Victor Galuchot, skieur venu des Menuires et petit frère spirituel du punk rocker Seth Morrison, balade son toucher de neige fluide, son ironie et son backflip sur les pentes neigeuses du globe. L’été, c’est sur le vagues qu’il fait le malin, parce que le backflip, il n’y a pas que ça dans la vie.
-Ton backflip, tu l’as copié sur Michaud ?
-Ca me va si tu dis que j’ai copié sur lui, c’est une référence ! Ceci dit j’ai plus été influencé par Seth Morrison. J’avais acheté Sixth Sense de MSP, c’était le saint Graal, là dedans, tu avais tout : la Canadian Air Force avec les débuts du freestyle, les segments de Seth et la musique était du rock, un critère important ! C’était du vrai freeride qui est encore d’actualité. Même si maintenant on remplace les backflips par des bios, un backflip sur une barre reste un mouvement super classe. Ensuite Seth a eu une période bizarre, moins intéressante où il essayait de trickser et se mettait des mines, avec des misty bizarres, il n’y arrivait pas.
-Les débuts de l’injection du freestyle dans le freeride ?
-Oui, et quand tu vois le ski d’Abma maintenant, on y est. C’est aussi ce que Julien et JP Auclair développent depuis un moment. Il y a dix ans, il y avait un vrai clivage entre freeride et freestyle, qui est amené à disparaître. Un bon skieur fait tout !
-Et toi tu navigues entre les deux...
-C’est cool d’être en l’air, donc pourquoi ne pas sauter quand tu as une belle lèvre dans une ligne freeride ? Si tu fais un grab, c’est plus riche, si tu poses un bio 7 c’est encore mieux. Ca enrichi le ski, c’est évident. Tu augmentes les risques mais aussi les capacités, donc tu as affaire à un meilleur skieur. De plus en plus de skieurs (alpins, randonneurs, freestylers, freeriders) convergent : pourquoi Marker fait une fix comme la Duke ? Pourquoi Salomon invente la Ghost ? Pourquoi je fais de la rando chaque fin de saison avec les frères Théaux (qui tournent en coupe du monde alpine) ? Il y a du bon à prendre dans tout.
Je préfère une ligne moins raide, avec des lèvres, dans laquelle tu peux t’imaginer à la place du rider, plutôt qu’une perf ultra-compliquée où la chute est mortelle. -C’est d’autant plus vrai avec les nouvelles générations.
-Ils ont le potentiel aérien en faisant les cons jeunes et en vieillissant ils aimeront marcher une demie-heure pour trouver une bonne face... Elle est en cours cette révolution. Pendant un bon moment, tu avais des segments freeride et des segments freestyle. Jusqu’à ce segment de Jipi coupé en deux avec les deux styles : wall, ledge, bomb drop, grosse boite, petite musique douce, et là il trace de la peuf à Whistler dans une pure session freeride. Quand il a fait ça c’était la preuve que c’était en route, la preuve : Abma a un segment avec du park, et des lignes avec des bio 7.
-Toi, tu es plutôt encore de tradition alpine ?
-Je skie avec des pompes alpines béton avec 140 de flex, j’ai besoin d’une tige dure pour les surprises dans les neiges changeantes. La tige te sauve quand tu as besoin de précision. Ce n’est pas parce que tu évolues dans une neige douce que ton comportement doit l'être. Il faut plus de toucher de neige dans la neige changeante et molle que dans une neige constante. Il être précis pour bien transmettre et recevoir. Et les conditions sont très changeantes : en France, tu as de la peuf sur 100 mètres, tu changes de versant, c’est soufflé, tu fais un virage sur du béton, tu arrives à mille à l’heure et là si tes grolles sont en chewing gum, si tu n’es pas parfaitement bien dans ce virage sur neige dure où il faut assurer...
-Et les compétitions de freeride ?
-Les vidéos du Bec des Rosses, ça me saoûle, c’est raide comme tout, les mecs se disent à chaque turns “je vais mourir” et il sont contents d’être arrivés en bas. C’est uniquement de la performance. Alors que des gars comme Julien ou Jipi (Auclair), c’est esthétique. On fait un sport visuel quand même. Pourtant, je n’ai pas de mauvais souvenirs de la compétition. C’était bien de le faire, de côtoyer d’autres skieurs, tu apprends des choses, tu te pousses (c’est à double tranchant !) et tu gagnes de la crédibilité. J’en ai fais quelques uns, j’en avais besoin pour montrer que je savais skier (8ème à la Freeride des Arcs en gagnant les qualifs, 10ème à la Verbier Ride). La compet n’est pas du freeride, en terme de qualité de neige et de nombre de personnes sur la montagne. J’ai vite compris que ce n’était pas ce que je voulais faire. Je ne critique pas la compet, le public a besoin d’un champion du monde. Ces évènements sont des locomotives... pourtant c’est un fait : malgré toute la bonne volonté du monde, les compétitions ne seront jamais du freeride.
Je préfère une ligne moins raide, avec des lèvres, dans laquelle tu peux t’imaginer à la place du rider, plutôt qu’une perf ultra-compliquée où la chute est mortelle. On sent cette évolution dans les vidéos : regarde le début de Reasons avec Benchetler et Jipi au Japon. A aucun moment il y a un truc que toi ou moi ne savons pas faire. Et pourtant on ne s’en lasse pas, c’est magnifique... Les skieurs sont de plus en plus dans cette optique, les vidéos et les compets (avec l’exemple du Linecatcher) vont le devenir.
-Tu es un peu le côté pile (freeride) de Fab Maierhofer, ton compatriote de la vallée des Belleville ?
-On a fait nos premiers 360 et back ensemble, des bomb drop, des rails... Ensuite j’ai mis en avant le freeride, alors que Fab a mis en avant le freestyle. Il s’amusait en park, pas moi, mais si on fait une journée ensemble, on a le même ski, on a envie des mêmes lignes ! Le ski est du ski, quoi que tu fasses, c’est toujours cool. Si la station est fermée, qu’il y a de la neige pour un wall, c’est du ski. Le mot de “freeski” le dit : tu t’amuses et t’adaptes à tous les terrains.
-Vous avez commencé ensemble avec le Darker Team et cette vidéo déjantée...
-Dans les vidéos du Darker team, on s’amusait partout. Maintenant, quand on fait un truc on pense aux retombées, c’est un peu obligé pour gagner sa vie. Mais on est toujours rock’n’roll, on fait du ski pour se fendre la poire, c’est ça qui compte. On est devenus plus sages ! Il faut gagner du blé, t’acheter tes petits vêtements, payer te factures. Tous ces moments libres où l’on filmait à quinze n’existent plus...
-Et ta carrière ?
-J’ai étudié : un BTS management des unités commerciales (un titre pompeux), puis j’ai pris un an pour me consacrer à ma première année de sponsoring avec Salomon. Ensuite, eh bien le ski est quand même un sport traumatisant. Je vois des gens dans les Landes qui ont beaucoup skié et qui finissent par s’installer sur la cote pour surfer. Vu comment on fait les cons, on va recevoir la facture un jour où l’autre ! Mais j’aurais toujours besoin de vivres des moments forts, alors j’irai surfer. C’est ce qu’a fait Woody Booma, il a acheté un restau et il surfe.
-Tu t’es mis sérieusement au surf ? Ca te rappelle le freeride ?
-Le surf, ça fait peur. Une vague fait peur. La différence avec le ski, c’est l’énergie. En ski elle est crée par toi, tu décides d’aller vite ou pas. En surf, c’est la mer qui décide. Tu es sur un mouvement bourré d’énergie, tu as presque l’impression que c’est vivant, tu sens la puissance. En ski, ta limite c’est toi, tu choisi le nombre de courbes, 3 ou 40. En surf, le terrain choisi pour toi, la vague est puissante ou pas, tu te mets dedans et tu t’adaptes. La montagne est impressionnante, avec son côté hostile, froid. Mais c’est statique.
-Quel est ton but ?
Le matin quand je vais au ski, j’ai envie de me fendre la poire, m’en payer une bonne tranche.-Se faire plaisir, mais aussi enrichir mon ski, devenir meilleur, progresser en vitesse, en fluidité, en lecture de terrain, en confiance dans le raide, arriver à poser un bio 7 sur un rocher au milieu de ma ligne. Il y aura tout le temps de quoi progresser, tenir le grab plus longtemps... Dans ma vallée il y a des gens qui aiment vraiment ça, qui se moquent de la reconnaissance, des paires de skis gratos. Je skie énormément avec ces gens aux Menuires, c’est plaisant parce quand ils rident, il ne cherchent pas le terrain pour la belle photo, ils sont là pour le plaisir. Ils tournent comme des horloges sans s’arrêter, haut bas, haut bas... c’est avec eu que j’ai la banane. Je me suis dis qu’il fallait que je skie tout le temps et pas comme moniteur ou pisteur où ça devient un métier. Donc le meilleur parti c’était pro rider. Le matin quand je vais au ski, j’ai envie de me fendre la poire, m’en payer une bonne tranche. C’est pour ça que j’aime le telemark, le snowboard, les backflips en monoski, le wall, des lignes en freeride. Il faut juste s’en payer une bonne tranche. C’est la liberté. Quand tu glisses deux secondes, tu oublies tout, tu es libre. Et tout le monde peut être libre.
18 Commentaires
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Déçu, aucune image des championnats du monde de bastoune, des journées qui forment de grands champions.
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Je partage totalement sa vison entre le ski et le surf.
Je rajouterai un petit bémol, dans son interview on a l'impression que l'on est passif en surf et se n'est pas trop le cas. Tu dois être actif avec la vague comme en ski même si le plan d'eau décide pour toi et tu t'adaptes. Là où je le rejoint c'est que ben comme en freeride tu vois choisir tes lignes suivant ce que tu veux faire et on fait exactement la même chose avec les vagues.
Un gros big up au bonhomme, je lui souhaite de prendre beaucoup de plaisir dans ces 2 magnifiques disciplines!!
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Bonne continuation VIC...
@+ ^^
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Un super rider! un super esprit !!j'aime......je suis en extase devant ses back ^^
Let's rock!
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Dommage que le texte soit truffé de fautes.
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire