Patrick Vuagnat est un skieur-voyageur. Pour skipass, il défriche les petites stations et domaines qui gagneraient à être connues (mais pas trop quand même). Cette fois, il a trainé ses spatules à Lenzerheide.
Patrick Vuagnat est un skieur-voyageur. L’un de ceux qui a des ailes sur les spatules. Le ski commence toujours, pour lui, par un coffre de voiture et une carte ouverte sur le siège du passager. Après m’avoir raconté ses histoires de spots discrets défrichés par grande poudreuse, ses domaines presque déserts, ses champs de fraîche esseulés dans une station où tous les glisseurs restent sur piste... Je lui ai demandé des preuves. Du tangible. Des photos ! Alors Patrick a décidé de jouer le jeu et de se mettre en route pour défricher les petites stations peu connues au fort potentiel freeride. Après Tonale, Disentis, Sulden et Saint Bernard, il revient encore tout poudré de Lenzerheide...
Les secret spots, c’est comme une boite de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. C’est bien là que réside le plaisir de l’aventure, partir plein d’excitation, d’espérance et de doutes, pour revenir le plus souvent avec de bons souvenirs mais pas toujours ceux que l’on avait imaginés.
Je me suis laissé séduire par cette station il y a deux ans pour la première fois. Le pote qui m’a mis sur sa trace en était tombé amoureux à l’époque. Il m’avait longuement parlé de ses multiples couloirs et de leur facilité d’accès, de la beauté de ses flancs, de la douceur de sa neige. Un vrai coup de foudre à n’en pas douter ! Touché par tant d’enthousiasme, je me suis mis en tête de rendre visite à la belle. Parfois les bonnes choses prennent du temps et cette station s’est faite désirer, ne me laissant que des phantasmes de ride qui, de temps à autre, se nourrissaient de nouveaux récits.
Il y a dix jours, voilà que finalement le moment tant espéré est venu : mon premier rendez vous avec Lenzerheide ! Je la retrouve en Suisse allemande, dans le canton de Graubünden. Une nuit agitée, un départ matinal, c’est avec une certaine appréhension et les yeux collés que je me mets en route. Serai-je à la hauteur pour rider toute une journée ? La voiture garée, équipé de la tête aux pieds, le skieur que je suis reste avant tout un skieur et la première chose que je regarde n’est pas la couleur des chalets mais bien l’épaisseur du manteau neigeux. Et là, je dois dire que j’ai tout de suite été hypnotisé par des mensurations assez généreuses.
Je convoitais les nombreux couloirs taillés dans la roche du Rot Horn. Sur le papier, une mission facile puisque qu’une benne donne un accès direct à ses 2865 mètres d'altitude. J’engage donc l’ascension avec assurance avant de me rendre compte que ce jour là, la belle a des allures de bête. Des vents d’altitude extrêmement violents ont en effet transformé l’endroit en véritable Mordor. Sans son maquillage blanc l’endroit est bien moins engageant.
Le temps étant en berne, ma surprise passée, je suis bien obligé de changer mes palins d’épaule et d’aller me consoler dans la forêt. Car forêt il a et là attention, ça envie du petit bois ! La première impression quand je survole de mon siège le domaine de Churwalden est celle de marcher sur la lune, pas une trace si ce n’est celles de quelques animaux ! Un petit télésiège trois places pour monter, un grand terrain de jeu pour rider. Dès le premier run ma fatigue n’est plus qu’un souvenir et les rotations s’enchainent. Les rares habitants de cette vaste forêt sont en grande majorité de petits nains qui se déplacent pieds attaché en travers sur une planche. Après avoir sympathisé, ils nous ouvrent les portes de leur royaume, rempli de champignons de neige et autres friandises pour spatules, un régal !
Après quelques jours de ce traitement intensif et à la faveur d’un ciel azur, je décide cependant de revenir à mes premiers amours. Retour sur le versant opposé où le Rot Horn offre un potentiel assez énorme, tout comme les dangers le sont après le passage du vent. Timidement, et surtout plein de prudence, je décide de skier quelques lignes que je juge moins exposées. Assez rapidement je me rends compte qu’il ne sert à rien d’insister. Pas besoin de se faire peur ceci dit, la station derrières ses fausses allures familiales et son vaste domaine cache de nombreux hors-pistes négligés. Lenzerheide est un vrai bon coup (le printemps est à éviter, la majorité des pentes étant bien exposées au soleil) qui va de plus bientôt célébrer son union avec Arosa par la construction d’une remontée. Mais là si je commence à vous parle des hors-pistes sauvages en direction d’Arosa...
Le conseil rider futé : pour limiter l’effet franc Suisse qui fait mal en ce moment, je conseille Le Basic Hostel à Churwalden, pour un rapport ambiance/prix imbattable, tenu par mes nouveaux amis les nains !
5 Commentaires
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Autrement très bel article!
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