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Interview Jérémie Heitz

Qu’ont-elles ces montagnes valaisannes pour nous sortir régulièrement de leurs entrailles ce genre de rejeton au style à peu près parfait dès son plus jeune âge ? Dernier modèle : le Jérémie Heitz, 22 ans.

article Freeride world tour

Qu’ont-elles ces montagnes valaisannes pour nous sortir régulièrement de leurs entrailles ce genre de rejeton au style à peu près parfait dès son plus jeune âge ? Les frères Falquet, autres glisseurs moulé à la même louche, ont repéré et mis devant leur caméra le jeune Jérémie Heitz, 22 ans. «Ca fait 6 ans que je suis dans le freeride», dit-il, autant dire depuis toujours quand on grandit aux Marécottes. Il avait déçu en bien dans les films des Falquets et déçu tout court sur le Freeride World Tour (FWT)...  il l'explique dans cette interview. Ce qui est sûr, c'est qu'il faudra suivre son style tout en finesse et en puissance hérité de l’alpin. Pour le moment, en attendant la neige, Jérémie travaille sur les chantiers, thésaurise pour ensuite s’avaler d’une traite sa saison de ride... tout en ménageant ses genoux. 

Interview Jérémie HeitzUn jour de mauvais temps, luge avec les locaux entre El Colorado et Valle Nevado (Chili).

-Ce Freeride World Tour ne t’a décidément pas réussi ! Racontes...

-Ce n’était pas mon hiver tout court ! Ca a commencé directement en décembre avec Nico et Loris (Falquet, ndlr). Nico a failli rester pour de bon dans une avalanche, ça m’a refroidi. J’ai décidé de remettre les skis après un arrêt d’une semaine, choqué par ce qui s’était passé. Je vais à Verbier dans la face nord du Montfort et je me paie un crash au milieu de la face, je passe une barre rocheuse, je me fais une contusion à la hanche, je me soigne et je prends quand même le départ de la première étape du FWT à Courmayeur. Là, ça se passe bien pendant les 10 premières secondes... et je tombe sur la réception de la première barre. Je me suis fait peur et gentiment fait mal. Je repars à St Moritz et là j’avais beaucoup de stress au départ, je ne savais même plus comment rentrer dans la face. Je l’ai skié pour arriver en bas entier, je n’étais pas à l’aise, j’assure et à l’arrivée, la neige est carton et devine ? Je me déchire un ligament à 100% dans la jambe droite. Je me réeduque et repars quand même à Kirkwood pour la troisième étape. Je voulais rattraper le temps perdu, alors devine ? J’arrive sur une barre trop vite, j’implose et en plus je développe des periostites aux deux tibias. C’était la galère !

-Tu manquais d’expérience dans la gestion du stress ?

-Oui, il faut gérer ce stress d’être en compétition, certains ne l’ont pas, moi je l'ai toujours eu, la pression de bien faire, pas tellement se faire mal ou tomber. Du coup ça m’envahit et me pourrit la descente. Je travaille mon mental, c’est ce qui me fait défaut. Il faut que je puisse skier en compétition comme quand je skie en libre car ce sont ces faces-là que j’aime skier. C’est vraiment dans la tête que ça ne va pas. Il faut que j’arrive à oublier le classement, les hélico, les centaines de personnes qui me regardent.

-Comment travailles-tu ton mental ?

-Je fais du yoga ! Je ne sais pas si c’est seulement superficiel, il faudrait que j’applique cela sur les skis, je n’ai pas encore testé sur la neige. J’apprends à travailler à faire le vide, respirer, me dire que je suis là pour me faire plaisir, ne pas me mettre la pression pour un classement. 

Interview Jérémie Heitz

-Tu retournes sur le FWT cet hiver ?

-Normalement pas, je n’ai pas marqué de points... cela dit ce n’est pas impossible. J’ai des petits problèmes de genou, je vais me plutôt me consacrer à l’image sur un gros projet de film avec les Falquet (plus d’info très bientôt sur ce nouveau film, ndlr). Je vais quand même participer à deux trois qualifyers pour montrer que je suis là. Cela dit, il n’y a aucune face qui rivalise avec le bec des Rosses, c’est un labyrinthe, c’est la grande finale. J’ai ouvert l’XTrem à 17 ans pour la première fois, ensuite j’ai ouvert à 18 ans le petit Bec des Rosses pour les femmes (la face des femmes parce que j’avais perdu un pierre-feuille-ciseaux avec les autres ouvreurs !). 

-La compétition reste importante pour toi ?

-J’ai envie de réussir en compétition. C’est clair que si tu réussis une bonne carrière dans la compétition, tu te fais plus vite un nom. L’image photo ou vidéo, j’adore ça : tu prends la ligne que tu veux, la montagne que tu veux, au moment que tu choisis. C’est plus du freeride que la compétition, mais j’ai besoin de la compétition dans une saison. Les Falquet m’ont beaucoup parlé de mon style qui passe bien à l’image et en photo, c’est un super avantage. Je dois cela à l’alpin et aux piquets, ça m’a donné la technique suffisante pour être bien sur mes skis et me concentrer sur mon style. Il n’y a pas meilleure école que l’alpin actuellement. L’alpin est clairement la base (regarde Ducroz, Windstedt, Zackrisson). J’ai la chance d’avoir un joli style, j’en profite ! 

-Tu intègres du freestyle ?

-La partie freestyle m’intéresse, tout en restant dans du raide, dans des cailloux. Je ne suis pas un freestyler, mais j’ai envie de travailler pour savoir rentrer quelques tricks sur les barres, mais je ne vais pas apprendre des 1080 ! Je vais me baser sur des frontflips, des gros 360. S’il y a une petite lip, j’aimerai pouvoir faire quelque chose. A part un lincoln d’Aurélien, personne n’a fait de tricks sur le Bec des Rosses, les réceptions sont à 40 ou 50 °, on prend vite de la vitesse à l’atterrissage. Ce n’est pas la bonne face pour trickser comme au Linecatcher par exemple.

-Tu as un vrai travail en ce moment ?

-Je travaille à mon village comme maçon-machiniste, je conduis des petites pelles mécaniques, je fais du terrassement. Je m’économise, vu l’état de mes genoux qui sont enflammés, j’ai négocié avec le patron pour être sur les machines, forcer sur les genoux le moins possible. Là je viens de finir et je me consacre à l’entrainement pour ma saison. J’essaie de bosser 5 mois par an et ensuite j’arrive à bien skier et voyager. Le but est de vivre du ski toute l’année. Aller m’enfermer dans un bureau, ce n’est pas possible !

-Quels sont les skieurs qui t’ont le plus influencé ?

-Les frères Falquet, qui m’influenceront tout le temps, autant dans leur manière de skier que dans leur façon d’être. Je m’inspire beaucoup de leur expérience. Il y a aussi Sean Pettit, c’est le gars du moment, connu pour ses tricks au milieu des faces en Alaska, j’adore le voir rider, ce serait sympa qu’il vienne sur le FWT. Je connais Kaj depuis que je suis tout petit, c’est vraiment un skieur alpin solide qui fait des grosses barres, super fluide. J’adore Henrik Windstedt, au niveau style, il est solide, c’est le must. Il a gardé ce style alpin qu’il combine avec des sauts dans les faces. Il a un bon esprit de compétition, il veut avoir le titre mondial en freeride de nouveau, normal, tu ne vas pas au FWT pour te promener. Il calcule tout, le rang à faire l’étape suivante pour rester dans la course, il est concentré... J'aimerai être comme lui !

portfolio

Termas de Chilan, premier jour de beau temps et premiers virages dans de la fraiche.

Photo Jérémy Bernard

Interview Jérémie Heitz

Photo Jérémy Bernard

Interview Jérémie Heitz

Photo Jérémy Bernard

Sur les pentes de Termas de Chilan, Chili, cet été.

Photo Jérémy Bernard

Interview Jérémie Heitz

Photo Jérémy Bernard

Interview Jérémie Heitz

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Interview Jérémie Heitz

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Sur les hauteurs de Termas de Chilan avec son pote Richard Amacker

Photo Jérémy Bernard

Avec son pote Samuel Anthamatten, perdu dans la vall?e de Shangrila

Photo Jérémy Bernard

Pardon Richard...

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Interview Jérémie Heitz

Photo Jérémy Bernard

Dernière journée de shoot à Termas de Chilan

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Promenons nous dans les bois, Termas de Chilan.

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Jour de grosse tempête, quelques virages dans les arbres de Termas de Chilan.

Photo Jérémy Bernard

Après quelques minutes de peau, on s'en est mis plein la poire ! Termas de Chilan...

Photo Jérémy Bernard

5 Commentaires

reno11 Le gars à l'air sympa et n'a pas eu beaucoup de chance l'année dernière...Il y a peut être une leçon a tirer de tout ça.(moi je me suis fait de fois la clavicules en deux mois il y a deux ans, toujours le petit truc qui va pas, une question d'attitude à laquelle j'ai eu le temps de réfléchir du coup!) Peut être faudrait il prendre tout ça plus à la cool, le plaisir c'est la base dans le ski. Après se faire un nom ou pas, c'est un peu la loterie...Non?!
Bonne saison à toi camarade et enjoy!
 

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mere_michele_prod Je l'ai vu l'an passé sur le FWT. Très sympa et bon esprit, comme la plupart des freerideurs d'ailleur !
Bonne saison !
 

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Matiouf Oui, ça fait plaisir, un petit jeune pour qui les bases alpines sont... la base...
 

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ana870 Jérémy, un mec talentueux juste adorable. Dommage il a eu sa chance avec la wildcard sur le wt et n'a pas su la saisir mais je suis certaine qu'il accomplira de belles choses.
 

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