En septembre 2022, The Faction Collective a embarqué pour le Chili, au programme une aventure 100% ski de randonnée afin de gravir quelques-uns des plus mythiques volcans du pays. De Lonquimay à Osorno en passant par Villarica, Durant plus de deux semaines, Sam Anthamatten, Sophia Rouches et Duncan Adams se sont immergés dans la culture chilienne et la communauté de riders locaux. Ce film court (16min) à visionner en intégralité ci-dessous rompt avec les précédents films du Faction Collective (Roots, This is Home et The Collective), dans “Chile” les aspects voyage et découverte priment sur l’action. Un rythme volontairement plus lent où l’on prend le temps d’apprécier chaque montée et chaque descente dans un paysage grandiose et sauvage même lorsque le vent ou le brouillard s’invitent à la dernière minute.
Nous avons échangé à l’occasion d’un déjeuner avec les grenoblois, Etienne Mérel, le réalisateur de “Chile” et Stéphane Guigné, le pilote de drone fpv du film pour en savoir un peu plus sur les coulisses de cette expédition dans l’hémisphère sud qui a connu quelques aléas météo et matériels.
Charmé par les paysages esthétiques entre lacs et volcans lors d’un premier voyage avec Faction en 2014, Etienne est à l’initiative du choix de la destination. L’équipe se forme rapidement : Sam Anthamatten, guide de haute montagne suisse et ambassadeur incontournable du ski de randonnée “Agent” est rejoint par les américains Duncan Adams et Sophia Rouches (une athlète que vous avez peut être aperçue dans la série de vidéos “The Approach”). Pour faciliter la logistique sur place et avoir de belles photos souvenir, ils font appel au photographe local Patricio Diaz alias “Pato”. Présent du début à la fin du trip, son rôle est double; il les accompagne et les guide dans les différents endroits en fonction de la période et des conditions de neige. Il fait le lien avec la communauté locale pour faire découvrir à ses hôtes l’importance des volcans dans la culture chilienne. Etienne raconte : “Nous n’avons rien réservé à l’avance pour rester un maximum flexible, nous avons tout ajusté avec Pato jusqu’à la dernière minute. Il s’est montré d’une aide infaillible et d’une grande générosité, nous avons même logé chez ses parents qui avait une maison près d’un lac. Il nous a prêté sa voiture, ses kayaks… La réussite de ce film tient pour beaucoup à lui”.
Pour l'anecdote un peu moins drôle, Pato a également sorti l’équipe d’une mauvaise passe dès leur arrivée au Chili. À Santiago, ils sont victimes d’un vol dans leur véhicule et se retrouvent sans aucun matos vidéo pour filmer et sans une partie des affaires de ski. Grâce à l’aide de Pato et ses amis, ils parviennent à emprunter du matériel et poursuivre ainsi le projet de film. Il s’en est fallu de peu pour que “Chile” ne voit jamais le jour !
L’équipe a longé la côte pacifique vers le sud et a croisé le chemin de cinq volcans plus ou moins connus des amateurs de glisse : Lonquimay, Llama, Villarica, Casablanca et Osorno.
Pour comprendre l’influence des volcans sur la population chilienne, ils sont allés rencontrer sur leur route ceux qui skient les volcans : Andres Bozzolo, guide de haute montagne au Chili et Isaac Huenchundo snowboarder chilien influent et appartenant à la communauté Mapouche. Les Mapouches (signifiant “gens de la terre”) sont parmi les premiers peuples à avoir occupé le territoire chilien durant la période préhispanique, c'est-à-dire avant la colonisation des Espagnols au 16ème siècle. Les volcans pour ces locaux ne sont pas des montagnes comme les autres : ils font partie d’un écosystème, fragile, qui demande à être surveillé et protégé. La symbolique autour de ces volcans qui se réveillent parfois brusquement, crachant des cendres est grande pour les Mapouches. Leurs impressionnantes éruptions demeurent associées à de nombreuses croyances ancestrales que vous pourrez découvrir tout au long du film.
L’activité volcanique rend la montagne vivante, c’est une expérience unique de skier ces volcans
Il convient dans un premier temps de tenir compte de la géographie particulière du Chili, pays plus que long que large (environ 4 200 km contre 200 km de largeur), coincé entre la cordillère des Andes et l’océan Pacifique. Les paysages variés sont composés de grandes plaines vertes avec de nombreux lacs où se dessinent en toile de fond les premiers reliefs : plus de 2000 volcans (dont 47 seraient toujours actifs), alignés sur une chaîne allant du nord au sud. “Au sommet d’un volcan tu tournes la tête à droite et à gauche et tu les aperçois tous en ligne, c’est un décor incroyable” détaille Etienne.
Cette géographie extravagante et sauvage ne facilite pas toujours l’entreprise des skieurs.
“L’approche d’un volcan c’est déjà une aventure en soi” s’exclame Etienne, “au Chili il n’y a pas de route goudronnée pour accéder aux stations de ski, quand il y en a une à proximité du volcan ! Ce sont de longues pistes avec des nids de poules partout”. Sur ce voyage, Etienne et Steph racontent avoir justement choisi des volcans accessibles par le biais d’un domaine skiable pour gagner du temps sur l’approche, la majorité des volcans n’ayant aucune route d’accès, ils leur auraient fallu compter au moins une journée de marche et emporter tout le matériel de bivouac pour apercevoir la neige.
Une fois les skis chaussés, le dénivelé d’approche varie parmi les cinq volcans choisis : de 500m pour le Loquimay jusqu’à 1500m pour Osorno ou 1700m pour Villarica. Pour tous les volcans, la pente a sensiblement le même profil : douce au début puis elle se raidit de manière continue et exponentielle. Placés au vent de l’océan Pacifique, leurs sommets restent souvent pelés et en glace, l'ascension se termine en crampons et piolets, “parfois juste pour les 50 derniers mètres” ajoute Steph. Enfin, certains volcans comme Villarica sont toujours en activité; gravir cette montagne avec une colonne de fumée qui jaillit du sommet a incontestablement marqué les mémoires de nos skieurs (il est même possible de voir la lave au fond du cratère).
C’est indescriptible, tu montes sur cette montagne qui fume, et pas qu’un peu ! C’est comme un énorme feu de cheminée.
Lorsque l’on aborde la question de la météo et de la qualité de la neige, Etienne et Steph s’accordent à dire qu’ils venaient au Chili en connaissance de cause : “Je suis allé trois fois au Chili, je savais avant de faire ce trip qu’on ne faisait pas le déplacement pour avoir des conditions de neige incroyables”. Steph poursuit alors, “les volcans sont continuellement exposés au vent, c’est très rare d’y trouver de la neige fraîche. Avec l’océan pacifique à côté, la météo change également très vite, on partait parfois le matin sous le soleil pour terminer quelques heures plus tard dans le brouillard et inversement”. Ce paramètre pour le moins aléatoire a obligé l’équipe à faire preuve d’une grande flexibilité dans son itinéraire et de choisir les volcans principalement en fonction de la météo. Savoir renoncer à mi-parcours ou descendre sans visibilité à la queue leu-leu faisaient partie des prérogatives pour skier au Chili. “Un volcan sans visibilité, comme il n’y a pas d’arbres ou différents reliefs, tu perds vite tous tes repères, c’est vraiment particulier” conclut Etienne.
Loin des grosses productions, Etienne et Steph ont décidé de voyager avec un minimum de matériel. Il faut dire qu’après le vol de l’intégralité de leur matos à Santiago, ils n’ont eu d’autres choix que d’improviser avec les moyens du bord et d’utiliser ce que l’on pouvait leur prêter ou louer. Une déconvenue qui n’a pas eu de grandes conséquences sur le tournage, car Etienne et Steph voyagent léger et évitent ainsi de créer trop d’inertie dans le groupe pour la prise d’image. Ils expliquent : “On essaye de prendre le minimum de matériel pour avoir toujours des sacs à dos légers, 10-12 kilos maximum pour ne pas trop ralentir les riders à la montée. À la descente on double toujours nos plans, si l’un de nous deux se foire, on a le plan de l’autre. On communique ensemble pour savoir ce que va filmer l’autre, comment il va se placer et ainsi on ne se gène pas notamment sur les plans en drone”. Le duo derrière la caméra adapte également ses plans en fonction de la qualité de la neige, si la neige est très bonne, ils trouvent plus intéressant de faire des plans ciblés sur les riders un à un et favorisent des plans de groupe lorsque la neige laisse à désirer. Les riders participent toujours activement à chacune des étapes et sont source de proposition, d’après Etienne cette communication entre tous les membres permet souvent d’obtenir les meilleures images.
C’est une alchimie à trouver, derrière la caméra nous sommes tout le temps en train de nous adapter aux conditions
Rideurs:
Prod:
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