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Skipass en Valais : présentation | Val d'Hérens (première partie) | Val d'Hérens (seconde partie) | Lötschental (première partie) | Lötschental (seconde partie)
Trente mètres séparent la porte de sortie du râtelier à skis de l’hôtel Breithorn de l’arrêt « car postal ». Le petit bus jaune nous dépose devant la gare du téléphérique de Wiler pour une somptueuse randonnée circulaire placée sous le signe de l’écomobilité avec un retour en terrasse pour fêter l’après ski et suivre les traces des fameux Tschäggättä.
On poursuit notre course sur le glacier du Tennbach en alternant montée, plat et descente pour une longue traversée sous les sommets du Sackhorn, de l'Elwertätsch et du Birghorn. Le secteur hors-piste de Lauchernalp offre tellement d’opportunités de ski que l’on se retrouve très vite seul à laisser nos traces sur la montagne, nos condisciples préférant des parcours de proximité comme pour notre itinéraire initial.
On cherche après quelques heures de crapahute le point culminant du Petersgrat perdu sur un vaste plateau arrondi et ondulé par le vent. Le panorama s’étale sur 360 degrés : toujours face à nous le Bietschhorn, puis une ronde de sommets éblouissants au-dessus de la vallée du Rhône, dans notre dos le cœur des Alpes bernoises avec la Jungfrau et l’Aletschhorn que l’Unesco a inscrit sur la liste du patrimoine mondial naturel.
Le pique-nique rapidement englouti, on s’engage vers la vallée encaissée du Uisters Tal. La partie sommitale et glaciaire est un peu matée par le vent et nous contraint à devoir lécher les parois ombragées du Tellispitza pour profiter d’une neige encore savoureusement poudreuse. Le vallon s’élargit et nous obliquons sur sa gauche pour basculer sur des pentes en transfo. Jérémy s’offre quelques saute-moutons en cherchant le chemin à travers de petites barres rocheuses. Au terme d’une magnifique et longue descente, on rejoint le village isolé de Fafleralp endormi sous la neige. Les pistes de fond nous facilitent le retour sur Blatten et la terrasse de notre hôtel où un plateau de fromages et charcuterie accompagné d’une bière sonne l’heure du goûter. Un trio pétillant pour découvrir la micro-brasserie artisanale et locale.
Ni chamois, ni écureuil, ni renard, ni Tschäggättä…nous n’aurons croisé aucune trace des « sauvages » qui parsèment la montagne lötscharde. Si le bestiaire des Alpes attend des jours plus propices pour pointer son nez, les Tschäggättä, ces effrayants personnages couverts de fourrure et affublés de masques grimaçants, que le carnaval ressuscite chaque année, sont repartis en estivation à la « cave ».
Faute d’avoir pu affronter le tintamarre de cloche et les grimeries en bois sculpté, c’est au musée « Blaue Stube », gardien de la tradition carnavalesque, que Ruth Rieder nous fait découvrir l'univers magique de cette coutume populaire. La pièce, dévolue à la création, exhale une agréable odeur d’arolle. Chacun y va de son coup de gouge dans le bois tendre pour s’initier à la sculpture. Laurent enveloppe, sur son dos, une épaisse peau de chèvres se prenant pour un Tschäggättä velu, camouflé et démoniaque près à déambuler dans les rues de Wiler.
Un parquet qui craque nous entraîne à l’étage pour découvrir différentes figures animalières ou dérivées de personnages fantastiques. Un petit film nous apprendra que l’essor du tourisme et la médiatisation de cette tradition vivante ont entraîné un adoucissement de la rudesse initiatique des Tschäggättä.
Portraits troublants, émouvants, on a envie de les voir en vrai se mouvoir et de vivre le carnaval des Lötschentaler
Pour notre ultime matinée avant de regagner nos pénates, on s’élève une dernière fois avec les remontées mécaniques pour rejoindre notre promontoire du Hockenhorngrat. On met les skis sur l’épaule pour gravir la centaine de mètres d’un sentier pédestre d'hiver. Cap à l’ouest pour atteindre la Lötschenpasshütte. S’en suit une descente verglacée pour arriver à la cabane située à l’aplomb de l’impressionnante face du Balmhorn qui dégorge de neige. On s’installe en terrasse pour boire un café-schnaps et attendre patiemment que la neige décaille.
Passage entre le Valais et l'Oberland bernois, ce petit paradis à la montagne est le rondpoint des randonnées circulaires du coin entre Leukerbad, Kandersteg par la vallée du Gasterntal et le Lötschental. Pour dire qu’il y a un peu d’animation sous nos yeux en ce samedi ensoleillé. On voudrait cette longue pause infinie mais François donne le top du départ. Timing parfait. La poudre du début de la semaine s’est définitivement fait manger par le printemps mais une excellente moquette a pris le relais.
La configuration des lieux offre une multitude d’entailles et de vallons. Le gros des images étant dans la boite, on en profite pour lâcher les freins jusqu’au hameau de Kummenalp. On observe au loin le Ferdenpass qui permet de faire la belle traversée Ferden – Leukerbad. François nous promet un bain dans les sources d’eau thermale lors d’une prochaine visite dans le coin.
On a attendu en terrasse que les conditions soient bonnes. On est descendu dans de belles combes bien larges et une neige transformée parfaite (à souhait). Super ski et grandes pentes où tout le monde a fait de belles courbes face au magnifique cadre du Bietschhorn
On termine notre descente dans la pinède au-dessus de Ferden à faire la jonction entre des plaques de blanc et des tapis d’aiguille de conifères. Des fils de fer jalonnent les champs et nous obligent à jouer les contorsionnistes. On finit sur une route enneigée, bordée d’oratoire sur les hauteurs du village. Un coup de pouce levé pour rentrer sur Wiler et le tour, propre et figuré, est joué.
Excellente compagnie, beaux paysages, grand ski, notre expérience du Lötschental s’achève sous les meilleurs hospices. Si le domaine balisé reste confiné, les options en freerando sont infinies. Comme dans le Val d’Hérens, cette vallée nous aura également permis d’associer le ski à la découverte des femmes et des hommes qui vivent dans ces hauts lieux et sont les passeurs de traditions séculaires. L’alchimie des lieux et des rencontres a procuré à ce séjour une émotion supplémentaire et éveillé une forme de curiosité à vouloir comprendre les modes de vie de ces montagnes. « Pietagot » comme on dit ici pour prendre congé.
J’ai acheté les cartes topographiques du secteur car ce séjour m’a vraiment donné envie de revenir : Arolla plutôt pour faire du ski engagé avec de la pente raide, le Lötschental pour le côté aventure et mystérieux même dans la prononciation.
Nous laissons le mot de la fin à Jérémy qui nous résume son expérience dans le Lötschental : « Une grosse heure et demie sépare les deux vallées visitées. Deux langues différentes mais beaucoup de ressemblance culturelle. Le terrain de jeu est plus accessible ici. La montagne avec son entrelacs de vallon est moins austère que dans le Val d’Hérens. Cette vallée est plus portée sur le ski alpin avec des remontées plus high tech. Il y a plus de mixité entre le ski de pistes et le « touring » avec un potentiel freerando incroyable. J’ai trouvé le Lötschental encore très marqué par la paysannerie de montagne avec des bêtes, des étables. J’ai acheté les cartes topographiques du secteur car ce séjour m’a vraiment donné envie de revenir : Arolla plutôt pour faire du ski engagé avec de la pente raide, le Lötschental pour le côté aventure et mystérieux même dans la prononciation. En attendant, cela a été deux vraies belles découvertes. Nous sommes entourés de stations internationales et il y a ces vallées cachées entre deux. Des terres de sauvegarde des traditions et de la nature ».
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