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Skipass en Valais : présentation | Val d'Hérens (première partie) | Val d'Hérens (seconde partie) | Lötschental (première partie) | Lötschental (seconde partie)
On s’élève sur les contreforts de Sion au milieu des vignes. Arolla apparaît comme un bout du monde sur l’écran du gps. On quitte vite l'urbanité contemporaine pour des alpages accueillants et des hameaux de chalets en bois bruni semblant braver les siècles. La route passe par un petit tunnel creusé sous les incroyables « pyramides d'Euseigne », demoiselles coiffées sculptées par l'érosion. Aux abords du village d’Évolène, nous découvrons notre terrain de jeu pour deux jours. Un accueil en bleu et blanc. La Dent Blanche du haut de ses 4 357 mètres porte plus que jamais son nom tant la montagne est plâtrée de neige. Des hameaux à l'ancienne jalonnent notre incursion au cœur du Val d'Hérens : Haudères, la Gouille, Satarma, Pramoûss, la Monta... La route est longue mais pittoresque et permet à l’équipe de mieux faire connaissance.
Si Arolla est le terminus de notre route, il faut encore monter au-dessus du village pour atteindre l’emblématique hôtel Kurhaus qui nous accueille pour la première partie du séjour. Le bâtiment tout en pierre se découvre au dernier moment caché dans un bois de pins. Peter Weatherill, le propriétaire et garant d'un impressionnant héritage familial, préside aux amabilités dans cet édifice emblématique du tourisme local.
L'équipe au grand complet dans les confortables salons de l'hôtel Kurhaus et sa belle bibliothèque montagnarde pour les jours de tempête. De gauche à droite : Jérémy, Florent, Guillaume (dans le miroir), François, Maxime et Laurent.
Nous prenons possession des lieux et partageons un petit moment convivial avec Peter qui nous raconte l’histoire de ces murs. On se demande ce qui a poussé les hommes à chercher à aller plus loin dans ce fond de vallée.
« C’est mon arrière-grand-mère qui a fait construire cet hôtel en 1896. Le train était arrivé à Sion en 1860 et avec le chemin de fer, les premiers touristes anglais. Des gentlemans en vacances qui allaient par la suite inventer l’alpinisme dans les Alpes. Mes arrière-grands-parents avaient compris avant tout le monde le potentiel touristique de ce territoire. Pari gagnant ». Nous ressentons la dimension réelle de la haute montagne à travers ces anecdotes savoureuses. « Le ski mécanisé n’est arrivé que bien plus tard », reprend Peter. « 1968 a été notre premier hiver avec la mise en route du téléski. Joséphine Baker nous avait fait l’honneur de sa présence. 50 hivers et pas un seul où nous n’ayons pas eu de neige pour ouvrir ».
Sur fond d’échange culturel et authentique, François étale la carte swisstopo pour nous projeter sur l’itinéraire du lendemain. Siroter une bière, s’imprégner de l’histoire de la vallée, dessiner d’oniriques virages entre les courbes de niveaux, la semaine ne pouvait pas mieux commencer.
C'est l'heure de se coucher... la vue depuis notre chambre est pleine de promesses pour le lendemain...
La salle à manger est animée de bon matin. Le buffet du petit déjeuner foisonne de choix et nous offre un gargantuesque début de journée. On quitte l’hôtel Kurhaus, skis aux pieds, pour dévaler un petit chemin nous conduisant à travers les senteurs sauvages des forêts d’arolles aux pieds des remontées mécaniques. Les Fontanesses est le nom du petit domaine skiable d’Arolla. Il forme, avec la Forclaz et Évolène, l’espace Dent Blanche, un regroupement de trois stations Hérensardes à taille humaine et à l’ambiance familiale très loin du niveau d’infrastructures des voisines Zermatt ou Verbier. Peter, qui dirige également les remontées mécaniques d’Arolla nous a remis nos précieux sésames pour gagner un peu de dénivelé avec les téléskis. Pas de six places à l’assise chauffante ou de cabines cristallines, Arolla reste associée à un tourisme générique et authentique, signe d’un développement maîtrisé.
On empoigne la perche d’un bon vieux Poma. Les conifères de l’étage subalpin sont vite dépassés pour nous arrimer à la haute montagne. Alors que les skieurs se dirigent en nombre vers le Pas de Chèvre, nous prenons l’option d’un second téléski pour nous hisser jusqu’au sommet du domaine skiable à 2 850 mètres. Un groupe de skieurs descend sur notre droite à l’aplomb du Mont-Dolin et nous donne le ton de la journée : la neige est excellente ! A nous d’en profiter.
Nous prenons quelques minutes pour observer les montagnes majestueuses nous entourant. François nous fait faire le tour de cet horizon ciselé en nous détaillant les sommets prestigieux : Mont-Blanc de Cheilon, Pigne d’Arolla, Aiguille de la Tsa...
Le programme de la journée nous conduit vers le secteur des Aiguilles Rouges. Nous remontons la combe des Fontanesses en direction du petit col immédiatement à gauche du sommet de la Cassorte. Les cinquante derniers mètres nous donnent du fil à retordre pour les conversions dans une pente soutenue. La neige est tellement souple et inspirante que Jérémy et Laurent s'offrent quelques virages face à l'imposante masse du Mont Collon avant de revenir franchir le col surplombant le vallon des Dix.
Petite mise en scène photographique pour immortaliser notre passage dans cette brèche dans un décor de chaos minéral.
Une corde fixe permet ensuite de désescalader et rejoindre le col voisin des Ignes. François double pour les timorés alors que Jérémy enchaîne en ski en zigzagant entre les pierres débaroulantes.
L’objectif est de descendre dans le vallon et de remonter ensuite sur une antécime de la crête menant aux Aiguilles Rouges. Guillaume part se positionner sur la selle du col supérieur des Ignes pour les photos pendant que l’on enchaîne les manipulations de peaux.
Le timing est excellent car dans une semaine aura lieu la patrouille des Aiguilles Rouges organisée alternativement avec celle des glaciers. Faut-il encore dire et écrire que le haut du Val d’Hérens constitue le lieu incontournable de la randonnée à ski portée par ces deux courses emblématiques ? Tout est silence, pas de flanelle multicolore à l’horizon. Seule la force aérienne suisse perturbe ponctuellement notre quiétude.
Notre cycle « premières traces » peut enfin débuter à 3 278 mètres. 1 400 mètres de dénivelé négatif jusqu'au hameau de la « Gouille » en aval d’Arolla. La descente est évidente dans une excellente neige poudreuse. Après une petite pause casse-croûte à mi-pente, nous remettons par deux fois les peaux histoire de ne pas gâcher notre plaisir et faire offrande de cette neige au soleil printanier.
La fin de notre itinéraire dans le secteur du lac Bleu nous permet une dernière petite session ludique entre les arbres. Une journée de dingue : le massif des Aiguilles Rouges d'Arolla nous permet de démarrer en fanfare notre séjour.
Deux groupes, deux approches... Devinez quelles sont nos traces!
Tartes maison, crêpes, confitures, plateau de fromage... : le goûter de retour de rando à l'hôtel Kurhaus ne plaisante pas !
On en profite pour faire le bilan de la journée avec Laurent, membre de la communauté skipass.com invité pour cette semaine...
« Je connaissais déjà Arolla où j’étais déjà venu plusieurs fois mais je n’avais fait que passer pour rejoindre des refuges. Je découvre un village, une histoire. On loge dans un hôtel assez unique. Je suis impressionné par le fait que des gens aient eu l’idée de placer cette bâtisse à plus de 2 000 mètres d’altitude en 1896. Cela n’a pas dû être évident à construire ».
« Une première journée au top. J’ai été un peu surpris par le froid mais c’est vrai que l’on est toujours à plus de 2 000 mètres d’altitude. On emprunte les deux téléskis et la vue se découvre au fur et à mesure. On découvre les 4 000 du Valais, des sommets emblématiques avec de gros glaciers. Le décor est époustouflant, taillé pour le ski. Les remontées mécaniques offrent des possibilités immenses avec des retours faciles. On a eu de la très bonne neige restée froide. J’ai un peu bourriné dans les montées pour essayer d’en faire le maximum. J’ai bien aimé aussi l’idée de faire un tour, de découvrir des paysages au fur et à mesure de la journée, de visiter différentes vallées ».
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