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Note moyenne 10/10
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Imaginez… fermez les yeux, et imaginez…
Souvenez vous ces matins poudreux, quand la montagne scintille et vous plisse les yeux. Dehors, l’air frais sur le visage vous tend la peau. Les derniers flocons en suspension paillettent le ciel et l’excitation monte… Il est temps de partir. Partir où ? Avec quoi ?
Rappelez vous jadis, la première décennie du XXI siècle voyait l’avènement des meilleurs skis de freeride jamais conçus. Mais… après quelques mutations interessantes, nous assistions impuissants à la décadence généralisée. La sélection naturelle fut bafouée au profit des plus faibles. Les meutes devinrent des troupeaux, et nous nous retrouvons aujourd’hui avec un cheptel de skis mal nés, allégés ou chétifs, pour la plupart herbivores et quasi stériles.
Alors comment revivre ces émotions d’un autre temps ? Comment recouvrer la juste évolution des espèces, et rendre une noble descendance à ces skis déchus ? Eux, qui régnèrent en maitre sur les faces poudreuses trop peu de temps.
Rude fut la tâche, mais nous ne manquions pas de motivation. En humbles fossoyeurs, il nous fallu récupérer l’ADN de skis fossiles. Partir loin, très loin en quête de druides reculés… par delà le plissement Alpin, et jusque dans la vallée du Giffre. Là bas, se pose en lisère de bois un amas de planche sombres… laboratoire mystique. Après d’âpres négociations, car les skiromanciens ne sont pas avares, j’y ai écouté les incantations funestes de ces sorciers immuables à l’instinction de masse. J’y ai vu la limaille de titanal voler. J’y ai senti la sciure des frênes fougueux dans mes narines… hagard, le doute m’envahissait…
« Et si… Et s’ils réussissaient ? »
Je me réveille en sursaut !
Le jour se lève et j’attrape d’une main tremblante ce ski glacial d’apparence austère. 205 centimètres de colère, 118 millimètres au garrot et une nervosité intrigante. Il vient de neiger…
« il me parle, il m’appelle ».
C’est sur mon dos et a plus de 3500m j’ai du le hisser afin de lui faire gouter sa première neige… Là, dans une pente bordée de glaces anciennes, je chausse sans garantie de survie ces planches méconnues. Quelques prières plus tard je les laisse partir au plus court vers l’aval. J’aimerais tester sa vitesse et il l’a deviné. Surprise ou pas, j’accuse une accélération scélérate. Pas celle que vous pensez… l’autre. La charge semble s’intensifier à chaque nouvelle rupture de pente, une épée de Damoclès pour qui croyait déjà être au bout. Comment deviner une hypothétique limite ? je suis déjà en bas. Abasourdi et les oreilles sous pression, je cherche à cette descente une logique rationnelle afin de rassurer ma cervelle en fusion. Mon binôme en Bodacious196 compris aussi vite que moi que nous avions affaire à la naissance d’un monstre, un dévoreur de pentes à l’appétit décuplé par les siècles. Le prophète ? Peut être
Je négocie enfin quelques courbes et l’angoisse me rattrape. « Nervosité intrigante » disais-je ? Oui. Bâti de telle manière que les skis de courses actuels en sont toujours inspirés, songez une seconde armer un mètre de talon de frêne sélectionné pour sa véhémence. Une fois arqué, il faut faire feu. Entelodonte capitalise l’énergie sur toute son envergure et libère un rebond herculéen. Pourtant modeste illusioniste, je me téléporte littéralement d’un bord à l’autre du couloir. L’arrogance du ski fini par s’emparer de moi. « S’il il peut le faire, je dois le faire » Mes pupilles se dilatent et mes canines poussent… il me faut plus de neige, plus de pente, plus de sang.
La magie, signature des planches Aluflex n’a pas été oubliée. A basse vitesse je profite d’un ski presque facile, agile en forêt ou dans les bas d’itinéraires exigus. Dans la neige tracée il a propension à s’élever, et passe les obstacles d’une violente douceur. Tout à fait gérable en station et sur le damé, presque bon carveur entendu la longueur de carre. Gardez néanmoins en tête de promener un ski prédateur. Ne le dupez pas trop longtemps avec quelques bords de pistes, ou il y choisirait une proie facile. Parfois mes compagnons d’aventure me parlent de poudreuse matée ou travaillée par le vent… elle est devenue comestible, comme le reste.
Plutôt partisan du moins large, j’ai du mal à imaginer prendre autre chose lorsque les conditions le permette. Le sortir est toujours le gage d’une journée mémorable, d’un retour vers le futur de ce qu’aurait du devenir le ski freeride. Chimère torturée d’un Darwinisme sadique, Entelodonte confond enfin les pouvoirs d’accélérations de vilaines barres ancestrales et la portance en neige fraiche des temps nouveaux…
Malgrès l’emprise que ce ski a sur moi, le compter aujourd’hui parmi les miens a quelque chose d’apaisant, symbole que nos efforts ne furent pas vains… je me garde toutefois de le sortir à la pleine lune, car sachez le, si Entelodonte est revenu, d’autres doivent disparaitre…
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3 Commentaires
malheureusement trop souvent absente de nos pentes