La vraie histoire du Best Single Shot IF3

Julien Régnier n'est pas mort. L'ancien bosseur des JO de Nagano, pionnier du freestyle new-school, French Airforce à lui tout seul, membre de la première heure de l'aventure Armada, auteur de segments annuels chez Poor Boyz, ex-rédacteur en chef du magazine Weski, bouge encore. Et de belle manière. Il a gagné le Best Single Shot award, à l'IF3 de Montréal, avec un 3.6 transfert dans les spines d'Alaska. Indéracinable skieur philosophe, il reçoit la première récompense de sa carrière. Il nous raconte, de l'intérieur, cette séquence qui n'aurait jamais du avoir lieu...  

"On était venu avec Chris Booth deux semaines avant à cet endroit. Ce n'était pas formé de cette manière, j'avais fait un slash à côté, sans plus. Cette vidéo a été tournée le jour où JP revenait d'un shooting Orage. On a sauté directement dans l'hélico, on ne savait pas trop où aller. J'avais vu deux ou trois lignes dans ce secteur avec une bonne neige. JP et moi avons tracé une ligne chacun, la mienne est celle avec la grosse barre qui est dans mon segment. Ce spot-là est en bas de ma ligne, un peu sur la droite. 

Il avait beaucoup neigé et c'était parfait pour mon transfert. Je me suis dit : "il faut le faire". C'était tout simplement parfait, mais je n'étais pas sûr que ça passe, c'était à la fois gros et naturel. J'étais un peu stressé et en plus je n'ai pas bien communiqué à JP ce que j'allais faire, je n'arrivais pas à lui expliquer que je voulais gaper le couloir. Dans l'axe de la réception, il y avait un petit bout de glace, c'était le seul problème. 

Au bout d'un moment, je me décide à y aller. J'étais un peu court le premier coup, c'était dur de jauger la vitesse en naturel. L'hélico est revenu sans qu'on attend trop, je suis remonté vite fait, je me suis calé en vitesse et voilà. 

Ca arrive rarement dans la saison de voir un saut et de se dire : il faut y aller ! En BC avec un hélico, tu n'as pas beaucoup d'essais, c'est stressant. Tu DOIS y arriver du premier coup. Je m'étais acheté cette GoPro pour l'Alaska. J'ai filmé au ralenti. En vitesse normale, tu n'aurais pas vu grand chose. 

La majorité des riders n'y connaissent rien et ne font pas les bons réglages. Le bandeau du masque est un référentiel que je trouve très intéressant, tu sais où es le rider et où est placé la caméra. Il y a un rapport de profondeur qui rend l'image très compréhensible. J'avais fait des tests, j'ai trouvé que ce positionnement était le plus efficace. 

Ce petit travail de préparation n'est pas négligeable dans la réussite de l'image. Et il y aussi le facteur chance : je tourne dans le bon sens pour qu'on voit le gap longtemps et surtout : j'ai pensé à allumer la caméra, et ça, c'est déjà un miracle !"