Vingt-trois Points Neige et neuf Bulletins Neige plus tard, nous y sommes : tout le monde (ou presque) a maintenant rangé les skis. Le mois de mai se termine et, à part de rares opportunités en randonnée, la saison de ski est généralement terminée. Cet hiver aura été trop long pour certains en haute-montagne, trop court pour d'autres sur certains massifs. Une chose est sûre : les conditions météorologiques ont été très hétérogènes, très variantes et même parfois très atypiques de novembre à mai.
Nous vous proposons ici un bilan de l'enneigement de cet hiver et des conditions météorologiques pour vous, pratiquants de la montagne. Alors au final, après "l'hiver du siècle ?" : elle était comment cette saison ?
La saison va en fait démarrer un peu plus tôt, autour du 28/29 octobre. A cette période, un décrochage d'air polaire se produit déjà entre l'Espagne et le Portugal. A l'avant, l'air humide et doux se heurte à cet air froid et produit des chutes de neige jusqu'à basse-altitude. Elles sont très marquées pour la période autour du Massif-Central (jusqu'à 60 cm en Haute-Loire) et gagnent ensuite rapidement les Pyrénées, puis les Alpes du Sud. Les Alpes du Nord, les Vosges et le Jura sont aussi touchés mais dans une moindre mesure.
Bien évidemment ce manteau neigeux ne s'installe pas durablement sauf en haute-montagne. La majeure partie du temps le mois de novembre se déroule sous un temps plutôt calme. Les courants de Sud à Sud à Sud-Ouest prédominent. Ils sont souvent favorables à l'enneigement des Alpes du Sud, avec un paroxysme atteint lors du 23 novembre où il tombe une bonne cinquantaine de centimètres de neige en altitude, proche des Ecrins notamment. La station de Vars (05) reçoit une belle couche :
Quelques petits épisodes se produisent encore les jours suivants, essentiellement sur les massifs proches du Dauphiné dans les Alpes du Nord où la couche de neige devient confortable pour la période.
Le mois de décembre voit un changement de situation. La circulation météorologique évolue. On peut souvent la résumer en un vaste courant d'Ouest à Nord-Ouest à proximité immédiate de l'anticyclone. Insistons bien sur ce dernier point, visible sur la carte des centres d'action ci-dessous du 08 décembre 2018 :
La proximité de l'anticyclone des Açores, représenté ici par les plages de couleurs rouges et les valeurs autour de 1025 à 1030 hectopascals, autour du Portugal ramène deux choses : une masse d'air assez douce avec un enneigement qui se fait donc "par le haut" sur les Alpes du Nord, un temps sec sur les Pyrénées où l'enneigement peine à s'améliorer et devient déficitaire pour la saison.
Les vacances de Noël seront ainsi délicates le long de la chaîne pyrénéenne (voire très délicates), mais aussi des Vosges au Jura avec peu de pistes ouvertes. Les Alpes du Nord manquent de neige en basse-montagne tandis qu'en altitude, et sur les Alpes du Sud, elle est bien présente. Sous un soleil ultra-dominateur, ces vacances se déroulent donc très bien pour les hautes stations alpines.
Ainsi, au 1er janvier l'enneigement reste souvent déficitaire et tranche avec la saison précédente. En témoigne ces illustrations pour les Alpes et les Pyrénées :
Tout cela évolue progressivement à partir du 9 janvier. Les perturbations, jusque-là très orientalisées, se mettent à atteindre les massifs du Nord-Est (Alpes du Nord, Jura, Vosges) puis le Massif-Central.
Après le 20 janvier, une séquence perturbée très active se met en place sur les Pyrénées. Il neige sans discontinuer durant plusieurs jours. Les cumuls sont ainsi très importants atteignant souvent les 1m50 à 2 mètres en moins de 5 jours sur la majeure partie de la chaîne.
L'enneigement, jusque-là quasi inexistant, s'élève jusqu'à des valeurs bien élevées pour la période. Deux images pour illustrer cela. La première, issue d'une nivose Météo France en Ariège témoigne de la hausse impressionnante de l'épaisseur de neige à cette période. La seconde, est issue de captures de webcam à 15 jours d'intervalle au col du Tourmalet (65) à 2115 mètres d'altitude. On passe littéralement d'un paysage digne d'un mois d'octobre à un paysage pleinement hivernal sous de bonnes hauteurs de neige.
Cette séquence perturbée est due à un courant de Nord drainant un air humide directement sur la chaîne pyrénéenne. Un "toboggan" de Nord-Ouest va ensuite se mettre en place jusqu'à la fin du mois de janvier. Il va amener plusieurs perturbations neigeuses actives sur les Alpes du Nord, les Vosges, le Jura, le Massif-Central et une bonne partie des Pyrénées.
Entre le 1er et le 2 février, le flux bascule très progressivement au Sud-Ouest. D'intenses chutes de neige touchent l'ensemble de l'arc alpin (partie Sud comprise) jusqu'à basse-altitude par effet d'isothermie. Notons que les configurations qui enneigent aussi bien le Nord que le Sud sont tout à fait atypiques.
Puis... C'est le calme plat. Le mois de février sera remarquablement stable, historiquement doux et sec. Une seule perturbation, neigeuse en montagne donc, balaie nos massifs autour du 10. A part cela : une ceinture anticyclonique très étendue va rester vissée sur la France jusqu'en fin de mois.
Ce mois de février est ainsi le deuxième mois de février le plus doux de l'histoire des relevés météorologiques en France. Tandis que de très nombreux records de douceurs absolus mensuels seront battus. Aperçu :
Fait insolite : de nombreuses stations météo d'altitude sur les Alpes du Nord n'ont pas connu de journées plus douces cette année que celles observées fin-février avant le 31 mai dernier !
A noter que côté stations, c'est "tout bénef" : après une période améliorant l'enneigement entre les deux principales vacances scolaires, celles de février se déroulent sous un soleil radieux, dans des conditions assez douces, avec des stations pour la plupart correctement voire très correctement enneigées. Les taux de remplissages et les chiffres d'affaire sont bons, ils rattrapent même le déficit de début de saison pour certains secteurs qui étaient restés secs (notamment dans les Pyrénées). Au total, le bilan provisoire de la saison complète par Domaines Skiables de France fait état d'une hausse de 1% de la fréquentation par rapport à la moyenne des quatre dernières saisons, en léger retrait (- 1,5%) par rapport à l'excellente saison 2017-2018.
Les conditions restent bien calmes jusqu'au 03/04 mars, puis le courant de Nord-Ouest devient un peu plus perturbé jusqu'au 19/20 mars. Dans ce contexte, ce sont surtout les Alpes du Nord qui sont touchées par des perturbations ainsi que les Vosges et le Jura. Les Pyrénées et les Alpes du Sud (où la neige se fait très rare en pentes Sud) restent en marges de ce mauvais temps.
Le printemps respecte le calendrier et arrive autour du 20 mars sur la France avec un temps plus calme et de la douceur. On profite à nouveau de belles journées de ski sur le pays.
Mais, du 3 au au 6 avril, l'hiver fait un retour remarquable et remarqué. A la faveur d'un nouveau décrochage polaire sur le proche-Atlantique ; il neige alors très bas pour la saison et parfois en abondance. C'est surtout le cas sur l'arc alpin avec un épisode à nouveau atypique touchant aussi bien les Alpes du Nord que les Alpes du Sud. Dans les Écrins il tombe par exemple près d'un mètre de neige fraîche au-dessus de 2000 mètres :Par la suite le temps se calmera sensiblement avec donc une fonte qui s'achève en basse-montagne et qui s'amplifie en moyenne-montagne, bien évidemment préférentiellement dans les versants Sud. Un épisode de neige en altitude, dans un courant de Sud-Ouest, parviendra tout de même à toucher les Alpes du Sud en fin de mois. Place à l'été et aux paysages verdoyants ensuite ? Pas vraiment comme nous l'évoquerons en fin d'article.
Après avoir dressé une chronologie, plus ou moins exhaustive, des conditions météorologiques globales de l'hiver ; tentons de voir à l'échelle de nos massifs si cette saison a été bonne ou non.
La saison a été de courte durée. Météorologiquement, pour quelles raisons ? Le début d'hiver (novembre/décembre) a été marqué par des passages perturbés certes. Mais la limite pluie-neige a souvent fait le yoyo, lessivant le peu de neige présente jusqu'aux plus hauts sommets de ces reliefs. Ainsi, fin décembre, l'enneigement naturel est qualifié de "quasi-inexistant" au coeur du Massif-Central par exemple. Par la suite, des séquences neigeuses ont vite touché Jura et Vosges puis le Massif-Central. La période janvier-début février a ainsi été prolifique côté neige avant le calme, sous le soleil, de la majeure partie du mois de février. Les perturbations neigeuses de début mars ont touché les plus hautes altitudes de ces massifs, permettant du ski jusqu'à la moitié voire la fin du mois de mars sur les stations les plus exposées. Grâce à la perturbation neigeuse de début avril, très active en particulier côté Jura, le ski de randonnée a pu lui, être encore praticable jusqu'à la moitié du mois d'avril.
Globalement, l'enneigement a donc été inférieur aux moyennes cet hiver hormis localement dans le Jura où il peut être qualifié de convenable. Il est par exemple tombé dans le massif du Jura du 1er octobre au 1er mai 364 cm de neige à Bellefontaine (39) à 1030 mètres ou encore 316 cm aux Fourgs (25) à 1138 mètres. Dans le Massif-Central on relève 232 centimètres au Lioran (15) du 1er novembre au 1er mai à 1238 mètres d'altitude.Le graphique de droite met également en exergue ce très faible enneigement de l'autre côté de la chaine, dans les Pyrénées-Orientales. Les vacances de Noël sont donc très délicates pour la plupart des stations avec un bon nombre d'entre elles qui peinent à ouvrir un nombre conséquent de remontées mécaniques.
Mais, et cela est bien visible sur le graphique des Angles, une très grosse séquence neigeuse s'ouvrira autour du 20 janvier et perdurera plusieurs jours comme nous en parlions dans la chronologie de l'hiver ci-dessus. Les quantités de neige deviendront alors rapidement très conséquentes et retrouveront les moyennes saisonnières début février, sauf en bordure immédiate de Méditerranée.
Cet épisode sera tout de même assez isolé avec un temps souvent bien sec en février/mars malgré de courtes et faibles incursions neigeuses. Il faudra en fait parfois atteindre le début du mois d'avril pour rencontrer des offensives neigeuses plus notables en altitude. Bref, vous l'aurez compris, les quantités de neige tombées cet hiver sur la chaîne pyrénéenne ont globalement été bien déficitaires voire très déficitaires en gagnant la Cerdagne et le Capcir sur la partie orientale du massif.
Continuons notre tour de France avec ce massif. Comme pour les Pyrénées, l'enneigement a été très irrégulier cette saison. Hormis dans les Écrins, qui bénéficient souvent de débordements en provenance des Alpes du Nord, le manteau neigeux s'est en effet constitué au rythme d'une perturbation par mois entre octobre et mars avant au final des séquences neigeuses un peu plus importantes en avril. La nivose du Mercantour (06) à 2430 mètres d'altitude représente très bien tout cela :
50 cm fin octobre, 45 cm fin novembre, 20 cm fin décembre, 50 cm début février puis le calme plat jusqu'en avril.
Dans ce contexte, comme on le mentionnait dans nos Points Neige, c'est souvent dans ce massif qu'il fallait être pour les congés du nouvel An avec un manteau confortable pour la période. Par la suite, le manque de neige fraîche s'est souvent fait sentir jusqu'à l'offensive de début février. Les vacances suivantes se sont donc déroulées sur les meilleurs auspices mais, en raison de la douceur et de l'absence de nouvelles précipitations, la qualité et l'épaisseur de neige se sont dégradées tout au long du mois de février en particulier dans les pentes Sud qui étaient au vert au 1er mars souvent jusqu'à 2000/2500 mètres d'altitude.
Au final, on peut dire que les chutes de neige ont été inférieures aux moyennes sur ce massif d'octobre à mars. Cela a été particulièrement le cas le long de la frontière italienne, notamment côté Queyras, avec l'absence relative de situation dite de "retour d'Est".
On a par exemple relevé, du 1er octobre au 1er mai, en neige fraîche : 227 cm à Cervières (05) à 1637 mètres, 225 cm à la Chapelle en Valgaudemar (05) à 1270 mètres, 146 cm aux Orres (05) à 1446 mètres ou encore 268 cm à Puy Saint Vincent (05) à 1380 mètres.
Un temps sec particulièrement visible sur cette carte du rapport à la moyenne des précipitations entre le 1er janvier et le 26 mars :
En haute-montagne en revanche, et on y reviendra en dernière partie, la saison a été extrêmement longue grâce aux chutes de neige de décembre/janvier/début-février, à la fonte limitée de février/mars, et aux perturbations neigeuses d'avril/mai ...
Pour synthétiser voici quelques cumuls de neige fraîche, du 1er octobre au 1er mai :
- 198 cm à Chamonix (74) 1030 mètres.
- 315 cm à Arêches (73) 1030 mètres.
- 353 cm à Chatel (74) 1135 mètres.
- 368 cm à Vallorcine (74) 1300 mètres.
- 443 cm aux Gets (74) 1172 mètres.
- 462 cm à Pralognan la Vanoise (73) 1420 mètres.
- 467 cm à la Clusaz (74) 1180 mètres.
- 562 cm à la Plagne (73) 1970 mètres.
Bref, globalement à l'échelle française : les chutes de neige en montagne ont été moins importantes que la moyenne. Mais, en omettant ce côté "affamés de poudreuse" et donc malgré un enneigement souvent moins conséquent que la saison dernière : la saison a été très bonne. En effet, la neige est souvent tombée au bon moment (Alpes du Nord et Alpes du Sud notamment, ensemble des massifs pour les vacances de février) tandis que le soleil a régné en maître durant les vacances scolaires et pendant les weekends de mars. En d'autres termes, les conditions pour le tourisme du ski ont souvent été idylliques pour les hautes stations d'altitude voire celle de moyenne-altitude dans les Alpes du Nord. Une telle séquence de beau temps en février sur des montagnes enneigées ne se répétera pas tous les ans...
Mais les mois de mars/avril n'ont pas sonné la fin de l'agitation neigeuse partout. Comme on l'a vu précédemment, le mois d'avril a souvent été neigeux là où le reste de l'hiver a souvent été sec (Alpes du Sud et Pyrénées par exemple).
Le mois de mai qui s'achève a lui été bien plus remarquable. Replaçons le d'abord dans le contexte à l'aide de deux illustrations :
A gauche est représentée l'anomalie de températures globale à l'échelle de l'Europe du 1er au 20 mai : des masses d'air fraîches ont fréquemment concerné l'Europe de l'Ouest tandis que la Russie ou le Groenland subissaient une douceur très importante.
A droite l'anomalie de températures en France entre le 1er et le 15 mai. Après de nombreux mois d'excédents, ce mois de mai 2019 est situé bien en-dessous des moyennes. Il faut remonter à février 2018 pour retrouver un mois en-dessous des moyennes (ils sont de plus en plus rares dans un contexte de réchauffement climatique global). Plus généralement, ce mois de mai est le plus frais en France depuis 2013.
Pour nous, qui nous intéressons en particulier à la neige en montagne, cela a eu plusieurs conséquences :
La première est la survenue de nombreux épisodes neigeux tout au long du mois et ce sur l'ensemble des massifs. Il a parfois neigé jusqu'en plaines autour du 04/05 mai tandis que 50 cm de neige sont tombés sur Val-Thorens (73) lors de ce même épisode.
Après le 15 mai, des épisodes neigeux assez réguliers ont encore touché la haute-montagne que ce soit côté Pyrénées ou côté Alpes.
La seconde conséquence, bien évidemment liée, c'est la hauteur du manteau neigeux à haute-altitude dans les Alpes du Nord. Elle est parfois inédite depuis quelques années dans certains massifs. Exemple dans le massif de Belledonne où l'on trouvait encore ce 29 mai 2 mètres 50 de neige au sol, battant les 1m60 du 29 mai 2016 et surtout du 29 mai 2018 malgré un hiver très neigeux (notons que le record reste détenu par 2013 avec encore 3 mètres au sol le 29 mai !).
En fait cet hiver n'a donc pas forcément été très enneigé mais la fonte elle, est très tardive en haute-montagne. Elle a eu lieu dès le mois d'avril l'an dernier tandis qu'il faut attendre le mois de juin cette année...
Evidemment, les traditionnelles ouvertures de cols ces dernières semaines sont de ce fait spectaculaires que ce soit dans les Alpes françaises ou chez nos voisins italiens et autrichiens :
Pour l'anecdote, et pour conclure ce bilan, évoquons ce chiffre impressionnant côté Suisse : 7 mètres 14. C'est la hauteur de neige au sol relevée le 22 mai (record pour la date) au Säntis à 2502 mètres d'altitude.
Concernant l'activité avalancheuse, le bilan sera publié l'automne prochain ("l'année avalanche" se termine fin septembre) mais on peut d'ores et déjà affirmer qu'il s'agit d'une des saisons les moins meurtrières (13 décès comptabilisés, pour une moyenne annuelle de 30).
A la saison prochaine... En espérant retrouver de telles hauteurs de neige en France cette fois !
N.B : l'ensemble des données sur les cumuls de neige fraîche sont issues du site MétéoFrance.
7 Commentaires
"N.B : l'ensemble des données sur les cumuls de neige fraîche sont issues du site MétéoFrance." --> On peut avoir un lien svp ?
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Bel article en effet,merci ! Une erreur cependant : Pour le Säntis ce n'est pas à 2502 mètres d'altitude mais à 2230 m que la couche est mesurée (parfois à la jumelle) le long d'un poteau sous la ligne du TPH et ce depuis 1978 , je n'ai aucun doute là dessus , (à 2350m avant 78 et ??? encore avant ) lien + photo localisation en bas de post là skipass.com
Les autres paramètres météo du Saentis sont à 2502 m, neige fraiche mesurée dans une cuve ventée à 2500 m pas fiable . Le graph multi saison de RPM est sympa, il en a d'autres en stock ? -> on les invite tous dans un topic où j'avoue que la France reste marginale
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