Seconde partie du reportage au Svalbard (la première est ici ) où nous avons testé en mai dernier la membrane Futurelight de The North Face dans des conditions de rêve. Ce reportage est réalisé avec le soutien de The North Face, à l'occasion d'un test sur le terrain de sa nouvelle membrane Futurelight.
Cela fait 3 jours que nous sommes à bord du Ms Nordstjernen, avec ses airs de cargo tout droit sorti d'un album de Tintin. L'ambiance y est plus que chaleureuse, le pont supérieur du bateau de l'emblématique compagnie norvégienne Hurtigruten résonne d'une joyeuse et cosmopolite cacophonie. L'absence de connectivité internet semble faire beaucoup de bien à tout le monde. On apprendra plus tard qu'il y avait bien DU wifi sur le bateau mais que The North Face avait demandé à ce qu'il ne soit pas communiqué à ses invités pendant ces quelques jours. Bien vu.
On a beau être sportifs, on ne boit pas que de l'eau non plus. Ce soir là, le capitaine a la délicate attention d'attendre la fin du diner pour quitter le confort du fjord et entamer la navigation en mer vers notre prochaine destination.
22 heures : l'équipe France tient bien la barre, mais l'horizon n'est déjà plus très droit.
Car plus tard dans la soirée, l'ambiance se fait différente : la mer est agitée, ça bouge et pas qu'un peu. Pas grand chose pour qui a l'habitude, en aucun cas une vraie tempête, mais disons qu'il convient de bien tenir les rampes. Les couchettes prennent un petit coté attraction de manège. Pour beaucoup la nuit sera "difficile", pour dire les choses pudiquement. N'est pas Thomas Pesquet qui veut.
Mais le lendemain matin, tout est vite oublié car...
Enfin, le soleil. On a eu beau se convaincre , après 3 jours de mauvais temps, que la beauté des lieux est indépendante de la météo - ce qui est vrai - la présence au réveil d'un grand ciel bleu décroche encore un peu plus la mâchoire. Alors que nous nous engageons dans le fjord de Trygghamna, le spectacle est grandiose.
Après un copieux petit déjeuner et la confection de nos sandwiches, le ballet des vedettes rapides peut commencer...
Situé à l'entrée de l'Isfjorden, en face de la ville de Barentsburg (voir plus loin), ce fjordounet est accessible en bateau à la journée depuis Longyearbyen, et les possibilités de randonnées sont très très nombreuses, avec des runs évidents finissant en bord d'eau ou des lignes plus alpines auxquelles on accède après un facile cheminement initial sur glacier. Le plus haut sommet de la zone, le Protektorfjellet, culmine à 847 mètres.
vue d'ensemble d'une partie du spot. Le bateau donne l'échelle.
Nous croisons deux voiliers avec des groupes de skieurs. L'expérience sur un voilier, avec un petit groupe, est sans doute la plus belle façon de conjuguer ski et découverte dans la région, à condition de disposer d'un budget (encore plus) conséquent. J'imagine cependant leur inquiétude devant le ballet de canots débarquant pas loin d'une centaine de randonneurs sur les berges. Mais l'endroit est vaste, il y a de la place sur tout le monde, nous ne croiserons que leurs traces du regard le soir venu.
Le run est court ( 350 mètres environ) mais imaginez la vue depuis le sommet...
Il fait beau mais frais et le vent fouette au sommet. Des conditions hivernales somme toute classiques pour une mi mai au Svalbard.
Coté neige, c'est doux mais un peu cartonné par le vent par endroit : le ski est agréable et il est possible d'aller chercher de belles lignes plus engagées si le coeur vous en dit. Mais dans ce cadre exceptionnel, je perçois le ski comme une partie d'un ensemble, pas comme une fin en soi. Attention ne nous trompons pas, les possibilités sont superbes de ce coté là mais il s'agit presque d'un prétexte pour pouvoir se plonger dans ces paysages, accéder aux hauteurs et s'en mettre plein les yeux. Ni la montée ni la descente ne sont à privilégier, le privilège est d'être là, tout "simplement".
Est-il possible d'émettre un avis définitif sur un nouveauté comme Futurelight après 4 jours de ski? Non, bien évidemment, mais il est en revanche possible de valider bon nombre des promesses faites par la marque. En 4 jours tour à tour humides, ventés, ensoleillés, la respirabilité et l'imperméabilité n'auront jamais été pris en défaut. Les tenues sont confortables, efficaces, bien coupées. La souplesse des tenues, leur douceur au toucher sont particulièrement agréables et inédits pour une membrane technique.
Quelques jours plus tard alors que je prolongeais mon séjour dans l'archipel mais sans la dimension ski, je me félicitais d'avoir mis les 300g de pantalon dans mon sac photo. Sur le pont de mon bateau du jour, par -10° humides et avec une forte bise, cette couche supplémentaire (par dessus un pantalon classique déjà chaud et coupe vent) m'aura permis de profiter confortablement du voyage sur le pont extérieur. C'est d'ailleurs cette compacité et cette légereté qui fait pencher à mon gout la balance en faveur de cette gamme ultra légère : la possibilité d'emporter une tenue complète et capable de résister aux pires intempéries dans moins de 700 grammes (veste + pantalon). Et ce quelle que soit la saison ou la pratique finalement, ou quand une tenue au programme spécifique peut se montrer surprenante de polyvalence. Peut-être juste opter pour un coloris plus discret dans ce cas ;-)
Il faudra bien entendu prendre en considération la longévité. Cela tombe bien : 2 tests privés ont été organisés cet automne pour que des membres de la communauté skipass puissent tester eux-mêmes la membrane révolutionnaire tout l'hiver. Les premiers retours ne devraient pas tarder.
Sans trop présumer du résultat, nous sommes en droit d'attendre le meilleur de The North Face, pour qui Futurelight est un développement clé, lui permettant d'être indépendant et innovant sur la technologie clé pour tout fabricant textile : la membrane. Sans même devoir rappeler les forces en présence, les enjeux sont considérables, d'autant que Futurelight est amené à être décliné sur d'autres produits (chaussures, tentes, textile trail running et rando...
Le groupe de randonneurs en bas de la photo donne une idée de l'échelle, sur une face ce jour là bien soufflée.
il est tout à fait possible d'allonger la courbe. Tout dépendra évidemment des conditions de visibilité.
La saison de ski de randonnée au Svalbard s'étend de mars à fin juin, les mois de mai et juin étant sans doute les plus adaptés : la météo y est nettement plus favorable, les possibilités de navigation plus nombreuses du fait d'une moins grande emprise de la glace. En l'absence totale de réseau routier, le bateau reste le moyen de transport privilégié, qu'il s'agisse d'excursions à la journée au départ du port de Longyearbyen ou de croisières plus longues comme nous l'avons fait. Le bateau est de plus un moyen fantastique pour découvrir les paysages fabuleux de cette partie du monde. Le spectacle est absolument permanent, hypnotisant.
Pour des randos plus longues en itinérance, la logistique prend vite une toute autre tournure, en mode expédition de plusieurs jours, pulka et camp de base...
Dans tous les cas, il est difficile d'envisager un séjour autonome, du fait de la double contrainte de la navigation et de la sécurité. Cela a forcément un impact sur le coût d'un voyage ski sur l'archipel. Pour le reste, le coût de la vie est norvégien, les hôtels ne m'ont pas paru hors de prix sur Longyearbyen et la disponibilité semblait grande à la mi mai, qui est vraiment un mois de transition pour le tourisme. Le ski de randonnée reste une activité très marginale même si l'offre existe et est bien structurée.
Pendant ces 4 jours passés avec The North Face, nous n'aurons fait qu'effleurer le potentiel de ski et d'aventure de la région. Il en va ainsi du Svalbard qu'on le quitte avec une furieuse envie de revenir se perdre dans ce monde sauvage et magnifique. Alors que je rédige cet article, cette histoire de voilier me trotte dans la tête et me met à rêver d'une expé ski sur un vieux gréement comme celui-ci (renseignement pris, c'est possible sur ce bateau précis, mais il vous en coûtera la modique somme de 6000 euros la semaine par personne)
Je pense l'avoir suffisamment répété : un voyage lointain au ski vaut aussi (surtout?) pour la découverte de la région. Nul besoin d'aller si loin si ce n'est que pour enchainer quelques virages dans la poudreuse. Voici un condensé très condensé de ces quelques jours passés au Svalbard, sous un angle qui n'est pas que celui, classique, de la nature et des paysages.
Surprise du chef, nous débarquons pour quelques heures à Ny-Alesund, qui en toute simplicité la ville la plus septentrionale au monde, à 100 km au nord de Lonyearbyen. L'hiver, la bourgade accueille une trentaines de personnes, un nombre qui atteint les 150 pendant l'été arctique.
Ses mines fermées définitivement en 1963, après un ultime accident au lourd bilan de 22 victimes, Ny Alesund est aujourd'hui exclusivement occupée par des missions scientifiques (dont deux françaises), qui se consacrent aux travaux sur le réchauffement climatique, dont les effets sont exacerbés dans la zone arctique.
Dès le pont de débarquement, il est demandé de couper Wifi et Bluetooth afin de ne pas perturber les équipements scientifiques.
Alors que je croise tour à tour un camion de la NASA planté là avec ses grosses paraboles, un enclos avec des chiens de traineaux puis des containers abandonnés, je ne peux m'empêcher de penser que l'ambiance est un mélange d'E.T, de Rencontres du 3ème Type et The Thing de John Carpenter (en un peu moins effrayant quand même). Personne dans les rues à part les poussins Futurelight... Que se passe-t-il vraiment derrière les portes des labos?
Le bateau repartant bientôt, je fais l'impasse sur la boutique de souvenirs et boucle au pas de course le tour de ce village terriblement photogénique qui aurait mérité une escale plus longue. Je finis ma balade seul dans une sorte de décharge post apocalyptique à ciel ouvert. Moi qui aime les contrastes et la rouille, je suis servi.
Ils sont loin et ce malgré les 600mm de mon optique. Autant dire qu'à l'oeil nu, on ne voyait que 2 petites taches floues au loin. En revanche, on distingue bien le monstrueux glacier au second plan.
Plus proche du bateau, à quelques mètres seulement, nous croiserons ce jour là phoques et de nombreux belugas.
La ville de Barentsburg est un petit bout de Russie au Svalbard (mais pas besoin de visa ! ). Conformément au traité du Svalbard, chaque nation signataire peut s'installer dès lors qu'elle maintient une activité économique. Après l'abandon des villes de Pyramiden et Grumant, la Russie n'exerce désormais son influence que sur la ville de Barentsburg. La mine de charbon (qui se visite) assure péniblement l'auto-suffisance énergétique de la ville, alors que les regards se tournent de plus en en plus vers le tourisme. Quoi qu'il en soit, on ne peut aussi s'empêcher de penser que les enjeux stratégiques de la zone arctique justifient que la Russie maintienne cette présence coûte que coûte.
Le mois de mai est un mois calme au Svalbard : l'hiver est terminé, l'été n'a pas encore commencé. La ville est déserte, nous ne sommes en tout et pour tout que 2 "touristes" dans l'hôtel de la ville ce soir là. Cela me convient parfaitement et me permet d'accéder à des zones peu glamour desquelles les touristes sont sans doute tenus à l'écart pendant la pleine saison.Comme à Ny-Alesund, les contrastes sont saisissants, entre le blanc de la neige et le noir du charbon, omniprésent, entre les bâtiments abandonnés et ceux rénovés, entre le fjord argenté et l'immense décharge de matériaux, lié en partie à la transformation de la ville et le démantélement inéluctable des installations minières. On me certifie que ces déchets sont en attente d'un bateau qui va venir débarrasser le tout. J'ai l'impression qu'ils doivent attendre depuis un bon bout de temps. Je passe quelques heures à réaliser des clichés qui ne finiront sans doute pas dans la plaquette touristique.
En voici un bref aperçu, ces deux jours de photo et de rencontres méritant sans doute un article à part entière, mais je vais devoir créer un autre site que skipass.com pour ça ;-)
Cette semaine au Svalbard aura été d'une intensité rare, de celles qui donnent une envie folle de revenir en prenant le temps.
15 Commentaires
Quel est le matériel utilisé ?
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Sauf infidélité récente il est en Fujifilm X-qqchose
Tu peux jeter un œil à ça en attendant plus de détails de la part de G (c’est un homme occupé, je m’occupe de lui faire gagner du temps moi j’en ai plein !)
skipass.com
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Pour ceux que ça intéresse un petit retour d’expérience de la saison dernière au Svalbard zapiks.fr
Que ce soit pour de la rando contemplative ou plus engagée le spot est incroyable !! Il va à mon avis vite se démocratiser vu le potentiel
Merci pour ces photos G elles sont magnifiques comme d hab' bravo !
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Pour le retour de test et retrouver à n'en pas douter les points forts évoqués , j'ai hâte de la voir arriver ..
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Je n'y suis jamais allée pour skier mais de ce que j'ai vu, au sud vers la base polonaise de Hornsund, les possibilités avaient l'air bien bien démentes.
Les endroits accessibles relativement facilement ne sont pas si nombreux.
Sinon pour du glauquissime photographique absolu, Pyramiden est encore pire que Barentsburg.
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