2 jours sur la neige, 2 ambiances avec d'un coté Gudauri, plus grande station de Géorgie, et de l'autre une randonnée paisible (enfin pas tant que ça vous verrez) pour rejoindre un monastère perché dans la montagne. C'est l'épisode 3 de nos aventures en Géorgie, n'hésitez pas à parcourir nos articles sur Mestia et Bakuriani!
Voilà, je ne photographie pas QUE des ruines. Merci à la forteresse d'Ananuri, sur la route vers Gudauri. Ca doit être encore plus joli quand le lac est plein!
Gudauri propose le plus grand domaine skiable de Géorgie, c'est LA station à la mode pour la jeunesse géorgienne et les nombreux touristes russes. La station culmine quand même à 3279 mètres, et offre de nombreuses possibilités de rando et de freeride de proximité.
Mais les conditions printanières et la fièvre tenace de Sophie modèrent nos ardeurs : après quelques pistes, la pause Brochettes Bière s'éternise jusqu'à devenir une looooongue pause apéro coucher de soleil dans un chouette resto d'altitude fort bien sonorisé. Le panorama sur les montagne alentours est tout simplement grandiose.
Un excellent moment qui se conclut par une redescente dans la pénombre jusqu'à la station où un autre traquenard nous attend, une soirée chez Irakli et Zaza, des potes de Daniel et passionnés de ski de père en fils qui tiennent la Snow House, une auberge de jeunesse très recommandable sur Gudauri : brochettes à la cheminée, baby foot et bidon de TchaTcha. Les rires fusent, les yeux brillent.
Compliqué de revenir de Géorgie sans au moins une anecdote sur la TchaTcha. La simple évocation de ce nom déclenchera au choix grand sourire entendu, légère nausée ou franche terreur selon les gens. Dans tous les cas, il ne laissera jamais indifférent.
C'est l'alcool national, qui se distille (légalement) dans les arrière-cours et se boit généralement sans trop de modération, surtout quand il sert à de support à une autre spécialité nationale : le toast à l'amitié.
Sur la photo, c'est ce que Daniel appelle "Le Bidon". De fait, c'est un bidon, qu'on amène à l'apéro comme d'autres amèneraient un pack de bière chez nous.
Le départ de la randonnée se situe dans la vallée, il nous faut donc redescendre de Gudauri. Au départ de l'église du village, la première étape est d'ajouter dans nos sacs les colis (essentiellement des provisions, notamment des fruits) destinés aux quelques moines (ils sont 4) résidant là haut. C'est sûr que la popularité du ski de rando doit bien leur faciliter les choses.
Les 800 et quelques mètres de D+ sont parcourus en 1h45, nombreuses pauses photo comprises. On n'est pas là pour battre des records.
C'est une jolie balade qui ne présente aucune difficulté à la montée et des récompenses multiples : un panorama splendide à 360° sur Gudauri et toute la région, mais aussi ce fameux monastère de Lomisa et ses moines orthodoxes si accueillants qui nous servent thé, gateaux et fruits confits autour du poêle...Un vrai moment de partage, à 2200 mètres d'altitude, loin de l'agitation de Gudauri, située de l'autre coté de la vallée.
Dans la chapelle, la tradition veut que faire 3 fois le tour du pilier central avec une grosse chaine autour du coup porte bonheur. On ne sait pas si ça marche où c'est juste un truc que les moines ont trouvé pour tuer le temps et se moquer des cafistes.
On ne sait pas si le groupe qui avait pris le thé avec nous avait porté la chaine mais ce n'était en tout pas leur jour (ou peut être que si au final). Une avalanche a emporté un groupe de skieurs peu avant que nous entamions notre descente. Autant vous dire que cela a entamé notre motivation à faire des virages carte postale.
Sur la base de mes photos, j'ai retracé la chronologie de cet après midi
12h59 : Une groupe de 3 skieurs de rando, arrivés par l'autre versant, quitte le monastère. Ils vont emprunter grosse modo notre itinéraire de montée (qu'eux n'ont pas pu repérer pour le coup). Nous avions échangé quelques mots autour du thé, on leur souhaite une bonne journée.
13h30 : un guide et son groupe arrivent et signalent qu’une avalanche semble être partie, avec potentiellement des skieurs emportés. C'est un peu la confusion, ça palabre pas mal.
13h53 : nous partons en repérage avec notre guide (mais du mauvais coté, impossible d’intervenir, les pentes d’accès sont trop dangereuses). Tout en bas, on aperçoit un un skieur seul qui remonte dans les débris avec les skis aux pieds. On craint le pire. Il y avait 3 personnes dans ce groupe, nous n'en voyons qu'une, le calcul est vite fait.
Impossible pour nous de rejoindre l'avalanche sans nous mettre en danger : nous sommes descendus du mauvais coté, la traversée de pentes réchauffées surplombant des barres rocheuses est exclue. Globalement, la tension est bien montée, pas facile de garder son plein sang froid, c'est là qu'on se dit que ça doit être sacrément compliqué quand on est vraiment au milieu (on a plus été "spectateurs" sur le coup). A ce moment là, les secours sont prévenus.
14h00 : arrivée de 2 guides sur place en provenance du monastère qui vont faire un premier bilan. Les nouvelles sont "rassurantes" : 1 seul blessé mais assez gravement (fracture de la hanche?)
15h15 : on redescend à notre tour, sur des oeufs, en ne prenant pas le début d'un risque... On n'a tous qu'une envie : en finir. Nous arrivons au milieu des ambulances et voitures de police. Les secours ne sont pas encore sur site et vont devoir monter pour rejoindre le blessé (on n’aura pas tous les détails). Ça s'active lentement.
16h00 : Un hélico arrive enfin mais le MI8 galère : trop gros, il semble avoir du mal à se rapprocher et à évoluer dans le vallon encaissé.
16h15 : fin du sauvetage helico, évacuation vers Tbilisi.
Nous aurions du lire les signaux qui pourtant étaient assez clairs : ces restes de coulées à la montée, cette nouvelle coulée apparue dans la pente pendant notre pause, le souvenir de notre apéro en T'shirt la veille à 2000m... Avertissement sans frais on va dire...
La conclusion de cette histoire est un simple rappel : que ce soit dans votre station ou à l'autre bout du monde, un accident est vite arrivé, et il ne faut jamais considérer comme acquis que la cavalerie va rappliquer au triple galop pour vous sortir d'une mauvaise situation.
Ce jour là, les gars s'en sont sortis parce que le destin en a décidé ainsi. Ils peuvent remercier Saint Georges (saint patron du monastère).
Un peu secoués, nous ne sommes pas mécontents de filer sur Tbilissi pour découvrir cette ville que nous n'avions fait qu'effleurer le premier jour. Le voyage n'est pas fini, c'est juste qu'il n'y a plus de ski. Article bonus à venir donc!
Un immense madloba à Daniel de Ski Georgia pour sa gentillesse et son implication totale dans l'organisation de ce voyage.
Madloba à Giorgi Chogovadze du GNTA (Office de tourisme géorgien)
Madloba aussi à Sandro Onoprishvili de Mountain Resorts Development Company
Madloba enfin à nos chauffeurs / guides / oenologues en dehors de la neige : Irakli et Tsotne
Madloba à Irakli Kankava / Zaza Kankava - SnowHouse
Madloba à notre guide pour le monastère Alex Nadibaidze / Snow Geographic
Madloba aussi à Fujifilm France qui m'aide à essayer de faire de belles photos.
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