Comment proposer le meilleur ski ? C'est l'épineuse problématique à laquelle les fabricants tentent de faire face saison après saison.
Chez Völkl, la réponse s'appelle "Built Together" : une méthode de travail bien rodée depuis deux saisons, que l'on pourrait traduire par "Conçu ensemble", qui mise sur une étroite coopération entre les équipes de développement des gammes Freeride/Freestyle backcountry et leur team de rider. Team qui a plutôt de l'allure, puisqu'il comprend notamment Markus Eder (champion du monde de freeride 2019 s'il est utile de le rappeler), Paddy Graham, Tom Ritsch, et Fabio Studer entre autres.
Qu'est-ce qui rend possible une telle articulation entre bureaux et terrain ? Rendre perméable la frontière qui existe entre les contraintes de production et les attentes des riders est un exercice difficile. Réunir une équipe de riders talentueux n'est pas une condition suffisante pour réussir à mettre en place un processus de développement unique en son genre par la qualité de son suivi. La clef de cet exercice passe tout d'abord par un homme chez Völkl : Jean-Claude Pedrolini, également connu sous le nom de code de Schinka.
Jean-Claude est Product Manager de la gamme freestyle backcountry, et il est également team manager des athlètes freestyle backcountry : coincidence ? Pas forcément, mais cette double casquette lui permet de rapprocher ingénieurs et athlètes, et ainsi créer une forte synergie tout au long du processus de développement des gammes.
Autre corde que possède Völkl à son arc, et qui permet à l'équipe freestyle backcountry de miser sur une coopération maximale entre riders et ingénieurs : Lucas Romain, que nous interviewons déjà l'an dernier. Lucas présente la particularité d'être à la fois un ancien rider du team freestyle Völkl, et aujourd'hui ingénieur au sein de l'équipe de développement de la gamme freestyle backcountry. Il réalise donc un lien précieux entre les attentes des riders, et les contraintes et possibilités techniques liées à la conception.
L'aventure Built Together débute en septembre 2018, avec un premier test terrain à Bariloche, en Argentine, qui initie le développement de la gamme 2019/20 (celle que vous trouvez donc actuellement en magasin). L'aventure se poursuit ensuite pendant un an, entre Suisse, Italie, Autriche, avec notamment quelques sessions sur les glaciers d'altitude au printemps, et se termine à nouveau en Argentine en septembre 2019 : le cycle est alors bouclé, les derniers ajustements faits, et les skis envoyés en production. Au total, cette aventure qui s'étend sur une année, comprend une dizaine de tests terrains, au cours desquelles ingénieurs et riders skient et échangent ensemble pour faire converger leurs visions du futur ski.
Entre les différentes sessions les ingénieurs travaillent sur le ski en prenant en compte les observations qui découlent des précédents tests terrains, et mettent au point les différentes paires samples qui seront testées lors du prochain meeting.
Les premiers tests portent sur la définition des lignes de côtes du futur ski. Cette année, l'équipe de développement a travaillé sur la création du nouveau Revolt 104 : les ingénieurs ont donc tout d'abord mis au point 4-5 paires de ski sample avec différentes lignes de côtes. Ces samples ont ensuite été testés conjointement par les riders et ingénieurs, qui discutent de leur ressenti quant à ces différentes paires, et confrontent leurs impressions à l'esprit qu'ils souhaitent donner à ce futur ski. A l'issu de la session de test, une paire est isolée et devient la nouvelle paire de référence sur laquelle les ingénieurs vont travailler en vue de la prochaine session test, pour laquelle ils proposent à nouveau 4-5 paires sample qui seront mise à l'épreuve par toute la team.
Une fois que les lignes de côtes ont été gravées dans le marbre à l'issue de plusieurs sessions test (3 à 4 pour les côtes), l'équipe de développement travaille cette fois-ci sur le profil et la rigidité du ski, avec encore une fois plusieurs paires samples créées par les ingénieurs pour les sessions tests. Plusieurs sessions sont à nouveau nécessaires pour trouver la formule qui convient à l'esprit que l'équipe souhaite insuffler au ski.
Les dernières sessions tests visent à travailler sur le profil des rockers, et permettent d'effectuer les ultimes améliorations du shape, en fonction des remarques issues des sessions tests.
Chaque année un artiste est choisi par Völkl pour réaliser le design du topsheet de sa gamme Freestyle Backcountry. Une volonté de Jean-Claude Pedrolini, qui désigne l'élu à l'issu d'un appel à projet : l'artiste a ensuite la lourde tâche de réaliser le design de l'ensemble de la gamme : le résultat, une identité graphique forte qui certes, plaît ou non, mais qui laisse difficilement indifférent.
L'an dernier, nous vous présentions le nouveau Revolt 121, sorti cette saison 2019/20. Il est vrai qu'entre le Revolt 95 et le Revolt 121, on pouvait deviner que l'écart de patin existant laissait la place pour une nouvelle création. Les doutes sont désormais bel et bien dissipés, avec la présentation officielle du Revolt 104 à Meribel.
Et qui de mieux pour nous en parler que l'un de ceux qui l'ont pensé et vu évoluer pendant un an. Nous avons donc à nouveau échangé avec Lucas Romain cette année.
- Alors Lucas, après le Revolt 121 l'an dernier, pourquoi un Revolt 104 à présent ?
- Le Revolt 121 a été pensé et testé pour être un ski de peuf joueur, léger, à la fois pour les sauts et les montées en rando. Même s'il est tout à fait possible de skier sur piste, il se destine davantage à un terrain poudreux, où il pourra pleinement exprimer son potentiel. Sur piste en revanche, son patin de 121mm le rendra plus difficile à mettre sur les carres.
Le Revolt 104 est en quelque sorte le "petit frère" du 121 : pensé pour être un ski all-mountain freestyle plutôt que freeride, les sessions de tests ont été plus orientés sauts et tricks pour optimiser son comportement sur ce type de pratique, mais c'est avant tout un ski pensé pour s'adapter à tous types de terrains. Sa construction légère le rend maniable, et il présente des rockers suffisamment prononcés pour qu'il soit à l'aise en neige poudreuse, sans qu'ils ne soient non plus démesurés pour conserver une bonne accroche sur piste.
- A quels skieurs avez-vous destiné ce Revolt 104 ?
- Je le recommande aux skieurs qui souhaitent posséder une paire unique : son programme a été pensé pour être un tiers freestyle, un tiers poudre, et un tiers piste. Il s'adresse à des skieurs qui ont une pratique freestyle backcountry polyvalente, mais qui veulent posséder une paire qui leur permette également d'être à l'aise sur piste. Le Revolt 104 reprend donc les codes du 121, avec un patin plus étroit et donc plus facile à mettre sur les carres, et qui présente dans le même temps suffisamment de cambre pour offrir une bonne accroche.
Rendez-vous donc, dès ce printemps 2020, pour découvrir ce nouveau Revolt 104. En attendant, vous pouvez le retrouver et le tester sur les nombreux ski-tests organisés tout au long de la saison !
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