Météo et neige : le bilan de l'hiver 2022/23 dans les Pyrénées, Vosges, Massif-Central et Jura

La saison de ski alpin est désormais officiellement terminée en France. Comme chaque année nous vous proposons un retour sur les conditions météorologiques et d'enneigement de cette saison hivernale au sens "large" (d'octobre à début mai).

Petite nouveauté : on développe cela en deux articles différents cette année. Le second, présenté ici, traite des Pyrénées, du Massif-Central, des Vosges et du Jura. Notre premier bilan, publié il y a quelques jours, évoqué lui en détails le massif alpin (Nord et Sud). Bonne lecture.

Un automne plutôt classique et doux :

Après un été évidemment caniculaire, et souvent sec ; une première anecdotique, et tout à fait habituelle, offensive neigeuse s'est produite autour du 30 septembre. Rien de significatif donc mais un premier petit coup de blanc sur les sommets au-dessus de 1400/1600 mètres environ avec localement 10-15 cm de poudreuse en haute-montagne. Pas de quoi sortir les skis en septembre, comme cela a pu être le cas en 2020, mais l'occasion de nous plonger pleinement dans l'automne météorologique.

Pourtant, une très bonne partie du mois d'octobre sera ensuite remarquablement douce avec même une sensation passagèrement estivale en vallées et pentes Sud. Le temps change autour du 19-21 octobre avec la mise en place d'un courant de Sud-Ouest plus dynamique et perturbé. Il s'accompagne de fortes précipitations sur les crêtes frontalières de l'Espagne ... mais également d'un air très doux ; la neige est donc souvent aux abonnées absentes à la fin du mois. 

Elle refait une brève apparition en haute-montagne autour du 05 novembre ... puis on assistera au retour d'un courant d'Ouest-Sud-Ouest majoritairement anticyclonique et particulièrement doux avec des températures 4 à 6 degrés au-dessus des moyennes durant plusieurs jours. 

A l'échelle de la France la situation météorologique évolue nettement vers le 20 novembre. Les hautes-pressions s'effacent et laissent places à un courant d'Ouest-Nord-Ouest majoritairement dépressionnaire et plus frais. Il ramène de l'humidité sur la chaîne, et les premières chutes de neige véritablement significatives sont observées jusqu'en moyenne-montagne le 22 novembre comme ci-dessous sur le domaine de Cauterets (65). La sous-couche peut, enfin, se constituer en haute-montagne.

Ce type de temps, enneigeant surtout le centre et l'Ouest de la chaîne, se poursuivra jusqu'en fin de mois. Il faudra tout de même composer avec quelques phases plus douces, et donc une limite pluie-neige qui remonte assez haut temporairement. 

Décembre et début-janvier très calmes et peu enneigés : 

Si la première moitié du mois de décembre a été souvent froide en France (on l'a évoqué pour les autres massifs) : cela a moins été le cas sur la chaîne pyrénéenne. Les dépressions, basses en latitude, drainaient un flux d'Est (et donc continental froid) sur le Nord du pays mais plutôt Ouest à Sud-Ouest côté Pyrénées ... puisqu'on était située sur le flanc Sud de ces dépressions. Les coups de frais ont donc été brefs, et des redoux s'intercalaient. Faute de nouvelles chutes neige significatives, l'enneigement passe à la mi-décembre bien en-dessous des moyennes de saison sur l'ensemble de la chaîne.

La seconde quinzaine du mois de décembre fut elle souvent sèche, et surtout exceptionnellement douce avec des température situées parfois plus de 10 degrés au-dessus des valeurs normalement observées à cette période.

Fatalement et qui plus est en versants Sud, voyant plus nettement le soleil pendant que les versants Nord sont bien à l'ombre à ce moment de l'année ; les conditions se sont sensiblement dégradées jusqu'à la fin de l'année. La comparaison ci-dessous des paysages entre le 10 decémbre et le 28 décembre est parlante : la neige naturelle manque cruellement pour les vacances de Noël ici au niveau du col du Pourtalet (65).

Le 1er janvier un remarquable pic de douceur est même observé avec localement +18 degrés observés en vallées vers 900 mètres d'altitude ! Quelques gouttes, jusqu'à 3000 mètres, s'invitent même pour clôturer le spectacle ensuite sur le Sud-Ouest de la chaîne. La première semaine de janvier restera particulièrement calme avec un déficit d'enneigement qui continue de s'accentuer partout ...

Retour, bref mais significatif, de l'agitation avant le calme global de février :

La situation météo se débloque enfin dès le 07-08 janvier et heureusement, car certaines stations ont du fermer faute de neige quelques jours auparavant. Nos hautes-pressions s'éloignent sur la péninsule-ibérique et un courant d'Ouest plus perturbé prend le relias sur le pays. Il enneige de manière modeste les Pyrénées dans un premier temps ... ne touchant pratiquement pas les Pyrénées Catalanes en bout de course de ces perturbations d'Ouest. 

Entre le 15 et le 21 janvier le flux d'Ouest, puis Nord-Ouest, devient beaucoup plus incisif. Les précipitations sont plus durables et marquées et l'air froid s'invite progressivement. Qui plus est en toute fin de période perturbée où le flux tend même à basculer au Nord avec un effet de blocage des précipitations sur la chaîne pyrénéenne qui est perpendiculaire au vent de Nord. La fraîcheur ramène même la neige en vallées. Le déficit d'enneigement est ainsi en grande partie rattrapé ... 

L'illustration ci-dessous indique d'ailleurs les caractéristiques de l'enneigement en fonction des massifs au 23 janvier. On vient bien que la situation s'est sensiblement améliorée avec même un enneigement qui devient par endroits "très excédentaire". Notons que côté Pyrénées-Orientales la situation reste délicate avec un manque de neige ... surtout dans les massifs enneigés par courant d'Est ou Nord-Est humide (absents depuis l'automne) que sont la Cerdagne et le Canigou.
Un temps froid s'installe ensuite pour la fin-janvier, accompagné d'un air sec. Avec des hauteurs de neige satisfaisantes pratiquement partout c'est donc la plus belle période de la saison sur les pistes et en dehors pour l'ensemble des pratiquants. La séquence anticyclonique de février sera, un peu comme partout en France, interminable sur la chaîne. 

Tout au long du mois de février les conditions d'enneigement vont progressivement se dégrader presque partout et on passera rapidement au-dessous des normes en terme d'enneigement à toutes altitudes. Il faudra d'ailleurs faire avec pour le début des vacances de février puisque la situation restera figée jusqu'au 21 février puis elle va changer.

En effet, une goutte froide (air froid d'altitude) vient se centrer à la fin du mois de février sur la péninsule-ibérique. Elle y restera jusqu'au 2 mars avant de se décaler en Méditerrannée. A l'avant de cette goutte froide, de l'air doux et humide concerne la chaîne surtout les crêtes frontalières d'Espagne (flux de Sud) où elle ne donne de la neige qu'à haute-altitude. Puis le flux pivote, enfin, à l'Est et s'accompagne d'un air moins doux. Conséquemment, la neige tombe enfin de manière signifative (parfois pour la seule fois de l'hiver !) sur les Pyrénées-Orientales. Le Puigmal, le Haut-Capcir, le Puymorens et une partie de l'Ariège récoltent alors en quelques jours 30 à 50 cm de neige voire 70 cm très localement. Plus à l'Ouest, et c'est tout à fait classique dans ce genre de situation : la masse d'air se retrouve asséchée et il neige bien moins ... la situation inverse que lorsque le vent souffle de l'Ouest ou du Nord-Ouest en somme.

Bref, entre la neige qui arrive vraiment mais ... là où elle était absente et qui ne revient que ... faiblement là où elle était présente mais en quantités dérisoires : ce n'est toujours pas la fête début mars pour la fin des vacances. Et sans un véritable mois de mars humide et froid la saison est vite pliée en basse-montagne où elle n'aura duré que quelques jours fin-janvier. 

Une arrière saison plus classique :

Le blocage anticyclonique sur l'Europe Occidentale prend donc fin débuts-mars. Un puissant système de hautes-pressions va se constituer et perdurer tout au long du mois en Espagne. Sur les Pyrénées il va piloter un flux d'Ouest-Nord-Ouest parfois anticyclonique et parfois plus perturbé. Dans ce contexte les perturbations défilent sur la partie occidentale de la chaîne ... mais se retrouvent asséchées sur le centre et surtout l'Est de la chaîne. 

La carte ci-dessous présentée ci-dessous montre bien que la chaîne pyrénéenne est plutôt restée en marge de la séquence perturbée de début-mars ... hormis tout à l'Ouest donc. Notons à quel point le cumul est dérisoire (1 à 5 mm) sur les Pyrénées-Orientales notamment. Après le 11-12 mars ce type de temps va se maintenir, mais les perturbations restent faibles et peu organisées sur la chaîne. Ainsi : tandis que la saison repart de plus belle en altitude sur une bonne partie des Alpes, les Pyrénées ne peuvent pas forcément gouter à ce plaisir.

Parenthèse enchantée entre le 1er le 2 avril. Le flux de Nord dépressionnaire devient plus frais et dynamique. La neige revient un peu partout (sauf sur l'extrême Est de la chaîne) et dépose une couche de 20 à 40 cm en moyenne et haute-montagne permettant à de nombreux pratiquants de ressortir les skis. D'autant que notre anticyclone espagnol nous protègera des perturbations ensuite jusqu'au 12-13 avril ... avant le retour d'un peu d'humidité par l'Ouest. Ainsi, de la mi-avril à la mi-mai : les conditions seront relativement humides et fraîches la plupart du temps avec des parenthèses particulièrement très chaudes notamment le 28 avril (records de chaleurs pour un mois d'avril parfois battus) en lien avec la canicule précoce qui frappa l'Andalousie.

Dès le 07 mai la fraîcheur sera de retour et quelques offensives neigeuses, peu marquées mais assez fréquentes pour la période, touchent une bonne partie de la chaîne durant une dizaine de jours. Cela aurait pu permettre une très bonne arrière saison ... si la sous-couche avait été là, ce qui n'a souvent pas été le cas.

Au final : un hiver clairement peu enneigé.

En effet, lorsque l'on fait un bilan global de cette saison : la première chose qui ressort c'est la fonte particulièrement avancée au premier mai. Le graphique de gauche ci-dessous, représentant les quantités de neige présentes sur l'ensemble de la chaîne, nous montre bien que l'on flirte avec les records ...

Le graphique de droite ci-dessous nous montre lui que ce manque de neige a, globalement là-aussi, été une constante de cette saison 2022/2023 hormis la courte embellie de fin-janvier où les quantités de neige étaient très satisfaisantes. Plusieurs causes à ce constat :

- une saison (octobre à mai) généralement très douce malgré quelques parenthèses fraîches empêchant au manteau neigeux de se maintenir dans la durée hormis en haute-montagne.

- des séquences anticycloniques parfois très durables (notamment en février) dans des périodes où les perturbations ont de fortes chances d'être neigeuses à toutes altitudes.

- une sécheresse structurelle (qui date de plusieurs mois) sur les Pyrénées-Orientales et qui tire forcément cette moyenne vers le bas. 

Quoiqu'il en soit : après de très bons hivers il y a quelques années (2012/2013, 2014/2015 notamment) la tendance de ces dernières années est clairement à une aggravation des conditions d'enneigement sur l'ensemble du massif. La plupart des domaines skiables ont vu, cette année encore, leur saison "sauvée" par la production de neige de culture en particulier dans les stations catalanes.

Le mois d'octobre a été, comme partout, exceptionnellement chaud (3 à 5 degrés au-dessus des moyennes normalement observées, sur l'ensemble du mois) et a donc totalement annihilé les possibilités de voir tomber les premiers flocons sur ces massifs. 

Il faut ainsi attendre le mois de novembre, et l'arrivée des perturbations atlantiques pour voir de potentielles chutes de neige arriver. Ce sera chose faite vers le 03-04 novembre avec le passage d'un premier front front apportant de la neige dès 1200/1300 mètres voire 1100 mètres dans le Jura.
Tout cela est temporaire ... le flux tourne vite à l'Ouest-Sud-Ouest et l'on retrouve une alternance de phases douces et sèches et de passages pluvieux parfois marqués jusqu'au 17 novembre.

Puis le flux pivote à nouveau au Nord-Ouest ramenant plus de fraîcheur avec l'humidité, la neige fait son retour autour du 18-19 novembre sur les deux massifs à des altitudes raisonnables. Le courant de Nord-Ouest, assez peu dynamique, tend à se maintenir jusqu'à la fin du mois. Avec des températures souvent limites la couche de neige peine tout de même à s'épaissir franchement sous 1400/1500 mètres.

La première moitié du mois de décembre sera bien hivernale ... côté mercure. Les précipitations restent en effet plutôt rares, mais se produisent sous forme de neige à toutes altitudes. Durant deux semaines une masse d'air froid en provenance de mer du Nord déferle en effet sur les deux massifs qui se retrouvent en première ligne.

La carte ci-dessus indique une anomalie thermique de l'ordre de 2 degrés sur cette première quinzaine. Ainsi, la production de neige de culture démarre de plus belle sur les deux massifs permettant aux domaines skiables de constituer une couche de neige, possiblement, suffisante puisqu'il faut ajouter à cela les petits épisodes neigeux de fin-novembre/début décembre. 

Sur les photos ci-dessous on remarque parfaitement ces deux éléments sur la première image du 17 décembre : une neige naturelle présente un peu partout à cette altitude, sur le domaine de la Bresse, et des tas de production de neige de culture imposants.

Tout cela ne sera pas de trop pour la suite de l'hiver ... Dès le premier week-end des vacances de fin d'année (18-19 décembre) un puissant redoux s'invite. Il sera durable avec un profond flux d'Ouest-Sud-Ouest humide et doux qui s'installe jusqu'à début janvier. Les températures s'envolent, on passe souvent 6 à 8 degrés au-dessus des "normes" sur les deux massifs. Pire, autour du 23-24 décembre, la pluie s'invite partout à toutes altitudes et lessive en très grande partie le manteau neigeux sur l'ensemble des domaines skiables. Le déficit d'enneigement est notable entre Noël et début-janvier. Seules quelques bandes de neige artificielles résistent sur certains domaines comme la deuxième illustration ci-dessous en témoigne, toujours à la Bresse-Hohneck. Evidemment, nombreuses sont les pistes qui doivent fermer sur les deux massifs. 

A partir du 07-08 janvier la situation devient plus hivernale, on assiste alors à 3 semaines assez "classiques" enfin. Nos dépressions d'origine polaire viennent étendre leur influence sur les deux massifs. Elles pilotent un flux de Nord-Ouest souvent humide et plutôt frais. Jusqu'au 17-18 janvier environ, les épisodes neigeux (jusqu'en basse-montagne) alternent avec des phases plus sèches voire brièvement ensoleillées. Par la suite, le flux tourne à l'Est-Nord-Est. Un froid sec, avec pas mal de grisailles, prend alors le relais. Le ressenti reste ainsi hivernal. 

Comme partout ailleurs, le mois de février sera généralement assez sec (déficit de précipitations autour des 60-80 % en fonction des secteurs) et bien ensoleillé. Les températures se situeront légèrement au-dessus des moyennes de saison. Brièvement, de petites incursions humides s'invitent mais elles sont trop éphémères côté neige pour permettre au manteau neigeux de s'épaissir.

A l'inverse, le soleil de février commence à faire son effet et attaque souvent le maigre manteau neigeux qui s'était reconstitué en janvier. Rebelote donc ... la photo ci-dessous, toujours à la Bresse (Vosges) est parlante : la neige manque à nouveau fin-février/début-mars sur l'ensemble des domaines skiables avec un déficit d'enneigement particulièrement marqué pour la période autour du 05 mars où le paroxysme d'enneigement est normalement atteint vers 1200-1400 mètres sur ces deux massifs. Ce ne sera absolument pas le cas cette année. 

Changement radical de temps à partir du 07-08 mars. C'est, enfin, le retour d'un rapide et puissant flux d'Ouest largement perturbé. Les perturbations vont alors s'enchaîner jusqu'en fin de mois, avec de courtes phases d'accalmies/embellies qui s'intercalent. La masse d'air, d'origine atlantique, est relativement douce. Si la neige s'invite fréquemment sur les plus hauts-sommets jurassiens au-dessus de 1500 mètres ; elle est beaucoup plus éphémère ailleurs plus bas. Bref, cela ne suffit pas à relancer la saison ... qui se terminera partout fin-mars avec la fermeture des derniers domaines skiables.

Par la suite, ces conditions automnales (humidite, fraîcheur relative, pluies, neige temporaire surtout sur les plus hauts-sommets) vont se maintenir tout au long du printemps. La carte ci-dessous indique bien que entre le 1er mars et le 11 mai le déficit d'ensoleillement est relativement marqué sur le Nord du pays et donc sur nos deux massifs dont nous parlons.

Vosges et Jura qui ont donc, in-fine, connu un hiver très peu enneigé et vraisemblablement représentatif de ce qui nous attend très fréquemment à l'avenir (pluie majoritaire sous les perturbations, redoux dévastateurs, courts intermèdes hivernaux notamment mi-janvier, vacances scolaires peu enneigées ...). Une saison à oublier donc ...

Nous l'avons donc vu : les Pyrénées ont connu un maigre enneigement durant cette saison 2022/2023. Il en a été de même pour les Vosges et le Jura. Seules les Alpes du Nord et les Ecrins ont connu un hiver (au sens large, jusqu'en mai) relativement correct ... en altitude, souvent grâce à une belle arrière saison avec des mois de mars/avril bien enneigés en haute-montagne. 

Autre massif ayant connu un enneigement correct : la Corse. Le relief de l'île a en effet connu deux offensives neigeuses majeures. L'une mi-janvier et l'autre fin-février/début-mars grâce à un notable retour d'Est. Début mars les montagnes corses étaient d'ailleurs, à altitude équivalente, bien plus enneigées que leurs collèges alpines et pyrénéennes. C'était donc là-bas qu'il fallait être pour profiter de la plus belle épaisseur de neige durant les vacances d'hiver. Faute de données suffisantes, nous ne pouvons plus développer le bilan de la saison sur ce massif corse à notre grand regret ...

Il nous reste donc un relief à évoqué pour terminer ces bilans météo/neige 2022-2023 : le Massif-Central. Il ne fait pas exception : le manque de neige a été, généralement, un marqueur de cette saison. 

Et cela a d'ailleurs démarré très fort de ce côté-là. Si le mois d'octobre a parfois vu les premières offensives neigeuses toucher les sommets par le passé ... inutile d'envisager une situation de la sorte en 2022. La grande vague de douceur qui a concerné le pays n'a pas permis à la neige de s'inviter ici. Le graphique ci-dessous permet d'ailleurs de contextualiser les températures observées durant ce mois d'octobre 2022 : des valeurs, à l'échelle du pays, constamment au-dessus des moyennes durant tout le mois avec un excédent particulièrement marqué après le 13 octobre. Octobre exceptionnel partout, y compris sur le Massif-Central donc.

En novembre, les conditions évoluent. L'anticyclone s'efface au Sud-Ouest. Il laisse, rapidement, le champ libre aux perturbations atlantiques. Ces perturbations s'accompagnent de quelques chutes de neige vers le 03-04 mais elles n'apportent qu'une dizaine de centimètres au-dessus de 1400/1500 mètres, insuffisant pour démarrer la saison. La seconde dégradation, vers le 07-08 est pluvieuse à toutes altitudes et l'on se retrouve souvent au "vert" partout le 12 novembre. 

Une période perturbée un peu plus durable s'ouvre le 14 novembre et se prolongera jusqu'à la fin du mois sous un courant d'Ouest à Nord-Ouest majoritairement perturbé. L'air, d'origine atlantique, est assez doux pour la période. Dans ce contexte on assiste à une alternance de refroidissement modestes et de redoux non favorables à un cumul de neige durable ou notable en altitude bien que la neige s'invite par moments vers les 1000 mètres. En fin de mois, le champ de pressions est orienté à la hausse. Les épaisseurs de neige sont alors modestes pour la période au 1er décembre. 

Le flux de Sud-Ouest  à Ouest devient bien plus frais à partir du 03 décembre et la neige fait alors une apparition plus notable, sur tous les secteurs jusqu'à basse-altitude. C'est la plus belle fenêtre de skis qui s'ouvre depuis le début de la saison d'autant que, à l'arrière, de l'air froid plus sec prendra le relais. Un premier paroxysme d'enneigement est atteint mi-décembre avec généralement 15 à 25 cm de neige au sol vers 1200 mètres et 30 à 40 cm de neige vers 1500/1600 mètres. Mais les pluies verglaçantes se sont parfois invitées là-dessus, notamment sur l'Ouest du massif. 

Le courant d'Ouest devient très doux en seconde quinzaine de décembre. Il s'accompagne d'une alternance de journées ensoleillées et très douces (plus fréquentes sur l'Est du massif) et de passages pluvieux à toutes altitudes (plus nombreux sur l'Ouest du massif). Le 1er janvier est exceptionnellement doux (jusqu'à +12 degrés vers 1300 mètres) et le manque de neige est présent ... partout.

Le retrait de l'anticyclone entraînera le retour d'un temps perturbé et moins doux à partir du 07-08 janvier. Les perturbations, faibles, circulent. Elles apportent de la neige surtout sur les plus hauts sommets. Le 15 janvier : le contexte météo tant attendu est enfin là, pour quelques jours. Le flux pivote au Nord-Ouest, humide et frais, en bordure de dépressions circulant sur le Nord de la France. Des chutes de neige se produisent durant 5 à 6 jours en fonction des secteurs. L'Ouest du Puy de Dôme et du Cantal (là où se situent les plus grandes stations de ski) sont bien touchés avec une couche de neige qui atteint son pic de toute la saison, et qui ne sera plus atteint ensuite, avec jusqu'à 40-60 cm de neige vers 1200 mètres et 80 cm à 1 mètre au-dessus de 1500 mètres relevés au sol. Sous ce courant de Nord-Ouest l'Est du massif (Ardèche, Haute-Loire, Pilat, Forez ...) est bien moins touché.

Le temps se calme fin-janvier. Mais la fraîcheur est là et les conditions sont sèches. Le manteau neigeux se tasse progressivement mais ne fond pas trop. Les conditions anticyloniques, notablement sèches dans la durée, vont se maintenir une bonne partie du mois de février. Si la fonte est timide, hormis plein Sud, en première partie de mois : elle s'accentuera un peu en fin de mois en raison du soleil plus haut dans le ciel, des jours plus long (plus court regel nocturne) et d'une légère hausse du mercure. Nous arrivons alors fin-février avec un enneigement très maigre, voire particulièrement mauvais là où les perturbations de janvier ont été trop peu actives ... exemple ci-dessous du côté des Estables (43) où seule une bande de neige subsiste.

En lien avec une dépression ibérique : des précipitations, faibles, débordent entre le 21 et le 25 février. Elle n'apporte de la neige que sur les plus hauts sommets et de manière anecdotique puis à basse altitude (anecdotiquement là-aussi) en toute fin de mois. On attaque ainsi le mois de mars avec un manque de neige, partout.

Autour du 06-07 mars : le grand changement de temps est là. Nos hautes-pressions s'effacent, quasi-définitivement. Elles laissent le champ libre à un courant d'Ouest durablement humide et bien actif sur la partie occidentale du massif. Les perturbations s'enchaînent. La limite pluie-neige fait le "yoyo" mais ne descend que très rarement en-dessous de 1200-1400 mètres sauf vers le 26 mars où, à la faveur d'un flux tournant plus franchement au Nord-Nord-Ouest la neige descendra vers 1000 mètres et apportera une couche de 15 à 25 cm au-dessus de 1300 mètres environ.

Alors que les stations ont alors fermé leurs portes : un dernier petit coup de neige se produit dès 1000/1200 mètres le 1er avril puis 1200/1400 mètres le 13 avril. A part ça le temps est ... typique d'un mois d'avril entre giboulées, de pluies ou de neige donc, et d'éclaircies avec un mois bien humide après un mois de mars déjà bien arrosé. Ce constat ne vaut pas pour l'Est et le Sud-Est du massif (Cévennes notamment) où la sécheresse perdure ...

Il ne reste à ce jour (20 mai) que d'anecdotiques névés au-dessus de 1650 mètres en Sancy et monts du Cantal, signes d'un hiver peu enneigé. En effet, l'enneigement aura été franchement moribond tout au long de la saison sur le massif voire très nettement déficitaire sur la partie Est donc. La faute à : la douceur évidemment, un temps sec en janvier-février, et la persistance du courant d'Ouest humide mais doux en novembre et mars.

Bref, cette saison 2022/2023 aura été sur l'ensemble des massifs français : douce (avec des records mensuels ou journaliers de chaleurs battus en octobre et décembre, voire avril localement), particulièrement sèche en "cœur" d'hiver (de mi-janvier à début-mars) et humide en fin de période (mars/avril) ... mais c'était souvent trop tard pour la consitution du manteau neigeux hormis à haute-altitude dans les Alpes.

On vous donne rendez-vous pour les futurs articles dès l'automne 2023 ... voire plus tôt si la neige s'invite de manière significative avant.

Bonne saison estivale à toutes et tous et merci de votre fidélité depuis septembre !