation : c’est là que sa construction en Titanal trouve tout son intérêt ! Bien entendu, il faudra que le skieur soit en mesure de faire face à cette vitesse, le danger étant de se laisser embarquer au-delà de ses capacités par le ski.

Néanmoins, en le cherchant, on peut également faire varier la taille de ses courbes. Il sera même possible de descendre en petites courbes ; cela demandera cependant des cuisses conséquentes. En effet, du fait de sa largeur et de son rayon, le changement de carre rapide ne s’en trouve pas facilité. Mais avec un travail vertical conséquent, ce ne sera pas impossible pour autant. Cela peut s’avérer utile dans certaines situations : au vu de la fréquentation sur les pistes, il n’est pas toujours possible de tailler des grandes courbes.

Malgré le fait que l’on évolue sur pistes, on le sait, le terrain peut être changeant. La qualité de la neige varie énormément suivant les saisons, la fréquentation, le moment de la journée, … Il faut savoir que le Mantra se débrouille correctement dans la plupart des situations.

Sur neige fraîchement damée, c’est évidemment un régal : l’accroche est fabuleuse, c’est là qu’on pourra prendre le plus de vitesse, et implicitement le plus de plaisir avec un tel ski.

Mais il faut savoir que même sur neige dure, il garde un comportement tout à fait honorable : il n’y a que peu de dérive d’une manière générale, on conserve le contrôle du ski, et on peut continuer à mettre de l’appui dessus (même si, évidemment, il faut savoir faire preuve d’un peu plus de retenue dans ces conditions). D’ailleurs, c’est éventuellement sur ce genre de terrain qu’on pourra privilégier une conduite en petite courbe, pour plus de maîtrise de sa vitesse.

Enfin, sur une neige plus printanière, il n’y a aucun souci à se faire. Pour le coup, ce sera plus son côté freeride qui ressortira dans ce cas de figure. Il n’aura aucun problème à se frayer un chemin dans les amas de neige lourde, et les virages pourront continuer à se faire sans trop de difficultés pour l’usager.

Néanmoins, malgré ces aptitudes sur piste que je qualifierais d’exceptionnelle, surtout pour un ski à tendance freeride, je mettrai tout de même quelques réserves dont il faut bien être conscient.

Tout d’abord, si l’on veut vraiment l’exploiter comme il se doit, c’est-à-dire avec une vraie prise d’angle et d’appui, on va rapidement se rendre compte qu’il s’agit d’un ski particulièrement physique. Ce n’est pas parce que c’est un ski « passe-partout » qu’il est facile à skier, il ne faut pas confondre les deux termes ! Et on le sent bien une fois arrivé en bas de la piste : il est normal de sentir les jambes chauffer. Le contraire signifie même d’ailleurs que le ski n’a pas vraiment été exploité. J’aurais l’occasion de reparler de cet aspect physique par la suite.

Le deuxième point sur lequel je voulais attirer votre attention est son comportement à haute vitesse. Par haute vitesse, j’entends des valeurs supérieures à 90 km/h. Certes, ce ne sont pas des vitesses « normales », et d’ailleurs je tiens à préciser que ce sont des vitesses à réserver à des pistes vides. Mais lorsque celles-ci sont atteintes, on pourra remarquer que la spatule commence à trembler. Cela ne rend pas non plus le ski incontrôlable, loin de là, mais ce n’est pas forcément super agréable. Mais il s’agit d’une chose à laquelle on pouvait s’attendre. N’oublions pas qu’on est sur une construction s’approchant du full rocker. C’est même donc plus qu’honorable d’avoir un tel comportement sur piste déjà. Finalement, ce tremblement est un moindre mal !

Mais assez parlé de piste, nous allons passer maintenant au vrai domaine de prédilection du ski : le hors-piste, et les différents types de terrain rencontrés.


Dans les bosses


Dans le domaine du freeride, je vais commencer par évoquer un terrain qui, à première vue, n’est pas un domaine d’excellence pour le Mantra.

En effet, il n’a pas vraiment les caractéristiques d’un ski de bosses : sa largeur ne joue évidemment pas en sa faveur. Il faut savoir que les vrais skis de bosses ont une largeur au patin d’environ 65 mm, soit bien loin des 100 mm de Mantra. Sachant que l’on adopte sur ce genre de terrain un style bien plus « serré », on comprend aisément que cette largeur peut alors se transformer en véritable handicap.

De plus, le gros rayon de courbe de 25 m n’aide pas non plus à tenir la cadence soutenue de virages qu’implique le ski dans les bosses.

Bon, je vais néanmoins nuancer mes propos concernant cette pratique, car différentes philosophies peuvent exister pour l’aborder. Pour illustrer cette idée, je vais citer deux exemples extrêmes :

• On peut l’envisager à la Candide Thovex, c’est-à-dire tracer des grandes lignes droites à travers les champs de bosses ; dans ce cas-là, autant dire que le rayon de courbe ne posera pas problème, et le ski, grâce à sa rigidité, sera un allié de taille (même si je pense qu’il faut viser dans ce cas-là la taille supérieure, en 191)

• Ou on peut partir plutôt sur la méthode Perrine Laffont, c’est-à-dire en donnant une vraie dimension esthétique et technique à la descente des champs de bosses ; c’est dans ce cas de figure que le Mantra ne sera pas le ski adapté à l’objectif recherché

Vous l’aurez sûrement compris, peu d’entre nous peuvent se targuer d’entrer dans l’une de ces deux catégories, qui ne concernent pas le commun des mortels. Mais bien souvent, on pourra se situer à une position donnée entre ces deux philosophies.

Et si le Mantra n’est pas le ski idéal pour ce terrain, je pense tout de même qu’il se défend parfaitement, à la condition sine qua none d’avoir les jambes pour le mener (un point qui, finalement, revient très régulièrement avec ce ski). J’ai retrouvé là d’ailleurs des similitudes avec ce que j’ai pu décrire dans le chapitre des petites courbes sur piste : il est capable d’enchaîner les virages courts et rapides, mais cela va nécessiter un gros travail vertical de la part du skieur. A ce titre, il ne faut pas s’attendre à pouvoir enchaîner un champ de bosses du premier coup. Cela va nécessiter un minimum de pratique, rien que pour appréhender le comportement du ski, et réussir à s’adapter par la suite. Mais une fois les subtilités assimilées, on prend au fil des descentes le « coup de main », et on finit par prendre un certain plaisir même. Ne vous attendez pas non plus à une sensation semblable à ce que j’ai décrit auparavant sur la piste, il faut plutôt se mettre ici dans une logique d’entraînement et de recherche de progrès techniques et physiques. Cela pourra s’avérer bien utile dans certaines situations !


Dans la trafolle


Voilà une autre texture de neige fréquemment rencontrée en hors-piste, à savoir la trafolle. Autant dire qu’il était primordial de s’attarder sur celle-ci : le skieur aimant sortir dès que possible du damé sera amené à évoluer la majeure partie du temps dessus.

C’est dans ce genre de terrain que l’on peut réellement sentir l’âme freeride du Mantra. Rappelons qu’il s’agit d’un des terrains les plus difficiles à appréhender (avec le champ de bosses dont j’ai parlé juste avant). Autant dire que la qualité du ski est ici essentielle pour pouvoir y évoluer un minimum sereinement.

Sa largeur, combinée à son rocker, s’avèrent précieux pour la conduite du ski. Ils permettent finalement d’oublier quelque peu que l’on évolue sur un champ de mines : on ne subit pas complètement la nature du terrain, j’entends par là qu’on parvient à lui dicter un minimum la trajectoire que l’on souhaite. Bon, je vais me répéter, mais il faut là-aussi faire preuve de puissance dans les cuisses. Il s’agit d’un terrain naturellement très physique, et il est clair qu’il demande une grosse adaptation de la part du skieur, et ce quel que soit le ski présent aux pieds. Le Mantra, même s’il facilite bien la tâche, ne va pas non plus vous mâcher totalement le travail, loin s’en faut !

L’adaptation la plus difficile selon moi concerne les appuis transmis au ski : on se trouve ici dans une situation radicalement différente à ce que l’on a sur piste damée. En effet, dans ce dernier cas, comme je le mentionnais, on n’a qu’une seule envie, c’est appuyer toujours plus fort, pour justement chercher cette relance tellement jouissive. Ici, rien de tout cela : il va falloir faire preuve de bien plus de légèreté sur ses appuis. Ceux-ci seront déjà répartis de manière plus équitable entre les deux skis, avec, selon moi, un ratio oscillant entre du 70/30 et du 60/40 en faveur du ski aval.

Même si le ski déjauge naturellement, le poids du skieur devra être légèrement recentré vers l’arrière, au risque de se faire surprendre par les aspérités du terrain. Cela amène à une sollicitation plus importante des cuisses, que l’on va rapidement sentir (la sensation peut se rapprocher de celle que l’on peut sentir en faisant l’exercice de gainage de la chaise).

Enfin, le ski trouvera le plus d’aisance en adoptant une conduite en courbes moyennes, si le terrain le permet : cela permet de conserver un minimum de vitesse (qui est importante pour faciliter la mise en virage) tout en n’allant pas trop vite non plus. Il est en effet facile de se laisser « embarquer » ici, il faudra donc toujours être vigilant sur ce point.

Une fois ces concepts assimilés, on se retrouve cependant à ce que l’on pourrait familièrement qualifier de « bulldozer » aux pieds. On sent que le ski est vraiment fait pour se frayer un chemin à travers ces chemins loin d’être naturels. C’en est d’autant plus gratifiant lorsqu’on s’est enchaîné une descente à un rythme soutenu sur une belle face. Je ne peux que vous conseiller de l’essayer : les premières fois ne seront pas une partie de plaisir, mais lorsque l’on commence à apprivoiser le ski, on ne fait finalement qu’en redemander.

Il m’arrive ainsi de passer des matinées entières à ne faire que de la trafolle, terrain qui rappelons-le, ne représente rien d’un plaisir pour la majorité des skieurs. Mais au même titre que pour les champs de bosses, je suis alors plus dans une approche d’entraînement et de recherche de progrès : c’est ce qui me permet de conserver la motivation à recommencer intacte.


Dans la poudreuse


Je termine ce chapitre hors-piste par le meilleur, à savoir la poudreuse ! C’est bien entendu le terrain idéal pour la plupart d’entre nous ; alors pour prendre un maximum de plaisir, il est préférable d’avoir un ski qui tient la route.

Le Völkl Mantra fait partie de ces skis avec lesquels vous allez vraiment profiter à fond de votre session de peuf. Cette génération en particulier, qui a une largeur de patin assez importante, et surtout un rocker prononcé, est adaptée à la poudreuse. Le ski sera naturellement amené à déjauger, procurant alors cette fameuse sensation de flottaison que l’on recherche tous. Les virages peuvent alors s’enchaîner avec une facilité déconcertante, nous procurant un bonheur rarement égalé. Qui plus est, grâce à son aspect rigide, on se sent malgré tout solide sur les skis : cela permet d’envoyer vraiment fort si on le souhaite. On peut très bien s’imaginer tracer uniquement en très grandes courbes (s’approchant du tout droit) tout en ayant un ski qui ne bouge absolument pas.

Par contre, le Mantra est bien conçu pour le freeride, et pas vraiment pour le freestyle. Il ne faut donc pas envisager de faire des grosses sessions de backcountry avec. Sa rigidité sera pour le coup un handicap lors des réceptions de saut. Bon, lorsqu’il s’agit de sauter des barres ou corniches en sauts droits, cela ne posera pas problème. De toute façon, on reste là dans un programme freeride classique ! Par contre, lorsque l’on est amateur de tricks en tous genres, on s’orientera vers des outils plus adaptés à cette pratique.

Enfin, selon moi, le comportement du ski en poudreuse est top, mais seulement jusqu’à un certain niveau, que j’évaluerais à 30 cm. La couche n’étant pas trop profonde, on peut alors vraiment profiter comme il faut du potentiel du ski. Par contre, au-dessus, on se retrouve avec une couche si épaisse que le Mantra, malgré ses 100 mm, n’arrive plus à faire face. Le bon skieur arrivera malgré tout à trouver du plaisir à skier avec, mais au prix d’efforts plus prononcés et une position plus en arrière. Clairement, on trouvera bien plus de plaisir dans ces situations, qui n’arrivent (malheureusement) pas tous les jours, avec des vrais fats de 115-120 mm au patin.


Pour conclure


Ainsi s’achève ce long test sur les Mantra. Mais il s’agit de skis tellement complets que je m’imaginais mal résumer mon expérience en moins de lignes.

Ils sont pour moi la représentation de l’excellence technique. D’ailleurs, avec du recul, je pense sincèrement qu’ils m’ont aidé à nettement élever mon niveau de ski. C’est notamment les subtilités de la conduite coupée que j’ai vraiment pu saisir avec eux.

Je possède plusieurs paires de skis adaptées à divers usages, et pourtant, ces skis restent ma paire principale, avec laquelle je sais que je me ferai plaisir quelles que soient les conditions. Il n’y a vraiment que dans la poudreuse profonde qu’ils peuvent éventuellement poser problème, et encore tout est relatif.

Par contre, et j’ai insisté sur ce point tout au long du test, il s’agit de skis exigeants physiquement et techniquement. Ainsi, je réserverais leur usage au skieur possédant déjà un bon, voire très bon niveau, et qui est justement à la recherche de skis lui permettant d’encore s’améliorer, avec une notion de challenge liée à la prise en main. Au vu de ces caractéristiques, il ne sera donc pas étonnant d’avoir les cuisses en feu à la fin des premières descentes, et c’est plutôt bon signe : cela signifiera qu’une partie du potentiel du ski a déjà été explorée.

Par contre, une fois ces frontières franchies, je vous garantis une grande dose de plaisir, et une fois une telle dose d’excellence goûtée, il sera difficile de vouloir skier sur autre chose. La preuve, je ne m’en lasse toujours pas après cinq saisons !

Pour qui ?

Les skieurs polyvalents à dominance freeride, qui ont envie d'avoir un ski pour envoyer. Il faut également prévoir les cuisses en conséquences, pour profiter du ski pleinement.

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