6 mois plus tard, nous revoilà. Un premier article météo vous est proposé ce 19 octobre. Pourquoi ? Car, après des conditions estivales qui se sont éternisées, un temps beaucoup plus automnal est en train de se mettre en place durablement sur le pays.
C'est donc l'occasion pour nous de rechercher les premiers signaux de neige sur nos massifs, à court terme mais également à plus longue échéance… où cela pourrait devenir intéressant !
Bien évidemment vous retrouverez, comme chaque saison depuis 2015, nos points météo/neige deux fois par semaine à partir du lundi 20 novembre.
D'ici là, nous publierons des articles dès lors que la situation l'exige et donc que l'agitation est de la partie.
Si l'été 2023 n'a pas été aussi exceptionnel que le précédent, il a tout de même été bien chaud se classant en quatrième position de ce côté-là depuis le début des relevés.
En revanche, c'est la période septembre/mi-octobre qui est rentré dans l'histoire de la climatologie de notre pays. En effet les conditions estivales se sont prolongées inlassablement. Hormis un petit assaut automnal autour du 23 septembre avec un petit saupoudrage de neige, notamment sur les Alpes du Nord, le temps est resté très chaud et sec jusqu'à la semaine dernière.
C'est véritablement sur la première moitié d'octobre que l'anomalie chaude a été la plus remarquable. Comme le graphique ci-dessous en témoigne, il s'agit de la première quinzaine la plus chaude depuis le début des relevés… et de loin.
Pour nous, skieurs ou pratiquants de montagne, les conséquences sont nombreuses :
- la difficulté morale de se projeter sur le début d'hiver, qui n'est pourtant plus si loin.
- l'absence de chutes de neige, et donc de constitution de sous-couche à haute-altitude.
- des glaciers qui ont continué de souffrir, et de subir une fonte, alors que la saison d'ablation se termine généralement vers la fin-septembre voire tout début octobre au plus tard pour ceux mal exposés.
- l'impossibilité totale de sortir les skis comme cela peut parfois être le cas.
En effet : octobre, c'est généralement le mois du cœur d'automne. Il peut être très différent d'une année sur l'autre. En 2022 il a également été chaud et très sec. En 2020 en revanche, et ce n'est pas si loin, il fut remarquablement humide et neigeux et nombreux sont ceux qui parmi vous avait déjà sorti les skis. Cela tranche avec cette année !
Cette année justement, que va t'il se passer à présent ? Nous dirigeons nous vers le même type de temps pour la dernière décade du mois ? Clairement pas.
Si il sera impossible de rattraper l'excédent thermique, tant il fut important, les conditions sont en train d'évoluer. Concrètement : l'automne est en train de s'affirmer. Le déficit pluviométrique pourrait lui être rattrapé à la faveur du retour d'un temps perturbé sur la plupart des régions. Et c'est déjà le cas depuis 2-3 jours, notamment sur le Sud du pays.
Pour quelles raisons ? Nous étions depuis fin-septembre soumis à un blocage anticyclonique durable. Cet anticyclone étant originaire des Açores, il s'accompagnait ainsi de cet air très doux voire chaud par endroits. La bonne nouvelle : les anticyclones (hautes-pressions) nous laissent tranquilles et sont en train de se rétracter. Sur la carte ci-dessous, représentant la situation météorologique attendue demain vendredi, l'anticyclone des Açores rejoint sa zone de prédilection (plages de couleurs rouges et valeurs de pressions autour des 1020 hectopascals) tandis qu'un autre système de hautes-pressions s'étire en Scandinavie (champ de pressions autour des 1020-1030 hectopascals) et n'étend donc pas, non plus, son influence sur l'hexagone.
Nous nous retrouvons dans un premier temps soumis à un rapide flux de Sud, piloté par les basses-pressions (champ de pressions autour des 975 hectopascals) sur le proche-Atlantique. C'est pour cela que de fortes intempéries, en provenance de Méditerrannée, touchent le Sud-Est du pays. Ces fortes précipitations vont toucher les Alpes du Sud ces prochaines heures puis les Alpes du Nord demain vendredi notamment en cours de matinée.
Malheureusement nous sortons d'une longue période chaude et il n'y a pas de "réserve" d'air froid à proximité... l'essentiel des précipitations se produira donc sous forme de pluies sous 2800/3000 mètres.
A l'arrière des plus fortes intensités, un air un peu plus frais commence à s'engouffrer vendredi soir… amenant avec lui un peu de neige en haute-montagne sur les Alpes du Nord.
C'est donc tout de même une bonne nouvelle pour nos glaciers qui devraient faire le plein sur le haut de leur bassin d'accumulation.
Ce jeudi, de bonnes pluies ont déjà circulé sur l'extrême Ouest de la région. Un temps typique "de Sud" se met en place actuellement dans nos vallées et massifs avec une alternance de nuages élevés, parfois épais, et d'éclaircies qui peuvent être belles sous le foehn. En effet, le vent de Sud souffle fortement en zones les plus exposées.
Les précipitations vont reprendre en cours d'après-midi proche des Ecrins (Oisans, Galibier...), avec la neige vers 3000/3200 mètres sur ces secteurs, puis en Haute-Maurienne d'ici la soirée. En fin de nuit prochaine une zone de fortes pluies se met en place par l'Isère. Elle gagne les Préalpes avant l'aube puis l'ensemble de nos massifs au fil de la matinée en se décalant progressivement vers l'Est. La neige se situe vers 3000/3200 mètres puis 2500/2700 mètres environ sous les fortes intensités. Notons que en gagnant les vallées internes (Tarentaise notamment), les précipitations perdront en intensité. Avant de s'évacuer par l'Italie en début d'après-midi vendredi, ces précipitations donnent un peu de neige jusqu'à 2300/2400 mètres... puis c'est l'accalmie.
Mais, vendredi soir, de très nombreuses averses vont reprendre par l'Ouest. Elles se prolongeront tout au long de la nuit de vendredi à samedi touchant surtout la Haute-Savoie et le Nord de la Savoie comme la carte de gauche ci-dessous en témoigne. La masse d'air sera donc moins douce qu'en journée sous ces averses avec un isotherme 0 degré (altitude où le zéro degré est atteint) qui navigue vers 2500/2600 mètres environ comme la carte de droite ci-dessous en témoigne. Ces averses donneront ainsi des chutes de neige à partir de 2200/2300 mètres, voire 2000/2100 mètres sous les dernières giboulées samedi à l'aube avant le retour au sec (de très rares averses peuvent reprendre en cours d'après-midi sur les hauts-massifs).
Ainsi, sur l'ensemble de l'épisode de jeudi après-midi à samedi matin on pourrait relever :
- au-dessus de 3400 mètres : 20 à 30 cm de neige en Vanoise, 35 à 45 cm de neige dans le Mont-Blanc, et 40 à 60 cm en Oisans.
- vers 3000 mètres : 15 à 25 cm de neige sur la plupart des massifs, jusqu'à 30 cm dans le Mont-Blanc.
- vers 2600 mètres : 2 à 5 cm de neige sur la plupart des massifs, voire une dizaine de centimètres en Haute-Savoie.
Qui dit flux de Sud à Sud-Ouest dit distribution des plus forts cumuls de précipitations sur les Alpes du Sud comme nous vous l'indiquions dans notre article sur l'enneigement des massifs français.
La carte ci-dessous, modélisant l'accumulation des prochaines 48h, témoigne bien de cela. C'est d'ailleurs du côté du Mercantour que le paroxysme de ces intempéries est attendu. Si l'épisode ne devrait pas atteindre l'ampleur de la tempête Alex, des dégâts sont malheureusement redoutés dans ces secteurs...
Et pour cause, la présence d'un air trop doux en provenance de Méditerrannée ne permettra à la neige de s'inviter qu'à partir de 3000/3200 mètres sur une très grande partie de l'épisode entre jeudi soir et vendredi matin. Il neigera donc sur les plus hauts-sommets de l'Ubaye, du Queyras, et surtout des Ecrins où les quantités s'annoncent importantes.
En fin de matinée de vendredi et mi-journée, la neige descend un peu vers 2600/2800 mètres puis le temps s'assèche souvent vendredi après-midi.
Le soir, des averses reprennent sur les Hautes-Alpes et la Haute-Ubaye avec la neige qui descend vers 2300/2500 mètres environ. Ces averses ne touchent pas les Alpes-Maritimes. En seconde partie de nuit de vendredi à samedi les averses se cantonnent à l'Ouest des Ecrins puis elles cessent partout à l'aube samedi.
Ainsi sur l'ensemble de l'épisode on attend :
- au-dessus de 3400 mètres : 40 à 60 cm de neige dans les Ecrins, voire un bon mètre sur les plus hauts-sommets au-delà de 3600 mètres.
- vers 3000 mètres : 10 à 20 cm de neige dans les Ecrins voire 25 cm en Valgaudemar/Vallouise, 5 à 10 cm en Haute-Ubaye et Mercantour (localement 15 cm sur les secteurs soumis à la lombarde).
- vers 2600 mètres : 2 à 5 cm de neige sur la plupart des massifs.
Une accélération de la mise en place de l'automne donc, mais clairement pas un assaut hivernal.
Ce constat est d'ailleurs valable pour l'ensemble des massifs du pays. Il ne neigera, forcément, pas sur le Massif-Central, les Vosges ou encore le Jura.
Dans les Pyrénées : sous l'épisode de Sud ce jeudi la neige ne descend pas sous 3000 mètres. Puis, vendredi : des averses circulent. Elles sont neigeuses au-dessus de 2500/2600 mètres et même 2200/2300 mètres sous les dernières giboulées en fin de journée/début de soirée. Ainsi, on aura tout un plus un saupoudrage vers 2700/2900 mètres, 1 à 3 cm vers 3000 mètres voire 2 à 5 cm vers 2800 mètres et 10 cm vers 3100 mètres sur l'extrême Ouest de la chaîne.
Alors, s'agit-il d'une éphémère tentative d'arrivée d'automne ou bien d'une installation durable de conditions perturbées ? Et bien, c'est la dernière option qui est retenu.
Nous assistons à un profond changement de temps, avec une circulation météorologique qui évolue à grande échelle.
Que va t'il se passer à plus long terme ? Les conditions seront mitigées tout au long du week-end, avec tout de même de belles périodes ensoleillées dans nos massifs pour pouvoir en profiter, notamment dimanche où le soleil devrait l'emporter partout.
Lundi, le courant de Sud s'accélèrera à nouveau sur le pays annonçant le retour des intempéries sur la partie méridionale de l'hexagone jusqu'à mardi. Même causes, même effets: la neige s'invitera ainsi en quantités à haute-altitude à l'image de ce que nous attendons demain sur les Alpes du Sud et une partie des Alpes du Nord.
Mais c'est à partir de mercredi/jeudi que les choses pourraient devenir bien plus intéressantes. En effet, nous allons basculer d'un flux de Sud/Sud-Ouest à un flux d'Ouest à Nord-Ouest. Il s'annonce majoritairement perturbé.
Les cartes ci-dessous modélisent la situation en fin de semaine prochaine. Côté synoptique (carte de gauche) : nos systèmes dépressionnaires devraient circuler (plages de couleurs bleues et pressions autour des 995-1000 hectopascals) du Sud du Groenland à l'Allemagne, tandis que l'anticyclone des Açores (plages de couleurs rouges et champ de pressions autour des 1020 hectopascals) restent là où il devrait être pour espérer des conditions automnales. Entre ces deux systèmes : notre vaste courant d'Ouest-Nord-Ouest est en place.
La carte de droite elle indique nous devrions observer une masse d'air plutôt de saison, puisqu'elle représente l'écart par rapport à normale (variant de -1 à +1 degré en fonction des secteurs).
Bien évidemment, tout dépendra de la confirmation de ce contexte météo et surtout du placement précis des dépressions pour savoir ce à quoi nous pouvons nous attendre précisément mais ce qu'il en ressort à ce jour est :
- la poursuite de conditions majoritairement agitées sur le pays.
- le passage de plusieurs perturbations en France la semaine prochaine.
- l'arrivée d'une masse d'air de saison à partir de mercredi/jeudi et pour les jours suivants.
- donc la probabilité (de plus en plus importante) de voir nos massifs blanchir à des altitudes plus modestes (1800/2200 mètres) et pourquoi pas de manière durable et conséquence en haute-montagne.
C'est ainsi que les prévisions par stations et massifs réagissent bien côté neige sur notre module météo pour les 8 prochains jours.
Si tout cela venait à se confirmer nous serons évidemment là pour vous détailler tout cela durant ces prochains jours.
Bonne fin de semaine !
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Merci beaucoup !
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