Les frères Falquet racontent le tournage de leur film "Legends".
Les frères Falquet sont en train de se construire une carrière de cinéaste bien cohérente et tout à fait réussie. Leur dernier film "Legends", commandé par O'Neill, tourné l'hiver dernier en Suisse, en Turquie, au Japon, en Alaska et au Canada, en est la preuve. Dans la production frénétique de la vidéo actuelle, souvent hystérique dans son montage et sa musique, "Legends" est bonne bouffée d'air frais, avec beaucoup de ralentis et une vraie musique jouée sur de vrais instruments, des lumières de dingues et des riders comme Jeremy Jones. C'est vrai qu'il manque de séquences "waou p'tain j'amais vu ça" comme on peut en trouver à la pelle dans un film comme "Reasons" : kicker de dinosaure filmé d'hélico, coucher de soleil démentiel, poudreuse nippone plus profonde qu'un haïku.
Ce film est beaucoup plus humble, fidèle à son ambition, et on en ressort avec plus qu'une envie de skier : on a soudain un grand amour pour le flocon de neige. A la fin du film, on voit Selim, un Turc de 70 ans, qui ride sur une planche de bois avec une ficelle tendue, depuis plus de quarante ans, comme son père et son grand-père. Les yeux pétillants, il raconte : "si je ne ride pas, je perds l'appétit, mon corps devient malade, je me sens mal." Une phrase qu'on verrait tout aussi bien dans la bouche de Jeremy Jones ou des frères Falquet, Nicolas et Loris. Je leur ai tendu un dictaphone pour qu'ils nous racontent le tournage de ce film...
-C'est un film de commande, une première pour vous.
Nicolas (en photo) - La démarche de travail de commande est tellement différente de ce que nous avons fait avant. Jusqu'à la dernière minute, il y a des modifications, ce sont les règles du jeu, tu dois d'adapter à ce que veut le client. D'habitude, je voulais emmerder le public avec un film bizarre ou l'exciter avec un film beau, là j'ai appris gentiment qu'il fallait être crédible pour le public et qu'il y a un client qui attend un truc, il y croit, il a mis de l'argent et de l'énergie. Pour nous, c'était surtout l'opportunité d'avoir enfin un peu de budget pour faire un film, la possibilité de bosser avec d'autres, comme Jeremy Jones. Ce n'est pas seulement la star qui débarque, il t'apprend plein de choses, il n'a pas la grosse tête, il est content. Il bosse avec toutes les boites de prod ricaines mais il est sur le cul quand il rencontre un Turc qui fait du snowboard depuis 45 ans.
-Comment est née l'idée du film ?
Loris - O'Neill voulait un film différent, pas une suite de segments de riders. Le projet est arrivé à la fin de l'année 2007, les riders étaient déjà bookés, et quand on est parti au Japon, ça a défini l'idée du film : chaque lieu avec sa légende locale. Au Japon, c'était la déesse de la neige, une femme très dangereuse, car l'hiver au Japon est rude.
On a beaucoup filmé au ralenti, au final il y a peu de trucs hardcore qui vont faire lever le public dans la salle, mais il y a une continutité dans notre équipe, notre façon de filmer (notre cadreur italien Guido travaille depuis dix ans avec nous). Surtout, on voulait avoir une cohérence, gérer de A à Z le projet. On a voulu mettre la barre très haut en terme de qualité sans que ce soit un combat de performance, nous voulions toucher le grand public.
-Vous nous avez encore refait le coup des images de nuit ?
Loris - Nous avons filmé sur une arête aux Marécottes en face nord. Quatre jours de préparation pour deux nuits de tournage et au final un segment d'environ trois minutes. Quand Jeremy Jones est arrivé, j'avais les chocottes (vous dites ça en français ?), je me demandais s'il allait apprécier cette petite station. Il a halluciné sur les montagnes. Quand on est monté en pleine nuit, qu'on a allumé les génératrices, il était vraiment impressionné. Qu'un mec comme lui qui ride des faces en Alaska hallucinantes chaque année puisse aimer notre spot, c'était rassurant.
-Que penses-tu de la production de vidéos de ski en général ?
Loris - Je regrette qu'il n'y ait pas plus de freeride. Je pense que le numérique est une bonne chose, ça a entrainé la diversité mais quand je vois ce qui est produit, je ne comprend plus l'intérêt, comme si l'argent était distribué partout mais sans qualité. Il y a trop de vidéos, ça reste sectaire, destiné au milieu hardcore, sans toucher le grand public. C'est ce que nous avons essayé de faire.
Nicolas - Je ne regarde pratiquement plus les films de ski et de snowboard, ça ne m'excite plus tellement, ça n'évolue plus beaucoup (sauf la performance). C'est un peu dommage. Ca fait vingt ans qu'ils font des films, basiquement le même film. Je pense que l'industrie du ski et du snow a besoin de trouver un client plus âgé. L'image ne doit pas rester focalisée sur les kids. La production n'est pas très originale, pourtant je respecte le travail, il y a un monstre boulot, j'ai vu ce que ça représentait de motiver les athlètes, trouver de l'argent, être là au bon moment, c'est un énorme boulot.
10 Commentaires
Et un film que j'ai hate de découvrir !
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ça m"a l'air tout bon ça !
photo sur la planche plus roots que ça tu meurs
là (et plus de détails en suivant les liens )
skipass.com
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enfin excellent de voir un film comme ca sortir quand même, hate de le revoir à tête reposé aussi
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Joli reportage !
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